Sujet: Une colère sans faim ft. Versace | 07.11.21 Lun 13 Juin - 18:42
Une colère sans faim
La dernière fois que Mira a été aussi énervée, il lui a fallu plus de cent ans pour se calmer. Elle avait détruit de nombreux villages dans son sillage, elle avait tué de nombreux chasseurs de créatures au tout début avant de finalement se calmer petit à petit pour laisser place à une tristesse dévorante quand elle s’est rendue compte qu’elle n'arrivait pas à trouver ne serait-ce qu'un seul autre dragon. D’un point de vue humain, cent ans est long. C’est environ une vie pour eux, sans parler qu’ils n’ont pas forcément apprécié ce qu’elle a fait. De ce point de vue à elle par contre, ce n’est rien, le temps est différent en fonction des points de vues, et pour elle, un siècle n’est qu’une broutille, qu’un grain de poussière sur un sablier. C’est pourquoi elle avait si longtemps ignoré les appels de Shën pour continuer à voyager à travers le monde.
Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus, jusqu’à ce que la tristesse prenne le dessus et menace de faire éteindre la dernière des dragonnes. Pourtant, Shën est apparue encore une fois dans ses rêves, faisant disparaître ses cauchemars et lui rappelant qu’elle avait une place, là, à Azuola où elle pourrait être heureuse et elle l’a cru. Elle est la mère des dragons, ce n’est peut-être qu’un titre pour les autres, mais c’était une part d’elle, c’était la représentation de ses instincts, de ce qu’elle était. Elle est née, elle a grandi pour protéger les siens. C’est son rôle, celui qu’elle a choisi à la mort de ses propres parents, afin de protéger ses frères, mais aussi les membres de son espèce. Ca a été son choix, son instinct, c’est pourquoi sa tristesse est si puissante, si dévastatrice car elle a faillit à sa mission, elle ne mérite pas son titre alors qu’elle est la dernière survivante. Sa rage a finalement mué en chagrin et bien qu’elle ne le montre pas, c’est un sentiment qui restera entièrement en elle jusqu’à la fin.
Elle ne pensait pas un jour retrouver cette colère, celle qui a toujours su l’animé quand elle se devait de venger un camarade mort, ou contre quelqu’un qui l’avait offensé. Elle s’est rendu compte que la colère qu’elle a eu contre les humains il y a tout ce temps et toujours là quelque part au fond de son cœur. Elle ne l’a jamais quitté, pourtant elle sait qu’elle ne peut pas leur en vouloir, en tout cas pas à l’humanité entière, certains sont et seront à jamais innocents alors que d’autres méritent de mourir par sa rage. Ses pensées rentraient régulièrement en conflit. Comment peut-elle être sur qu’un humain gentil avec elle aujourd’hui ne sera pas son ennemi demain ? Elle ne pouvait pas mais c’était également le cas de toutes les autres créatures alors elle avait pris sur elle sinon elle détruirait sûrement tout le monde et elle ne vaudrait pas mieux que ceux qui ont tué les siens.
Il est vrai que les dragons ont le sang bouillonnant, et peuvent rentrer dans des rages spectaculaires, toutefois, il faut un certain niveau de connerie pour que cela arrive au point d’en devenir incontrôlable. Pour elle, il fallait juste toucher au sien et il semblerait plus récemment remettre en cause la disparition de son peuple. Elle ne pardonnera pas à cet homme pour cet affront, jamais. Tout ça pour quoi ? Un camp ? Elle n’en fait même pas partie et elle ne compte en aucun cas le faire. Les conflits d’êtres inférieurs ne la regardent en aucun cas et elle détruira tout sur son passage si il faut leur faire comprendre ça.
C’est avec cet état d’esprit que Mira se réveille d’un sommeil de sept jours. Elle avait eu besoin de se calmer après ce qui s’est produit à l’Eglise Blanche. Sept jours n’était pas grand chose pour elle mais elle ne pouvait pas prendre trop d’absence en ces lieux, sinon ça veut dire qu’elle en a moins pour retrouver les siens. Toutefois, bien que la rage ait un peu diminué, elle était toujours là, toujours présente, prête à exploser à n’importe quel moment. Dans ces moments-là, il n’y a qu’une chose à faire, c’était de s’épuiser jusqu’à ce que fatigue s’en suive et malheureusement, elle va devoir faire ça dans un lieu où elle est sûre de ne pas avoir de problème. Un lieu abandonné où elle aime régulièrement aller depuis son arrivée ici, la montagne.
Elle reprit sa forme dragon et s’envole vers les montagnes avant de finalement laisser sa rage prendre le dessus, elle allait tout détruire, tout réduire en cendres. Ici personne ne pourra la déranger, l’endroit et bien trop grand pour ça et elle n’aurait pas de problème avec l’Eglise, alors si elle provoque un éboulement, provoque un incendie et détruit tout une zone personne ne le remarquera n’est-ce pas ?
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Sujet: Re: Une colère sans faim ft. Versace | 07.11.21 Dim 26 Juin - 22:21
Sa voix grimpait, chantante, sur un air de musique classique qui tournait en fond sonore. Versace se recoiffait en face de son miroir baroque, remettant quelques mèches en place. Les notes de musique ricochaient sur les murs, sinistres, offrant la texture d'une ambiance inquiétante. Mais la goule se plaisait à traduire chaque son comme s'il s'agissait d'un message mystérieux à délivrer pour son âme. Mais cela n'égalait en rien l'écho des pensées de sa nouvelle recrue, Epizon. Cette sérénade lui paraissait d'ailleurs bien fade en comparaison. Si inintéressante même, qu'elle se mit à soupirer sur un souffle las. Puis le disque s'arrêta de tourner, subitement « Que fais-tu ? » « Cette monotonie vous offense Madame alors, je l'ai faite taire »
Lucciana savait toujours ce dont elle avait besoin. Parfois, elle la soupçonnait même de distiller ses pensées pour tomber chaque fois aussi juste dans ses analyses. Mais cela lui était bien égal. La Dame se levait alors pour se diriger derrière son bureau massif dans l'optique de réviser des dossiers. Son doigt tournait les pages lentement jusqu'à tomber sur un profil en particulier. Le Roi en Jaune. Ses paupières se plissaient, à la fois pensive et sceptique. Que ferait-elle de cet énergumène qui n'avait en rien froid aux yeux ? Puis son attention se détournait encore ailleurs. Un classeur à la couverture d'un cuir saillant, tenant lieu de carnet des charges. Celui de ses prisonniers plus précisément, où chaque information était minutieusement notée. Une vraie Bible dans son genre, du côté obscur de la force « Une prisonnière va bientôt accoucher, Lucciana. Il serait bon de prendre les devants » Un nourrisson ne survivrait jamais dans un milieu aussi hostile mais cela pouvait s'avérer être un motif de persuasion très efficace contre la mère. Le bien-être du rejeton, contre des données -à la condition qu'elles soient utiles, sinon, les négociations ne tiendraient pas. Et elle saurait très vite comment utiliser ce pauvre enfant -ils avaient la chaire bien plus succulente que les adultes. Puis soudain, un garde déboulait littéralement dans ses quartiers sans qu'il n'y soit invitée. Le regard agressif, il était aisé de transmettre le mécontentement de cette intrusion « V-votre Grandeur... » Il suait comme un porc, à tel point que cela la fit froncer du nez, répugnée « Parle, que se passe t'il ? » Il regardait à droite, à gauche... Comme s'il craignait que le Diable ne l'emporte alors qu'à l'évidence, il lui fallait mieux regarder devant lui. Il se racla la gorge, mal à l'aise « Nous avons détecté des perturbations anormales au cœur de la montagne sacrée. Des tremblements de terre seraient plus exacts, à vrai dire » Qu'est-ce qu'il racontait ? De nombreuses créatures énormes et encombrantes sillonnaient ces vallées. Sa silhouette se redressait, impatiente et vivement irritée. Elle espérait qu'il avait une bien bonne raison de la gêner. L'homme s'en aperçut d'ailleurs assez rapidement « Il ne s'agit pas de ce que nous connaissons d'habitude » « Et vous ne vous êtes pas rendu directement sur place pour plus d'observations ? » « Et bien... » Il déglutissait péniblement « Il s'agit de... de... cette femme, vous voyez... ? » Telle une furie, son corps se mouvait sur une vitesse de pointe effrayante, plongeant ses prunelles vermeilles dans le regard surpris de son soldat. Sa main attrapait fermement sa mâchoire, manquant de la disloquer en y claquant ses phalanges « Dis-moi, tout de suite »
***
Elle avait saisi la panique de ce misérable insecte tout en ne sachant réprimer le mépris qui lui grattait la gorge. Versace ne supportait pas les lâches et encore moins les bras cassés. Cette dragonne était sur son territoire et c'était un inconvénient qu'il ne fallait pas ignorer. Que faisait-elle ici, exactement ? Il était naturel pour une créature de son espèce de planer vers d'immenses étendues comme les montagnes mais cela ne présageait rien de bon pour autant. La goule connaissait les capacités d'un tel monstre et les dégâts qu'il pouvait infliger, d'autant plus après l'avoir vu à l’ouvre lors de la célébration, à l'Eglise Blanche. Le garde lui avait signalé sa position, en retrait dans un endroit reculé mais trop proche tout de même à son goût. Ce fut donc rapidement qu'elle gagnait l'emplacement indiqué. En tout cas, il ne s'agissait effectivement plus de trous mais plutôt de cratères, creusés directement dans le sol. La terre avait effectivement tremblé sous ses pieds à mesure qu'elle s'était rapprochée. Allons bon, le serpent géant avait l'air contrarié. Sa fougue dévorait pleinement l'atmosphère et les arbres en étaient les malheureuses victimes. Tel un parasite discret, la dévoreuse insatiable se postait à côté d'un arbre, vieux de deux siècles. Pour le moment, elle ne faisait rien. Elle observait simplement ce spectacle de destruction massive. Quelque chose l'avait sûrement mise en colère pour réagir d'une manière aussi volcanique, bien que ces êtres étaient reconnues pour leurs caractéristiques féroces et violentes. Peut-être que cette occasion lui laisserait le loisir d'en apprendre davantage sur son compte. Peut-être même que cette déconvenue causerait des ennuis. Qui sait ? L'un dans l'autre, Versace restait tout de même bien curieuse.
Elle toussa, pour officialiser sa présence.
« Et bien... Et bien... » déclarait-elle sous les feuillages « Vous m'avez l'air contrarié ma chère » Sa tête penchait légèrement sur le côté « La terre tremble au rythme de votre colère. C'est impressionnant. Très effrayant, aussi. Je ne saurai dire qui vous a mis dans cet état mais autant dire, je n'aimerai pas être à sa place » Elle rit doucement, sans moqueries aucune, puis se décidait à s'avancer en glissant ses mains dans son dos. C'était une super prédatrice, même elle, pouvait le reconnaître aisément. Qui serait assez fou pour ne pas s'en apercevoir au risque d'y laisser sa carcasse ? Son visage se fondait d'une compassion douce et délicate, l'attention même dosée d'une note d'intérêt. Une énergie voluptueuse, comme une caresse dans le vent.
« Que vous arrive t'il donc qui puisse vous mettre dans cet état ? »
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