Yakumo Naiporo

Caractère:

☾Détaché ☾Traditionaliste ☾Calme  ☾Loyal ☾Taquin ☾Emotionnellement distant ☾Contemplatif  ☾Têtu ☾Passionné  ☾Studieux ☾Sérieux  ☾Curieux

Métier/occupation : Herboriste sur la devanture, sorcier/exorciste dans l'arrière boutique

Orientation sexuelle : Peu lui importe

Statut : Célibataire

Ce qu'il aime:
Les chats
Faire un bon travail
Sa culture
Les renards
La lecture
Explorer

Ce qu'il déteste:
✘ Qu'on dénigre sa culture
✘ Les chevaux
✘ Les moqueries
✘ Les Japonais impérialistes
✘ Qu'on touche à ses affaires
✘ Les gens trop rentre dedans

Mensuration:

⁂ Mesure 1m65
⁂ Pèse 57 kg

Détails physiques à savoir :

Il a une apparence relativement humaine et ordinaire, outre ses canines longues et ses oreilles larges et pointues. Sa peau est pâle et il se maquille quotidiennement avec les marques traditionnelles d'un chaman d'Apasam. Yakumo porte toujours ses habits traditionnels, colorés et amples. Il a un miroir autour de son cou, la face réfléchissante tournée vers son torse.

Lors du rituel du "mariage", Apasam a magiquement scéllé sa dague dans la gorge de Yakumo. Celle-ci est constamment chaude au toucher, et porte des marques de brûlure.

Lorsqu'il channel son Kamuy, Yakumo garde ses principaux traits physiques. Mais Apasam apparaît comme plus grand et musclé, avec une peau sombre et des peintures rituelles brillantes semblables à de l'or. Il a des longs cheveux argentés, et les yeux entièrement noirs avec un iris rougeâtre.

Ses pouvoirs avec point faible:

- Sans voix - Avec le moignon qui lui sert de langue, il est incapable d'articuler correctement. Apasam lui permet de communiquer avec les autres, qui entendent la voix de Yakumo dans leur tête, comme une sorte de télépathie. En contrepartie, Yakumo ne peut communiquer de cette manière qu'avec une seule personne à la fois, avec qui il doit avoir un contact visuel.

- Onmyoji - Versé dans les pratiques ésotériques grâce à son apprentissage chez l'ermite, Yakumo s'est spécialisé dans l'art de façonner des talismans. Pour peu qu'il ai le temps et le matériel nécessaire pour en fabriquer, il peut les utiliser pour protéger des lieux et des personnes, comme un bouclier. Il est incapable d'utiliser ce pouvoir à des fins offensives.

- Intermédiaire - En tant que chaman d'Apasam, l'esprit de Yakumo est un intermédiaire entre le Kamuy et le monde matériel. A condition qu'il possède avec lui le miroir d'Apasam et qu'il soit en transe, Yakumo peut transmettre demandes et questions à Apasam, qui répondra à travers lui en retour... Ou pas. De même, Apasam peut se manifester par la voix ou ses visions à Yakumo, qui devra relayer son message à la personne concernée. Si Apasam le veut et que la personne y consent, Yakumo peut relayer la vision du Kamuy en touchant la personne.

- Substitut - En tant que chaman d'Apasam, le corps de Yakumo est également le seul conduit par lequel le Kamuy peut agir sur le monde matériel. A condition qu'il possède avec lui la dague d'Apasam et qu'il soit en transe, Yakumo peut laisser son corps au Kamuy et en prendra l'apparence. Seul Apasam peut dégainer sa dague et l'utiliser, le channeling d'Apasam est donc la seule manière pour Yakumo de répondre à une situation de manière offensive. Evidemment, cette action est extrêmement difficile à maintenir sur la durée pour le corps de Yakumo, et il ne peut pas maintenir Apasam en lui plus d'une heure, il lui faudra également un temps de récupération conséquent. Sous cette forme limitée, Apasam n'a pas de pouvoir ou de capacité supplémentaire, il peut seulement tirer parti de sa force et de son arme.

- Hybride - Il est à moitié kitsune, mais n'a pas hérité de leur pouvoirs de manipulation. Par contre, il a une très bonne affinité pour détecter les illusions. Même si il n'est pas capable d'en détecter précisément quelle personne ou quel objet en est la cause, Yakumo sent instinctivement quand il y a un sort ou un pouvoir de manipulation/illusion à l'oeuvre.

Dès les temps médiévaux dans l'histoire, la survie était devenue une bataille pour chaque génération, pour toutes les communautés Ainu. L'ethnie majoritaire, leur politique, leur langue, et leurs dieux s'étendaient de plus en plus près des enclaves naturelles qui servaient encore de refuge. Là, chaque tribu tentait de perpétuer sa vie et religion ancestrale. Et la proximité entre les Ainu et leurs dieux est une des principales raisons de leur résilience face à l'envahisseur japonais.

La divinité de cette tribu, prospérant dans les montagnes d'Hokkaido, est Apasam Kamuy. Le gardien des seuils, protecteur et devin. Mais selon le pacte qui les liait, Apasam devait se voir offrir une moitié. Une moitié qui devait passer sa vie dans son temple, à le servir de jour comme de nuit, et qu'à travers sa bouche soient transmis les messages prémonitoires de la divinité. Chaque génération, une famille est choisies. Une famille, qui n'enfante que des filles... Et dont la dernière-née est vouée à être mariée à Apasam.

Renouvelant le pacte de protection entre le Kamuy et la tribu.

Et c'est Hotene et son mari qui furent choisis pour cet honneur, la précédente chamane se faisant trop vieille... Dans quelques années, le pacte devait être renouvelé. Et le jour de l'éclipse, Hotene et son mari devront présenter leur dernière-née pour recevoir Apasam et perpétuer la tradition. La sauvegarde de la tribu dépendait de ce grand honneur.

Asir Rera, "vent nouveau" est née peu après. Consolidant l'espoir de toute la communauté que la relève était assurée, quoi qu'il arrive.

Quoi qu'il arrive... ?

Si les forces japonaises ne pouvaient pas toujours entrer dans les forêts et les montagnes Ainu pour étendre leur influence, leur Kamis, eux, pouvaient. Et Tsukiyomi convoitait particulièrement la communauté protégée par Apasam... Le dieu des seuils et des prophéties, et ses connaissances de l'occulte et du futur. Pourtant, impossible pour le Kami de conquérir le puissant Kamuy par la force...

... Mais il le pouvait, par la ruse.

Il envoya les kitsune dans la montagne, pour s'y installer, observer la tribu, s'y infiltrer. Pour apprendre leurs coutumes, les usages, avant de finalement trouver l'opportunité de frapper, une semaine où le mari d'Hotene était absent pour une chasse rituelle avec d'autres hommes.

Un kitsune se glissa au village, sous l'apparence de l'humain. Puis dans la maison de la famille. Puis dans le lit de la femme. Elle avait bien eu un doute, un sentiment différent. Peut-être qu'elle savait même que ce n'était pas vraiment son mari... Mais l'art des esprits renards est bien affûté. Et celui-là s'assura bien, toute la semaine durant, de la plus parfaite exécution de leur plan.

C'est de longues semaines plus tard que Hotene se rendit compte qu'elle était enceinte. Mais elle s'accrocha fermement au déni, jusqu'au jour de l'accouchement.

Jusqu'à la seconde où elle vit la confusion et l'horreur sur le visage des aînées accoucheuses.

Elle venait de mettre au monde un garçon.

Un garçon aux cheveux de la couleur des blés, aux longues oreilles, doigts griffus, et aux canines pointues.

Plus loin, à l'orée de la forêt, les kitsune savourèrent le moment, avant de se retirer plus loin dans la montagne... Il n'y avait plus qu'à attendre le jour de l'éclipse, et voir le pacte millénaire tomber en miettes.

Mais Hotene n'avait pas dit son dernier mot. Et elle arriva à convaincre les aînées et son mari de tromper Apasam et de lui offrir Asir Rera quand même. Il suffisait d'effacer ce garçon de la famille, et de présenter sa sœur aînée comme la dernière-née.

L'effacer... Sans le tuer. Car malgré son origine pas toute à fait humaine, cet enfant était Ainu. Et le meurtre d'un membre de la tribu était un péché capital.

À la place, il fut nommé Shontaku. Le "tas de merde". Et élevé dans la culture de la communauté, avec le plus strict minimum pour sa survie. Jusqu'à ses huit ans, où il fut assez autonome pour être envoyé dans les montagnes pour devenir l'élève de L'Hermite qui vivait là-bas.

Bon débarras

Loin des considérations politiques de la tribu et de ses origines, Shontaku fut beaucoup plus heureux et épanoui avec L'Hermite. Il grandit en apprenant l'herbalisme, la médecine traditionnelle et l'onmyodo devenant un apprenti guérisseur et exorciste talentueux.

Il grandira aux côtés de L'Ermite, et d'un renard. Chaque soir, l'étrange animal l'approchait et se posait près de lui. Chaque soir, Shontaku ouvrait un bras pour l'accueillir. Et cette habitude perdura sans faute pendant plusieurs années... Quelque part, au fond de lui, il savait. Un savoir confirmé par un soir, le dernier avant l'éclipse, où le renard dans ses bras était devenu un homme aux cheveux dorés comme les blés qui lui rendit cette fois l'étreinte. Et qui lui parla, pour la première et dernière fois, avec la tendresse d'un parent qu'il n'avait jamais eu.

"Yakumo Naiporo"

Lumineux nuage qui traverse le ruisseau.

Pour la première fois en dix-huit ans, Yakumo s'endormit profondément avec un cœur léger, soulagé. Dans les bras de son vrai père.


Au mariage d'Apasam, chaque membre de la communauté était convié. Sans exception. Même Yakumo. Alors sa mère avait envoyé des jeunes hommes le chercher à l'Ermitage, pour le ramener à temps pour la cérémonie de sa sœur aînée. Mais dans le cœur de sa mère, le doute que la supercherie soit découverte demeurait... Et pour être certaine que ce fils maudit ne gâche pas la tromperie en prenant les vœux à la place de sa sœur, elle ordonna à l'escorte de lui couper la langue.

Après dix-huit ans à avoir été privé d'un nom décent... Sa tribu venait de lui voler quelque chose de nouveau.

Sa parole.

Puis on l'habilla cérémonialement et on alla le faire asseoir avec sa famille, dans le public, pendant que s' achevait la cérémonie funèbre de la précédente shamane et que sa sœur commençait les chants pour inviter Apasam à venir, à la prendre comme épouse suivante. Tout était là, devant l'ancien temple en bois. Les chœurs, l'encens, les tambours... Mais pas Apasam. Il ne se montrait pas. Sa sœur ne montrait aucun des signes, malgré la surveillance attentive des aînés. Pour le plus grand inconfort de yakumo. Alors on intensifia les chants, les tambours. Et l'inconfort grandissait encore, plus fort... Jusqu'au point de rupture. Où yakumo se sentit comme projeté au fond de lui-même. Propulsé dans le siège passager de sa conscience. Se voyant se lever et se jeter sur la piste comme un littéral possédé, sans qu'il n'arrive à s'en empêcher.

Pour la plus grande horreur de sa tribu, et de sa mère... Qui pensait avoir cru tromper un dieu.

Les aînés reconnaissaient les signes. Les pas de danse, la transe, la présence d'Apasam qui se manifestait dans ce corps. Yakumo, pour sceller le pacte, devait prononcer les vœux. Mais il gardait la bouche obstinément fermée. Il n'avait plus de langue. Plus de moyen de s'exprimer. De compléter ce que le Kamuy réclamait de lui avec force. Mais la force invisible d'Apasam arriva à lui écarter la mâchoire, et à fermer les yeux.

Ce n'est pourtant pas un cri désarticulé qu'entendit la communauté médusée. Mais la voix de Yakumo, énonçant clairement les vœux, dans leur tête.

Hotene avait cru pouvoir tromper un dieu.

Le pacte avait été scellé. Avec un homme, un hybride. Et dans la montagne, les kitsune de Tsukiyomi se réjouissaient.

La communauté entière avait la mort dans l'âme, devant ce présage de perdition. Mais Apasam avait choisi, et la tradition devait perdurer. On ne demanda donc pas son avis à Yakumo quand on l'habilla comme une mariée et qu'on l'enferma dans le temple. Là, Apasam consommerait le mariage, et Yakumo le servirait comme épouse jusqu'à sa mort. Et peut-être qu'avec un peu de chance, ce déraillement à la tradition finirait par rentrer dans l'ordre.

Yakumo était donc resté là, grimé comme une femme, assit devant la statuette en bois du Kamuy qui tenait un miroir et une dague, une grande partie de la nuit. Jusqu'à ce que finalement, un mot lui traversa l'esprit. Un mot qu'il ne pouvait plus que penser.

Pourquoi ?

Pourquoi le Kamuy n'avait pas joué le jeu et pris sa sœur. Pourquoi lui, alors qu'il était un paria, une erreur, l'enfant maudit d'un piège tendu à sa tribu dans lequel tout le monde avait sauté à pieds joints.

Pourquoi Apasam avait il choisis de jouer le jeu jusqu'au bout, en parfaite connaissance de cause des conséquences ?

Un pan de sa robe avait glissé de ses épaules. C'est quand il sent la coiffe nuptiale être retirée lentement dans l'air qu'il lève les yeux vers le miroir ... Voyant enfin à travers son reflet la vraie forme d'Apasam, cette présence invisible en fait assise derrière lui, la coiffe en mains. Coiffe qui sera soigneusement déposée sur le sol, avant que le dieu finisse par l'y allonger, pour lui donner sa réponse.

Et quelle réponse il lui donna.

Yakumo compris tellement, tellement de choses. Secoué par des instants de clarté entrecoupés de moments de folie, il restait parfaitement immobile ou tremblait, proprement silencieux et pourtant criait à gorge déployée. Pendant des heures, tout le reste de la nuit, c'était comme si Apasam disséquait tout ce que yakumo était ou avait pensé être, dans une danse inflexible où tout se mélangeait. Il avait froid, puis chaud, ressentait le plus intense des plaisirs et le plus grand des bonheurs avant de pleurer toute la tristesse de son corps et de se tordre de douleur. Il se sentait projeté dans les étoiles, puis dévoré par le sol.
 
Yakumo s'est senti mourir, plusieurs fois, de plusieurs manières.

Sa conscience déchirée jusqu'au bord du précipice pour contempler d'insondables abysses, avant d'être ramenée sans ménagement par Apasam. D'une certaine manière, peut-être avait-il été mort, réellement, pour quelques secondes ou quelques minutes. Où peut être pas du tout, peut-être que ça faisait partie de cette vaste danse quasi-hallucinatoire que le Kamuy lui faisait subir. Mais Yakumo s'était définitivement senti revivre.
 
Différent.

Lorsque les portes du temple se sont rouvertes le lendemain, Hotene avait secrètement espéré que l'enfant maudit n'en sorte pas. Qu'il soit mort dans la nuit, par quelque heureuse correction du destin. Mais c'était bien Yakumo qui apparut sur le seuil. En majesté dans ses habits de chaman, couvant la place du village d'un regard dur. Il n'y avait besoin d'aucun mot pour le constater : Yakumo était changé. Et l'idée que la survie de la communauté ne dépendait plus que d'un enfant maudit rejeté par tous terrorisait la tribu entière.
Pourtant, Yakumo s'acquittait de la tâche avec silence et sérieux. Il tenait le temple dans un état parfait, présidait les cérémonies quotidiennes, recevait ceux qui désiraient une divination de la part d'Apasam. Et Yakumo se révéla être un parfait intermédiaire, relayant les prédictions du Kamuy à travers ses transes, sa voix claire résonnant dans l'esprit des concernés.

Mais la question demeurait dans l'esprit de Yakumo. Chaque soir, lorsqu'il fermait le temple et qu'il s'asseyait devant la statue tenant le miroir d'Apasam pour disposer les offrandes de la nuit.
Pourquoi ?
Pourquoi lui ?
Pourquoi jouer à ce jeu, si Apasam savait que l'inévitable allait se produire ?

Chaque fois, il voyait le reflet du Kamuy derrière lui, à travers le miroir. À chaque fois, Apasam l'entraînait dans les tréfonds de son univers et de ses secrets. À chaque fois, Yakumo ouvrait les yeux, différent. Mais sans jamais avoir de réponse à cette question.
Mais il avait compris une chose, une seule : Apasam le préparait. Il le préparait pour quelque chose.

C'est encore quelques années plus tard, lors de l'annuelle cérémonie de la chasse, que Yakumo compris. Ce jour-là, le village était vide. Tous parti dans les montagnes pour honorer le Kamuy des ours. Yakumo, sur le seuil du temple, observa silencieusement les renards traverser le village. Puis les soldats japonais, avec leurs fusils.

Le jeune homme n'eut même pas d'hésitation, ou de tristesse. C'était sa tribu, son mode de vie, certes. Mais il était tout autant un étranger dans sa propre famille. Dans son propre corps.

Alors il fit ce que toute femme mariée fidèle était supposée faire, dans sa culture : il obéit à son mari. Chaque instruction d'Apasam, comme un souffle dans le creux de son âme. Il récupéra quelques affaires, pris le miroir du Kamuy qu'il enfila autour de son cou, puis quitta le village. Escorté dans la forêt par des dizaines de renards, comme invisible aux yeux des soldats.

Il arriva dans les larges plaines de ce monde extérieur inconnu, alors qu'au loin retentissait le son des coups de feu en écho dans la montagne.

Apasam l'avait amené au seuil. La fin d'une ère, le début d'une nouvelle.


Avec l'interdiction formelle d'être Ainu et de pratiquer l'Onmyodo, ainsi que la multiplication des nouveaux villages de colons Japonais en Hokkaido, Yakumo dû officier ses talents incognito. Devenant un herboriste et guérisseur itinérant, pratiquant cérémonies et exorcismes en cachette, sans jamais se séparer du miroir autour de son cou. Mais Apasam était devenu beaucoup plus silencieux, au fil du temps. Et l'hybride ne pouvait qu'attendre que le Kamuy trouve ce qu'il cherche, et lui ordonne sa prochaine destination.

C'était sans compter les Kamis, et particulièrement Tsukiyomi, qui n'avait pas eu son dû. Le pacte avait été brisé, la communauté assimilée, mais le Kamuy, ses secrets et ses pouvoirs, toujours introuvable.

Le Kami influença donc subtilement quelques membres de son clergé, qui arriva jusqu'à suivre la piste du Kamuy et finalement débusquer Yakumo. Mais là encore, séparer Apasam de son chaman n'était pas une mince affaire. Aucun sort ne pouvait défaire le mariage rituel, et la violence ou le meurtre ne ferait que mettre le Kamuy en rage.

Alors on enferma Yakumo dans une grande barrique, solidement amarrée au port, qu'ils laissaient flotter sur la mer. Emporté par la faim, la soif, la claustrophobie ou la maladie, peut importait. Tant que la mort était rapide et à peu près naturelle, Apasam serait forcé de quitter sa moitié pour en trouver une autre, et ainsi Tsukiyomi et les Kamis n'auraient plus qu'à cueillir son pouvoir et ses connaissances au vol.

Sans aucun moyen de savoir combien de temps passait, ou s'il faisait nuit ou jour... Yakumo restait recroquevillé dans sa barrique. Le miroir contre son coeur, il posa une dernière fois la question à Apasam.

Pourquoi ?

Apasam l'entraîna de nouveau. Lui offrant la prédiction d'un avenir lointain, où les Kamuy, les Kami, et progressivement toutes les créatures, tous disparaissaient. Comme si le souffle de vie de la terre entière s'affaissait dans une ombre qui recouvrait le monde, laissant mourir en silence l'univers invisible qui l'habitait. Et Yakumo réalisa qu'Apasam avait lui aussi, une question sans réponse :

Pourquoi la mère de la magie allait-elle laisser mourir ses enfants ?

Le dieu des seuils, protecteur et devin, qui l'avait projeté dans des voyages à travers les cieux et les abysses, qui l'avait déchiré puis reconstruit maintes fois pour l'accommoder à ses visions du futur, à ses mots et aux mystères... N'avait pas la réponse à une question.

Yakumo trouva ça si drôle, qu'il en riait à gorge déployée. Même encore lorsque la corde fut mystérieusement coupée, et quand la large barrique et son occupant se mis à dériver en haute mer.

Apasam n'avait pas la réponse à cette question. Mais il était décidé à aller la chercher lui-même.

À Azuola.