Sujet: Mots croisés | feat Morgan | xx/xx/21 Lun 24 Oct - 19:03
Si Ren me voyait ici, j'étais pratiquement certain qu'il m'arracherait mes burritos d'un coup sec. Et je ne parle pas vraiment de burritos, si vous voyez ce que je veux dire. Déjà qu'il me détestait à crever, je n'imaginais même pas sa tête s'il m'apercevait fréquenter les locaux. Quoique, je n'aurai qu'à lui rétorquer -et toi, qu'est-ce que tu fous ici ?
Cet endroit, bien que la façade alléchante se prêtait à un leurre bien ficelé d'un cabaret haut en couleurs, sentait la luxure pénétrante. Du moins, si vous aviez un minimum connaissance de ce qui pouvait bien se tramer dans les étages. J'avais fréquenté ce lieu pendant un temps, un temps trop long au point de me faire froncer du nez alors que je passais, littéralement, un mur pour y rentrer -les portes, c'était surfait. Ren n'était jamais ravi quand Reika décidait de me mettre sur cette mission bien que je n'y venais pas pour déguster des plats exotiques, profiter du spectacle ni même me taper un rail sur le fessier d'une demoiselle bien en chair. Ici, j'avais le rôle de celui qui glanait les murmures au détour d'un couloir ou d'une chambre. Qui posait les yeux partout, même où il n'était pas convié. Qui rejoignait innocemment une conversation ou une table de jeu, s’arrangeant pour que l'alcool coule à flot et en tirer tous les bénéfices possibles.
Ces souvenirs me donnaient la nausée, en y repensant.
Je m'étais donc habillé pour l'occasion, vêtu d'un smoking noir tout en élégance. Une parure qui n'était familière à personne -pas même de mes habitudes, je trouvais ça bien trop arrogant. Mais je me devais de marquer la vigilance. Ici, je n'étais clairement pas le bienvenu. Mon œil se portait vers le coin d'une pièce, précisément sur l'homme qui intéressait mes affaires actuellement. Je devais faire en sorte de garder la main, à propos de cette faction de l'enfer. Cette faction invisible à bon nombre d'entre nous, n'existant qu'à peine sur les bouches des citoyens si ce n'était à travers des rumeurs. L'Etoile Rouge. Des rumeurs fondées mais que personne ne pouvait réellement confirmer. C'était là, que résidait la force de cette salope de Reika -il savait toujours assurer ses arrières. J'avais donc eu un bon enseignement sur ce point et j'en avais fait également un atout ultime -entre autres talents, évidemment. J'avançais d'un pas tranquille vers le bar, comme si cet espace m'appartenait ou du moins, comme si j'en faisais encore parti. Le masque sur le nez, chose qui n'était pas suspecte au point de me dévisager car ici, tout n'était que jeu de comédie, de scène et d'apparence. Peut-être même que je me paierai l'effronterie ou la provocation de monter sur scène en me faisant passer pour un magicien ? Cette idée me tirait un rictus presque inquiétant.
Je me posais comme une plume au comptoir, l'allure distinguée, en tout cas de ce dont j'étais capable puis levais la main pour signifier ma commande. Ce fut là, en cet instant, que mes sourcils se fronçaient en distinguant celle qui se trouvait de l'autre côté de la planche en marbre. Je ne l'avais croisé que quelques fois dans l'enceinte de l'Eglise et autant dire, elle tirait toujours autant la tronche « Les clients ici ne sont pas très généreux en pourboire, mais si vous souriez un peu plus, je suis certain qu'ils seront davantage enclin à mettre la main au porte monnaie » C'était un peu la recette de la maison, malheureusement. Néanmoins, je m'interrogeais sur sa présence ici. Les petites mains qui faisaient tourner la boutique, pour la plupart, n'avait même pas conscience qu'ils travaillaient pour le cancer incarné mais... Il n'était pas à exclure que cette jeune femme ait été repéré pour un pouvoir quelconque ou des capacités -l'étoile rouge savait comment approcher ce qu'ils estimaient comme des gens d'exception ou plutôt, des pantins à manier pour servir leurs intérêts. Leurs méthodes n'avaient rien à envier à l'Ordre Sainte Emeline, de cette même racine toxique et malfaisante. Alors je me risquais à en savoir un peu plus. Après tout, j'avais toute la soirée et elle promettait d'être plus intéressante que prévu.
Morgan grommela tandis qu’elle attendait au comptoir. Elle essayait de ne pas penser à tout ce qui c’était passé ces dernières semaines. Son arrivée à Azuola, elle était littéralement tombée du ciel ! Heureusement, elle avait rencontré cette adorable petite non humaine qui lui avait montré un endroit où loger et rester au chaud. Malheureusement, elle s’était vite fait chier comme si la mort était sa voisine - et elle en savait quelque chose. Alors, elle avait quitté ce lieu pour en trouver un autre, plus vivant, plus fun. Et elle avait trouvé ce bar de beauf qui lui rappelait sa campagne du nord de la France.
Le canon qu’elle avait croisé ce jour-là était plein de surprise, un vrai pirate ! Un beau blond bien foutu qui ferait craquer n’importe qui. Un bon buveur en plus de ça, et qui venait de son époque ! Ils avaient causé musique, et elle avait eu, enfin, l’impression de retrouver un temps soit peu une vie normale. Jouer sur scène, c’était un rêve de gamine qui s’était réalisé ce jour-là, et elle avait été payée pour ça ! Dommage que l’endroit était tout à fait médiocre dans ses “choix”, mais elle avait eu au moins le loisir d’y rester, de jouer, et de ne pas écarter les jambes pour cela.
Elle se souvenait aussi de ce serveur mignon qu’elle n’avait plus revu depuis… C’était peut-être la seule chose qu’elle regrettait, de ne plus le voir. Il avait été si gentil en plus... Plus gentille qu’un certain faux clients qu’elle avait fait monter dans sa chambre… Mais bordel. Morgan eut soudain un haut le cœur.
Elle serra très fort le verre qu’elle avait en main, sentant dans chaque parcelle de ses muscles le souvenir des lames qui tranchaient sa chair. Elle tremblait et elle serra les dents, très fort, ne souhaitant pas pleurer. Elle ne pouvait pas imaginer un jour devoir se battre contre… Le pire du pire… Vraiment ? Venir sur cette île pour être en sécurité et se retrouver… à trouver le pire danger qui soit ? Morgan rageait intérieurement et but à grande gorgée sa boisson. Non, venir ici avait été la pire des pires des idées qu’elle ait jamais eu.
Avec celle de tuer ses frères et de les ramener.
Elle reposa le verre après l’avoir bu cul sec, le choc résonnant sur le bois. Elle était en colère contre elle-même pour avoir été si conne à lui permettre de la suivre, à ce connard de se faufiler jusqu’à elle, comme un serpent qui guettait sa proie immobile. Il avait été patient, il avait attendu, et il avait frappé. Violemment. Elle en gardait les séquelles sur son corps, ses bras nues montraient les cicatrices sur son corps. Comment elle pouvait savoir qu’il prenait d’autres visages aussi !
« Les clients ici ne sont pas très généreux en pourboire, mais si vous souriez un peu plus, je suis certain qu'ils seront davantage enclin à mettre la main au porte monnaie »
Morgan fut violemment tirer de ses pensées et elle tourna les yeux vers le nouveau venu. Et il faisait pas dans la dentelle ce con ! Smoking noir élégant auprès de gros alcoolique à qui il manquait trois dents ? Elle exagérait peut-être un peu, mais beaucoup de visiteurs ici se présentait ainsi. De quoi mettre du baume au cœur aux pauvres filles qui allaient devoir se les coltiner. Et Morgan n’en faisait pas partie.
« Vous vous plaisez ici ? »
La phrase la réveilla à nouveau de ses pensées qui partaient un peu trop dans leur délire respectif depuis quelques temps. Il lui manquait peut-être un boulon façon Frankenstein ? Morgan soupira et lâcha sans vraiment le savoir : « Tu poses sérieusement la question à une meuf qui travaille dans une maison de joie, si elle se plaît à écarter les jambes pour des trouffions alcoolique qui peut le moisie ? ».
Morgan tapa du plat de la main sur le comptoir pour demander qu’on remplisse à nouveau son verre et enchaîna, lasse : « Dommage pour toi, j’ouvre pas les jambes ici. Trouve toi quelqu’un d’autre ».
Dernière édition par Morgan Leleu le Dim 20 Nov - 13:22, édité 1 fois
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Sujet: Re: Mots croisés | feat Morgan | xx/xx/21 Mar 1 Nov - 18:48
Bien-sûr que je posais la question. Après tout, elle était logique, non ? Personne n'aimait vraiment être ici ou plutôt, une majorité de la population. Une majorité, pour exemple, surtout lorsque vous étiez une demoiselle avec un minois approximativement attrayant. Encore moins lorsque vous étiez potable sur vous, avec des mains propres et l'attitude intègre. Oh ne vous méprenez pas, je respecte assez les plantes de joie pour mesurer la pénibilité de cet environnement et de leurs activités. Je souligne simplement que les individus qui atterrissaient ici, n'était pas le choix du hasard. Ha ça, non. Mais donc pour quel motif cette dame décidait-elle soudainement de se mêler à la médiocrité ? A moins de posséder un attrait étrange pour le parfum des ivrognes. D'aimer un peu trop l'alcool, peut-être -je la voyais siffler ses verres plus vite que j'avalerai un donut et ça, c'était impressionnant. Ou alors... Autre chose ? A mon humble avis, la réponse résidait dans ce « autre chose », quelque part enfoui dans les abysses d'une âme un peu déboussolée. J'aurai pu m'arrêter à la raison première, en effet. Cependant, j'étais plutôt curieux de ce choix tout à fait incongru, alors que je savais pertinemment qu'elle fréquentait l'Eglise quelques jours plus tôt. Là où, elle n'était pas obligée de subir cette situation. Mes lèvres s'étiraient donc sur un sourire attendri à sa rétorque.
« C'est exactement pour cette raison, que je pose la question »
J'attrapai ce verre qu'un gentilhomme lui servait une énième fois pour m'en emparer. « Sans vouloir vous offenser, vous ne portez pas le visage de la personne que mon cœur appelle tous les jours alors, je ne suis pas vraiment intéressé » et puis, elle n'était même pas rousse. Je soupirai. Combien de temps déjà, n'avais-je pas pu le voir d'ailleurs ? Combien de nuits, où je me recroquevillai, seule, sous les couvertures froides d'une absence qui me faisait gémir d'un mal incurable ? Combien de larmes, combien de cauchemars me rendaient fou pendant mon sommeil ? Ma langue s'assécha, éprouvant le besoin pinçant de la désaltérer avec une gorgée de whisky qui ne ferait qu'endormir la douleur une fraction de seconde. Cela faisait déjà six mois, que j'avais signé mon départ en espérant trouver le moyen, de détruire Reika, cette abomination perverse et malsaine. Trouver le moyen, de vivre ensemble, Ren et moi, loin de son emprise et de ses obsessions. Mais lui, Ren, avait préféré continuer de le suivre lui, ignorant toutes mes souffrances endurées quand j'étais encore là-bas. Il fallait que je m'enfuis. Que je m'en aille. Et lui, n'avait pas su me comprendre. Mes phalanges se serraient autour du verre, visualisant amicalement mes mains autour du cou de ce fumier.
« Pour quelle raison, vous êtes venue ici, Morgan ? » Mon regard se faisait densément plus sombre à travers le masque, là où l'éclat se brise pour en révéler les blessures. J'espérais en mon for intérieur, qu'elle ne concernait en rien l'Etoile Rouge. Ils s'approchaient toujours des éléments intéressants, de ceux ou celles, qui pourraient les servir dans leurs manigances folles. Cette faction, n'avait rien à envier aux autres, pas même à ces extrémistes comme l'Ordre « Vous avez tant de possibilités en arrivant sur Azuola alors, pourquoi avoir choisi ce trou à rats ? »
Mon buste se penchait au dessus du comptoir, légèrement, lui soufflant la confidence du bout des lèvres « De quoi cherchez-vous à vous punir, au juste ? » Oui car, parmi toutes les raisons valables, celle-ci se présentait souvent bien qu'incongrue. Celle de s’auto-flageller, pour des actes ou des gestes, éprouvant la honte et la gêne, de simplement pouvoir exister. Je le savais parce que,
Je ressentais quotidiennement cette noirceur, derrière ces traits rieurs.
« C'est exactement pour cette raison, que je pose la question »
Morgan n’eut pas le temps de réagir, l’homme à ses côtés attrapa son prochain verre sans mal, la privant de sa future gueule de bois. Elle aurait voulu se mettre en colère mais qu’il lui annonce ne pas être intéressé par elle la soulagea grandement. Au moins, elle n’était pas une énième proie aux yeux d’un taré. Pas qu’il soit taré, ceci dit. Ou peut-être que si, qui sait ? Elle ne savait plus rien de toute manière.
Morgan voyait son regard un peu voilé, à cause de l’alcool et aussi des larmes qui montaient. Elle ne se plaisait pas du tout ici, elle détestait cet endroit qui sentait la même odeur que son père, qui ne faisait que lui rappeler sans cesse le manque qu’avait laissé sa mère derrière elle. Elle avait dû vivre entourée d'hommes toujours plus pauvre intellectuellement et riche de dégoût. Et aujourd’hui encore, elle était obligée de se coltiner un endroit pareil. Mais que pouvait-elle faire ? C’était le seul endroit dans lequel elle avait l’impression de s’y retrouver.
Et c’était bien triste.
« Pour quelle raison, vous êtes venue ici, Morgan ? »
Morgan se tendit, tous ses sens semblaient se réveiller subitement, comme si elle avait subi un électrochoc. Elle lança un regard électrique à l’homme à côté d’elle tandis que sa gorge se faisait trop sèche. D’où connaissait-il son nom lui ? Morgan voulait lui cracher à la face, mais la seule chose qui sortit de sa bouche fut un souffle rauque, où sa voix se cassa lorsqu’elle murmura : « T’es qui ? ». Elle sentit son cœur marteler sa poitrine, son sang sembla dévaler ses veines comme une autoroute et la panique tendit totalement son corps. Elle voulait fuir. Mais est-ce qu'elle aurait une chance de lui échapper ? Elle avait été trop naïve la première fois, elle ne voulait pas revivre ça deux fois. Le regard de l’homme était aussi sombre que celui de l’autre avait été avenant. L’autre s’était joué d’elle, mais lui semblait vouloir lui faire comprendre qu’il ne serait pas son amie si elle répondait à côté.
« Vous avez tant de possibilités en arrivant sur Azuola alors, pourquoi avoir choisi ce trou à rats ? »
Morgan voulait savoir d’où il la connaissait. Mais tout ce qu’elle avait en l’instant, c’était une envie irrépressible de fuir, fuir ce lieu maudit et ces ploucs, fuir les souvenirs qui y étaient désormais liés. à Azuola, pourtant, elle avait espéré repartir de miettes, voir de poussière. Mais là, tout semblait presque pire. De ses secrets inavoués aujourd’hui dévoilés, elle aurait préféré ne jamais rien savoir. Sa mère lui avait tant caché, elle ne savait pas vraiment ce qu’elle pensait d’elle aujourd’hui. Elle avait été son héroïne, mais elle n’était plus que le fantôme d’une vision idolâtrée d’enfant pleine de rêve. Et tout ses rêves s’étaient effacés le jour de sa disparition.
« De quoi cherchez-vous à vous punir, au juste ? »
Morgan sortit violemment de sa torpeur, repérant enfin qu’il s’était penché vers elle, se rapprochant doucement, subtilement. Et dangereusement. Sous le coup de la surprise, Morgan s’éloigna trop vite et elle s’effondra, perdant l’équilibre sur son tabouret. Elle se ramassa au sol et sa tête se cogna contre le tabouret du client voisin. Elle grommela de douleur et analysa la situation l’espace de quelques secondes. La seule chose dont elle était heureuse, c’est de ne porter que des pantalons. Ou sinon, tout le monde aurait eu une magnifique vue sur sa culotte. Sa position était beaucoup trop embarrassante.
Mais l’embarras laissa vite place à une sueur froide qui s’écoula dans son dos tellement la peur tordait ses boyaux. Elle regarda à nouveau le nouveau venu et cria : « J’aime pas être ici mais c’est le seul endroit qui me paye pour faire de la musique, content !? Voilà pourquoi je me coltine ce trou à rats ! Et j’ai une chambre où je peux dormir au chaud au moins ! Et- Et… Et je me punis de rien, ok ? ». Morgan déglutit. Non. Même elle n’y croyait pas une seconde. Elle voulait retenir à tout prix les larmes qui perlaient dans ses yeux en tentant, tant bien que mal, de se laisser gagner par la colère. Mais c’était un foirage totale lorsqu’elles s’écoulèrent d’elle-même, massacrant son maquillage pour la faire, véritablement, passer pour une sorcière.
Sujet: Re: Mots croisés | feat Morgan | xx/xx/21 Ven 25 Nov - 17:13
Je sais très bien ce que vous vous dites. Pourquoi chercher à mettre cette femme dans l'embarras ? Et bien, parce que je ne la connais pas, pas comme vous en tout cas. Et je devais aussi admettre que sa présence ici, en ces lieux, m'intriguaient assez pour me poser des questions. Cet antre n'était pas banale, il s'agissait d'un des nombreux repères de l'Etoile Rouge, une faction qui avait brisé mon cœur depuis un moment déjà. J'admettais également ne pas saisir en quoi ce lieu demeurait plus attirant que la structure de l'Eglise Blanche, qui s'évertuait à accueillir les petits nouveaux de l'autre monde. Je ne dis pas cependant, que cela ne cache pas nécessairement des motifs plus sombres comme par exemple, filtrer les arrivants afin de garder la main et mieux pouvoir les enliser sous la coupe d'un Pontife qui cherche à obtenir le monopole. Je n'étais pas dupe. Mais elle avait disparu tellement vite de la circulation que je trouvais cette attitude quelque peu suspecte. Ou seulement peut-être, un attrait pour l'auto sabotage.
Je souriais à sa méfiance qui blanchissait son expression. Qui j'étais ? Vaste question. Pour beaucoup, je n'étais qu'un fanfaron, une sorte de blague ambulante qui amusait la galerie. Un type qui manquait de sérieux, de manière et même de maturité. Je n'étais qu'un clown, qui se moquait du monde tout autant qu'il se moquait de lui. Pour d'autres encore, j'étais un traître. Une sorte de cancer progressif difficile à arrêter dans son élan, même en essayant de lui arracher un morceau ou deux, il continuait de courir. Et puis, vous aviez ceux-là. Des individus plus rares, qui ne tenaient qu'à peine sur la paume de ma main. Des personnes en qui j'avais placé ma foi, ma confiance, leur permettant de dessiner les rebords de ma véritable personnalité mais dont les courbes, restaient encore un peu tremblantes. Je ne laisserai jamais le loisir à quelqu'un de savoir très exactement me déterminer. Pas même Ren. Pour lui, je n'étais devenu que la cible à abattre. Même lui désormais, voyait flou en me regardant à travers ses rancoeurs, incapable même de me définir. C'était assurément, ce qui me rendait le plus malade. Une maladie bien nocive qu'un chagrin d'amour qui écrasait parfois, mon envie d'exister de convictions et de valeurs.
« Ce sera à vous de me le dire » lui répondais-je seulement, me targuant de laisser planer un petit mystère désagréable. Ce qui ne fut pas pour arranger la situation que déjà, la demoiselle trébuchait de son tabouret sur un mouvement de recul, mêlé de crainte et de révulsion, pour tomber à terre. C'était souvent l'effet que je faisais, après tout -j'étais un vrai tombeur. Par simple réflexe de parfait gentleman, je passais par dessus le comptoir sur un bond agile, véritable chat dont la souplesse n'avait d'égal que des heures massacrantes d’entraînement. J'allais pour l'aider à se relever en la gratifiant de ma compassion alors qu'elle me hurlait dessus. J'affichais une mine un peu confuse sous le masque en levant les mains en l'air pour montrer patte blanche « Tout va bien. Je ne suis pas là pour vous attirer des ennuis » Elle avait l'air assez doué pour le faire elle-même « Je suis seulement intrigué par votre présence ici. Après tout, vous aviez tout ce qu'il fallait, là-bas » Je baissais le ton. Si j'étais entendu à prononcer cet étendard, je me ferai sûrement couper la tête « A L'Eglise Blanche. Je vous ai aperçue à votre arrivée. C'est de là que je vous connais » murmurais-je du bout des lèvres. Je me retournais ensuite pour prendre une bouteille, un verre et le lui servir. Je passais plutôt bien en tant que barmaid et de cet angle, je pouvais surtout surveiller l'homme qui était dans ce coin. Je savais qu'il me filait, depuis quelques jours. Mon regard s'y attardait un moment.
« Nous nous punissons tous de quelque chose, Morgan. Alors dites-moi, quelles sont vos motivations pour emprunter la voie de l'alcoolisme ? » Je riais gentiment « Promis, je ne vous jugerai pas. Seulement, j'ai pensé l'espace d'un instant que vous travailliez pour des personnes que j’exècre. Mais finalement, vous êtes juste triste » si elle me mentait, je le saurai.
Je me servais à mon tour « Assez triste pour fréquenter ce dépotoir. Quel est votre registre musical ? » tournais-je la conversation sur une volte face tout en m'accoudant, même si j'avais déjà une petite idée du répertoire.
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