Elle avait mis beaucoup de temps à se dire que tout n’allait pas bien dans le plus potable des mondes. Non, Morgan avait eu besoin de rencontrer un psy, et ça avait été utile. Maintenant, elle était consciente d’être une loque. Et un assassin. Et possiblement avec un gros problème mental. Bref.
Morgan soupira en s’étendant sur le matelas franchement pas agréable qui lui servait de lit. Il sera peut-être temps, également, de trouver un moyen de se loger ailleurs, et avec un lit de meilleure qualité. Elle avait beaucoup trop mal aux cervicales. Elle se décida à se préparer en voyant le soleil commencer à baisser. Le désavantage de travailler en soirée, c’est que les journées étaient bien courtes.
Une fois prête, et ses quelques affaires réglées, la nuit arriva bien vite en cet hiver. Aujourd’hui, il pleuvait. ça voulait dire plus de monde à l’intérieur à venir chercher un abri ! Et donc, un public plus conséquent. Morgan s’étira et se regarda dans le miroir. Ses yeux blasés n’aideraient en rien à cacher son air las. Soit, ce soir, elle partira sur du métal néo-death classique. Ça, ça endormira bien tout le monde.
Morgan descendit au bar et s’assit sur une chaîne en baillant. “Un p’tit verre pour démarrer please”. Elle tourna les yeux pour repérer un groupe déjà bien éméché. La soirée commençait bien. Elle fit craquer tous les os de son corps et vit sa chope arriver devant son nez. Elle la but tandis que la nuit tombait et que l’endroit emplissait à vue d'œil. La pluie y était pour beaucoup. Elle finit sa chope, fit craquer ses doigts et d’un claquement de doigts fit léviter sa guitare et ses basses jusque sur la petite scène au fond.
Elle attrapa sa guitare et commença à gratter les cordes tout en l’ajustant. Une fois le son agréable à ses oreilles, elle débuta un échauffement sur un rythme soutenu et efficace, lançant une ambiance un peu énergique dans la pièce. Oubliant un peu le monde autour d’elle, Morgan battit du pied et secouait la tête au rythme de sa musique. Puis, l’échauffement terminé, elle se lança dans une musique aux ambiances symphonique, les notes longues mais graves faisaient vibrer les murs, le son frappait les poitrines et la mélodie chantait sa musique mélancolique et sombre.
Puis, Morgan finit par ouvrir les yeux pour regarder autour d’elle. Maintenant qu’elle s’était détendue avec sa musique, elle se décida à repartir sur une musique plus énergique et “populaire”, histoire de ne pas perdre son travail. Et c’est ainsi qu’elle recommença les habituels sons bien rock qui faisait rendre jouasse la populace devant elle. Morgan aurait voulu soupirer. N’y avait-il personne ici qui connaissait la vraie musique ?
“Allez ! Donnez-moi un nom de musique et voyons si je sais la jouer ! Je prends les paris !” Hurla-t-elle alors dans son micro.
Morgan observa la foule qui commença à hurler, un sourire mesquin aux lèvres. Son soudain cri avait éveillé les sens des mâles dominants et échauffés leur fierté. Mais un mot, surtout, les avait tout de suite attirés : les paris. Car des hommes sans faire de pari n’était plus des hommes, surtout dans une auberge telle que La Goulue. Morgan ricana et commença déjà à les entendre se disputer. Elle capta quelques noms de musiques qu’elle connaissait, et débutait sa tirade musicale. Qui ici réussirait à la piéger ? Car la musique était un domaine qu’elle maîtrisait peut-être mieux que la magie, sans nul doute !
Il faut dire, Samaël n'est pas renseigné à propos de ce qui se fait de plus populaire dans les temps futurs. Accoutumé à un recoin paisible d'une ville morne et sans trop d'histoires affriolantes, cet amateur de sons classiques ne s'attendait pas à un bruit résonnant aussi... brutal, en passant non loin de l'enseigne de la Goulue. Le pauvre homme s'est hérissé soudainement à l'écoute de ce grave boucan infernal. Toutefois, curieux maladif de découvrir l'abomination qui s'est audacieusement livrée à cette virulente rixe sur guitare en trash majeur, il s'élançait au delà du seuil de ce qu'il ne pensait être qu'une modeste Auberge.
Que nenni mes bons amis! Le choc de la découverte de cette région n'aura donc jamais fini de s'estomper. Le jeunot s'est arrêté net en croisant le regard d'une pauvre fille vêtue pareillement à... eh bien, ce que l'on pourrait considérer comme une fille de joie dont la tenue aurait subit un lavage rétrécissant? Ce qui contrastait beaucoup trop avec le massacre noir qui se déroulait en fond de salle. Ainsi, telle était la démone qui profanait l'essence même de la musique? Une rousse maquillée armée d'un instrument, sans conteste, sorti des enfers?
Probablement arrivé au moment opportun, Samaël devenait un énième témoin de l'invitation. D'abord un peu perdu au milieu de cette mascarade de beauferie inégalée, il décide finalement de se prêter au jeu en remarquant -à la volée- qu'une contrebasse se trouvait bien à proximité. Et même davantage intéressé, puisqu'il s'avançait jusqu'au devant de la scène pour se risquer à la défier:
- Est-ce donc cela que vous appelez "musique"? Je parie que, sur le même ton, ma propre interprétation sera meilleure que la vôtre. Et je vous impose un rythme du registre de Vilvaldi, si madame en reconnaît le nom?.
Tient, au fait, que faisait il par ici?
Morgan Leleu
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La populace se laissait prendre au jeu, mais les propositions de chant étaient toujours plus désastreuses. Entre les chansons de pirates, aux paroles plus que douteuses, et celles bien trop misogynes à mon goût, je ne m’amusais pas plus que ça. Les hommes se contentaient de rire gras et bourru, bien heureux d’entendre une “jolie demoiselle” dire des paroles aussi peu délicates.
Morgan riait intérieurement parce qu’elle était loin de l’image d’une princesse ou d’une gentille fille qui accepterait leur “avance” plus qu'exécrable. Plusieurs avaient tenté d’ailleurs, mais lorsqu’elle avait transformé leur partie intime en fruits ou légumes et rendu leurs oreilles géantes, ils avaient vite stoppé. Au moins, Morgan s’était amusée.
Elle commençait à se lasser de son jeu, qu’elle avait souhaité un minimum divertissant, lorsque retentit enfin un appel plus qu’espéré.
“Est-ce donc cela que vous appelez "musique"?”
Morgan jeta vivement un œil vers le nouveau venu, qui venait d’attraper une contrebasse en passant. Celui-ci était plutôt original, mais vu son accoutrement, il ne venait pas de son époque, mais d’une époque antérieure. Elle souria un peu en notant tout de même qu’à côté des pirates et autres loustiques de bas chemin autour d’elle, celui-ci dénotait totalement. Il n’avait pas sa place ici, trop raffiné d’apparence, et elle imaginait même son air outré face aux femmes de joie. Mais, il semblait suffisamment curieux pour être venu jusqu’à elle. Il continuait : “Je parie que, sur le même ton, ma propre interprétation sera meilleure que la vôtre”.
Morgan souriait amusée, puisqu’elle comprenait enfin sa curiosité. C’est que ce monsieur raffiné était un musicien, voyez-vous. Il voulait donc jouer à cela ? Qu’il fasse, Morgan acceptait toujours un bon challenge, surtout en musique. L’homme finit par lui dire : “Et je vous impose un rythme du registre de Vivaldi, si madame en reconnaît le nom ?”.
Morgan ricana. Si elle connaissait Vivaldi ? Lui ne semblait pas conscient qu’à son époque, tout le monde le connaissait ce bon monsieur. Elle prit sa guitare bien en main et ne lâchait plus son sourire : “Challenge accepté mon bon ami, écoute donc moi ceci”.
Et elle débuta un clair de lune basique mais toujours aussi efficace, jouant d’une corde délicate pour la première fois depuis la soirée. C’est que même avec une guitare électrique, elle savait jouer de manière mélodieuse. Bien que rien n’équivaudrait le vrai son d’un instrument qui sortait directement de sa caisse de résonance, en un joli bois qui lui donnait tout son charme. Pour autant, Morgan ne se séparerait pour rien au monde de sa guitare électrique.
Morgan termina avec un sourire joueur et clama : “Je te l’accorde, un instrument électrique à plus de mordant que la douceur d’un instrument en bois, mais avoue tout de même que l’effet est là !”.
Elle gratta un peu les cordes avant d’observer l’inconnu. D’après sa manière de parler et ses paroles, il ne faisait aucun doute que celui-ci n’avait aucune idée de ce qu’elle avait dans les mains.
“C’est une guitare électrique, si tu ne savais pas, mais je me demandais de quelle époque tu venais, avant de devoir t’expliquer son concept ?”
Initialement Samaël prévoyait un pèlerinage dans ces rues moyenâgeuses pour en découvrir les bases fondatrices de sa propre époque. Quitte à s'être échoué dans une partie du monde centrale à toutes les existences possibles, autant en profiter. Malgré son amateurisme pour de lourds ouvrages historiques ceux là n'ont jamais assez bien dépeint les époques antérieures. Aussi, faut-il dire que ces livres ont majoritairement été rédigés sous formes d'innombrables théories, ou des liens logiques ont étés faits pour expliquer de multiples conséquences à de vagues causes méconnues. C'était donc là une occasion parfaite: l'observation des façonnements humains avec des techniques particulièrement anciennes. Faire avec ce que l'on a, avec des lacunes.
- Je vous le concède!
Le cordonnier n'étant pas prompt à se laisser déraisonner pour croire qu'une magie noire puisse être réellement à l'oeuvre ici, un fin sourire s'esquissait sur son faciès, éclairé par un regard brillant de curiosité:
- Je devine que si le terme "électrique" défini cet instrument..
En suivant des yeux le fil branché à l'objet il en trouvait l'origine, pointait du doigt son extrémité opposée, puis relevait un cil en soutenant le regard de la jeune femme:
- C'est parce qu'une impulsion électrique est nécessaire à son fonctionnement?
Par delà la scène qui les rapprochaient, le public -ô combien bourré de testostérone- semblait se foutre royalement de comment marche de quoi, où, pourquoi. Leur impatience palpable poussait donc Samaël à prendre place sur un siège à bonne hauteur. Après tout, avant de déterminer le gagnant du pari encore faudrait il qu'on lui accorde l'occasion de faire ses preuves.
- Bien sûr, vous aurez tout le loisir de m'en apprendre sur vôtre... sorcellerie, lorsque nous nous seront accordé à définir que ma version ne reconnaît pas son égal sur ces basses terres.
Indubitablement bon joueur, et passionné par le moindre intérêt, Samaël inspire longuement avant de se concentrer sur l'instrument dérobé précédemment. D'abord le dos droit, il se familiarise avec ce qu'on lui prête. L'archet frôle timidement les cordes, avec lenteur, pour ne laisser transparaître aucun début de tempête: Storm. Son opposante apprendra que la "douceur" de son instrument n'équivaut pas celle de son propriétaire -même d'un soir-. Aussi, Samaël délaissait rapidement la légèreté de l'introduction musicale pour désormais enrayer les cordes de la contrebasse. Les notes s'entremêlaient et empiétaient presque sur les prochaines sans une once de retenue. L'instrument mit à l'épreuve soutenait toutefois le rythme effréné jusqu'à sa conclusion. La chute.
L'auteur de l'interprétation expirait, laissait retomber la pression de ses épaules, et ne relevait le nez que pour adresser un regard défiant à la rousse.
Morgan Leleu
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Sujet: Re: Choc des cultures | pv Samaël | 25/02/2022 Mar 26 Juil - 9:54
Morgan l’observait tandis que l’homme réfléchissait au fonctionnement de sa guitare. Il était futé puisqu’il devina bien vite : “Je devine que si le terme "électrique" défini cet instrument.. C'est parce qu'une impulsion électrique est nécessaire à son fonctionnement ?” .
Morgan hocha la tête en souriant : “Bien joué. Puisque tu connais le principe, tu dois au moins venir du début du 19è, peut-être un peu avant qui sait” .
Mais leur dialogue fut bien vite gêné par le public un peu trop ivre et impatient. Ils voulaient de la musique, pas du blabla. Morgan haussa les épaules, déjà bien ennuyées. Mais son camarade de jeu sembla également capter l’impatience puisqu’il grimpa sur un siège, s’y installa, et commença à préparer sa contrebasse nouvellement en main.
“Bien sûr, vous aurez tout le loisir de m'en apprendre sur vôtre... sorcellerie, lorsque nous nous seront accordé à définir que ma version ne reconnaît pas son égal sur ces basses terres.”
Morgan rigola de bon cœur : “En parlant de sorcellerie, j’en ai une bonne” .
Mais elle ne put finir que le virtuose s’élançait dans une mélodie grandiose. De quoi lui couper le sifflet. Il était très fort, pensa Morgan, son sourire ne la quittant plus. Le public aussi sembla se détendre, un peu, eux aussi surpris, parfois charmés, par la douceur de la contrebasse et de son auteur. Mais lorsque vint le premier mouvement, cet homme d’apparence si raffiné se laissa aller à un enchaînement plus qu'agressif. Et ce n’était pas pour déplaire à la sorcière qui s’enjailla d’autant plus.
Elle tapa du pied en rythme et lança la foule dans un claquement de main… plus ou moins en rythme, lui. ça ne gâcha pas le plaisir de Morgan qui se laissa transporter par la musique. Il n’y avait pas à dire, c’est ce qu’elle aimait le plus après la magie. C’était une magie en soi, belle et sans danger. Lorsqu’enfin, le musicien laissait tomber la dernière note, Morgan put voir qu’il avait fourni un effort. Et lorsqu’il la regarda, son air joueur la toucha. Il se laissa totalement prendre au jeu et Morgan aimait jouer.
“Je ne pourrais malheureusement pas te conduire vers des musiques de mon époque, qui seraient considérées comme des classiques du rock ! Mais, restons sur des choses plus classiques que tu connais très certainement. Je te propose un duo” .
Morgan agrippa sa guitare et lança à la foule : “Vous voulez quoi !” .
La foule en délire hurla à tue-tête des noms qui se mélangèrent, ne faisant plus aucun sens. Mais Morgan s’en fichait pas mal. Son but était de garder la foule échauffée et surtout de pouvoir parler sans être entendue. Elle se pencha vers son camarade de jeu et lui dit plus bas : “Tout à l’heure, tu as parlé de sorcellerie. Quel est ton avis sur les sorcières ?” .
Parce que Morgan voulait savoir à qui elle avait affaire. Depuis le temps qu’elle était à Azuola, elle avait appris à se méfier de qui l’abordait. Il existait une organisation qui voulait la destruction de la magie - et par là, elle en mourrait sûrement - et une autre souhaitait la mort des humains - et n’étant pas totalement humain, mais trop peut-être à leurs yeux, elle préférait s’en méfier. Mais celui-là, qui était-il ? Et était-il vraiment humain ?
Présumément du 19ème, hm? Il n'a finalement rien connu de ce siècle ironiquement. Peut-on donc dire qu'il en vient vraiment? Samaël ne s'était pas attardé sur la réflexion. Il craignait de ne pouvoir s'en rendre nostalgique, surtout en sachant qu'il en retrouverait des éclats n'importe où sur ces terres. Comment souffrir d'un manque inexistant?
A l'achèvement de sa prestation on lui proposait soudainement un duo. Prit de court, le concerné essaie de s'imaginer un potentiel résultat. Mêler.. rock, électricité, morsure bruyante, à du classique, de la légèreté? Une opposition aussi totale ne s'accorderait pas. Le cordonnier adressait toutefois un plus large sourire à la jeune femme:
- J'avoue ne pas être confiant, à ce propos.
Pendant que les foules s'abrutissaient à hurler leurs titres plus haut que les autres et concourraient vainement en attendant que leurs beuglements insistants soient interceptés par la musicienne, il songeait à une meilleure façon de combiner leurs méthodes respectives:
- La magie est effrayante tant qu'on en connait que les limites destructrices. Si vous entendez par là que vous en pratiquez, puis-je vous demander de ne pas me changer en crapaud?
Samaël n'est explicitement pas friand de magies, sorcelleries, alchimies et autres sciences occultes capables de créer de la matière à partir de rien, de manipuler l'espace en dépit des lois physiques fondamentales qui régissent leur réalité. Néanmoins il ne se renferme pas complètement sur l'idée que de bons individus puissent en user sans mettre de vies en danger. Ainsi, en dépit d'une méfiance justifiée, il préfère laisser sa chance à chacun. Il ne s'en rapprochera simplement pas spontanément.
- Seriez vous en possession d'une autre de ces... guitares criardes? Je suivrais vôtre rythme cette fois. Qu'en pensez vous?
Pour accompagner la parole le brun imitait le geste au dessus des cordes de la contrebasse: doué en improvisation, il se sait capable d'apprendre à jouer de l'instrument électrique en en comprenant le fonctionnement. Tant qu'il s'agit de cordes, il saura les pincer correctement en se guidant au son?
Morgan Leleu
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Sujet: Re: Choc des cultures | pv Samaël | 25/02/2022 Mer 27 Juil - 10:49
Morgan l’observa tandis qu’il lui offrait un large sourire, pourtant, elle sentait qu’il était un peu forcé. “J’avoue ne pas être confiant, à ce propos”. Morgan lui tapa l’épaule dans un geste réconfortant, mais se rendit compte qu’elle avait été un peu bourrine, comme à son habitude. Elle sourit un peu maladroitement, mais continua : “Allons, tu assures ! Je suis sûr que tu vas gérer !” .
Elle avait bien compris qu’il s’était senti comme gêné par sa proposition de faire un duo. Il était clairement un bon musicien, mais était-il habitué à jouer à deux ? Ou était-il simplement mal-à-l’aise avec son style de musique ? Elle savait que le rock n’était pas quelque chose qu’il connaissait, maintenant, mais Morgan était bien placée pour savoir que le rock utilisait beaucoup le classique en référence. Et sa culture musicale avait été faite de jazz, rock, musique de monde et bien sûr, de musique classique. Une référence à tout bon musicien.
Cependant, elle perdit un peu son sourire quand il lui disait que la magie était effrayante, “quand on connaissait les limites destructives”, dit-il. Morgan sentit une sueur froide couler dans son dos et un frisson parcourir son corps. Elle hocha la tête à cette affirmation, puisqu’elle n’en était que trop consciente. Ramener à la vie des morts était peut-être la chose la plus effrayante qu’elle ait faite dans sa vie. Elle s’en rendait compte maintenant, depuis qu’elle voyait son psy. D’autant que ça avait été sa famille - bien qu’elle les détestait - ils restaient des personnes qu’elle avait connu. Et son acte la terrifiait elle aussi.
Soudain, son train de penser fut stoppé lorsqu’il lui parla de ne pas le transformer en crapaud. Sous la surprise, Morgan explosa de rire. Elle se tourna vers lui et lui chuchota, un grand sourire amusé aux lèvres, essayant de ne pas trop rire : “Je n’ai pas ce pouvoir ! Transformer des humains, ça demande beaucoup d'entraînement, et je suis une grosse flemmarde !” .
Morgan espérait que par ses paroles et ses gestes, il serait plus à même de s’ouvrir un peu à lui. Après tout, ils avaient en commun le goût de la musique, bien que leur style était largement opposé. Morgan, cependant, nota qu’il ne semblait pas s’enfuir en courant, hurler au démon, ou tout simplement la regarder comme le pire des monstres. Il restait à sa place, et lui demanda même s’il n’avait pas un deuxième de ses instruments pour s’y essayer. Morgan se retrouva prise au dépourvue. En venant ici, elle n’avait que sa guitare à elle, et elle n’avait jamais pensé à en trouver une autre.
Elle réfléchit un instant et finit avec une brillante idée. Allait-il la suivre ? Elle lui tendit sa guitare : “Je te propose d’échanger. Prends ma guitare et essaie de jouer avec ! Je prends la contrebasse et je te suis. Joue ce que tu veux, je calerai les basses à ton rythme. Ça te va ?” .
Se caractériser en un mot, en voilà un autre challenge. Que le divin clairvoyant s'encombre de limites pour aspirer à un équilibre approprié malgré son pouvoir infini, Samaël y aurait vu un symbole de maturité si la -apparemment- magicienne ne s'était pas montrée aussi franche et désintéressée. La flemme, a t elle admit. La.. flemme. Le nobliau, qui commençait à en cerner la personnalité, se faisait la réflexion qu'il n'aurait finalement pas à craindre un maléfice si la flemme était un adjectif déterminant pour son interlocutrice.
Le commun des mortels touchés par le privilège de la magie en aurait autrement recherché les bordures, les possibilités, sa provenance? Comment pourrait on passer à côté d'une chose aussi peu courante? Jugeant cependant inutile de s'attarder sur ce détail -ô combien source de curiosité-, il entend la proposition faite à sa suite.
- Vous me feriez l'insigne honneur de me prêter votre confiance en me laissant utiliser votre instrument?
Il se souvient qu'elle aie mentionné le fait de.. gérer. Gérer quoi? Son potentiel ridicule en portant cette chose pétante vive dont chaque note jouée s'arrache de ces caissons à laquelle est reliée?
- Eh bien, je tâcherai de ne pas faire honte à votre charmant.. style?
Samaël se relevait en replaçant soigneusement les pans de sa veste, avant d'attraper l'objet et se familiariser avec son poids. En remarquant qu'une lanière en dépassait il la passait par dessus son épaule, puis entamait le projet d'en saisir les bases de son fonctionnement. Coutumièrement il ne se serait pas aventuré à porter un instrument dont le bruit lui vrillait autant les tympans. Ceci dit, sa propriétaire légitime a prouvé que l'on pouvait s'adapter avec l'esquisse d'une bonne volonté saupoudrée d'un optimisme latent.
Alors qu'il songeait à sa future interprétation, et qu'il adressait un regard inquisiteur à la jeune femme pour s'assurer qu'elle aie prit place et soit prête à le suivre, l'artisan s'apprêtait rockeur jazzy d'un soir. Après avoir testé chaque cordes il s'essaie à l'interprétation d'une version semi ancienne: Bossa Nova.
Le début entamé, il découvre la sensation étonnamment grisante. La résonnance échappe au creux des cordes, s'éparpille à travers la salle pour inonder partiellement les oreilles attentives et s'échouer contre les murs peints. A mesure qu'il se concentre il s'imprègne lui même de l'ambiance que leur duo créait. Une symphonie surprenante qu'il n'aurait pas cru envisageable. Un sourire se dessine au coin de ses lèvres sans aller contre son gré. Samaël en oubliait quasiment le reste, si ce n'est un sifflement aiguë adressée à la rouquine qui lui faisait relever le nez pour lui lancer un énième regard. Cette fois, plus confiant. Son pied tape doucement en rythme en jouant.
Le cordonnier allait finir par croire que la citation "les opposés s'attirent" ne provenait pas d'une source complètement hasardeuse. Qui aurait cru que le classique se mêlerait au rock, et l'ancien au nouveau? Surtout, dans une harmonie aussi limpide?
Morgan Leleu
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Sujet: Re: Choc des cultures | pv Samaël | 25/02/2022 Jeu 28 Juil - 11:52
Morgan aurait pu rire de la manière dont il parla, mais son interlocuteur semblait véritablement touché et surpris par sa proposition. Morgan insista en hochant la tête, l’incitant à prendre son instrument. Il se montrait poli, Morgan le voyait bien, avec un parler qui n’était clairement pas le sien. Elle venait du nord de la France, d’une campagne un peu miteuse, et dans le monde des parc d’attractions - et surtout dans sa famille - le langage qu’elle avait connu était celui d’un beauf, du genre très con.
Mais ça, elle ne pourrait pas lui dire. Elle n’était même pas sûre qu’il sache vraiment ce qu’était un parc d’attraction. Avec délicatesse, et beaucoup de fierté également - Morgan pouvait le voir -, l’homme s’installa et s’appropria sa guitare. Morgan n’hésita pas un instant et débuta un rythme à la contrebasse pour le suivre. Elle avait la musique dans la peau, comme elle aimait le dire, c’était sa passion.
Elle put voir qu’il commençait à prendre confiance et il se détendit. Morgan souriait lorsqu’il jouait un côté jazzy avec des sonorités rock, le tout accompagné de la contrebasse. Rien à dire, Morgan avait trouvé une paire ! Il s’amusait autant qu’elle et elle était jouasse !
Il finit sa tirade et Morgan l’applaudit, entraînant l’applaudissement d'autres personnes dans le public qu’elle salua. Puis, elle se tourna vers l’autre musicien : “Tu gères vraiment. Même avec une guitare électrique ! Tu vois qu’on peut faire quelque chose de beau avec !” . Morgan replaça la contrebasse à son côté et lui tendit ensuite sa main : “Très heureuse de faire ta connaissance, je m’appelle Morgan ? Et toi ?” .
Morgan remarqua que le patron lui fit un signe pour lui dire qu’elle pouvait bientôt finir. Elle hocha la tête dans sa direction avant de se tourner vers son compagnon d’instrument. Elle lui dit un sourire amusé : “Alors, que penses-tu du rock ? Je viens d’une période bien après la tienne, dans les années 2000. On est dans une période où le rock à laisser la place à la musique électro, beaucoup de son fait à partir de machine, et d’instrument virtuel. On a perdu le goût du toucher. Le rock, c’était la meilleure période. On jouait sur des instruments, dans des salles en sous-sol où le son était étouffé, pas de réverbération comme dans une cathédrale. Et je peux te dire qu’ils en faisaient du bruit à ce moment-là !” .
Morgan ria : “Un peu comme moi aujourd’hui, et je ne me fais pas que des amis crois-moi !” . Elle haussa les épaules : “Bon, ce n’est pas comme si j’avais connu cette période, et le rock a eu tellement de période magnifique, des musiques allant du rock symphonique, au rock grunge, au rock hardcore… jusqu’au métal… Et je ne parle pas du métal” . Morgan s’imagina alors son ami musicien, habillé d’un beau costume, lunettes et coiffures impeccables… commençant à hurler depuis les tréfonds de sa gorge en faisant du headbang. Et Morgan ne tint plus. Elle éclata d’un rire tonitruant, de ces rires explosifs… bien bourrine et beauf, de ce rire qui explosait après plusieurs bières bu au bar du coin de rue.
En bon artiste profane qu'il est, l'artisan n'a jamais joué devant quiconque. Il lui arrivait bien de s'y essayer sur différents accords mais sans jamais réellement s'y attarder, plus préoccupé par la création de nouveaux concepts, la gestion de la boutique ainsi que son développement. Son peu de temps libre allait s'étaler dans des carnets en des croquis divers et variés, à ses visites des environs d'Azuola tant qu'il n'en connait pas encore les recoins. En ayant le nez plongé dans des bouquins on ne s'offre que peu d'occasions de croiser des gens.
Ce soir se faisant une exception imprévue, il en a déployé toute l'énergie à sa disposition. Les applaudissement lui ont vaguement donné l'impression de se retrouver happé dans un nuage onirique brumeux. Ses oreilles s'étaient momentanément emplies de cotons dont passait au travers un son ténu l'espace de plusieurs secondes. Son regard se promenait dans la foule avec lenteur, avant de revenir se poser sur la jeune femme. Il salue l'auditoire en suivant l'exemple de sa pair, puis la rejoignait en lui rendant sa guitare. Retour au réel.
- Vous êtes bien aimable, et j'admet la force d'un tel instrument.
Puisqu'elle lui tendait la main, il la lui serrait volontiers:
- Enchanté Morgan. Vous pouvez m'appeler Samaël.
Lorsqu'elle remarque le patron il en suit machinalement le mouvement pour l'entrevoir brièvement. Conscient alors de s'être laissé emporté par le mouvement en s'imposant sur scène, il compte présenter ses excuses, en se ravisant dans la seconde en constatant l'engouement de son interlocutrice. Immergé sous un flot d'informations elle achève de lui arracher le peu de concentration qui demeurait après leur dernière représentation. Le brun tente malgré tout d'en retenir le principal. Le terme de "métal", associé au rock et, par extension, à l'instrument électrique actuel, lui restait dans un coin de l'esprit. Etait ce la désignation d'un objet plus criard encore que celui en sa possession?
- Je d-
Interrompu aussitôt par un gigantesque éclat de rire craché, sorti de ses tripes. Ne sachant trop ce qui l'a induite à pouffer aussi grossièrement, et prit au dépourvu, Samaël en a écarté les bras en ayant eut un mouvement de recul. En attendant qu'elle reprenne un semblant son calme, il spécule sur le pourquoi de ce rire soudain:
- Je trouve votre passion fort inspirante. Cela dit.. auriez vous changé ma tête en crapaud pour ainsi relâcher votre voix?
Il se penche un soupçon sur la rousse pour la soutenir dans son rire:
- Seriez vous sous l'influence d'une quelconque substance?, s'interrogeait il en arquant un sourcil, inquiet, quoique son amusement fut communicatif au point de lui arracher un rictus. Pardonnez moi, mais j'aimerais sincèrement m'enquérir de la raison à ce-
Et vlam! Une frappe dans le dos le bouscule brusquement en avant. Samaël en voit ses lunettes au bord d'être projetés au sol alors qu'un son grave lui parvient:
"Alors gamin! J'pensais pas qu'les aristo pouvaient êt' cools!"
Seigneur, d'où sortaient tout ces gens?
Morgan Leleu
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Sujet: Re: Choc des cultures | pv Samaël | 25/02/2022 Dim 31 Juil - 16:11
Morgan souriait lorsque son camarade de jeu avoua avoir apprécié la force de son instrument. Ça, pour donner de la force, la guitare électrique pouvait faire des merveilles.
"Enchanté Samaël !" Répondit-elle avec enthousiasme, lui serrant fermement la main.
On lui avait toujours appris à rendre la poignée de main toujours avec force et vigueur. C’était un moyen de montrer une certaine politesse. Il fallait y aller avec conviction, sinon la personne en face pourrait considérer ce “salut” mollasson et, de ce fait, désagréablement insultant. Ainsi avait-elle retenu la leçon.
Samaël, face à elle, semblait totalement interloqué par sa réaction. Il y avait de quoi, bien sûr. Morgan le vit même se reculer subitement, bras écarté, d’une manière choquée qui la fit rire un peu plus fort. Elle finit par se calmer et Samaël lui demanda si elle n’avait pas transformé sa tête en crapaud, tellement sa passion semblait l’avoir secoué. Morgan ricana : “Non, pas encore !” .
Elle ria de sa propre blague, mais se demanda soudainement s’il n’allait pas mal le prendre. Il lui avait pourtant dit se méfier des sorcières. Seulement, celui-ci semblait s’amuser de la situation puisqu’il ne put s’empêcher un rictus amusé. Son hilarité semblait être contagieuse.
Seriez-vous sous l'influence d'une quelconque substance ?
Morgan sentit son sourire s'agrandir à la remarque. Il est vrai qu’elle pourrait donner l’impression d’être sous substance. Mais non. Elle s’époumonait de cette manière sans aide. Juste comme ça. C’est qu’elle était une chanteuse, sortir une voix pareille, c’était de l'entraînement ! Elle entendit qu’il allait lui demander pourquoi elle se marrait, mais il fut soudain coupé par un gros gaillard qui arriva derrière lui pour lui mettre une de ses tapes amicales donc les gars ici avaient le secret.
Et oui, "l’aristo" - comme le nouveau venu l’appela - arborait des yeux exorbités, complètement sortis de leur orbite. Oui, Samaël ne venait pas de ce monde-là. Mais Morgan aimait ça, ici, justement. Cette diversité. Ces milieux qui se mélangeaient, de ces époques qui se familiarisaient, qui apprenaient à se connaître, à se redécouvrir. De toutes ces personnes qui vivaient ensemble et qui se découvraient des passions communes.
Comme elle et Samaël aujourd’hui.
“Oui Samaël… Ici, tu trouveras de tout” .
Morgan l’attrapa par le bras pour le tirer un peu à l’écart, dans son coin favori. Un petit canapé posé sous l’escalier de l’étage, un peu cosy et surtout tranquille. Une petite lanterne éclaira le petit espace et Morgan proposa à Samaël de s’installer confortablement.
Elle s’assit puis commença à lui parler d’une voix tranquille, les yeux, un peu perdus dans le vide. “C’est cela qui est incroyable ici, la diversité. On vient chacun d’époque différente et on arrive à vivre ensemble. Tu ne trouves pas ça beau ?” .
Elle regarda Samaël, ses yeux pétillaient d’excitation tellement elle adorait être ici. “Si un jour, on m’avait dit que je rencontrerais quelqu’un qui vient de deux siècles avant moi, j’aurais ris. La magie, tout ça, ça peut faire des choses… Particulièrement ouf, c’est vrai. Mais remonter dans le temps ? Je n’ai jamais entendu parler de ça. C’est véritablement incroyable. Et je suis assez heureuse d’être ici pour le découvrir” .
Morgan sentit son sourire s’effacer un peu alors qu’une pensée s’imposait dans son esprit, et elle murmurait un peu plus tristement : “J’aurais aimé que maman soit là pour le voir” .
"Ici tu trouveras de tout". La remarque résumait bien l'endroit en effet: à la fin de leur petit concert improvisé des groupes étonnement variés se formaient déjà. Des éclats de voix s'élèvent partiellement depuis l'entrée où se font accueillir des retardataires. Certains déjà installés au comptoir passent commande et discutent avec leur hôte. Des têtes blondes ou brunes pour la plupart, des grands et des plus petits, davantage d'hommes que de femmes toutefois sans qu'elles ne soient complètement absentes ou strictement réservées à attirer l'attention de ceux-là. Des habitués ou comme lui, de nouveaux venus, curieux, ou surpris par la pluie au dehors. D'ailleurs, depuis que le calme est revenu on peut l'entendre plus clairement s'échouer contre les vitres de l'enseigne, accompagnée par quelques discrètes bourrasques hasardeuses. L'ambiance demeure conviviale et chaleureuse.
Un contraire frappant lui revient alors à l'esprit aussi violemment qu'un boomerang: à la perte de son seul proche il s'est occupé de tout. Tout le temps. Il en délaissait volontiers ces futilités sociales sans en avoir prit connaissance un jour. L'ensemble de ses activités se faisait dans un silence presque religieux. Le cliché même du calme seulement effrité par un parquet grinçant, lorsqu'il y faisait tomber une bobine de fil, ou à ses seuls pas. Même lorsque la boutique était ouverte il n'accueillait pas foule. Les échanges s'écourtaient bien vite en restant formels.
La familiarité de Morgan donc, l'emportait avec facilité.
Samaël prenait place en la suivant mécaniquement. A sa question il ne pouvait qu'acquiescer. Il n'est peut être pas friand d'autant de bazar d'ordinaire, mais ça ne l'empêchait pas d'en apprécier l'ensemble. Lorsque la rousse devenait nostalgique il repensait aussi à Varian. Ces lieux lui auraient plu. Il en aurait même mieux su apprécier la valeur.
- Elle n'était pas avec vous au moment...
Ah, le tact. Se lancer en terrain potentiellement miné sans avoir les moyens d'en détecter la moindre naturellement.
- au moment où vous vous êtes échouée ici, à Azuola?
Pourtant il devrait savoir ces sujets là délicats. Il en a bien fait les frais à une époque.
- Excusez moi, je ne devrais peut être pas en parler., et, pour se rattraper dans la foulée, il s'essaye à guider son attention sur une autre interrogation. - Dites moi, vous avez mentionné deux siècles de différence. Viendriez vous d'une époque postérieure aux années deux mille?
Intrigué, il se penchait un soupçon en avant, tourné en partie dans sa direction. En se rappelant son rire passé, il s'essaie à une plaisanterie:
- Oh, par pitié, si ma question vous inspire une tête de crapaud... ne riez pas.
Oui, c'est bien là une inquiétude persistante.
Morgan Leleu
Messages : 167 Date d'inscription : 06/05/2022 Emploi/loisirs : sorcière
Feuille de personnage Pouvoirs/Capacité: - lévitation (objet de taille petite à moyenne, durée de 1h) ; - transformation de petit objet Inventaire:
Sujet: Re: Choc des cultures | pv Samaël | 25/02/2022 Mar 2 Aoû - 9:06
Morgan ne put que noter le soudain malaise de Samaël. Elle se sentit soudain bien bête, puisqu’elle avait à nouveau parler sans réfléchir. Pourquoi devait-elle parler de sa mère ? Elle sentit bien que Samaël essayait d’être courtois avec sa manière de lui poser la question. Après tout, il avait dû comprendre que le sujet était sensible. Morgan ne pouvait plus vraiment le laisser seule dans le malaise qu’elle avait elle-même créé.
D’un geste nonchalant, elle haussa les épaules et soupira avec un sourire qu’elle espérait moins crispée qu’elle ne l’était actuellement. “Alors, non. Elle a disparu il y a environ 10 ans maintenant, bien avant que j’arrive ici. C’est juste que, puisqu’on est sorcières, maman avait entendu parler de ce lieu où les êtres magiques pourraient venir se réfugier, et elle avait très envie de trouver… Azuola. Mais ça risque d’être compliqué désormais !”.
Elle tenta un petit rire qui sonna un peu forcé et elle se racla la gorge, soudainement plus gênée. Bon, c’est qu’elle les avait mis mal-à-l’aise tous les deux maintenant. Elle aurait aimé se fracasser la tête contre un mur pour effacer ce moment gênant, mais malheureusement, ça ne lui donnerait qu’une grosse migraine. Seulement, Samaël eut la gentillesse de changer de sujet et lui posa la question de son époque. Morgan s’apprêtait à lui répondre mais Samaël se pencha vers elle comme pour lui partager une confidence.
Elle s’avança à son tour pour mieux l’entendre et celui-ci lui dit avec beaucoup de sérieux, mais sans pouvoir retenir un léger sourire : “Oh, par pitié, si ma question vous inspire une tête de crapaud... ne riez pas”.
Morgan explosa de rire en s’élançant vers l’arrière et s’exclama, hilare : “Je ne transforme pas les gens en crapaud !”.
Elle rigolait encore un peu avant de se calmer. Puis, s’essuyant un peu les yeux humides d’amusement, elle lui répondit : “Tu crois que, quand je rigole, je transforme les gens en crapaud ?”.
Morgan pouffa à nouveau et, petit à petit, réussi à se calmer. Elle s’adossa à nouveau contre le dossier du canapé et s’affaissa un peu, relâchant tous ses muscles pour se laisser s’enfoncer dans les coussins. Elle s’étira un peu en sentant la fatigue la gagner. Pour autant, elle ne souhaitait pas dormir. Elle regarda Samaël et commença à lui dire : “Pour te répondre, oui, je viens des années 2000, même si je suis née en 1991. J’ai connu le passage au siècle suivant ! Les années 90, c’est la découverte de la musique électronique, de l’internet… Internet n’a pas été créé en 2000 hein ! Mais l’utilisation qu’on en fait aujourd’hui.. Enfin, à mon époque, ça a grandi avec les années 2000”.
Morgan se tut un instant et se massa le coup en réfléchissant. Elle se doutait bien que Samaël n’avait aucune idée de ce qu’elle disait. Internet était quelque chose qui avait été inventé en 1963 après tout, et l’utilisation que des “civils” comme elle en avait fait n’était apparu qu’au début des années 90. Si Samaël découvrait cette notion aujourd’hui, à ses yeux, tout ceci n’aurait sans doute aucun sens.
"Enfin, je suppose que tu ne sais pas trop de quoi je parle. C’est que c’est quelque chose qui est né avec les guerres du 20è siècle et la guerre froide… Pour l’espionnage et tout”.
Morgan haussa les épaules et continua : “Pour en revenir à la musique électronique, celle-ci est née dans les années 50, après la guerre, mais dans les années 90, le genre a été un peu réinventé avec la techno, tu vois. Et il y a eu énormément de sous-genre créés à partir de là… Électroacoustique, downtempo, chillstep, garage house, deep house, newbeat, dream house… Et j’en passe. Puis, à partir des années 2000, vu que les home-studios ont été démocratisés, beaucoup de personnes ont commencé à faire de la musique. Mélangeant électro et instrument divers, etc. Et puis, bien sûr, la musique classique, le jazz, toutes ces musiques là restent. Pour une raison toute bête d’ailleurs : les musiques de film, notamment les blockbusters de Hollywood, sont généralement orchestrales. Et ça se rapproche des musiques classiques”.
Morgan souriait à Samaël : “Je papote ! Mais ça va, t’es pas largué ?”
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