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 Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022

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Dimma Dökkhönd

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MessageSujet: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyMar 19 Juil - 23:26

Dimma
Dökkhönd

Epizon

Projet : Rooibos
Cette situation était devenue insupportable.

Au départ ce n’était pas si intenable, comme toutes les situations délicates avant qu’elle ne dégénèrent. Une catastrophe, en définitive, n’était jamais un à-pic, et c’était là, dans ce détail insidieux, que résidait la véritable sournoiserie.

Une catastrophe commençait invariablement sur un terrain plat, qui se muait petit à petit, imperceptiblement, en une pente douce, dont les degrés se muaient petit à petit, imperceptiblement, en une pente raide, qui se terminait brutalement, et vraiment très perceptiblement, sur une falaise.

Et ce n’était pas terminé, car une fois le rebord fatal de la falaise enjambé, on se retrouvait en état de chute libre qui s’accélérait à mesure que l’on se rapprochait du sol.

Plus près, plus vite.

Encore plus près, encore plus vite.

Toujours plus vite, toujours plus près.

C’était toujours dans cette dernière section que l’on se posait la même question : quand est-ce que ça va s’arrêter ? Quand est-ce que je toucherai le sol ? Et quand je le toucherai… est-ce que ça s’arrêtera vraiment ?

Actuellement, Dimma Dökkhönd se localisait dans le dernier segment de cette spirale infernale.

Depuis son arrivée à Azuola en octobre (il jugeait que c’était octobre car c’était la date à laquelle il avait quitté son monde natal), il n’avait pas bu une seule goutte de vrai rooibos.

Pas une seule.

Tout ce à quoi il avait eu droit, c’était un thé noir trop chaud et parfumé aux fruits rouges.

Le comble du mauvais goût ! Il en gardait encore la saveur abominable sur les papilles et jusqu’à ce jour il lui arrivait parfois de se réveiller en sursaut dans la nuit pour aller vomir. C’était gênant et embarrassant à justifier quand il vivait dans les égouts avec les autres membres de l’Étoile Rouge, mais maintenant qu’il possédait son propre domicile c’était devenu une corvée un brin moins humiliante.

Alors certes, par le biais d’Avellinum, Dimma avait pu s’approvisionner en sachets déjà tout prêts…

Mais…

En sachet, quoi…

Le rooibos en sachet…

Quelle pire affront pouvait-il faire à son organisme ?

Hormis boire de nouveau un thé noir aux fruits rouges trop chaud, mais concernant ce sujet, son corps avait été très explicite : plus jamais. Même pour se sauver la vie, plus jamais. Mourir dans la gloire et l’honneur plutôt que de (sur)vivre dans l’infamie et le reniement de soi ! Tant pis pour la magie, elle se détruirait toute seule ! En buvant un thé noir aux fruits rouges trop chaud, par exemple.

On aurait pu dire de Dimma qu’il était en période de sevrage, si seulement il acceptait l’éventualité d’une addiction au rooibos. Bien entendu, il ne l’acceptait pas, car pour Dimma Dökkhönd, aucune retour en arrière n’était possible quand un être vivant décent et civilisé goûtait au rooibos.

Durant l’une de ces périodes de manque, tandis qu’il ne griffait pas les murs au point de s’en arracher les ongles et d’imprimer de grandes traces en forme d’éclairs déments dans le plâtre, une idée lui apparut.

Manne divine, présent céleste.

Il allait cultiver lui-même son rooibos ! C’était assez simple, au bout du compte, il l’avait déjà fait. Par le biais de Vander Corp, il s’approprierait un terrain plus haut dans les terres d’Azuola, et grâce aux Insoumis, il se procurerait des boutures, et à partir de là il pourrait se créer une véritable petite ferme…

Au bout de cinq ans.

Le rooibos, c’était lent à donner des fruits… ou des feuilles, en l’occurence. C’était toujours mieux que rien, cela procurerait à Dimma au moins un peu d’espoir. Mais enfin, d’ici cinq ans… Ce serait plus rapide s’il dénichait du matériel de qualité pour accélérer le processus.

Dimma avait fini par découvrir le lieu idéal en pleine forêt.

Un lac.

Précisément, le lac en lui-même ne l’intéressait pas pour sa ferme à rooibos. Non, c’était plutôt la rivière qui le surplombait et qui se déversait en lui en une courte chute d’eau. Pour son implantation, Dimma savait qu’il ne pouvait compter sur l’électricité depuis la ville. Il aurait été impossible de tirer des câbles souterrains sur une distance pareille sans éveiller de soupçons, et Dimma ne voulait éveiller aucun soupçon. Reika le ferait décapiter, sinon. Ainsi songeait-il à installer sa ferme plus en amont, où il ferait tourner un moulin nuit et jour. Un joli petit hameau tranquille qui n’attirerait aucune attention et, par conséquent, qui n’éveillerait aucun soupçon.

Que fabrique donc ce moulin ici ? Oh rien il appartient au fou bienheureux qui s’acharne à faire pousser des plants de rooibos dans un climat qui n’y est pas propice. Laissons-le à ses affaires.

Le déversement vivace mais bref de la rivière dans le lac ne produisait pas un grondement sonore, toutefois il résonnait dans le capuchon de Dimma, et ce fut assez dérangeant pour qu’il éprouve le besoin de le rabaisser sur ses épaules. L’éclat jaune clair du soleil filtrait au travers du feuillage touffu de la canopée et atterrissait en taches mouchetées sur le sol herbeux, ou en flaques ondoyantes sur la surface du lac.

Le regard de Dimma oscilla de la rivière au lac, et inversement, sa nuque effectuant de lents dodelinements.

C’était un lieu presque… paisible.

Si loin de tout.

Si loin de tous.

Dimma s’assit en tailleur, à un mètre ou deux seulement du bord de l’eau. Le silence, seulement troublé par le bouillonnement de l’eau au pied de la petite cascade, lui parut soudain terrifiant. En ville ce n’était pas pareil, il y avait tout le temps du bruit. Ici…

Ici il n’y avait rien.

Dans l’autre monde, il y avait des oiseaux, des insectes, mais ici, dans ce lieu perdu au fin fond de la forêt azuolienne… azuoléanne… d’Azuola, il n’y avait rien.

Bientôt il y aurait quelque chose. Quelque chose de neuf, quelque chose de novateur, quelque chose de… quelque chose d’ambitieux.

Dimma s’étira et reposa la main au sol. Il sentit une petit branche cassée sous ses doigts. Il la porta au niveau de son masque, l’étudia.

Peut-être emmènerait-il Candice ici, quand tout serait prêt.

Il brisa la branche en deux morceaux inégaux, et les jeta nonchalamment à l’eau l’un après l’autre.

Oui, il l’emmènerait ici.

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Dernière édition par Dimma Dökkhönd le Lun 5 Juin - 15:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyMer 20 Juil - 13:08

Projet : Rooibos
ft. Dimma

Tous ces événements m’avaient lassé, pour ne pas dire ennuyer. Bien que le panel de douces créatures que j’avais pu rencontrer était un véritable plaisir à mes yeux, la stagnation dans laquelle l’ordre semblait se tenir restait pour moi source de frustration. Avec les forces présentes en leur sein, cet ordre dirigée par l’implacable créature qu’était Émeline pourrait prendre le contrôle en un instant. Détruite les humains et leurs vies sans valeur en de simples cendres sur laquelle il ne nous resterait plus qu’à souffler pour les voir disparaître à tout jamais.

Même, peut-être pourrait-on s'acoquiner avec cet intrigant et sulfureux “roi en jaune”, comme ils l’appelaient dans l’ordre. Celui-là m’intéressait au plus au point et je me languissais de le rencontrer. Que ne donnerais-je pas pour entendre à nouveau les cris d’effroi dont il m’avait inconsciemment comblé ? Celui-ci n’était certainement pas humain, quel humain serait capable de se languir d’un tel désespoir provenant des siens après tout ?

Mais ma douce Versace était une créature des plus prudentes, et si elle disait que la chose était indomptable et imprévisible, alors ce caractère était un danger qu’il me fallait prendre en compte. Non, il valait mieux tenter de le rencontrer par d’autres moyens, peut-être même de l’amadouer et l’adoucir au son de ma voix, qui - j’en étais sûre - saurait l’envoûter. Qui sait, peut-être trouver un intermédiaire et le faire venir en un lieu tranquille, qui ne l'inquiéterait aucunement, et qui me laisserait le temps de l’apprivoiser et connaître ses envies. Ainsi aurais-je une chance de le voir enfin… Cette âme flamboyante et imprévisible.

Le seul lieu à ma connaissance qui semblait adéquat était le lac, mon lieu de prédilection. Au fond de l’eau, tous les sons s’étouffaient dans des mélodies harmonieuses, simplement perturber par l’eau de la petite chute qui venait remuer la surface de l’eau. Ici, le calme était ma source de repos. Je ne dormais pas, mais le silence et le sentiment de flottement que je gagnais en venant ici était le meilleur des remèdes. Peut-être que le roi en jaune serait sensible à cet effet ? Il serait dans de bonnes dispositions pour discuter avec moi… M’entendre, m’écouter, peut-être même pourrais-je m’approcher et entourer de mes bras son corps sous sa véritable forme…

Mon esprit divaguait et je ne pus m’empêcher de sourire à l’idée. Versace serait-elle intéressée pour partager cette nouvelle découverte ? Flottant au fond de l’eau, je me laissais porter par les courants du fond du lac, les yeux fermés. Le calme était paisible et aucun humain ici n’oserait me faire du mal. Je n’étais plus seule dans ce monde de monstre. De douces et impitoyables créatures seraient là pour répondre à ma détresse. Versace… Ma douce… Seras-tu la première à venir ?

Quelque chose attira soudainement mon attention, un bruit qui capta mes sens. Des pas lourds s’avançaient, celui d’un bipède, à la démarche assurée sans nul doute. J’ouvrais vivement les yeux et portais plus loin mes sens pour tenter de capter son âme. Sans nul doute, cette chose était encore un humain. Que venait-il faire là, dans mon havre de paix ! Mais à peine commençais-je à percevoir son esprit que je n’y comprenais plus rien.

Qu’est-ce que le Rooibos ? Et pourquoi veut-il mettre du sucre dans de l’eau ? Plus le personnage s’avançait, moins je le comprenais. Son âme semblait perturber, elle était presque trop étrange pour être humaine. Ou les humains étaient-ils capables d’un tel degré de folie ? Parce que celui-ci était bien atteint. Était-il même conscient que son esprit plongeait dans des pensées toujours plus incongrues pour tenter d’échapper à sa réalité ? L’esprit humain était véritablement tordu.

Je ne savais pas ce qu’était un moulin, mais je comprenais qu’il souhaitait s’installer ici pour le “calme” de l’endroit. Au fond de l’eau, je grondais de mécontentement. Non, cet endroit était le mien, mon havre de paix et de repos ! Enfin… Le mien et celui de ma douce Versace. C’était le lieu de notre si belle rencontre et rien - et surtout pas un humain ! - ne viendrait nous le retirer. Sa présence souillerait notre pacte à ma belle et moi. Celui de voir ce monde épuré de la présence humaine et de leur invention chaotique. Ce monde qui sera le nôtre !

J’ouvrais vivement les yeux lorsque je sentis cet humain bien décidé à rester. Je hurlais de rage, mais tâchais de ne pas le partager. Il ne faudrait pas faire peur à ma nouvelle proie. Car celle-ci en était désormais une. Tu souhaitais apposer ta marque dans un lieu vierge de présence humaine, et je ne le tolérerais pas. Qu’à cela ne tienne, voyons ce que toi humain souhaitait faire avec de l’eau pas sucrée et un moulin à feuille… Je trouverais peut-être de quoi m’amuser un peu. Peut-être même pourrais-je le ramener à ma chère Versace ? Un cadeau à ma bien-aimée, pour se nourrir ou s’amuser, je suis sûre qu’elle en trouvera une utilité. Et pendant qu’elle ferait son œuvre, je me délecterais de cette âme qui se morcelait sous mes yeux.

En remontant la surface, je vis un petit bout de bois tomber sur la surface de l’eau. Puis, un deuxième le rejoignit bien vite. Il jouait, l’humain. Et bien jouons ensemble. En sortant la tête de l’eau, juste ce qu’il fallait pour que mes deux yeux puissent voir au-dessus de la surface, je ne provoquais aucune vague autour de moi. C’est là que je pus le voir, cette chose au visage aussi rigide que du bois. Était-ce là une nouvelle forme d’humanité connue seule d’Azuola ? Un visage de bois pour cacher leur sentiment ? Dommage qu’une âme ne puisse pas se cacher derrière un visage impassible. J’en avais vu et entendu des choses étranges depuis mon arrivée, mais une telle fantaisie, c’était une première.

Candice…

Je ne pus m’empêcher de poser la question. La meilleure façon d’attirer une proie était de poser innocemment une question. Malgré son esprit totalement tordu, celui-là semblait… Bien que bizarre, suffisamment stoïque face à l’inconnu. Sauras-tu te laisser amadouer par ma voix ?

Est-ce un moulin ?

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyDim 4 Déc - 22:35

Dimma
Dökkhönd

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Projet : Rooibos
Alors qu’il contemplait la lente dérive du bout de bois poussé vers le centre du lac par les flots placides de la surface, Dimma se laissa aller à d’autres pensées, plus complaisantes. Plus apaisantes.

Cela l’interloqua.

Depuis quand se permettait-il une telle vanité ? La complaisance, l’apaisement n’étaient autorisés que pour les indolents et ceux qui ne se souciaient pas de l’état du monde. Dimma ne se permettait ni la complaisance ni l’apaisement afin que d’autres le puissent.

Il…

Quelque chose entra en lui.

Il ne sut quoi, il ne comprit quoi, mais c’était… c’était inexplicable. L’image absurde d’un moulin à tête de Candice s’imposa à son esprit, mais ce n’était pas tant une image que des mots. Même pas des mots. Une expression, un concept, comme si une idée de son cerveau s’était arrêtée à mi-chemin entre la formulation et la concrétisation, et accouchait de cette chimère invraisemblable.

— Candice… Est-ce un moulin ?

Dimma se releva d’un bond, plus vite encore que si un insecte l’avait piqué.

Son décontenancement y fut analogue, en tout cas, car il reconnaissait cette sensation désagréable de déboussolement, de ne pas voir, de ne pas comprendre, ce qui venait de l’aiguillonner de la sorte. Quel dard, quelle mandibule, quel crochet plein de venin ? Quelle saleté de bestiole à six, huit, douze, mille pattes ?

Machinalement, il remonta son capuchon pour se recouvrir la tête. C’était futile, et puérile même, d’agir ainsi, et cela ne le rassura pas davantage.

Ce n’était pas qu’une vulgaire et répugnante bête privée endosquelette qui s’en était pris à lui. L’idée d’un moulin à tête de Candice ne lui était pas non plus naturelle, car pour penser cela il fallait preuve d’imagination, un talent dont Dimma était pour l’essentiel dépourvu.

Cette réalisation tira toutes les sonnettes d’alarme dans son esprit. Une réalisation qui ne criait pas encore tout à fait « danger » mais qui insistait tout de même sur le caractère d’urgence de la situation.

Il n’allait pas attendre que son trouble se dissipât tout seul. Il replia son annulaire gauche et effleura la partie charnue de la paume de la pulpe du doigt pour envoyer une décharge électrique à son système nerveux et obliger son cœur à ralentir la cadence. Il avait besoin d’être calme, d’analyser, pas d’une injection d’adrénaline qui réduirait son champ de vision, exacerberait ses sens, aggraverait son fulgurant sentiment de paranoïa.

Instantanément, le calme s’imposa à son corps. Il sentit chacune des parcelles de sa physiologie ralentir pour retrouver un fonctionnement normal à une cadence normale. Presque aussi instantanément, son esprit se cala sur un rythme identique. Il sentit ses synapses se reconnecter les unes après les autres, et un flot de pensées cohérentes et rationnelles déferla par les canaux nouvellement dégagés.

Tout d’abord, l’inébranlable réalité : quelque chose s’était immiscé dans son cerveau. Quelque chose de résolument étranger. Pourquoi ? Par quel moyen quelque chose d’étranger, de résolument étranger, pouvait s’immiscer en lui de la sorte ?

Il fallait au préalable capter ses pensées. C’était le point de départ indiscutable, car autrement cela aurait été la plus spectaculaire coïncidence que Dimma imagine soudain un moulin à tête de Candice comme une réponse à son monologue mental. Donc quelque avait entendu - espionné ? - les ondes émises par son cerveau.

Et en retour on lui avait transmis l’image - ridicule, grotesque, absurde - d’un moulin à tête de Candice. Était-ce réellement une image ? C’était de cette manière qu’il avait perçu cette intrusion intolérable, mais c’était plutôt la façon dont son mental l’avait interprétée. Cela pouvait très bien être une phrase, ou des mots… Oui d’ailleurs ce ne pouvait être que cela. Comment un inconnu pouvait savoir à quoi ressemblait Candice ?

Quel sac de nœud, vraiment.

Dimma se serait volontiers massé le front, mais… le masque…

Il lui fallait résoudre ce casse-tête au plus vite.

La chose ou la personne qui lui avait envoyé cette pensée se tenait probablement dans les parages, Dimma n’avait rencontré encore aucune créature capable d’une telle prouesse sur une grande distance. Il balaya les alentours d’un regard qui se perdit dans les taillis et les fourrés à la recherche d’une silhouette qui trahirait une présence.

Rien. Il lui aurait fallu s’enfoncer plus en profondeur dans les bosquets pour s’en assurer, néanmoins il estima qu’une ligne de vue était ou nécessaire, ou souhaitable pour lui envoyer le message sans parasite. Bon sang.

Ce traître de Stirbjórn aurait été capable de trouver le responsable beaucoup plus vite lui.

Cette pensée le figea sur place, et ses yeux partirent à la dérive sur la surface lisse et sombre du lac.

C’était la première fois qu’il songeait à Stirbjórn depuis… l’incident, à défaut d’un meilleur terme, qui l’avait conduit à Azuola. Stirbjórn l’avait accompagné durant un nombre d’années incalculable. Et tout ce temps, il n’était qu’un agent dormant au service de l’Autre, une mesure de sécurité pour s’assurer que Dimma, n’approcherait jamais, jamais, jamais, de l’entrée de ce nouveau monde.

Hélas pour l’Autre, comme pour Stirbjórn, l’Étoile Rouge, la véritable Étoile Rouge, brillait aussi bien d’un côté de l’océan que de l’autre.

Ce fut à cet instant qu’il repéra un étrange rocher affleurer à la surface du lac. Un rocher qui n’était pas là à son arrivée. Dimma plissa les paupières et croisa les mains dans son dos.

Ce n’était pas tout à fait un rocher.

C’était beaucoup plus laid. Du moins, c’était bien plus incongru.

— Qu’es-tu donc ? murmura-t-il en sentant la curiosité prendre lentement le pas sur sa paranoïa première.

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyLun 16 Jan - 16:35

Projet : Rooibos
ft. Dimma

Au départ, je pensais ce visage de bois masquer la vérité de l’Homme. Leur sentiment exacerbé incapable d’être contenu. Et lorsque je tentais de communiquer avec ce drôle d’humain, une image sembla répondre à mon contact. Une image d’une humaine… avec de drôle de pâle en bois qui tournait… Je ne voyais pas très bien ce qu’il s’imaginait là. Qu’est-ce donc que cette nouvelle créature ? Une autre de ses créations dont seul Azuola avait le secret ?

Mon contact, cependant, sembla contrarié le nouveau venu qui s’alarma aussitôt l’image était-elle apparue. Alors il m’entendait bien, il avait une âme, celui-là. Mais était-il humain pour autant ? Je ne saurais vraiment le décrire… Son odeur était aussi nauséabonde qu’un humain et son apparence en était proche, mais ce visage de bois était trop… différent. Je ne me souvenais pas avoir vu cela sur aucun humain. Et dans son esprit semblait résonner comme un écho. Il était comme brisée, ou son esprit était un clivage de deux. La chose au visage de bois était véritablement une question sans réponse à mes yeux.

Ce drôle d’humain, d’ailleurs, remonta quelque chose sur sa tête et son apparence s’en voyait encore plus dérangeante. Un humain sans visage. C’était une première à mes yeux. Ou alors avais-je passé trop de temps éloigné de cette peste pour ne pas avoir capté leur évolution. Une chose, malgré son esprit dérangé, sembla me rassurer sur l’hypothèse de l’humain : les sentiments qui l’envenimaient actuellement.  

En l’instant, il se sentait en danger, et il réagissait comme n’importe quel humain. Il se perdait dans des réflexions toujours plus farfelues sans chercher à se raisonner. M’étais-je laissé confondre par une apparence originale, à l’esprit tordu ou séparer comme deux, pour me faire croire qu’il n’avait rien d’humain ? Était-il l’hameçon des Hommes pour capturer les créatures, en se faisant passer pour l’une d’elle, ou une chimère créée par Azuola ?

Mes pensées furent brusquement interrompues lorsqu’il fit quelque chose avec sa main, cette chose comme une décharge qui parcoura son corps tout entier. Quelque chose n’allait pas, tout son corps semblait se tendre, tous ses nerfs répondaient à l’unisson mais ceci ne provoquait pas la moindre douleur, bien au contraire. Et comme s’il n’avait jamais été contrôlé par ce poison qui coulait dans ses veines, le flots désastreux de ses pensées s’éteignit complètement.

Je sentis tous les muscles de mon corps se tendre subitement. Quelque chose n’allait pas, chez cet humain. Était-il vraiment humain d’ailleurs ? Mes sens en alerte, je ne le lâchais plus du regard. La moindre de ses pensées, je faisais en sorte de l’entendre pour savoir ce qu’il comptait faire. Était-il une menace ? Cette décharge provenant de lui, je l’avais senti. Mais comment était-il capable d’une telle chose ? Faisait-il partie de ces créatures sur Azuola qui avait gagné la bénédiction de cette traitresse?

Malheureusement, l’esprit de cet étrange était… toujours aussi catastrophique. Il semblait calme mais dans son esprit résonnait des pensées qui me laissait dans l’incompréhension totale. Il avait bien compris que je communiquais d’une manière étrange, il avait compris que quelque chose s’était immiscé, selon ces dires, dans son esprit. Il vivait donc ma présence comme une intrusion, c’était une bonne chose à savoir. Je n’étais pas bienvenue, il me voyait comme une menace. Peut-être pourrais-je réussir à lui faire perdre sa garde ?

Il finit par me repérer. Il avait regardé si longtemps cette forêt que j’avais cru un instant qu’il avait oublié être près d’un lac. Les créatures dangereuses à ses yeux ne vivaient-elle que dans les forêts ? Aussi, ne pensait-il rien croiser d’étranger en dessous de la surface de l’eau ? Peut-être avait-il besoin d’être éduqué ?

Mes yeux se plissèrent lorsque je captais le fil de ses pensées. Me comparait-il à un rocher ? à un minéral vulgaire, sans utilité autre que de former les espaces solides sur lequel ces détestables créatures marchaient ? Cherchait-il à mourir ? à me donner toutes les excuses pour le tuer ? Combien même, des excuses, je n’en aurais jamais besoin…

- Qu’es-tu donc ?

Ainsi cette… chose parlait bien comme un humain. Son esprit aux aguets avait laissé place à ce qui semblait être de la curiosité. Il n’avait jamais vu de sirène, celui-là. à raison, n’est-ce pas, puisque les siens avaient massacré mes sœurs. Et je leur ferais regretter…

Sans vouloir le faire fuir, je glissais, doucement, sur la surface de l’eau, et amenait à son esprit des pensées plus apaisantes. N’ai crainte, chose à l’apparence mi-humaine mi-créature de bois, tu n’as rien à craindre de moi…

Pas un rocher…

Avec ces paroles, je lui faisais part de mon mécontentement d’avoir été comparée à cette chose sans forme. Une fois la rive atteinte, je me laissais doucement glisser sur le bord, jusqu’à ce que le haut de mon buste me permette de placer mes deux bras croisés sur le sol, où j’y reposais ma tête. J’observais, les deux yeux grands ouverts, cet être à l’esprit torturé.

Tu troubles ma paix par tes pensées saugrenues…

Alors, veux-tu bien me laisser à ma paix ? Ce lac vient m’apporter le silence que je mérite mais lui vient combler ce silence de pensées désordonnées et absurdes. Les humains m’irritaient pour de trop nombreuses raisons, mais la principale étant leur esprit horripilant qui semblait ne jamais pouvoir se défaire de pensées inutiles et égoïste. Il ne pensait jamais qu’à leur propre bonheur, alors pourquoi se chercher des excuses en pensant à celui des autres ? J’en soupirais mais seul un grognement rauque gronda du fond de ma gorge alors que je l’observais d’un œil morne. Mon corps semblait parler pour moi… L’exaspération à son paroxysme.

Si les tiens n’avaient pas détruit les miens… peut-être saurais-tu qui je suis… humain…

Il faudrait pour cela que celui-ci soit bien humain. Mais confirme ou réfute mon hypothèse, visage rigide, et dis-moi, toi…

Qui es-tu ?


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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyVen 21 Avr - 12:00

Dimma
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Le rocher fendit la surface du lac dans le silence le plus absolu, avec une grâce et une douceur telles que l’onde frémit à peine sur son passage.

— Pas un rocher…

De d’une, c’était franchement désagréable, cette intrusion systématique dans ses pensées.

De deux, en effet, ce n’était pas tant un rocher qu’un alligator.

Dimma décelait deux grands yeux vitreux pareils à des billes de verre poli, dont il n’était pas entièrement sûr s’ils le fixaient ou bien le transperçaient.

Le reptile atteignit la rive, et par réflexe Dimma recula d’un pas.

Un tas de notions parasites bourdonnaient à l’intérieur de sa voûte crânienne, des concepts, des idées, même pas réellement des images, qui le harcelaient comme un essaim d’insectes qui tentaient de déposer des larves grouillantes directement dans son esprit.

Il apparenta cette horrible impression à la sensation que quelqu’un, quelque chose, lui léchait la surface du cerveau.

Le reptile se hissa sur terre et resta là, soutenu par deux pattes antérieures comme des aiguilles prêtes à rompre sous son poids risible, une tête ronde, quoique taillée en lame de couteau au niveau de la mâchoire, encadrée de part et d’autre par un interminable postiche d’algues vertes et dégoulinantes.

C’était le crocodile le plus hideux et le plus rachitique que Dimma eût jamais vu.

— Tu troubles ma paix par tes pensées saugrenues…

C’ÉTAIT LA MEILLEURE.

Un crocodile hideux, rachitique et hypocrite, voilà ce que c’était.

Dimma ne le lâchait pas des yeux, et inversement le caïman le fixait de son regard mort de reptile. Dimma n’aimait pas vraiment les reptiles. On ne savait jamais ce qu’ils pensaient, derrière ces vitres opaques qui leur servaient de rétines.

En revanche, le crocodile émit un grondement guttural qui, bizarrement, parut beaucoup trop humain pour sa carrure de lézard anorexique, et Dimma interpréta ce grognement sourd comme ce qu’il devait sans doute être : un avertissement.

Il jugea sage de reculer d’encore un pas.

Toujours ces insectes qui mordillaient, griffaient ses neurones, c’était insupportable.

— Si les tiens n’avaient pas détruit les miens… peut-être saurais-tu qui je suis… humain…

Un crocodile hideux, rachitique, hypocrite, et revanchard, voilà ce que c’était. Un sac à main avec une permanente verdâtre qui avait mal supporté de se prendre 5-0 au match aller, quels que fussent ses adversaires.

Cela soulevait davantage de questions que cela n’y répondait, en réalité.

Depuis sa naissance, Dimma se savait en état constant d’inimitié avec beaucoup d’individus… mais si ce reptile lui en voulait personnellement, il l’aurait sûrement attaqué avant de déblatérer. C’était trop bête de gâcher pareil effet de surprise.

— Qui es-tu ?

Cela confirma ses soupçons.

Dimma dut puiser dans des réserves insoupçonnées de sérénité pour tâcher de se concentrer. La langue râpeuse et répugnante continuait son ouvrage et entamait des couches successives de son intellect, ce qui ne facilitait pas la prise de contact.

— Je suis une partie de cette force qui, éternellement, veut le mal, et qui, éternellement, accomplit le bien, finit-il par répondre.

Il fit un pas en avant pour se rapprocher, sans se mettre pour autant à portée d’un coup de… quoi, patte, griffe ? Physiquement, le crocodile n’avait pas l’air bien imposant, toutefois il avait rencontré par le passé des adversaires de moitié sa taille et du double sa force.

Il leva un index fébrile et tapota sa tempe sous le capuchon.

— C’est… intéressant, ce petit tour de magie. J’ignore ce que vous faites, et comment vous le faites… mais vous le faites. C’est astucieux. Irritant, mais astucieux.

Dimma s’accroupit sans cesser de fixer le crocodile, et laissa ses mains pendre sur les cuisses.

De plus près, la reptile perdait à présent son aspect grotesque d’animal pour se rapprocher davantage du primate.

Il reconnaissait des traits similaires à l’être humain, quoique tordus et pervertis pour en faire presque un pastiche. Ces allures de brindille, cet épiderme diaphane, ce qu’il reconnaissait à présent non pas comme une touffe d’algues mais bel et bien une chevelure verte, des oreilles qui se terminaient en pointes de lance, un faciès gracile quoique impénétrable, et deux grosses sphères opaques de jade enfoncées dans des orbites.

— Fascinant… souffla-t-il. Véritablement fascinant…

Qu’était donc cette sublime créature ?

La présence de cheveux, donc de poils, et manifestement de mamelles indiquait que Dimma avait affaire à un mammifère en tout point identique à lui, qui pourtant semblait parfaitement capable de respirer sous l’eau. Ou alors ce spécimen disposait de formidables poumons, mais au vu de la maigreur de sa cage thoracique, c’était peu probable.

— Fascinant, répéta-t-il, le souffla rauque.

Sans compter cette couleur de peau et de pilosité inhabituelle. Dimma avait rencontré des dizaines, des centaines de créatures qui se faisaient passer pour des êtres humains, qui endossaient des déguisements parfois indétectables, mais ce n’était que de l’illusion, une tromperie habile qui masquait la vérité. L’arbre qui cache la forêt.

Cette femme (femelle ?) ne prenait aucune précaution à se dissimuler derrière pareille mascarade. Soit elle en était incapable, ce qui crachait à la figure de toutes les théories de l’évolution car peu d’individus blancs aux cheveux verts ne feraient pas d’efforts pour s’intégrer à la norme… soit elle s’en moquait, ce qui signifiait qu’elle ne craignait pas quelqu’un comme lui.

Et il y avait toujours la question de… ce truc, là, qui bourdonnait dans sa tête sans discontinuer. Comment était-ce possible ?

C’était impossible.

Cela se produisait bel et bien, mais c’était impossible.

Par conséquent : comment ?

Dimma ne savait pas.

Et ne pas savoir l’irritait.

Il posa les genoux à terre et se mit à quatre pattes pour étudier la personne d’encore un peu plus près. Ses yeux la détaillaient à présent comme autant de scalpels qui disséquaient un corps couche après couche.

Mon armure vaut dix boucliers, mes crocs sont des épées, mes griffes des lances, le choc de ma queue est semblable à la foudre, mes ailes à un ouragan et mon souffle est mortel, songea-t-il.

— Vous êtes absolument splendide.

Mais vous n’avez pas besoin que je vous le dise pour l’entendre… n’est-ce pas ?

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyVen 28 Avr - 10:24

Projet : Rooibos
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Il était tendu, quelque soit cette chose face à moi. Il n’aimait pas mon contact, et très sincèrement, je n’aimais pas le sien non plus. Il me débectait tant son odeur semblait celle d’un Homme, mais il y avait quelque chose chez ce répugnant qui se démarquait de tout ce que j’avais pu voir. Je ne savais pas quoi… Une odeur différente ? Ou son âme résonnait-elle différemment ? Il y avait quelque chose. Mais en l’instant, je n’arrivais pas à comprendre. Son esprit était… si flou. Et son âme… déchirée.  

Il était outré par mes interactions, ne devais–je pas l’être de son intrusion dans mon havre de paix ? Intrusion… C’était ainsi qu’il percevait ma manière de parler, d’ailleurs. Il ne m’accueillait pas du tout, et c’était là ce qui le rendait trop humain à mes yeux. Wuyue m’avait cueilli comme une fleur… Il avait perçu mon chant et s’était laissé aller doucement. Mais lui me percevait comme… un bourdonnement. Le bourdonnement d’un insecte. Cet idiot ne savait rien. Il ne pouvait pas concevoir que tout être qui foulait ce monde de droit n’avait pas à déblatérer des paroles putrides, dont les humains étaient devenus maîtres ?

Un grondement vibrant résonnait dans ma gorge mais je n’amorçais aucun geste. Je ne savais pas ce qu’il entendait par “crocodile”, mais l’image qui me gagnait n’était pas flatteuse. il me comparait à un animal. Certes, l’un des animaux les plus majestueux qui existaient en ce monde, mais je n’aimais pas qu’il me considéra inférieure à lui. Je ne l’étais pas. Souhaites-tu que je te le prouve ?

Et l’image se transformait. Ce n’était plus la majestueuse bête qui avait vécu des millénaires et survécu maintes catastrophes. Non, il me considérait comme un objet. Mon sang ne fit qu’un tour. Comment ose-t-il me prendre pour… ce truc que les humains usaient ? Les humains ! Tu souhaites que je te tue en m’insultant de la sorte, créature ou humain déplorable ? Ton esprit est aussi putride que ce corps qui te sert de carapace !

Je suis une partie de cette force qui, éternellement, veut le mal, et qui, éternellement, accomplit le bien.

Qu’est-ce qu’il me chantait là, le petit être ? Chantait, puisque oui, vouloir le mal pour faire le bien… ça, c’était une mélodie qui résonnait tendrement à mes oreilles. La colère s’estompa légèrement alors qu’enfin, je me prenais le loisir d’écouter ses simagrés. Peut-être avais-je trouvé là quelque chose de nouveau, et ma curiosité n’était jamais dénuée d’intérêt. S’il pouvait être utile… Je ne manquerais pas cette occasion.

Et il s’avançait, prudemment. Il avait oublié d’être bête, semble-t-il. Il parlait avec des mots, il s’agaçait de cette intrusion, mais il était curieux, lui aussi. Bien. Peut-être était-il plus réceptif que prévu, finalement. Au moins, il avait une âme, et il méritait que je ne le traitasse pas comme un demeuré incapable de me comprendre. Il allait me comprendre, oui…

Je ne suis pas douée d’une parole que tu puisses entendre autrement que par ton âme.

Et plus il s’approchait, moins je me sentais l’envie de lui trancher la gorge. Malgré un visage aussi impassible que la pierre, dû à un masque dont je ne comprenais toujours pas l’utilité, celui-ci laissait échapper de ses pensées une curiosité totalement… innocente, en un sens. Il me voyait pour la première, et de ce que j’en percevais, il n’avait jamais rien vu de tel. Enfin, il ne me percevait plus comme un animal ou un objet, mais bien comme l’être que j’étais. Ce que les humains avaient nommé : sirènes.

Il s’avançait, toujours avec prudence, mais également avec moins de réserve. Il observait chaque parcelle de mon corps, comme s’il inspectait quelque chose d’insolite et surprenant. Et de cette voix trop humaine à mon goût jaillissait cependant une légère note de bonheur. Du moins, cela résonnait avec satisfaction à mes oreilles. Un sourire s’étendait sur mes lèvres, dévoilant un peu mes dents. Oh, il savait flatter, c’était une évidence. Il était doué avec ces mots, et il comprenait vite. Il comprenait d’autant plus vite qu’il savait ce qu’il avait devant lui, un être au-dessus de tout ce qu’il avait pu voir. La drôle de figure humaine qui ne semblait pas non plus humaine trouvait dès lors beaucoup plus d’intérêt à mes yeux. Je me sentais presque mortifiée de l’avoir comparé à un insecte. Presque.

Il n’en restait pas moins indécis. Il se demandait ce qu’était ce bourdonnement dans sa tête. Et plus il s’avançait, plus il gagnait le sol. Mes yeux se baissaient sur lui et… il me conférait là un semblant de supériorité. Il se soumettait. Une façon pour lui de dire que je n’avais pas à le craindre ? Mon sourire s’élargit alors qu’il commençait enfin à comprendre. Ce poème qu’il chantonnait dans son esprit, ces paroles qui s'accompagnaient de tout ceci. Splendide.

Non, je t’entends.

Je me penchais enfin vers lui, le rejoignant au plus près du sol, mon corps se lovant doucement sur la surface rugueuse de la terre. Puis je m’accrochais, lentement, à ses épaules.

Ton âme résonne et la mienne te fait vibrer.

Et très lentement, j’approchais mon visage de ce masque rugueux pour mieux le comprendre. Qu’est-ce que c’était, vraiment ? Cherchait-il à se cacher ? En fermant les yeux, je frottais mon nez. C’était… bien du bois. Ma main allait chercher ce visage pour en dessiner les contours. Il existait pour quoi ?

Te protéger… ou te cacher… à quoi sert-il ?


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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyVen 28 Avr - 15:40

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— Non, je t’entends.

C’était aussi rassurant qu’inquiétant, mais indubitablement fascinant. Aujourd’hui, les rencontres intéressantes se raréfiaient, d’un côté de la barrière comme de l’autre. Celle-ci était captivante pour un certain nombre de raisons.

Sa nouvelle amie s’abaissa à son niveau, et posa ses mains aux longues et fines phalanges sur ses épaules. Dimma releva un peu la tête pour contempler son visage, passant rapidement sur le voile ou la robe qui recouvrait ses maigres membres, quasiment une membrane filamenteuse diaphane qui tombait droit à cause de l’eau qui s’égouttait.

— Ton âme résonne et la mienne te fait vibrer.

Résonne ?

Résonne.

Vibrer ?

Vibrer.

Action et réaction. Cause et effet.

Captivant, véritablement captivant. Aussi la mention d’âme, bien sûr, car il était toujours intéressant de voir surgi de-ci de-là des mentions aux concepts des religions abrahamiques. Elle n’était donc pas indigène à Azuola.

Encore plus captivant.

Le visage de sa nouvelle amie s’approcha du sien. Elle se frotta sur le masque, comme un félin qui cherchait à marquer son territoire.

Hum…

Soit…

L’âme résonne, la sienne la fait vibrer, d’accord, mais certaines actions demeuraient intrinsèquement bizarres. De la part d’un homme qui vivait avec un masque placardé sur la figure au quotidien, ce n’était pas rien.

— Te protéger… ou te cacher… à quoi sert-il ?

Actuellement… pas à grand-chose. Cet idiot. Cela lui rappela Stirbjórn. Lui aussi ne servait pas à grand-chose, en général, à part lui faire office de faire-valoir, être généralement juste là pour l’accompagner.

Et le trahir au moment le plus critique.

Dimma ignorait complètement ce qu’il était advenu de Stirbjórn après le naufrage.

Probablement s’était-il noyé.

Songer à celui qui était - qu’il avait cru - jadis son plus loyal lieutenant l’emplit d’une amertume qui ne lui était pas coutumière.

Ses muscles agirent avant que son cerveau ne le réalise, et il se remit debout de façon un peu brusque, titubant à reculons.

Son esprit toujours bourdonnant, à présent embrumé par des souvenirs filandreux, mit un court instant à s’ajuster, et ce ne fut que là qu’il saisit à quel point sa nouvelle amie était… haute… par rapport à lui. Elle pouvait le surplomber d’une bonne tête.

Joignant les mains dans le dos, il répondit enfin :

— Il est juste terriblement confortable. Je crois qu’à l’avenir tout le monde en portera un.

Il s’était exprimé à voix haute par réflexe. Il espéra que ce n’était pas une marque d’irrespect envers sa nouvelle amie.

— Je suis navré que mes… réflexions personnelles vous aient importunée. J’ignorais que le lieu était déjà occupé. D’un autre côté, c’est de ma faute, j’aurais dû me souvenir que les plans d’eau et moi sommes en désaccord permanent depuis mon arrivée ici.

Il scruta sa nouvelle amie avec attention.

— Vous vous exprimez d’âme à âme. C’est absolument fascinant. Et insolite. Cela signifie-t-il que vous pouvez communiquer avec les disparus d’Azuola ? Ceux qui ont quitté leur dépouille mortelle devenue Gardienne pour rejoindre la gloire éternelle de Shën. Ou bien se sont-ils dissous dans le magma ectoplasmique qu’est la magie ?

Cela soulevait en effet toute une ribambelle de nouvelles questions ésotériques. Dimma soupira avant de reprendre :

— Je suppose que c’est une technique qu’en aucun cas vous ne pouvez m’enseigner.

N’est-ce pas, mon amie ?

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyMer 3 Mai - 15:49

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Aucune peur. C’était la première chose que je notais alors que je m’accrochais à ce visage sans expression, figé mais dont l’âme ne cachait rien. Pas à première vue, du moins. Il n’avait aucune peur, simplement une étrange fascination mêlée à beaucoup de curiosité. Il observait tout simplement ce qui se trouvait face à lui et le décrivait de la manière la plus concrète.

Mais il ne pouvait pas comprendre qui j’étais. Il ne comprenait pas comment je fonctionnais, pas vraiment, ou pas complètement. Mes actions lui semblaient éberluantes et j’en aurais souris, amusée. Il n’était pas une douce créature qui résonnait de tout son être avec moi. Il n’était ni ma bien aimée et adorée Versace, ou mon très cher et tendre ami Wuyue. Il ne pouvait pas comprendre cette connexion qui nous liait entre nous, tandis que eux, insectes, se contentaient de survoler sans pouvoir capter la moindre signification autour d’eux. Ils ne volaient qu’à l’instinct, ces mécréants.

Et lui, dont l’esprit était si bruyant, voguait vers des contrées déplaisantes. Du moins, pour lui-même. Quelque soit la raison de sa dérive, il était amer. Il n’aimait pas où il allait. Et avant même qu’il ne comprenne quoique ce soit, il y eut comme un électrochoc dans tout son corps qui le souleva dans un réflexe instantané.

Il était débout, sonné, et pas tout à fait conscient d’avoir reculer. Qu’importe, finalement, puisque celui-là semblait bien atteint d’un mal dont je ne comprenais pas bien la source. Ces humains n’étaient-ils tous pas un peu idiots, après tout ?

Son esprit embrumé sembla reprendre plus de clarté tandis qu’il m’observait. Je pense. Derrière ces deux fentes qui lui servaient de visière, il n’était pas toujours évident de comprendre où son regard allait. Je ne faisais que prévoir avec ce qu’il disait à travers son corps et son âme. Et quelle âme bizarre.

Son esprit était un véritable brouillon qui semblait se perdre avec une facilité incroyable, comme doué d’une volonté propre dont le corps ne pouvait pas suivre la cadence, et vice versa. Parfois son corps semblait s’activer avant même qu’il n’en prenne conscience… Comme si ce corps ne lui appartenait pas, ou qu’il avait comme… une conscience partagée peut-être ?
Et il parlait, beaucoup. Il posait des questions, beaucoup. Il était curieux… Beaucoup trop. Peut-il se taire un peu ?

Épuisant

Je venais de lui demander de cesser de m’importuner dans mon repos et que fait-il ? Il me baratinais sur ces choses que la traîtresse avait créer pour nous maintenir en laisse !

Les gardiennes ne sont que des pantins à la merci d’une menteuse

Un dégoût profond me gagnait simplement en m’imaginant tenter de communiquer avec… ça. Un grondement mêlé d’un tremblement à travers tout mon corps résonna dans mes oreilles.  

Répugnant

Et il ne fallut que d’un mot pour que tout mon calme disparaisse en un instant. Ou du moins, pour que je m’efforce de toute mon âme de ne pas la laisser exploser. Mon corps se raidit soudainement tandis que mon regard fusilla cet esprit débile. Une technique dit-il…

Il me fallait garder mon calme. J’avais déjà explosé de rage trop facilement, et voyez où tout cela m’avait amené. Avec toute ma volonté, ou du moins tout ce que je voulais bien lui accorder, je laissais un peu de leste à mon corps pour me montrer moins hargneuse d’apparence. Il ne me fallait pas montrer trop d’hostilité prématurée. Il était ignorant de tout ce qui n’était pas de son espèce, comment pouvait-il imaginer qu’il existait de plus belles manières de communiquer que par des paroles emplies de tromperies et de mensonges ?

Mes dents devenaient des crocs acérés, mais je restais à bonne distance de l’autre pour ne pas l’inquiéter davantage. J’enroulais même mes bras autour de ma taille pour camoufler mes griffes qui jaillissaient comme les poils des animaux pouvaient se dresser par la colère. Je faisais tout pour ne pas alarmer plus que de raison l’esprit foireux qui se présentaient alors devant moi.

Tu n’as rien à apprendre de moi qui te soit digne ou simplement accessible…

Il faudrait dès lors qu’il se libère de sa parole ; qu’il se libère de ce qui faisait de lui une entité mortelle. Il aurait fallu qu’il naquit de deux entités divines, qui ne soient pas liées au lois d’une procréation humaine, mortelle, et totalement méprisable.

Ce que tu nommes “technique” n’en ai rien car tel existe mon être, par l’âme et les résonances qui s’y accouplent.

Et toi, misérable, tu ne pourras jamais comprendre à quel point cette résonance avait été sublime lorsque nous étions toutes ensemble. Et à quel point, à chaque disparition, mon âme se fractura et se déchirait petit à petit. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un profond sentiment de vide et néant, aujourd’hui transformé en une rage intense d’avoir encore été trahie par l’espoir.

Dans mon âme résonnait un espoir

Mais cet espoir qu’offrait cette fausse déesse a été réduit en poussière, une poudre qui ne demandait qu’une étincelle pour raviver la flamme de ma rage qui me consumait encore aujourd’hui.

J’existe aujourd’hui avec la rage que m’a laissé mon désespoir

Mais souhaites-tu vraiment en être témoin, toi qui te cache derrière des frasques mais qui semble incapable de te comprendre toi-même ?

Et toi, pourquoi existes-tu ?


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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyJeu 4 Mai - 0:39

Dimma
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— Les gardiennes ne sont que des pantins à la merci d’une menteuse. Répugnant.

Tiens, une pensée disruptive. Une intéressante, une très intéressante pensée disruptive.

Les mains toujours jointes dans le dos, Dimma fit rouler ses épaules pour détendre ses muscles.

Au contraire, sa nouvelle amie paraissait se crisper prodigieusement. Une attitude fort déplaisante, et fort discourtoise, mais ce coup-ci, Dimma ne recula pas et préféra camper sur ses positions. Il pressentait qu’il était temps de retrouver l’agneau égaré.

— Tu n’as rien à apprendre de moi qui te soit digne ou simplement accessible… Ce que tu nommes “technique” n’en est rien car tel existe mon être, par l’âme et les résonances qui s’y accouplent. Dans mon âme résonnait un espoir. J’existe aujourd’hui avec la rage que m’a laissé mon désespoir.



Un simple « non » aurait fait l’affaire.

Ce n’était guère qu’un contretemps, Dimma savait mieux que quiconque qu’il existait de multiples façons d’acquérir un savoir réputé hors de portée. Après tout, ce n’était toujours qu’une question de temps, une ressource dont il disposait en abondance.

— Et toi, pourquoi existes-tu ?

Dimma se contenta de hausser les épaules.

— Je suis ce que l’on pourrait nommer un homme de bien.

Je vous aide à faire fructifier cette rage en une puissance créatrice plutôt que destructrice. L’espoir, le désespoir sont des notions sans consistance à mes yeux, car ils ne sont qu’une source d’entraves. Votre rage s’alimente de désespoir, mais ce désespoir vous ancre dans le passé, alors que votre rage… votre rage se tourne vers l’avenir.

C’était assez étrange de formuler ses pensées ainsi et, en toute franchise, plutôt fatigant. Dimma avait pour habitude d’être seul dans cet espace sacré qu’était sa paix d’esprit, et devoir le partager avec une locataire qui ne demandait pas vraiment à en faire partie (quoique) s’avérait déroutant.

— C’est cocasse, en vérité. Nous nous retrouvons tous deux l’un face à l’autre, et vous êtes si exceptionnelle qu’au bout du compte vous êtes exactement comme moi.

Seule.

Admettez l’ironie mordante de notre situation, mon amie. Dans ce monde, nous ne valons pas mieux que les Gardiennes. Nous sommes exactement ce dont vous les accusez : des pantins à la merci d’une menteuse. On ne peut déraciner une réalité si profonde, hélas. Les fils qui nous relient à la main de notre maîtresse sont solides et tranchants.


Il s’éclaircit la gorge, bien que cela ne servit plus vraiment à présent, mais c’était un maniérisme humain qu’il ne pouvait chasser d’un claquement de doigt, ou remiser dans un coin perdu de son cerveau.

Même vous, dans votre infinie rage, devez le réaliser. Il est inutile de préciser que, par votre faculté extraordinaire, vous m’êtes mille fois supérieure. Pourtant, ici, en ce bas-monde, en Azuola, à la fin de notre existence, nous deviendrons Gardienne, vous comme moi, et nos esprits, le vôtre comme le mien, rejoindront les autres où nous ne feront plus qu’un. Si différents, pourtant si identiques à la fois.

Les mains de Dimma quittèrent leur position habituelle dans son dos, et il se caressa la paume droite du bout du pouce, à hauteur du buste.

Je discuterai volontiers de tout cela autour d’une tasse de rooibos, mon amie. Votre compagnie m’est aussi agréable que charmante. Toutefois, j’ai dans l’idée que ceux - ou plutôt celle - qui tiennent votre laisse seraient en profond désaccord avec cette proposition.

Me trompé-je ?


Curieux comme ces individus capables de prodiges mentaux demeuraient si désespérément aveugles à leur condition.

Tiens, désespérément. Ancré dans le passé. L’entrave au véritable moteur qu’était la rage. Un puissant moteur, la rage. Un moteur facile à canaliser et rediriger.

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyVen 5 Mai - 11:25

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Bien pouvait avoir une signification si différente dans l’esprit de chacun, mais celui-là avait cette aura qui laissait penser qu’il en était tout à fait persuader. Il était un « homme de bien ». Et ce bien semblait signifiait construire plutôt que détruire dans son esprit. Mais que voulait-il construire?

Pourquoi irais-je créer quelque chose ? Il était tellement plus aisé de tout détruire pour ton reconstruire à partir de rien. C’était l’ordre naturel des choses. De ses cendres jaillissaient le phénix. Des étoiles mortes en naissaient de nouvelles. Ainsi allait la création.

Emeline l’avait bien compris. Elle n’attendait que ça. Tout détruire pour tout reconstruire à volonté. Sa volonté. Elle forgerait ce monde à son image, et cette image était la plus belle chose qui soit à mes yeux. C’était une vision que je voulais voir à tout prix. N’importe quel prix tant que je pouvais voir ce monde brûler des flammes de sa colère. J’avais toute ma confiance en elle. Après Versace, peut-être. Versace avait plus que toute ma confiance, bien sûr.

Voir ce monde brûler était le rêve qui me faisait vibrer toutes les nuits, d’une intensité sans pareil. Mais malgré mes rêves, il n’était pas une réalité. Pas encore. Malgré tous nos efforts, toutes nos peines et notre acharnement, nous n’étions pas porté par un espoir vain, mais par notre rage consumée.

Il avait de la jugeote, celui-là. Lorsqu’il ne se perdait pas dans les méandres de pensées incompréhensible, ses pensées faisaient totalement sens. L’espoir était passé et la rage portrait notre futur. Elle nous faisait avancer. Vers où ? C’était tout là la volonté de l’enragée et si magnifique Emeline.

Il n’est pas humain, mais son esprit était tellement plus que celui d’un simple humain. Il pensait plus loin, plus profondément. Il y avait quelque chose de tout à fait particulier chez lui mais je ne savais pas quoi. Je ne connaissais pas ce qu’il pouvait être. Tout chez lui était nouveau. Et le voilà qu’il me comparait à lui. Nous étions pareil ? Est-ce qu’il souhaite que je lui tranche la gorge peut-être ?

Seul.

Ah… Oui, seule… J’étais si seule… Complètement, totalement, à jamais seule. C’était ce que mon être était. Je n’étais plus rien qu’une âme désuète et tout à fait… seule. Je ne gardais en moi que ce profond sentiment de vide et de solitude, celui de sentir ne plus rien avoir du tout au fond de son âme qu’un creux que rien ne pouvait combler. Je n’avais rien à perdre. Et toutes les âmes si bouleversante que j’avais pu rencontrer ici vibraient sur la même note que la mienne. Si nous n’avions plus rien à perdre, alors pourquoi ne pas emmener avec soi tout le reste du monde ? Dans la mort, nous nous retrouverons tous.

Jusqu’à ce que ces quelques mots qu’il pensa amenèrent à moi une raison que je ne voulais pas entendre. Ni imaginer. Un point intéressant qui laissait une sensation amer au fond de ma gorge, tandis que traversait dans mon dos cette sensation extrêmement désagréable d’une seule goutte glacée qui s’écoulait comme une douce  torture.

Il n’y avait pas de mort sur cette île maudite. La magie transformait la moindre âme qui passait le pont de l’au-delà en pantin. Même moi, qui devait disparaître en poussière, je n’y échapperais pas. Retrouver mes sœurs dans les abysses microscopiques de l’univers m’était désormais privé. Cette traîtresse m’avait tout pris, jusqu’à ma liberté de mourir. Cette île… un havre de paix pour les créatures ? Une prison, plutôt.

Ce faux-humains devant moi dénonçait une vérité qui faisait mal à entendre. Devant moi, il confirmait ma supériorité sur maint sujet et pourtant, la finalité était que nous n’allions que tous finirent comme Shën l’entendait. Et l’entendre ainsi énoncé face à moi résonna dans mon esprit comme un glas qui m'anesthésia de toute rage ou tout ressentiment. Je ne pouvais pas être en colère contre lui puisqu’il disait vrai. Je ne pouvais pas me laissé porter par ma rage contre cette injustice puisqu’elle était immuable. Et c’était tout à fait enrageant à un point si extrême que j’en étais épuisée.

à quoi bon se battre, si on ne peut rien y faire ?

Je ne sais pas ce qu’est ce Rooibos dont tu parles…

Lasse… Et pourtant, la rage était la seule raison qui animait mon âme de cette dernière vie que je vivrais. Et je m’offrais toute entière à elle. à elle et à ses âmes qui m’accompagnaient dans ce dernier tango. à Versace et ses courbes qui vibrait contre moi. à Emeline, dont la flamme faisait exploser mon âme d’une nouvelle vie qui me consumerait jusqu’à mon dernier souffle. Et à Wuyue, dont les sentiments résonnaient en moi comme un écho. Je vivais pour elles, mes âmes sœurs et les âmes de mes sœurs qui vivaient à travers moi, et je leur donnerais tout. Même si ce lieu était une prison de laquelle je ne pouvais plus m’échapper, j’avais trouvé ici un salut plus que bienvenue et inespéré.

Ta compagnie ne m’est ni charmante ni agréable

Tu ne résonnais pas comme Wuyue, tu ne vibrais pas comme Versace, et tu n’allumais certainement pas la flamme d’une vie longtemps épuisée comme Emeline le faisait en moi. Ton esprit pragmatique, seulement, avait trouvé un intérêt tout à fait nouveau dans mon âme et mon esprit ne pouvait plus que s’y accrocher présentement.

Mais tu énonces une vérité

Je m’approchais à nouveau, ma rage totalement éteinte, simplement la lassitude de ma lente agonie qui revenait imploser en moi comme une maladie virale. Presque sans un bruit, foulant le sol dans un glissement fluide, je lui tournais autour en l’observant d’un œil attentif, mais sans l’observer comme le ferait un prédateur sur une proie. C’était de la simple curiosité. Toute simple.

Quelle serait ta solution ?

Puisque tu semblais plein d’assurance. Tu semblais porté d’une volonté de « faire le bien » comme tu l'annonçais. Le bien pour qui ? Un mal contre quoi ? Cette assurance signifiait que tu avais une idée en tête, bien ancrée dans ton esprit. Et je voulais savoir quelle était ton idée pour créer un monde où peut-être, les gardiennes ne seraient plus notre seule salue.


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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyVen 5 Mai - 17:51

Dimma
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— Je ne sais pas ce qu’est ce Rooibos dont tu parles…

Une lacune aisément remédiable. Peut-être. Dimma ignorait encore si le climat d’Azuola était propice à la culture, mais il le découvrirait tôt ou tard. Il savait pour le moment que l’heure n’était pas encore venue, et cela suffisait. Pas à pas.

— Ta compagnie ne m’est ni charmante ni agréable. Mais tu énonces une vérité.

La nouvelle amie de Dimma, tout en s’approchant, commença à décrire un cercle autour de lui. Cela lui arracha un haussement de sourcil interloqué. Il se contenta de demeurer immobile, à l’exception des caresses de son pouce sur sa paume et du mouvement de sa nuque pour conserver son interlocutrice dans son champ de vision.

— Quelle serait ta solution ?

Le pouce cessa subitement de caresser la paume de sa main droite. Chacun de ses doigts se plia et se déplia successivement, éprouvant au contact de sa pulpe le roulement de ses muscles et de ses tendons.

Je n’ai jamais dit que c’était problématique, mon amie.

Ses iris bleus se perdaient dans le vide de l’herbe verte et humide de la forêt, bien que sa nouvelle ami demeurât toujours dans le coin de son œil.

Je n’ai fait que dresser un constat, tout comme je n’ai fait que vous proposer d’en débattre avec moi dans un environnement plus amène et propre à ce type de conversation. Vos propres termes : je n’ai qu’énoncé une vérité. Néanmoins…

Il redressa légèrement la nuque et constata que sa nouvelle amie figurait toujours dans sa vision périphérique.

Votre interprétation me laisse à penser qu’en plus d’avoir maille à partir avec l’ordre établi, vous vous confrontez à un obstacle certain. Comment procédez-vous ? Par la force ? Par des coups d’éclat ? Que comptez-vous obtenir, en définitive ? Espérez-vous abolir le système en place uniquement grâce à votre rage et votre foi en une cause perdue d’avance ?

Dimma finit par joindre de nouveau les mains dans le dos, et se tourna pour faire complètement face à sa nouvelle amie.

Car toutes les causes sont perdues d’avance, mon amie. Quand on a un état d’esprit comme le vôtre, la défait et inéluctable. Quelle serait ma solution ?

Dimma fit un pas en direction de sa nouvelle amie, puis raccourcit subitement la distance pour se retrouver presque nez-à-nez avec elle, ce qui, à cause de leur différence de taille, l’obligea à la détailler par en-dessous.

Elle avait un très joli menton en pointe, et une gorge véritablement gracile. Était-ce possible de…

Il n’existe pas de solution, mon amie. Ce n’est pas une équation mathématique que l’on peut poser et résoudre en usant de logique. Le monde qui nous entoure ne fonctionne pas ainsi. Sinon nous ne serions pas en train d’avoir cette conversation, car  la rage qui vous anime aurait eu raison depuis longtemps de tous les obstacles dressés sur votre route. Le fait est là, mon amie : depuis la création de l’univers, depuis ce boum qui a donné naissance à notre cosmos, Shën règne sans partage et sans égal. Croyez-vous réellement que des grains de poussière dans notre genre soient seulement capables d’appréhender son existence ? Je ne parle même pas de la renverser.

Dimma scruta encore un instant sa nouvelle amie avant de hausser les épaules et de reprendre une posture un peu plus décontractée.

Hélas, toutes les tentatives sont vouées à l’échec, d’où mon propos antérieur. Construire est bien plus pertinent que détruire. Canaliser la rage pour en faire un moteur de création et non d’anéantissement. On ne change pas le monde en le poussant dans la direction que l’on souhaite. On le change en l’obligeant à s’adapter. C’est pour cela que je n’ai pas de solution. Il n’y a pas de solution, seulement des fragments qui s’assemblent et qui, petit à petit, détournent le cours de la rivière. C’est une vision plus grande que moi, que nous, qui a commencé avant nous, et qui s’achèvera bien après nous. Mais elle s’achèvera.

Il contempla encore sa nouvelle amie.

Vous ne m’êtes pas indifférente, vous savez ? Je ne vous suis pas d’agréable compagnie, c’est regrettable, mais je vous trouve touchante dans votre… candeur. Vous me faites penser, oserais-je le formuler, à une amie chère que j’ai laissée dans l’autre monde.

À la réflexion, sa nouvelle amie avait quelque chose de Sélène que Dimma n’aurait su exactement analyser. Le front, peut-être, mais cela dépassait la ressemblance physique.

D’une façon ou d’une autre, vous faites déjà partie de cette vision. Je n’ai pas la solution, mais je sais que vous y figurez. Cela aussi, c’est inéluctable.

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyMar 9 Mai - 15:19

Projet : Rooibos
ft. Dimma

Pas un seul instant, il ne quitta des yeux. Même quand il me répondait, il faisait toujours en sorte de me voir. Malgré son air décontracté, il ne m’apparaissait pas idiot ou inconscient, loin de là. Il était prudent. Presque trop attentif pour un simple humain dont les capacités étaient naturellement limitées. Était-il de ces humains capable de dons dont la fausse déesse les avait pourvu ?

Lorsqu’il me répondait, la réponse n’était pas évasive. Elle était même étrangement détaillée. Mais je me tendais, lentement et inévitablement. Par ses paroles, je me doutais qu’il comprenait d’où je venais. à qui j’étais afiliée. Sans doute le fait d’être créature était un indice bien visible. Mais sûrement, tout humain sur cette île n’était pas forcément conscient que l’Ordre n’était pas qu’un mythe, mais une réalité ? Avais-je là encore fait une gaffe qui pourrait nuire à ma conquérante ? D’autant que celui là semblait au fait de ses actions, ce qui m’inquiéta davantage plus je le laissais m’exposer sa pensée.

La manière dont il décrivait ma possible manière d’appréhender les problèmes qui m’entouraient semblait trop proche de la vérité. Il ne savait peut-être pas qui j’étais, mais il savait avec qui je m’affiliais. Mais je ne souhaitais pas qu’il perçoive ma soudaine inquiétude. J’avais manqué de faire une grave erreur avec ce beau démon, il ne fallait pas recommencer avec… Lui. D’ailleurs, peut-être saurais-je qui il est si je l’écoutais un peu plus attentivement. Arriverais-je à le pousser à me le révéler ? L’imprévisible défi qu’apportait sa présence ici me donna envie d’essayer. Avec un peu de jugeote, je serais peut-être même capable de ramener des nouvelles intéressantes à mon Emeline.

Ce drôle d’humain se tourna face à moi en continuant inlassablement à m’exposer son point de vue. Il n’était pas inintéressant, mais il me fallut toute ma concentration pour ne pas me sentir insulté alors qu’il me disait simplement que je perdrais si je continuais à penser comme je le faisais actuellement. Certes, je n’avais pas été dans le camp des gagnants. Je n’avais jamais vraiment essayé de gagner quoique ce soit non plus. Un prédateur ne s’attendait pas à être la proie, après tout. Mais lui semblait savoir. L’instinct du chassé ou du chasseur ? Dis-moi tout, humain, si tu sembles savoir mieux que même la belle Emeline.

Subitement, il était devant moi. Il était petit, mais il se dressait la tête… relevé ? Je supposais que c’était un moyen comme un autre de montrer qu’il n’avait aucunement peur de moi. Bien. Après tout, ce n’était pas le sentiment que je souhaitais donner. Il était plus simple que sa proie se laisse perdre dans nos bras plutôt que de lui courir après. Mais était-il la proie ? Là, une question qui restait pour l’instant sans réponse.

Son esprit, lui, déraillait toujours autant. Il s’émerveillait et soudainement, il semblait reprendre le fil de ses pensées comme si une précédente idée ne l’avait jamais gagnée. C’était troublant. Était-il comme Wuyue, une conscience mêlée à une autre, obligé de partager un même corps ? Mais celui-là était humain. Les humains étaient-ils capables de cela?

Jusque là, leur cerveau semblait trop faible pour supporter la notion de plusieurs esprits dans un seul corps. La majorité de ceux que j’avais pu voir dans un état semblable était tout simplement… fou. Malade, autrement. Une conscience partagée en plusieurs et, suivant le besoin, l’une d’elle prenait le pas sur l’autre. Une protection efficace mais totalement incontrôlable.

Il m’appelait son amie. Il m’imposait l’idée que Shën était le début. Était-elle ainsi celle qui avait vu naître mes créateurs, faisant de Shën ma créatrice ? L’idée m’électrisa d’une manière détestable. Mais malgré toute ma rancoeur et le dégoût qui traversait mon corps à cette simple idée, ce qu’il disait avait un sens. La création plutôt que l’anéantissement me laissait dubitative, mais l’idée qu’un commencement allait forcément avoir une fin était logique. J’aurais sans doute poser la question : pourquoi, de fait, ne pas essayer de l’accélérer ? Mais je n’avais pas besoin de la poser puisque, dans tout ce qu’il me disait, j’y trouvais sa réponse, puisque là semblait être son propos.

Avoir la patience d’attendre que tout se transforme selon l’image qu’on souhaitait. Il piqua ma curiosité, ce petit humain. Qu’il me trouvait à l’image d’une de ses vieilles amies aurait pu me révulser. Mais plus il parlait, plus l’intérêt qu’il trouvait à mes yeux grandissaient. Celui-là était intelligent, peut-être trop. Il pourrait être dangereux, puisqu’il semblait également bien conscient et au fait des actions de l’Ordre. Mais qui était-il ? ça, il n’en disait rien. Il était vague et indescriptible. Il ne répondait jamais à cette question… comme s’il ne connaissait pas lui-même la réponse. Etrange…

Candeur…

Je me rapprochais de lui et, sentant qu’il s’était détendu – ou qu’il le laissait penser, peut-être – j’entourais ses épaules de bras pour me rapprocher un peu plus. Qu’importe ce qu’il était, s’il en avait la force ou l’envie, il aurait déjà tenté quelque chose contre moi. En l’instant, la seule chose qui semblait l’animer était une curiosité débordante pour la nouveauté que je représentais. Alors autant tout faire pour obtenir des réponses utiles en faisant ce que je faisais de mieux. Amadouer. Charmer.  

Curieuse, aussi…

Je partageais ta curiosité, drôle d’humain. Mais ce que je voulais savoir par-dessus tout, c’était ce que tu étais et ce que tu voulais vraiment.

Es-tu humain ?

Je frôlais de mes doigts son masque de bois. S’il comptait recréer un monde à son image, l’idée ne serait pas si dégoûtante. Il ne ressemblait pas à un humain.

Modeler le monde et le transformer… l’idée est si belle…

Et d’un mouvement souple mais soudain, je l'agrippais par les épaules et plongeais mon regard dans le sien, l’enfermant un peu plus entre mes bras. Montre moi qui tu es…

En es-tu capable ?


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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyMer 10 Mai - 17:05

Dimma
Dökkhönd

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— Candeur…

Dimma ne le vit pas venir. Sa nouvelle amie écarta les bras pour l’enserrer. Ce n’était pas un geste hostile semblait-il, ce n’en était pas moins déroutant.

— Curieuse, aussi… Es-tu humain ?

Elle était si proche de lui qu’elle pouvait de nouveau caresser son masque. Quelle était donc cette étrange obsession ? Depuis le début de leur rencontre elle ne cessait de se fixer dessus.

Certes, le concept-même du masque devait être totalement étranger à un individu qui transcendait le secret de l’âme… mais quand même… un minimum de tenue…

— Modeler le monde et le transformer… l’idée est si belle…

Elle l’enserra davantage en étreignant ses épaules et en le fixant droit dans les yeux. Ces deux billes de jade qui le détaillaient, insondables, impénétrables.

— En es-tu capable ?

Ces quatre mots résonnèrent en Dimma… et il partit d’un petit rire, bref mais sincère, qui le surprit lui-même.

Vous me posez des questions dont vous connaissez déjà les réponses, mon amie. Tantôt, vous me considériez comme un humain, et malgré votre rage, et mes sérieuses maladresses, vous ne m’avez pas attaqué. Vous savez que je ne suis pas humain. Quant à ce que je suis réellement…

Il laissa passer un temps. Il était absolument certain de ce qu’il allait énoncer, il savait que c’était une vérité absolue… néanmoins c’était toujours compliqué à exprimer. À l’instar de livrer son nom vrai, quand on ouvrait sa nature véritable, on la laissait en pleine possession de l’autre, qui en usait alors selon son bon vouloir. C’était un acte de foi. Il s’en remettait à elle, pleinement et inconditionnellement.

Il dévisagea sa nouvelle amie.

Je suis ce qui n’aurait jamais dû être.

Il leva la main, fébrile, sans rompre le contact visuel, et se permit de caresser du bout des doigts l’avant-bras de sa nouvelle amie, dessinant un sillon imaginaire de la base de poignet qui remonta jusque dans le creux du coude.

Je suis né du désespoir, de la peur… et de la rage. Je suis né pour faire ce que personne d’autre ne devrait avoir à faire. J’existe pour créer un monde où je n’aurais jamais dû voir le jour.

Dimma posa son autre main sur la nuque gracile de sa nouvelle amie. Un contact peau à peau… si doux. Si fin. Et cette gorge… délicieuse.

Un vers de Lewis Caroll lui revint immédiatement en tête.

C’est un peu triste, dit le vieux morse
De les piéger comme ça
Après les avoir fait trotter
Cette jolie distance-là.


Immédiatement, il domina les influx électriques de sa nouvelle amie et, en moins d’une seconde, il coupa tous les signaux au niveau du rachis, paralysant ainsi sa nouvelle amie, un phénomène qu’il apparentait toujours à un pantin s’effondrant sitôt qu’on sectionnait les fils qui le soutenaient.

Sentant le poids de sa nouvelle amie, il s’arqua légèrement en arrière, fléchit les genoux, et, la tenant fermement par le coude et par la nuque, se penchant en avant et l’étendit à-même l’herbe fraîche et humide de la forêt, la déposant avec autant de délicatesse que s’il venait de coucher son enfant au moment de le border.

Joignant les mains dans le dos, il la contempla allongée là.

Je pleure pour vous, dit le vieux morse
Vraiment, je compatis.


Il la contourna pour se retrouver au niveau de sa tête et s’agenouilla en dispersant les cheveux pour éviter de les écraser. Ses rotules frôlaient sa voûte crânienne, et positionné ainsi il put la fixer droit dans les yeux.

Ne vous méprenez pas, mon amie. Je ne vous veux aucun mal. Je vous l’ai dit, et je le répète, je suis un homme de bien. Vous retrouverez la pleine possession de votre corps d’ici une heure ou deux.

Il apposa la paume de ses mains de part et d’autre des os pariétaux.

Mon intérêt pour vous à l’origine était tout à fait mathématique. Des individus de votre calibre ne se croisent pas à tous les coins de rue. Et puis vous m’avez touché. Ému. La candeur, c’est cela, qui sauve les cœurs des hommes et des créatures. Je me demande encore ce qui est le plus puissant en vous, de votre candeur ou de votre rage. Vous me rappelez une libraire de mes amis…

Cette pensée fugace pour la Jambe lui arracha un nouveau rire, discret.

Et on ne peut pas dire non plus que l’on me fasse souvent m’esclaffer de la sorte. Je vais chérir le souvenir de notre rencontre, mon amie. Soyez assurée que la prochaine fois que nous nous verrons, je saurai mieux m’adresser à vous. Bien entendu, pour vous, la prochaine fois sera simplement une nouvelle première fois… mais cela n’a aucune espèce d’importance. Comme je vous l’ai dit, face à Shën, tous nos actes, en définitive, n’en ont aucune.

Et il pressa de ses paumes contre le crâne, en douceur, pour atteindre de nouveau l’électricité qui se grouillait juste sous la surface de l’os, et effacer leur rencontre de la mémoire de sa nouvelle amie. C’était littéralement le dernier évènement en date, donc cela lui prendrait peu de temps, toutefois il n’avait pas envie de bâcler son ouvrage et de la transformer en légume… ou pire.

Dans le cas du pire, il se rabattrait sur son plan premier : la ferme à rooibos.

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyMer 10 Mai - 21:18

Projet : Rooibos
ft. Dimma

Il ria. Son étonnement provoqua le mien. Il ne riait pas… ou plus ? Se riait-il de moi ? Il se moquait, il devait se moquer. Il n’était pas humain, c’était une évidence. Il était bien plus, et pourtant, là encore, je m’étonnais qu’une créature puisse prendre forme humaine alors qu’elles étaient… tellement plus belle sous leur véritable forme. Et c’est bien la raison pour laquelle j’étais si curieuse de cette drôle de chose au visage de bois, puisqu’il semblait que cette forme soit véritablement la sienne. Et il ressemblait à un humain. C’était incompréhensible.

Je suis ce qui n’aurait jamais dû être.

Cela sonna dans mon esprit d’une justesse parfaite, aucune fausse note, pas la moindre faille. C’était la vérité, et il me la confiait en toute assurance. Et soudainement, dans le creux de mon ventre, une peur inattendue m’envahissait, que je ne comprenais pas. Comme un souvenir longtemps refoulé qui revenait doucement se placer devant le reste. Un souvenir qui n’avait pas originellement émané de moi mais bien de l’une de mes sœurs. Elle avait acquis son nom justement pour cette faculté qui avait toujours prédominé ses sens chez elle plus que chez nous. Énstikto, la dernière de mes sœurs disparues. La dernière à survivre auprès de moi. Vivante grâce à son instinct.

Je n’étais pas elle. Je n’avais pu qu'acquérir son savoir, mais elle avait toujours été la plus naturelle quand il s’agissait de le suivre. Aussi, je ne notais pas assez vite cette main qui, bien que d’apparence hésitante, venait m’adoucir de mes doutes en ne faisant que m’effleurer. Je ne me défiais pas assez vite non plus de cette main qui allait innocemment se poser sur ma nuque, tandis qu’il ne montrait pas d’hostilité sincère à mon égard. Je ne comprenais que trop tard que les pensées saugrenues faisaient désormais sens, pendant qu’il me récitait des vers qui n’avaient qu’un goût amer dans ma bouche, tant par leur signification que par leurs origines humaines.

Quelque chose me blessa violemment et je me retrouvais aveuglée de douleur l’espace de quelques instants. Et sans pouvoir l’éviter, c’était tout ce que mes défuntes sœurs m’avaient laissé au creux de mon âme qui retentit en moi. Le souvenir de leur âme qui s’effaçait comme une vulgaire poussière se dispersant avec le vent, comme si elle n’avait jamais existé. Le souvenir de leur pensées qui jusque là ne faisait qu’un avec moi, désormais toute à moi et non plus partagées. Un vide qui se créait dans chacune de nos âmes, qui semblaient ne jamais se combler, infini trou béant qu’avait laissé leur disparition, et désormais plus qu’une seule âme pour porter le poids de nombres de vies et d’expériences.

Une seule âme désolée pour les survivre toutes.

La lumière attaque mes rétines et je pouvais voir alors ce masque de bois s’atteler à me reposer à terre comme une statue de verre qui pourrait se briser. Mon corps était figé et plus rien ne répondait. Mais ce n’était pas mon corps qui souffrait, mais le souvenir que provoqua cette soudaine rigidité. Le souvenir de ma sœur qui fut ensevelie dans le ciment par des romains qui décidèrent que nous n’étions pas des divinités mais des malédictions. Le premier meurtre. La première traîtrise. Le début de notre haine.

Vraiment, je compatis.

Non. Dans son âme résonna cette compassion dont il parlait et pourtant, je ne voulais pas en croire un seul mot. C’était trop anormal, je ne pouvais même pas ne serait-ce que trembler alors que cette peur me rongeait tous les membres. Non, tu devais mentir. Je ne veux pas de ta compassion… Je ne veux pas que tu t’approches ! Pars ! Laisse-moi !

Mais que pouvais-je faire lorsque le poisson était pris dans le filet ?

Ne vous méprenez pas, mon amie. Je ne vous veux aucun mal.

Disait-il alors qu’il était si proche de ma tête. Qu’il pourrait me découper en morceau comme une autre de mes sœurs, sans que je puisse bouger le petit doigt pour l’en empêcher.

MENTEUR

Je voulais l’égorger et lui faire subir ce qu’il me faisait subir. Il ne me veut pas de mal ? Alors qu’est-ce que cette douleur intense qui me tabassait la tête d’une migraine sans pareil ? Mon cœur martelait autant ma cage thoracique que mon crâne tant la panique le faisait battre dans un rythme extrême. J’étais totalement impuissante ! Et il m’annonçait être obligée de subir cette angoissante léthargie une heure ou deux ?

LÂCHE

Tout mon esprit bouillonnait tandis que Thymós semblait m'aveugler par sa soudaine présence. Inlassablement, je me laissais trompée ! Martelait-elle dans ma mémoire. Ma curiosité aura finalement eu raison de moi, se chagrinait Pénthos. Et elles étaient là, toutes les deux, pour soutenir ce dégoût qui soudainement me noyait alors qu’il posait ses mains sur mon visage. Ce contact semblait faire rejaillir ce que j’avais décidé d’oublier, ce que mes sœurs m’avaient appris, et Sofía acquiesça au fond de mon cœur, presque déçue par ma propre bêtise. J’étais tellement enragée de ne pas être elles. J’avais tant besoin d’elles !

Un écho désagréable résonna dans mon esprit et je comprenais que c’était son rire. Frissonnant intérieurement, cela m’arracha un grondement de désespoir et les larmes coulaient. J’étais une incapable. Írema m’avait abandonné alors que je ne savais plus penser rationnellement. Je voulais fuir ! Je ne pouvais plus rester calme maintenant que je comprenais toutes les conséquences qui pourraient advenir de ma situation. C’en était tout à fait risible, murmurait Eironeía à mon oreille, n’est-ce pas ?

Si je m’effaçais à mon tour, c’est toutes mes sœurs qui s’effaceraient avec moi. Mais j’étais la seule survivante. J’étais supposée les survivre toutes pour les faire exister jusqu’à la fin des temps ! J’étais tout ce qu’il restait d’elle et je ferai d’elles une mémoire éternelle. C’était ma raison d’être !

Subitement, mon esprit sembla foudroyé. Je ne compris pas ce qu’il faisait mais cette intrusion dans ma tête me brisa totalement et personne ne pouvait entendre ce cri de douleur que cela m’arracha. Il essayait de m’enlever quelque chose… et c’était terrible. Si terrible que toutes mes sœurs y répondirent. Toutes leurs mémoires accouplées ne formaient plus qu’une seule et même entité, des forces résonnantes et amèrement trahies qui s'abattaient dans mon esprit comme la foudre frappait la terre. Elles voulaient m’obliger à les écouter, à les entendre, alors qu’après toutes ses années, je m’étais terré dans un trou dans lequel rien ni personne ne pouvait plus jamais m’atteindre. Un trou dans lequel je m’étais lâchement réfugiée en pensant survivre. Mais dans lequel je m’étais finalement détruite.

Elles n’étaient plus que des fantômes d’un passé immuable. Que voulez-vous que je fasse alors que même mon corps ne me répondais plus ? Je n’avais plus rien… Du moins, j’y avais cru fermement pendant trop d’années. Avec ce choc qui me frappa, quoiqu’il ait fait, ce faux humain m’avait rappelé que je n’avais en réalité jamais été seule. Bien que disparues, mes sœurs subsistaient non plus par leur âme mais par leur mémoire. Le trou béant des multiples âmes résonnant en harmonie avec la mienne n’était plus, oui. Mais tout ce qu’elles m’avaient légué, ça, je l’avais. Et celui-là cherchait à me l’enlever. Celui-là cherchait à détruire le seul refuge qu’il me restait dans cet univers qui semblait vouloir notre perte définitive.

Celui-là voulait m’enlever ma seule raison de vivre. Alors…

Entends-les.

Entends leur cri d’agonie, leur peur et leur désespoir. Entends comme elles souffrent dans cette vacuité qui était désormais mon cœur… tu me fais souffrir. Ressens-tu ce creux au fond de ton âme, mirage d’un néant perpétuel dans lequel je plongeais chaque jour à l’infini ? C’était le mien. Il pourrait devenir tiens. Entends leur voix alors que la blessure de la trahison venait lentement mutiler nos esprits… Comprends-tu ce que tu me fais subir ? Déchirée. Nos âmes n’y avaient pas manqué. Effacée. Leur conscience n’avait pas perdurée. Effacée. C’est ce que tu essayais de détruire. La seule chose qu’il leur reste. La seule trace qu’il me reste d’elles.

Ce n’est pas mon esprit que tu foudroies, ressens cette douleur qui est la mienne… Elle est tienne !

MA MÉMOIRE NOUS APPARTIENT


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Leurs voix, à l’agonie, horrifiées et pleines de terreur. Leurs âmes en peine ravissaient mon cœur, leur terreur emplissait mon âme, presque jusqu’à l’orgasme.
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Dimma Dökkhönd

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptySam 20 Mai - 0:42

Dimma
Dökkhönd

Epizon

Projet : Rooibos
— Entends-les.

Il se produisait quelque chose d’inattendu, Dimma le sentait. Quelque chose autour de lui, ou dans lui, ou… avait-ce réellement de l’importance ?

Les mains toujours rivées sur le crâne de sa nouvelle amie, il serra les dents et tint bon. Il ne pouvait pas se permettre la moindre erreur, car ce n’était pas son objectif de la tuer.

Non, il voulait la libérer.

La libérer de ce passé. Faire table rase. Briser les chaînes qui la retenaient. Elle l’ignorerait, bien sûr, elle ignorerait qu’il avait eu une main (littéralement) dans cette délivrance inespérée, mais ce n’était pas un mal en soi.

— MA MÉMOIRE NOUS APPARTIENT.

Tabula rasa.

Tout effacer.

Pas seulement les dernières minutes.

Tout.

Absolument tout.

La sauver d’elle-même.

Corriger l’erreur.

Repartir de zéro.

Puis tout recommencer.

Éteindre les étoiles pour les rallumer.

Abattre la tour pour parvenir à son sommet. La gravir, étage après étage, marche après marche, jusqu’à son sommet, jusqu’au dernier étage, jusqu’à la dernière marche.

Abattre la tour pour atteindre la dernière salle.

Dimma n’était pas sûr de vouloir ouvrir la porte qui se dressait devant lui. Si imposante, dans ses gonds ferrés, dans son bois d’ébène, un noir si obscur, si profond qu’il aspirait toute la lumière autour de lui.

Les cinq doigts de sa main droite refermés telles des serres sur la poignée, il se demandait, il craignait, ce qui se trouvait de l’autre côté.

Il ne voulait pas ouvrir mais il savait qu’il devait le faire.

Il savait ce qu’il y avait de l’autre côté.

C’était pire que de l’ignorer.

Savoir, ce n’était pas pouvoir, c’était tout le contraire. Savoir, c’était se tuer. Savoir, c’était s’affaiblir, c’était s’assassiner, c’était se mutiler, c’était…

Il tourna la poignée et poussa.

La porte pivota sur ses gonds ferrés et rouillés dans un grincement caverneux, et s’ouvrit sur le néant.

Le noir le plus noir.

L’obscurité la plus obscure.

Savoir, c’était mourir.

Savoir, c’était mourir.

Savoir, c’est mourir.

Savoir. Mourir.

Dimma pénétra dans la pièce enténébrée.

Il savait ce qu’il y avait dedans.

Il savait qu’il n’y avait rien.

Une pièce vide.

Une salle creuse.

Rien.

Il le craignait. Il le savait. C’était ainsi, et cela devait le demeurer.

Il tourna sur ses talons pour sortir, mais il se retrouva face à quelque chose de lui-même.

Son reflet parfait dans l’embrasure.

Le reflet d’un inconnu.

Le reflet d’une ardoise vierge, le reflet de la table rase.

Le reflet de rien.

Il reconnaissait ces traits, bien entendu. Il reconnaissait ce visage qui commençait à accueillir les rides de l’âge, il reconnaissait ces cheveux noirs, parsemés çà et là d’un filin d’argent, il reconnaissait ces yeux d’un bleu qui n’avait rien perdu de son éclat, et tout cela, il savait que ce n’était rien.

Ce n’était plus rien.

Cela n’avait pas de nom.

C’était ainsi et cela devait le demeurer.

Pas de nom. Pas de nom. Pas de nom pas de nom pas de nom pasdenompasdenompasdenompasdemonpasddmonapsdemonpasmdonamdoaspasmdoendimmadökkhöndjohannesansartvinurstjornandievandertrumanpasdenompasdenompasdedimmapasdevanderpasdevinurpasdejohannespasdestjornandi

Dimma plissa les paupières pour scruter ce visage qu’il connaissait et ne connaissait pas tout à la fois

Qui es-tu ?

Non. Ne pose pas de question dont tu veux ignorer la réponse.

Savoir c’est mourir.

Ne sais pas.

Ferme la porte.

Abats la tour.

Réduis-la en gravats.

Pas savoir.

Détruire.

Effacer.

Table rase.

Abats-le.

Pas de nom. Pas de nom. Pas de… pas de… pas de… pas… pas… pas… pas… pa…

Un bruit le fit tressaillir.

Et pour la première fois depuis plus de vingt ans, Dimma ressentit une véritable terreur lui saisir les entrailles.

Il l’entendait. Il entendait le frottement de ses courtes jambes qui se balançaient dans le vide, le grincement incessant de la pointe de ses pieds contre le carrelage. Il entendait sa voix de fausset qui entonnait une mélodie informe et improvisée, une ritournelle entêtante à peine murmurée, à peine soufflée, à peine un chuchotis audible seulement pour ceux qui tendaient l’oreille.

Mais il n’y avait que Dimma pour tendre l’oreille.

Non, pas Dimma. Mais qui ? Pas Johannes Ansart, pas l’Homme de Bien, pas Vinur, pas Stjornandi, pas Evander Truman, alors qui ?

Qui était cet inconnu devant lui, ce misérable au visage qu’il connaissait qu’il ne devait surtout pas connaître, car connaître c’était savoir et savoir c’était mourir.

Le fredonnement se rapprocha.

Dimma devait sortir.

Il devait sortir d’ici maintenant.

Mais l’autre ne bougeait pas. Immuable. Immobile.

Table rase.

Abats-le.

Abats-le. Abats-le. Abats-le. Abats-le.

T A B L E R A S E A B A T S L E T A B L E R A S E A B A L T S T A B L E R A S E T A B L E R A S E A B A T S L E A B A T S L E A B A T S L E

Les serres de Dimma se fermèrent en un poing qu’il lança de toutes ses forces en avant… et percuta de plein fouet le tronc d’un arbre.

Il sentit plus qu’il n’entendit l’abominable craquement qui se propagea en une onde de choc foudroyante dans ses phalanges, ses métacarpes, ses carpes et son poignet. Enserrant son avant-bras dans sa main valide, Dimma tomba à genoux dans l’herbe et les feuilles et lâcha un véritable hurlement de douleur.

Soudain fiévreux, grelottant, tremblotant, il leva les yeux, et s’aperçut qu’il avait laissé dans l’écorce de l’arbre un petit cratère d’une quinzaine de centimètres de diamètre, et de la moitié en profondeur. Le bois était éparpillé en éclats et échardes de multiples tailles juste sous son nez.

Les dents serrées, il inspecta la peau déchiquetée et tailladée de sa main tordue, ruisselante d’un sang qui tombait en épaisses gouttes sur le matelas vert de la forêt.

… que s’était-il passé ?

Il regarda tout autour de lui. La clairière du lac avait disparu. Il n’y avait qu’arbres, troncs, souches à perte de vue. S’était-il enfoncé dans les bois sans le remarquer ? Avait-il erré, s’était-il égaré ? Sa nouvelle amie n’était plus en vue, mais ce n’était guère étonnant. S’il s’était éloigné du lac, alors elle devait encore s’y trouver.

Pendant combien de temps avait-il marché ?

Et que diable s’était-il passé, enfin ?

Pressant son bras à présent invalide contre le buste, Dimma se releva, une jambe après l’autre.

Il n’y avait rien d’autre que lui, ici.

Que lui et les échos d’un fredonnement diffus. Perdu dans les fourrés.

Il n’aimait pas ce son.

Il haïssait ce son.

L’entendre, c’était comme se noyer de l’intérieur.

Il devait s’éloigner dès maintenant. Partir, peu importe où, juste… être loin d’ici. Loin de cette forêt, loin de cette petite voix qui l’appelait d’un nom qui n’avait aucune signification pour lui.

Il entendait les lettres.

P È R E

Et ensemble, il ne savait pas ce qu’elles voulaient dire.

Car savoir…

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MessageSujet: Re: Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022   Projet : Rooibos [PV Epizon] - 01/01/2022 EmptyLun 5 Juin - 10:10

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Je me noyais, mais je n’étais pas sous l’eau. Je ne pouvais jamais me noyer sous l’eau, ou le pouvais-je ? Etions-nous morte noyée à une époque, ou nous étions-nous noyées hors de l’eau ? Il était difficile de respirer l’air du dehors. Mais sous l’eau, tout nos soucis disparaissait.

Mais je n’étais pas sous l’eau.

Je ne savais pas trop si j’avais les yeux ouverts. Tout était blanc. Opaque. Vide. Où étais-je, déjà ? Je ne savais plus trop. Il n’y a pas de sons autour de moi. Ou bien, en y avait-il ? ça vibrait. Mon corps était si lourd. Je n’étais pas sous l’eau.

Je clignais des paupières. Le blanc devenait des tâches mouvantes où parfois, quelques couleurs apparaissaient. Il n’y avait pas de son, juste un cri. Strident. Qu’est-ce que c’était ? Les tâches rapetissaient, petit à petit, pour devenir des fils fins. Je me souvenais de ces drôles de lumières… Enfin, nous nous souvenions. C’était le genre de lumière qui nous avaient tiraillés lorsque nous avions ouvert les yeux après être trop longtemps restées dans le noir.

Ce cri était le mien. ça me revenait. Le cri, ce bruit strident et terrible qui me mitraillait la tête, c’était mon cri. Notre cri. Nous avions hurlé notre douleur. Doucement, je comprenais ce qu’il se passait, autour de moi. Mon corps était tendu à son maximum, figé, mais avec un effort que nous nous trouvions, je pouvais enfin bouger le bras. J'ai compris.

Il m’avait paralysé. Par quel procédé ? Je ne savais pas. J’avais senti comme une décharge à la base de ma nuque et puis, il m’avait été impossible de bouger. Puis, il m’avait… il avait… Cette chose dans ma tête. Comme des verres qui s'insinuaient dans mon crâne, qui violaient mon esprit par des pensées qui n’étaient pas les nôtres…

Il avait voulu me les enlever. Il avait… Qui ça, il ? De l’électricité m’avait percuté et… Et mes sœurs… Ou moi, j’avais… J’avais fait quoi, d’ailleurs ? De quoi je me souvenais ? Je voulais hurler mais je ne pus que tenir ma tête dans mes mains. ça faisait si mal. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé, mais je devais fuir. Partir.

En me redressant, tant bien que mal, je trouvais mes jambes. J’étais au bord de l’eau. Mais pas dans le lac, juste à côté, étendue. J’étais sortie de l’eau. Je ne savais plus pourquoi. Je n’avais pas la force de me lever alors je me trainais jusqu’à la rive et me laissais glisser sur la surface. La douceur de l’eau me fit un bien fou et je plongeais dans l’eau. Mes jambes disparaissaient pour me laisser retrouver la sensation que j’aimais le plus.

Mon esprit se faisait plus clair et je tentais de retrouver le fil de mes pensées. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé. J’avais été attirée vers la surface sans savoir pourquoi. Qu’est-ce qui m’avait attirée ? Je remontais et sortais à nouveau la tête, laissant seulement mes yeux sortir, pour tenter de comprendre. Qu’est-ce que j’avais fait, à partir de ce point précis ? Qu’est-ce qui m’avait intrigué ?

Un bruit ? Une image ? Une pensée ? Quoi ?

J’observais tout autour de moi. L’eau était morose, le temps moyen. Les nuages engloutissaient le ciel et la température se rafraîchissait à vue d'œil. En continuant à scruter, je cherchais un indice. N’importe quoi. Un flash de souvenir me remonta subitement. Du bois ? Un visage de bois ?

Je me souvenais d’un visage de bois. Qu’est-ce que c’était comme idée ? Je n’avais pas beaucoup d’imagination. Il n’y a qu’une de mes sœurs qui jamais n’a eu que de drôle d’idées, mais elle s’était faite si discrète depuis… Alors, d’où venait cette idée de visage de bois ?

Là, un arbre. L’arbre avait cette drôle de difformité… et en l’observant, j’y vis un visage. C’était ça ? En-dessous, il y avait un énorme trou. Qu’est-ce que j’avais fait ? Je sortais ma main de l’eau pour l’observer mais n’y vis aucune trace d’aucune sorte. Je n’avais pas frapper cet arbre. Alors, qu’est-ce que j’avais fait ?

Et soudain, un bruit capta mes sens. Un bruit de grondement lointain, tout en haut du ciel. Et tout fit sens. Je m’étais pris un éclair dû à l’orage. L’électricité qui m’avait paralysé, l'hallucination d’un visage de bois sur un arbre, la sensation de danger et d’impuissance. Je m’étais faite électrocutée, tout simplement.

Je soupirais et plongeais sous l’eau. Parfois, la nature pouvait nous agresser de la plus belle des manières, vraiment. Pendant un instant, j’avais retrouvé ma sœur, Fantasía, qui avait l’imagination plus débordante que tous les torrents du monde. Après tout, me donner l’impression de trouver un visage humain sur un simple tronc d’arbre, il fallait avoir des idées saugrenues.

Je fermais les yeux tandis que je me laissais, tout doucement, couler au fond du lac. Il était temps de retourner dormir. Et, cette fois-ci, sans aucun rêve d’humain au visage de bois.  



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