Histoire
Le 13e siècle en Europe de l’Est était marqué par la violence d’un seul homme. Un homme sanguinaire, connu pour avoir repoussé à lui seul la menace d’une invasion ottomane sur le continent. Son nom était Vlad Basarab dit l’Empaleur, prince de Vallachie. L'histoire en garde une trace qui aurait amené avec lui le mythe de Dracula mais pourtant la réalité en est bien proche. Vlad III descendait bel et bien d’une lignée de vampires nobles en Roumanie mais également connu pour leur maîtrise des arts de la guerre et leur goût du combat.
Le nom de naissance de Leo est Dragomir Basarab Țepeș. Si l’histoire n’a pas retenu son nom c’est bien parce qu’il n’est pas né d’une union officielle et que son existence a été étouffée. Il n’a jamais eu l’occasion de connaître sa mère, morte en couche. Du peu qu’il en avait appris en grandissant, elle n’était qu’une maîtresse de son père qui peu après son aventure avec elle avait épousé celle qui deviendrait sa reine. L’enfant dhampire était devenu un dommage collatéral mais que le prince Vlad accepta étonnamment. Sa femme l’éleva comme s’il était son propre fils. Rien ne préparait l’enfant à ce qui allait suivre dès qu’il fut en âge de comprendre ce qu’il était et qu’il put commencer à manier les armes.
Son père, jusque-là assez paternel envers lui, commença à changer. Il devenait plus exigeant, porté à le corriger de plus en plus violemment et toujours le pousser à sa limite. Plus Leo grandissait, plus il comprenait ce qui se passait;il n’était qu’un outil destiné à la guerre qui se profilait en Vallachie pour contrer l’empire ottoman. Son père tenait à son territoire plus que tout et refusait de le céder aux mains d’un peuple étranger, borné et fier comme il était. La naissance inopinée d’un fils illégitime demi-vampire lui permettait d’ajouter un atout à son armée qui valait la force de mille hommes si entraîné correctement.
Et c’est ce qu’il advint. Sans se poser trop de questions et malgré la violence du choc dû au changement de comportement de son père envers lui, le dhampire se plia à son entraînement intensif aux arts de la guerre. Il était bon élève et apprenait vite. Sur le champ de bataille, lorsqu’il fut en âge et prêt à le rejoindre, il s’avéra être féroce et aussi violent que son père. Il terrorisait leurs ennemis et participait même à effectuer le supplice du pal sur les prisonniers de guerre, comme l’imposait le prince. A cette époque, la Vallachie était un immense champ de bataille décoré des cadavres de suppliciés servant à détruire le moral de l’ennemi.
Les années de carnage et de violence se succédaient. Plus le temps passait, plus la personnalité de Dragomir Basarab se mêlait à celle de son père au point où on attribuait les agissements cruels de l’un ou de l’autre à la mauvaise personne. Sa vision n’était qu’un voile carmin, son ouïe, les cris de terreur et de douleur. Puis quand tout s’arrêta, quand l’empire ottoman battit en retraite en abandonnant ses projets d’invasion, le dhampire se retrouva sans aucun but précis, comme si on venait de lui retirer une part de lui. Son sang criait toujours de combattre et massacrer, mais il n’y avait plus d’ennemis à affronter pour le moment.
Le prince Vlad, voyant là une opportunité de toujours l'exploiter, l’envoya éliminer des clans rivaux, des vampires et même des humains gênants pour lui. Dragomir ne pouvant pas aspirer à une vie calme faisait comme on lui ordonnait, jusqu’au jour où il réussit enfin à ouvrir les yeux. Jusqu’à présent il n’avait combattu que des hommes adultes armés jusqu’aux dents. D’un coup, il se retrouvait à devoir tuer des familles, des enfants incapables de se défendre. Un jour il ne fut pas capable de porter le coup fatal en lisant la peur dans leurs yeux, une peur bien différente de celle qu’il avait pu voir auparavant. Il jeta les armes et prit la fuite à travers la Vallachie, sous le coup de la honte et d’une horreur profonde envers lui-même. Défendre ses terres était une chose, massacrer des innocents pour qu’une figure paternelle qui ne l’a jamais aimé garde le pouvoir en était une autre. Il savait que sa vie serait menacée s’il revenait auprès du prince en annonçant qu’il avait désobéi, lui le demi-vampire. La fuite, disparaître et changer d’identité lui semblait une bien meilleure option, en espérant qu’on le croit mort.
Il suivit pendant longtemps des caravanes marchandes et des gitans à travers l’Europe. En échange il les protégeait des créatures hostiles qui pouvaient tenter de les attaquer. Il prit également son nouveau nom, Leo, mais garda son nom de famille. De toute manière sa réputation parmi les nomades était celle de Leo le Veilleur et personne ne demandait d’où il venait. Lorsque ça arrivait il restait très évasif sur le sujet.
Ce calme relatif dura une trentaine d’années pour le dhampire. Pendant cette période et lorsqu’il ne veillait pas sur les nomades qu’il accompagnait, il avait appris la botanique par curiosité. Plantes médicinales, poisons ou juste décoratives, être en présence de la nature le remplissait de paix entre deux combats. Mais Leo commençait à rêver de voir autre chose que cette Europe qu’il avait parcouru sous tous les angles. Il décida de rejoindre un équipage espagnol en direction des Amériques, des terres nouvelles qui ne demandaient qu’à être découvertes. Mais le bateau n'arrive pas à destination. Une tempête soudaine, un naufrage et les voilà tous arrivés dans un monde nouveau, inconnu.
Azuola est un nouveau départ pour Leo. Il en avait entendu parler mais avait refusé d’entendre l’appel plusieurs fois, désireux de continuer à aider les humains. Ca fait quelques années désormais qu’il est installé ici en tant que botaniste et en demeurant secret sur son identité. Les conflits internes et les discriminations de l’île le bouleversent, mais il n’arrive pas à se trouver un camp, tiraillé par les deux mondes dont il vient: celui des créatures surnaturelles et celui des humains.