Il y a une chose qui le change ici comparé au monde extérieur... Au-delà des gardiennes, de toutes ces époques mélangées... C'est cette possibilité d'être sous sa véritable forme sans crainte, sans jugement qui le change. Ici, les créatures sont les personnes dominantes, fini de ce cacher, fini de garder le plus possible une apparence humaine afin de passer inaperçu. Fini d'angoisser sur sa maigreur et son sourire constant qui pouvait éveiller les soupçons. Fini les mensonges et justification pour essayer de faire accepter les monstres au humain. Il se plaît à Azuola, l'ambiance qui y règne est presque celle qu'il voulait lorsqu'il vivait en Nouvelle-Zélande. Le seul hic, c'est qu'à être bloqué ici, il pourrait être plus vite oublié ne pouvant plus se manifester dans le monde extérieur, même en rêve. Qu'il ne peut plus manger de cadavre, car ceux-ci deviennent des gardiennes. Sa survie dépend de sa rencontre avec Shën et la convaincre de changer sa situation. Malgré cette possibilité d'être plus souvent sous sa vraie apparence, Stan ne peut s’empêcher de prendre forme humaine quand il souhaite passer un peu plus inaperçue. Une habitude ? Une mélancolie de son ancienne vie ? L'envie de traquer de nouveau les vilains dans ce monde-ci ? Il n'y a jamais vraiment réfléchie, tout simplement, mais majoritairement à l’Église Blanche, il se balade sous sa forme de croque-mitaine. Cette apparence est bien plus impressionnante que celle du frêle humain, on a moins tendance à tenter de lui chercher des ennuis quand il est sous sa vraie forme. Ses dents jaunes pointues, ses longs doigts affuté, ses yeux rouges... Plutôt ironique pour un porte-parole, de l'ordre et de la paix, mais est-ce qu'on l'écouterait aussi bien sous forme humaine ? Il en doute. Et il fallait après tout qu'il montre une certaine autorité envers le peuple, surtout s'il compte devenir le prochain Pontife.

Cette journée était une journée plutôt calme, pas d'attaque de l'Ordre St Emeline, ni des Insoumis. Pas de dérapage ni quoi que ce soit... Juste à gérer les discours qu'il va devoir faire pour inciter le peuple à faire confiance à l'Église Blanche et idéalement à s'engager auprès d'elle afin qu'ils puissent ensemble maintenir l'ordre. Éviter qu'une guerre éclate de nouveau comme à une certaine époque, vendre du rêve de vivre en harmonie. Dit comme ça, ça ressemble à de la propagande... Mais n'en serait-ce pas une dans le fond ? Pas mal de personne sont emprisonné pour trop peu et lui-même abuse de son titre pour pouvoir se nourrir, torturant ainsi les prisonniers les plus virulents en mangeant quelques membres tout en les maintenant en vie. Une pratique bien plus horrible et barbare qu'il n'a jamais faite. Mais il fallait bien qu'il se nourrisse bon sang ! Se contenter de sang, c'est comme demander à un humain de se nourrir qu'avec de l'eau ou une soupe sans croûtons ! Ce n'est pas vivable ! Et puis bon... Tant qu'il ne se fait pas prendre... Et il ne se fera pas prendre, il ne voit clairement pas où est le problème.

Alors qu'il était plongé dans ses pensées devant une feuille entamée pour ces mêmes discours, le grincement de la porte lui fait lever sa tête. Aussitôt qu'il voit qui lui pousser sa porte, ses sourcils se haussent exagérément, un inquisiteur ? Il n'avait pourtant pas l'habitude de recevoir des visites de leur part... En fait, il n'a pas l'habitude de recevoir des visites tout court. Sans tarder pour autant, il lui répond d'office.

« Lui-même, que me vaut le plaisir de recevoir la visite d'un inquisiteur ? »

Il allait droit au but, ne perdait pas de temps beaucoup trop intrigué et curieux sur ce qui va venir. Bien entendue il se rend que trop tard que ça pouvait refroidir, il ajoute alors en ricanant posant sa tête sur une main adossée à son bureau.

« Non pas que ça me déplaise bien entendue ! Mais ce n'est pas tout le monde qui décide de venir me voir à l'improviste sans raison. Et je serai donc ravie de vous aider de ce pas mon cher. »

Il était là pour ça, aider les membres de l’Église Blanche lui donne une bonne image et qui sait... D'avoir plus de chance de devenir Pontife un jour pour enfin rencontrer Shën. Oui, il se répète toujours son objectif finale dans sa tête. C'est plus fort de lui, c'est son côté... Têtue ? Persistant ? Il n'y réfléchit pas vraiment, la seule chose qui compte, c'est qu'il finisse par obtenir ce qu'il souhaite. 

Les on dit et les rumeurs... Stanislas en a l'habitude, ça ne la jamais déranger, car il sait que plus, on parlera de lui mieux se sera. Après tout, il ne survit que par la simple croyance en son existence. Donc peu importe si pour les membres de l'Église Blanche, il est digne de confiance ou non, l’essentiel est que l'on parle tout simplement de lui. Cependant, il ne préfère pas compter que sur ce simple fait, et pour cette raison, il tente encore et toujours de gagner un maximum la confiance du Pontife afin qu'il puisse enfin avoir l'opportunité de rencontrer Shën. Quitte à prendre la place de son supérieur. Il n'avait en tête que ses plans et préoccupations sur sa propre personne. Il agit comme si le monde à l'extérieur d'Azuola n’existe plus et ne l'atteindra plus. Son sourire figé et surnaturel reste pour le moment d'une taille raisonnable et ses doigts osseux maintiennent toujours le stylo qui lui permettait de préparer le prochain discours demandé par le Pontife.

Il recommençait à écrire après avoir adressé la parole à l'inquisiteur, cependant, il s'arrête net lorsqu'il déclare qu'ils sont une connaissance commune. Bien entendue, pour qu'il le précise, c'est qu'il s'agit d'une personne dont ce n'est pas une évidence. Du style, le Pontife, ou alors d'autre collègue de travail dans l’Église Blanche. Il fronce alors les sourcils en levant sa tête du papier qu'il avait en face de lui. Il penche sa tête sur le côté et fixe son interlocuteur sans pour autant essayé de pénétrer dans ses souvenirs. À quoi bon ? Il est venu lui en parler après tout. En revanche, il se demande très sincèrement de qui pouvait bien parler le jeune homme. Qui est cette connaissance commune ? Difficile, pour lui de le deviner, étant le croque-mitaine, il a rencontré pas mal de monde à l'extérieur et ce petit est né à Azuola. Si ses souvenirs sont bons. Cet Inquisiteur chouchouté et aimé par beaucoup de monde. Le moins radical et le plus juste selon les rumeurs. Le genre d'Inquisiteur à mettre le plus en avant possible, pour la bonne image de l'Eglise contrairement à son paternelle, qu'il se serait fait un plaisir de bouffer si les morts ici ne se transformerai pas en gardienne.

Doucement, il pose son stylo et joint ses mains entre elles et y pose son menton presque impatient donc de savoir qui est cette connaissance commune. Qui pouvait donc connaître Oswald fils et le croque-mitaine ?

La réponse ne tarde pas et il se fige un moment regardant soudainement le vide lorsque le nom de Helga Adwing retentie dans la pièce. La détective ? Ici ? Mais qu'est-ce qu'elle fiche ici ? Pourquoi ? Comment ? Rien qu'elle en plus... Avec son fort caractère. C'était l'humain qui l'a amusé le plus oui certes, mais il l'a tout de même abandonné sans prévenir pour venir ici. Sa présence était pourtant primordiale pour une enquête, et son départ pouvait la mettre en danger. Donc elle a survécu, dans le fond ça ne l'étonne pas du tout. Mais savoir qu'elle est maintenant elle aussi coincée ici... Ce n'est pas bon, ni pour elle, ni pour lui. D'un air pensif, un mot anodin lui échappe.

« La détective... »

Il lève enfin son regard sur l'inquisiteur.

« Une humaine que j'ai rencontrée lorsque je vivais à l'extérieur, en effet. Mais je doute qu'elle soit heureuse de me revoir. Je l'ai littéralement abandonné sans prévenir alors qu'elle avait besoin de moi. »

Mais sa survie en dépendait et la prévenir ne lui a absolument pas traversé l'esprit. De plus ... Qui pourrait s'attacher à un homme qui est le croque-mitaine ? Ça n'a aucun sens, il est fait pour être craint, pas aimé. Et elle a déjà vu sa réelle apparence une fois par accident. Elle n'avait donc aucune raison d'être ravi de le revoir.

« Un fort caractère, elle ne se laisse jamais faire et s'est une grande entêtée. Un intéressant personnage... »

Il soupire et se lève penchant la tête sur le côté et cale ses mains dans les poches de son costume s'appuyant sur la jambe qui le fait moins souffrir, comme toujours.

« Et donc... Qu'attendez-vous de moi par cette connaissance commune monsieur Oswald ? Des informations ? Une aide ? »

Il reste derrière le bureau, mais ne quitte pas des yeux Cyriacus essayant de deviner sans ses pouvoirs ce qu'il avait derrière la tête. 

Stanislas a entendu parler de cet inquisiteur-là en particulier, le jeune Oswald, il lui semble... Très impliqué, dévoué, souvent trop occupé dans son travail. Le porte-parole juge alors que le rencontrer doit être d'une grande importance. Il le regarde de haut en bas et hausse un sourcil lorsqu'il remarque enfin les mains bandées de l'inquisiteur. Même quand il est blessé, il vient travailler au château... Malgré sa longue vie, le croque-mitaine n'en a pas vu beaucoup de personnes comme ce jeune homme. Un vrai bon gentil garçon, enfin homme si on se référence à l'âge adulte des humains... On peut dire que la détective est tombé sur une bonne étoile. Ce jeune homme a l'air d'être ce genre de personne à tout donner pour les personnes auxquelles ils s'attachent, ce genre d’individu qui fait passer le bien-être de leur entourage avant leur propre bien être. Malheureusement, ce type de personne au final finit acculé par tout le poids qu'ils portent sur leurs épaules. Ils ne finissent pas heureux, et se font écraser par d'autres personnes qui eux n'hésiteront pas à abuser de son dévouement. Des personnes auxquelles il aurait pris beaucoup de plaisir à manger s'il est en meilleur état.

Tout comme son interlocuteur l'a déjà fait, malgré son silence à la nouvelle de la présence de la détective. Stan le laisse prendre son temps pour prendre la parole. Son court diagnostique lui fait dire que l'inquisiteur aurait un service à lui demander. Il n'a laissé paraître à aucun moment qu'il avait besoin d'aider, ni de son état actuel. C'est donc pour cela qu'il conclue qu'il a soit besoin de lui, soit... Mh... Oui, non, il espère que ce n'est pas la seconde option. Sinon ça voudrait dire que son poste à l'Église Blanche est compromis à jamais. Il sera alors forcé de rejoindre l'Ordre St Emeline pour survivre et avoir ce qu'il souhaite par la force. Et ce n'était absolument pas la meilleure option et pas la plus facile non plus ! Non, il ne fallait absolument pas que ce soit la seconde option ! Il a tout fait pour ne pas se faire prendre. Malgré ses craintes et ses pensées, le croque-mitaine ne laisse rien paraître.

Et il a bien fait, car c'était, Shën merci, la première option qui a fait venir l'inquisiteur à son bureau. Il avait en quelque sorte besoin de lui. Cependant, une nouvelle surprend et interloque Stanislas dans les dires du jeune homme. Pourrait lui faire du bien... La détective irait mal ? Il ne l'a jamais vu triste ou mal lorsqu'ils travaillaient ensemble. Et aussi étrange que ça puisse paraître, il éprouve une certaine difficulté à se l'imaginer... Triste. Pour lui, elle a toujours été froide ou en colère. Mais pas triste. Il reprend en tête tout ce qu'a dit l'inquisiteur histoire de réagir et de répondre dans l'ordre pour éviter toute confusion. À commencer par la bienveillance de le prévenir afin qu'il ne soit pas surpris de la voir dans les alentours.

« Je vous remercie pour cette délicate attention monsieur Oswald. Et je suis bien heureux de savoir qu'elle est chez vous entre de bonnes mains. »

La détective reste une personne intéressante après tout, il l'aimait bien, et bien qu'il ne s'en était pas préoccupé jusqu'à présent, il est satisfait de savoir qu'elle a pu se débrouiller sans lui dans l'infiltration dans laquelle il était censé l'aider.

« Nous avons collaboré pour plusieurs enquêtes... Et elle a été la seule humaine à réussir à me surprendre sous ma vraie forme malgré mes précautions. »

Il lâche un bref rire et repense à toutes ces enquêtes qu'ils ont menées ensemble, toutes ses précautions et challenge qu'il relevait. Ça pimentait un peu sa vie, ça l'aidait parfois à oublier sa condition de survie. Jusqu'à ce qu'un nouvel affaiblissement lui saute à la gorge quelques jours après avoir vu Shën dans les rêves d'une créature et l'incite à vite agir en allant à Azuola.

« Je peux cependant vous rassurer sur une chose, mon départ, pour venir ici n'avait aucun lien avec ma collaboration avec elle sur une enquête. C'était pour une raison totalement personnelle. »

Menteur... Et il ne comptait vraiment pas en dire plus à ce sujet un jour. Car en dire plus reviendrai à lui dévoiler tous ses plans sur Azuola et il doute fortement que ça soit une bonne idée.

« Et ce même départ... A très certainement mis mademoiselle Adwing dans une situation fortement délicate. Je suis rassuré qu'elle s'en soit sortie, mais aussi attristé à l'idée qu'elle ait besoin de réconfort. Je suis intimement persuadé qu'elle m'en veut, de manière légitime. De plus me voir et se savoir bloqué avec moi sur Azuola ne lui sera sans doute pas d'une réelle consolation. »

Puis une idée, une supposition dont il a du mal à croire lui vient à l'esprit. Et si elle le cherchait ? Et si elle était inquiète de sa disparition ? Non... Non impossible il est le croque-mitaine et elle le sait. Il y a donc aucune raison qu'elle l’apprécie et encore plus qu'elle s'inquiète. Mais alors pourquoi est-ce que l'inquisiteur pense que le voir ferait possiblement du bien à la détective ? Il se penche posant ses avant bras sur son bureau et lui fait enfin signe d'entrer d'un mouvement de tête. Indice comme quoi la conversation peu durer un peu plus de temps que prévue.

« A moins qu'elle vous a fait part d'une chose qui vous fait penser le contraire ? Après tout, notre détective est une personne qui se veut parfois imprévisible. Il est donc possible que je me trompe. »

Même s'il en doute fortement. On ne peut pas s'attacher au croque-mitaine, c'est complètement impossible. Quand on l'ignore peut-être bien, mais pas quand on en a conscience comme elle.