Depuis son arrivée à Azuola tout s'est enchaîné à un rythme effréné. Un matin, sa dernière attache à sa vie passée disparaissait à l'horizon dans une brume épaisse tandis que le soir même on l'intégrait déjà dans un coin ombragé, perdu, d'une ville au milieu de parfais inconnus. Samaël se voyait à peine dépoussiérer les lieux qu'on l'envahissait déjà sans considérer sa méconnaissance des environs. On piétinais le refuge qu'on lui avait lâché lestement, on l'assommait de questions, de nouveautés. De bruits, de couleurs. De trop de choses.
Le jeune homme voyait peu à peu les murs se ternir, des ombres le surplomber, atteindre le plafond pour s'y encrer et s'y courber au dessus de sa tête en achevant de l'encercler, en lui hurlant de disparaître. La morsure glaciale de la peur broyait sa lucidité et s'arrachait son coeur. Englouti par l'effroyable scène alors qu'il se pensait simplement spectateur au début, il s'élançait dans une course douloureuse hors de la petite bicoque. Samaël n'eut pas le temps de se croire un semblant en sécurité: une pluie acide se déclarait. La moindre goutte qui l'atteignait lui consumait la peau, le brûlait intensément, s'imposait en seule option à supporter jusqu'à la toute fin.
Six heures sept, réveil soudain.
Peut être le centième depuis l'incident. Sam' ne compte pas les horreurs qui le submergent durant ses angoisses nocturnes, ou diurnes. Peu importe le nombre aussi, finalement. Elles sont présentes, c'est ainsi. Elles le seront peut être éternellement? Il s'est résolu à les supporter, les étouffer jusqu'à ce qu'elles s'éteignent un jour hypothétique. Subtile espoir au demeurant dérisoire.
Il se hais.
Le cordonnier s'est redressé lentement en tête de son lit en s'appuyant maladroitement sur ses coudes. Encore tremblant au souvenir des brûlures sur ses bras, de ses lourdes jambes incapables de le porter au delà du piège de son cauchemar. Sa respirations s'apaise difficilement pendant que son regard se promène dans la sombre pièce, vide de monstres imaginaires restés enfermés dans son esprit malade. Il lève les yeux au plafond pour vérifier un détail même en sachant pertinemment qu'il n'y trouvera rien d'autre qu'un lustre inanimé. Il se tourne de moitié en direction de sa table de chevet, allume la lampe, dernier objet susceptible de l'aider à revenir pleinement à la réalité. Bêtement, il se lance dans l'autodérision:
Il serait temps de consulter?
[...]
Samaël n'aime pas l'admettre mais il a cruellement besoin d'aide. Aussi, malgré le ridicule ressenti de la situation, il ne concevait pas un futur sain sans la résolution de ce qu'il refusait entendre comme étant un... traumatisme. C'est la raison pour laquelle il s'est accordé à se rendre à l'hôpital ce jeudi, pour y rencontrer un certain Adriaan van.. vèchte? Vék? Un psychologue, d'origine Allemande sans doute? Ses pas l'ont irrémédiablement conduit jusque devant la porte blanchie de son bureau en étant en partie en état de dissociation. Son mouvement machinal le surprenait personnellement. Cependant, il ne se stoppait pas dans son élan et levait doucement le poing, prêt à signaler sa présence à l'entrée. Il retint brièvement son souffle.
La porte s'ouvrait soudainement alors qu'il avait toujours le poing levé. Effaré, il reste figé.
- Bon..jour?
Dernière édition par Samaël Parangon le Ven 29 Juil - 20:05, édité 1 fois
Adriaan van Vecht
Messages : 79 Date d'inscription : 15/06/2022 Emploi/loisirs : Psy à l'hôpital d'Azuola
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Sujet: Re: Et la lumière déclare l'ombre - pv Adriaan & Samaël [17 Février 2022] Ven 22 Juil - 22:29
Et la lumière déclare l'ombre - Samaël -
Quelques semaines, presque un mois déjà, et Adriaan était toujours aussi enthousiaste de son nouveau - premier - vrai travail. Le personnel de l'hôpital semblait même plutôt bien s'habituer à sa présence, pour la majorité, les autres docteurs montrant même une patience quasi-olympique devant tout les problèmes et légers contretemps du quotidien dont Adriaan était ... Un peu responsable.
Les réunions ou repas étaient souvent retardés de quelques minutes par un lézard géant trottant dans les couloirs pour aller se chercher un tabouret, puisqu'il était bien incapable de s'asseoir sur les mêmes chaises que les autres. Voire sur une chaise tout court. Et il lui arrivait encore de renverser malencontreusement deux trois choses en remuant la queue, lorsqu'il était un peu trop content.
Heureusement ... Il avait eu plus de regards compatissants que de reproches. C'était rarement la faute de quelqu'un si il n'était pas de taille standard, mais Adriaan ne pouvait pas s'empêcher d'en être reconnaissant : le lézard n'était pas habitué à la bienveillance, et il comptait bien leur rendre en travaillant de manière irréprochable pour l'hôpital !
- Mmh...
Assit sur le tabouret à son bureau, il passe un doigt griffu dans l'anse de sa tasse de thé du matin. Soufflant distraitement sur la vapeur du breuvage fumant tandis qu'il parcours son agenda des yeux. Il ne connaissait pas encore grand monde, mais avait tout de même un ou deux réguliers. Entrecoupés parfois de patients envoyés directement par les médecins de l'hôpital, histoire de voir parfois si la personne était apte à rentrer chez elle ... Ou si elle nécessitait un petit séjour prolongé dans l'établissement.
Adriaan penche légèrement la tête en remarquant un nom qu'il ne connaissait pas, et qui sonnait différent. Samaël ... Un prénom plutôt rare, à la fois magnifique et peut être un peu lourd à porter aussi.
- Pa... Rangon ... Joli.
Un bruit de pas lui fait relever la tête, et il reste un instant alerte, suivant le son distant. Par reflexe, sa langue glisse hors de ses lèvres, même si la personne était certainement encore trop loin pour en percevoir la moindre odeur ... Mais son Ouïe, par contre ...
Tranquillement, le lézard se lève et s'étire, avant de se diriger vers la porte. Son premier patient de la journée sûrement, et donc en toute logique ...
- Bonjour ! Samaël Pa...rangon ?
Sourit Adriaan après avoir ouvert la porte, affichant son plus chaleureux sourire - bouche fermée cette fois, il avait compris la leçon - avant de réaliser l'expression et le poing encore levé de l'autre. Oh. Il l'avait entendu arriver un peu trop tôt, donc. Encore. Il note mentalement d'ajuster un peu son timing pour arrêter de faire peur à tout le monde, espérant très fort que le jeune homme face à lui n'allait pas, en conséquence, s'enfuir tout de suite en courant.
C'est que ça lui était arrivé la semaine dernière. Gênant.
A sa prise de rendez vous pour une première rencontre avec le médecin de l'établissement on lui a demandé... subtilement, s'il n'était pas phobique, et, précisément, si il ne craignait pas particulièrement les reptiles. Samaël s'est alors imaginé un psychologue un soupçon excentrique dont le bureau aurait été aménagé de sorte à accueillir un vivarium, ou des tableaux de crocodiles mêlés à des serpents en tout genres, qui sait? Ce serait incongru mais pas strictement impossible, tant que la sécurité des patients n'est pas mise à l'épreuve. A vrai dire, il ne les a pas amplement interrogé à ce propos, certain de ne croiser aucun obstacle le jour fatidique. Peut être aussi parce qu'il s'en moquait, au fond. Est-ce que cela importait?
Eh bien, s'il s'était attendu à CA!? Le grand lézard qui venait brusquement lui ouvrir le surplombait au point que son ombre projetée au devant le couvrait entièrement dans le couloir! Pourtant habitué aux humanoïdes à demi animaux, ce dernier le surprenait d'autant plus qu'il lui adressait un très large sourire. Le cordonnier manquait de s'étouffer en retenant une toux.
- Hrm. Lui...même?
Le brun ne reprenait véritablement contenance qu'après trois ou quatre secondes, le temps de prendre la mesure de son interlocuteur. Depuis peu la moindre ombre qui s'imposait à lui avait tendance à déclencher quelques angoisses. Il s'essaie donc rapidement à diriger son attention sur le nom affiché sur la blouse:
- Docteur Adriaan, je présume?
La surprise persiste malgré lui. Il baisse brièvement la tête en réinspirant longuement, puis relève les yeux:
- Je vous prie de m'excuser, je ne voudrais pas écorcher votre nom en le prononçant mal.
Puisque le psychologue ne prenait pas encore l'initiative de l'inviter à entrer, Samaël guidait son regard vers la canne sur laquelle il s'appuyait avant de porter indiscrètement son attention à l'intérieur de la pièce:
-Puis-je..?
Adriaan van Vecht
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Sujet: Re: Et la lumière déclare l'ombre - pv Adriaan & Samaël [17 Février 2022] Mar 26 Juil - 23:53
Et la lumière déclare l'ombre - Samaël -
Adriaan retient son souffle. Pendant une seconde, certes, mais elle luis semble bien trop longue... Il connaissait ces réactions par coeur : la surprise, puis la flopée d'émotions qui passent sur les visages et les regards qui ne savent plus trop où se poser. De gêne ? De crainte ? D'étonnement ? Un mélange d'un peu de tout ça ? Il n'avait pas encore percé ce mystère là. Mais déjà, Samaël ne s'était pas enfui. Ce qui était encourageant ... Et le lézard ne peut pas retenir un haussement de sourcils écailleux lorsque celui-ci se met à lui parler.
- Ah ... ! En effet, mais appelez-moi juste Adriaan, ne vous en faites pas !
Sa langue glisse à nouveau brièvement entre ses lèvres, par réflexe. La suite logique à un premier contact réussi était très certainement de lui tendre la main et la lui serrer, mais Adriaan remarque aisément le regard de l'humain, et son appui... Particulier sur sa canne, et il s'écarte de l'encadrement de la porte, l'invitant à entrer d'un geste.
- Je vous en prie, entrez et installez-vous !
Adriaan attendra que Samaël entre dans la pièce, avant de refermer soigneusement derrière lui. Le bureau arborait une décoration toute aussi particulière que son propriétaire. Le lézard, de toute évidence sensible à la lumière, avait posé un abas jour légèrement occultant, plongeant la pièce dans une lumière suffisante... Mais bien plus tamisée que les néons de l'hôpital. Une étagère, derrière un bureau simple, possédait quelques livres qui côtoyaient ce qui ressemblait à galet lisse et un petit cadre où trônait la photo d'une humaine âgée, au sourire sincère. Et surtout, des plantes vertes diverses et variées, ainsi qu'un fauteuil a l'air confortable complétaient le tableau d'une pièce simple, mais... Vivante. Confortable, même. La seule chose qui jurait un peu, par rapport à sa profession, étaient les étranges outils éparpillés sur son bureau, qui avaient plus l'air d'appartenir à un horloger qu'à un thérapeute.
Adriaan passera derrière le bureau, les rangeant rapidement dans une petite boîte avant de sortir de sa pile quelques feuilles de dossier, avec l'air de quelqu'un qui savait parfaitement dans quel exact ordre était rangée la pile.
- Samël, voilà... Mmhm. Il ... Manque quelques informations dans votre dossier, mais j'irai voir ça plus tard avec l'accueil. Déjà, comment vous sentez-vous ? Je veux dire ... Je sais que mon apparence n'est pas conventionnelle et je ne voudrais pas que vous vous sentiez mal à l'aise à cause de moi. Alors ... N'hésitez pas.
Autant jouer directement franc jeu dès le départ : Adriaan ne souhaitait pas vraiment que son patient ne se sente pas à l'aise. Même si il était plutôt optimiste pour la suite : après tout, Samaël ne s'était pas enfui !
S'en faire? Bien sûr qu'il s'en soucie! Samaël ne s'attendait pas à une forme de familiarités de la part d'un professionnel de la santé. S'il en était. Interloqué, quoique patient, il répond positivement par un signe de tête vers l'avant et entre dans la pièce à l'allure.. d'une chambre assombrie d'adolescent friand de plantes en pots.
Allant de surprise en surprise il ne s'arrête pas encore à sa première impression pour se diriger tranquillement vers le siège installé en biais devant le grand bureau. Le vrac disséminé à sa surface saute aux yeux du cordonnier, lequel hausse un sourcil en appréhendant la suite. Il n'était tout de même pas tombé sur le stagiaire de l'établissement..? Sa sympathie est certes, flagrante. Néanmoins, qu'en serait il de ses compétences? Ceci étant, il prenait place sur son siège en ne manquant pas d'y apposer sa canne sur sa droite. Samaël observait les maladresses de l'intrigant lézard. Ne souhaitant pas douter de sa sincérité, il délaisse finalement sa première idée de lui.
- Je m'emploierais à faire preuve de franchise, dans ce cas.
Dans la mesure du possible, à bon entendeur. Il connait les impressions qu'il laisse sans le vouloir. Pourtant il fait nettement la différence entre une réelle honnêteté et une franchise libre de bienséances. L'humain aimerait autant ne pas se mettre à dos ses premières rencontres. De cette envergure, qui plus est.
- Et je vous remercie de la prise en charge de..
De son pauvre crâne bourré de cauchemars, de flammes acides, de tourments, de pensées en arborescences, de douleurs inexprimées?
- mon dossier.
Par quoi allait il pouvoir commencer? Comment? Depuis quand? Non pas qu'il s'imagine être jugé sur les fondations d'une époque révolue mais il ne parlait jamais de lui d'ordinaire. Encore moins pour se donner l'impression d'être un geignard focalisé sur le négatif au détriment de tout le reste.
- Aussi, je vous pries de m'excuser par avance si je ne réagis pas spontanément à vos questions, ou, si j'en oublie le but essentiel.
C'est curieux qu'une situation comme celle là lui inspire une nervosité qu'il s'ignorait. Samaël est habituellement plus pragmatique, moins dans la transparence. Une émotion originale, que celle qui le bouscule au point de se glisser au creux de ses mains. L'une grattait le dos de l'autre -fort heureusement- gantée. Sinon il en aurait ravivée une plaie, de celles qu'il ne vaut mieux pas toucher.
Adriaan van Vecht
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Sujet: Re: Et la lumière déclare l'ombre - pv Adriaan & Samaël [17 Février 2022] Sam 6 Aoû - 20:37
Et la lumière déclare l'ombre - Samaël -
Même si son attitude est détendue, Adriaan n'en demeure pas observateur. Son regard est doux, mais aiguisé, attentif. Sans en avoir l'air, Samaël est comme instinctivement détaillé. Sa manière de s'asseoir, de poser sa canne sur le côté, et surtout ... La manière dont son regard glisse sur le coté, sur ces mains gantées dont le grand lézard connaissait parfaitement le tic.
- Oh ce n'est rien, et vous n'avez pas à vous excuser, ne vous en faites pas !
Répondra finalement le lézard, reprenant son air parfaitement tranquille, comme si il n'avait pas déchiffré déjà la nervosité de son patient, deviné qu'il y avait certainement déjà des milliers de questions qui se bousculaient dans cette tête, en face de lui. Adriaan penche légèrement la sienne, prenant simplement une attitude posée et calme, ouverte.
- C'est absolument compréhensible, surtout si c'est votre première consultation.
... D'autant plus si le psychologue était un lézard de plus de deux mètres, mais ça, il se contente de se le dire plutôt mentalement.
- Je vais tâcher de vous poser le moins de questions possible : mon travail consiste surtout à vous écouter, tout simplement. Répondre à vos questions au besoin, vous aiguiller un peu si nécessaire, et surtout à terme vous donner des outils qui vous permettront de vous libérer de vos problèmes... Ou souci initial, en tout cas.
Il comprenait la nervosité, pour ainsi dire. C'est plutôt impressionnant, surtout les premières fois comme celles là: c'est une fois assis dans ce fauteuil qu'on se rend soudainement pleinement compte de toutes ces choses qui nous hantent. Il n'y a plus le bruit de la vie et du monde pour nourrir le quotidien déni du "tout va bien". Adriaan comprenait le sentiment, parfaitement même. Il avait été sur cette chaise, pendant très longtemps aussi.
- Tout ce dont nous discuteront ici sera bien évidemment gardé strictement confidentiel, entre nous. Alors n'ayez aucune crainte par rapport à cela également.
Mais il n'y avait également eu personne en face de lui. Il n'y avait que les milliers de questions, les changements, la douleur, l'incompréhension, puis l'envie persistante d'en finir qui s'installe insidieusement. Personne, personne n'avait été sur la chaise en face de lui. Toutes les créatures sans exception, humaines ou non, n'étaient jamais au fond que la somme de leurs expériences. Et il y a de celles qui brisent ou qui inspirent. La chaise désespérément vide face à lui avait été de celles qui lui avaient inspiré de devenir cette personne qui lui avait manqué dans sa vie. Pour les autres.
- Alors ... Je sais que souvent, les choses sont un peu confuses au départ. Mais il y a toujours une sorte de moment, de situation ou d'évènement qui nous font soudainement franchir ce pas de prendre rendez-vous, comme vous l'avez fait.
Première tentative, comme une main tendue. On balaie, on écarte ce brouillard tendu et opaque dans l'esprit. Vers une direction qui fera bien office de commencement.
- Qu'est-ce qui vous a fait franchir ce pas ?
Là, l'amorce est posée, en toute douceur. Et Adriaan observe avec toujours cette même bienveillance qui tranchait tant avec son apparence. Est-ce que cette personne face à lui allait réussir à faire ce pas ? L'exercice restait difficile. Personne ne veut aller vers cet inconnu tapi en soi, sur lequel on a aucun contrôle. C'est pour ça d'ailleurs qu'on a tendance à le mettre sous le tapis, autant que ça nous arrange.
Et puis, dans le pire des cas, Adriaan avait bien d'autres outils dans sa manche. Mais il préférait les réserver pour les situations où il sentait bien son patient trop bloqué pour parler, avancer.
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