L'homme masqué et la mer [PV Adepte de l'Étoile Rouge] [FINI]

Dimma
Dökkhönd

Adepte de
l'Étoile Rouge

L'homme masqué
et la mer

Dimma se laissa entraîner sous les flots enragés de l’océan Atlantique bien malgré lui. Placardé à cette planche du pont par la lame qui lui traversait l’épaule, il partageait la sensation désagréable que devait éprouver un papillon qu’on épinglait pour l’exposer dans un cadre.

Cloué sur son débris rongé à demi par les flammes, Dimma coulait doucement et inexorablement vers les entrailles sombres de l’océan, comme un vulgaire aliment qui s’enfonçait dans un œsophage spongieux et humide. Emporté par les courants conflictuels et les remugles causés par la tempête, il ne sut bientôt plus où se situait le haut ou le bas.

Bizarrement, Dimma fut abasourdi par le silence. Alors qu’il s’étouffait, que l’eau prenait sa gorge d’assaut et investissait ses poumons, il réalisa qu’en dépit de la douleur absurde, de l’imminence de sa mort, il était presque… en paix. La noirceur absolue de l’océan avait quelque chose de calme et de tranquille, de paisible, de… serein.

Déjà il ne sentait plus rien.

Déjà son esprit le quittait. Son histoire s’achevait, on avait mis un point final à son récit à son insu, et il n’assistait à sa propre fin qu’en tant que spectateur incapable d’applaudir ou de huer.

C’était très curieux, comme sensation, que de mourir. C’était très… long… et lent. Atrocement long et atrocement lent. En dépit de sa personnalité plutôt posée et réfléchie, Dimma était avant tout un homme d’action. Il ne supportait pas de rien pouvoir faire. Pourtant il devait l’accepter. Il n’y avait plus rien à faire.

Sa mission avait touché à son terme en même temps que son existence. Pourquoi insister ? Pourquoi ne pas accepter l’inéluctable ? Plus rien d’autre ne l’attendait que le néant.

Le néant.

Le néant…

La douceur du vide…

Cela lui permettait de réfléchir. Il lui restait, quoi ? Cinq, peut-être six secondes de vie ? Autant les mettre à profit judicieusement.

Sa mission n’avait pas tant touché à son terme que ce qu’elle avait avorté. Avorté. Échoué, plutôt. C’était plus approprié. Cette réalisation causa une décharge électrique dans son cerveau. Soudain ce fut comme si tous ses neurones se remirent en marche. Les rouages de son intelligence recommencèrent subitement à tourner. Échoué. Il ne pouvait pas échouer. L’échec n’était envisageable, ni pour l’Étoile Rouge, ni pour lui.

Dimma n’allait pas laisser sa propre mort se mettre en travers de sa cause. Il secoua la tête et observa ses alentours d’un coup d’œil rapide. L’absence d’oxygène lui jouait peut-être des tours, mais il avait l’impression que l’eau avait changé de couleur, et qu’il n’était en fin de compte pas si loin de la surface.

Il avisa l’épieu qui le maintenait cloué au débris de bois. Il influa sur son propre système nerveux pour réduire au silence les capteurs électriques de douleur puis, libre de ses mouvements, il s’empara du harpon à deux mains, et fit appel à ses pouvoirs sur le métal pour le projeter loin de lui. La barre de métal fendit l’eau pour disparaître hors de sa vue. Enfin, il commença à battre des bras et des jambes pour se dépêcher de remonter à la surface.

L’Étoile Rouge ne s’éteindrait ni ici ni maintenant.

Faisant fi de la douleur grâce à ses signaux électriques bloqués, il nota tout de même la brume poudreuse rouge qui s’évaporait de sa plaie. S’il ne mourait pas d’asphyxie, il mourrait d’hémorragie, ce qui en soi n’était pas la fin la plus glorieuse à laquelle il lui avait été donné de songer. Il sentit des vibrations dans l’eau autour de lui.

Un bateau passait non loin. C’était sa chance. Sa seule et unique chance. Il tendit les mains devant lui, exerça une traction sur le navire. Son pouvoir le propulsa telle une torpille. À une telle vitesse, il allait le percuter de plein fouet, ce qui, à la réflexion, était peut-être une fin encore moins glorieuse que l’asphyxie ou l’hémorragie… Il compta simplement sur ses capteurs endormis pour encaisser le choc sans trop souffrir.

Et en effet…

Il percuta la carène du bateau de plein fouet. De papillon épinglé sur du liège, il passa à l’abominable sensation du moucheron écrasé sur un pare-brise lancé à toute allure. Au bout du compte, ce fut plus humiliant que… mortel. Si l’on disait que le ridicule ne tuait pas, Dimma venait de le démontrer de la manière la plus littérale possible.

Toutefois, il n’avait pas prévu le contrecoup. Parce qu’il avait heurté un navire en plein mouvement, il ne parvint pas à s’accrocher, et rebondit sur la coque. Par chance, malchance, ou comble de l’absolue dégradation, Dimma se prit néanmoins un pied dans un chalut, et fut entraîné à la suite du navire, balloté comme une vulgaire casserole à ficelée à la queue d’un chien de rue torturé par de cruels adolescents.

Dimma parvint à se lancer avec suffisamment d’élan pour agripper les mailles du filet, et par miracle à le remonter sans s’empêtrer davantage. Maille après maille, nœud après nœud, il l’escalada et, enfin, enfin… il put émerger.

Son visage masqué jaillit hors de l’eau et il inspira une grande bouffée d’air… pour se faire attaquer une crevette projetée par un éclat d’écume.

À ce stade, très sérieusement… il aurait préféré être mort au fond de l’Atlantique.

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❝ La fin de la magie est la solution. ❞

L'homme masqué et la merElodie, qui préfère amplement qu'on l'appelle Renard, est appuyé contre le bord du navire. Reika avait ordonné à ses enfants et adepte d'intégrer le navire qui repêche les arrivant en cas qu'un les leur décide de les rejoindre. Et aujourd'hui, c'était à son tour de s’atteler à la tâche. Ça l'embête copieusement, la surveillance, c'est simple comme bonjour oui certes. Mais elle est mécanicienne et médecin ! Et elle ne veut pas qu'en son absence, on fasse les choses à sa place. C'est tout bonnement insupportable. En plus parfois, on se permet d'utiliser SON laboratoire et SON établie pour faire les choses, et lorsqu'elle s'en rend compte par la disposition de ses outils qui sont différent... Ça lui donne envie de tuer quelqu'un, voir à le torturer, idéalement le responsable. Tant d'outils... Tant de possibilités de faire souffrir. De tenter plusieurs choses... Peu légal, mais si intéressant.

C'est dans ces mêmes pensées sadiques qu'elle a régulièrement lorsqu'on l'éloigne de son poste, qu'elle entend soudainement, un bruit sourd contre la coque. Renard fronce les sourcils et penche la tête en avant, rien, c'est étrange, elle était pourtant persuadée d'avoir entendu un bruit, et ça ne peut pas sortir de nul part ! Elle cherche du regard la source de ce trouble, jusqu'à ce qu'elle entend au loin.

« Un homme à la mer ! Il est accroché au filet ! Et euh... Attends, mais pourquoi il a ce masque ? »

Son sang se glace d'un coup... Masqué ? C'est ce détail qui l'a fait tilté, majoritairement les membres de l'étoile rouge sont masqué. Elle se précipite alors vers l'arrière pour tirer le filet, d'autre membre du navire l'assiste ce voyant mal de laisser le pauvre homme dans cette situation, masqué ou pas. Si elle avait su... Si elle pouvait prévoir ce qui l'attendait au bout de ce fichu filet... Elle aurait prétexté que ce n'était qu'un mannequin afin qu'il coule comme un idiot. Son d’égout, était-elle qu'elle ne l'aide même pas à monter définitivement sur le navire. Elle recule de quelques pas et le dévisage derrière ses lunettes d'aviateur, grimaçant. Bordel, mais il est censé être mort lui ! Et qu'est-ce qu'il fiche ici ? Reika ne sera pas content du tout, son frère d'armes aurait donc échoué, il est vraiment in-tuable, un vrai cafard. La seule chose qui la retient de le repousser par-dessus bord sont les témoins autour de lui qui tente déjà de l'aider, comme bon samaritain qu'ils sont. Très vite, alors qu'ils enlèvent sont masque pour le diagnostiquer de haut en bas, ils constatent le sang au niveau du bras gauche de son ancien collègue.

« Il est blessé ! Il faut un médecin ! »

Elle lève les yeux au ciel soupirant, c'était elle le médecin volontaire du navire. Elle s'approche d'un pas décidé de la petite troupe et désigne de la tête le cabinet auquel elle est censée y travailler. Là-dedans au moins ils seront seul... Et un accident est si vite arrivé... Après tout, il reste mal en point le petit cafard... On le dépose alors innocemment sur le lit d'infirmerie, Renard enfile ses gants et fait signe qu'on peut la laisser. Une fois enfin seul, lui et elle, elle attrape son scalpel et la pose sur son coup d'un air menaçant. C'était sa chance il est tellement mal en point qu'il a laissé l'équipage lui enlever le masque ! Elle siffle d'un air menaçant, dans un murmure qui permet seulement à Dimma de l'entendre.

« Donne-moi une seule bonne raison de ne pas t'achever la maintenant de suite petit cafard... »

Elle le foudroie du regard bien décidé d'en finir d'une autre manière que l'égorgement afin de passer tout ça pour un accident, un pauvre médecin qui n'a rien pu faire pour le pauvre malheureux.

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Dimma
Dökkhönd

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L'homme masqué
et la mer

Dimma atteignit un certain point de rupture mentale quand il sentit le filet se resserrer autour de ses membres, et qu’on le hissait à bord du navire. L’épuisement et la lassitude prélevaient enfin leur tribut, et il permit à ses capteurs de reprendre leur transmission d’information. La douleur le submergea subitement. C’était comme se faire foudroyer par le ciel.

Le monde autour de lui devint si flou et si lointain qu’il ne sut bientôt plus ni où il se trouvait ni quand il se trouvait ni rien. L’univers n’était plus qu’un champ de ouate effilée qui s’empêtrait autour de ses bras, de ses jambes, de sa gorge comme autant de tentacules filandreux.

— Il est blessé ! Il faut un médecin !

Les tympans de Dimma faillirent exploser. Celui qui avait hurlé cela devait immédiatement être exécuté. Sans délai. Qui avait l’idée saugrenue de beugler de la sorte en pleine mer ?

S’il était en pleine mer.

Dimma n’était plus sûr de rien, à ce moment. Peut-être qu’il était mort, peut-être pas, peut-être un peu.

Il fut presque sûr, en revanche, qu’on lui avait enlevé son masque. Les embruns fouettaient son visage nu, et ce picotement sur ses joues était si rare que cela l’interpellait systématiquement quand il se produisait.

La masse de ouate effilée se resserra sur son corps et le souleva. Le ciel embrumé défila sous ses yeux, et l’envie de vomir se fit pressante. La masse tentaculaire perdit de sa douceur.

Dimma battit des paupières. Une peur panique commença à l’investir. Il… il était incapable de bouger. Son cerveau s’activait, mais aucun muscle n’acceptait de lui obéir, n’était-ce que frémir, que frétiller, que… Avait-il abusé de son pouvoir ? Oh non. Avait-il trop forcé sans s’en rendre compte ? Son esprit était-il dorénavant bloqué dans son corps inerte ? C’était encore pire que la mort… Une intelligence emprisonnée, incapable de communiquer, de s’exprimer, d’agir.

Une forme sombre familière se plaça au-dessus de son visage. Dimma tressaillit.

La silhouette le fixait de ses yeux absolument noirs. Elle plaça le tranchant de ses gigantesques ailes sous son menton et gronda :

— Donne-moi une seule bonne raison de ne pas t’achever là maintenant de suite, petit cafard…

Lui…

C’était lui…

Il l’avait retrouvé.

Le sang de Dimma ne fit qu’un tour. La terreur outrepassa le blocage de son cerveau, et un spasme de survie lui fit repousser la forme en arrière de toutes ses forces et bondir… hors d’une couchette. Dimma s’étala sur le sol du bateau de tout son long. Lourd. Trempé. L’adrénaline le poussa à ramper à quatre pattes, glissant pathétiquement dans l’eau de ses vêtements, et à s’adosser contre le mur le plus proche.

Sa poitrine se soulevait selon le rythme irrégulier de sa respiration haletante, tandis que sa vision s’ajustait. Le monde devint moins flou et moins lointain. La silhouette aux yeux noirs et aux larges ailes tranchantes ne devint rien d’autre que…

— É… Élodie… ? bégaya Dimma.

Il s’éclaircit la gorge.

— Élodie ? répéta-t-il sur un ton plus assuré.

Il ramassa ses jambes contre lui et, de son bras valide, réussit à assembler suffisamment de forces pour se relever. Par instinct, il vint compresser son membre estropié.

C’était bien Élodie.

Il regarda tout autour de lui. Il se trouvait dans une cabine d’infirmerie, et il percevait le balancement des vagues sous ses pieds.

— Je suis mort, c’est bien cela ? Je suis mort, et tu es ma punition infernale. Ou bien…

La pupille de ses yeux bleus s’acéra subtilement quand il les posa de nouveau sur Élodie.

— Ou bien tu es morte et je suis ta punition infernale.

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❝ La fin de la magie est la solution. ❞

L'homme masqué et la merAlors ça... Elle ne l'a pas du tout vu venir. Il était mal en point elle avait largement le dessus, mais elle comprend très vite en vue de sa réaction qu'il était en train de délirer total. Elle a clairement vu dans ses yeux de la terreur semblable à la folie. Renard connaît cet homme, ils étaient tout deux collègues autrefois et elle sait pertinemment que ce n'est pas elle qui lui donne cette soudaine sensation de terreur absolue. Si, absolue qu'il réussit à en trouver la force malgré son état. La jeune femme n'est pas une combattante, son truc à elle s'est la médecine, la mécanique et les expérimentations. Elle est humaine et lui est un fils de Reika, elle n'avait aucune chance. Surtout, s'il arrive à la propulser de cette manière malgré son état. Elle avait gardé son masque sur elle en cas, mais celui-ci tombe au sol sous le choc. Cependant son état physique reprend vite le dessus le m'étant à quatre pattes, la respiration totalement irrégulière. C'est un peu comme s'il lui suffisait de le laisser là comme ça pour qu'il s'éteigne à petit feu. Mais il a du sans doute se prendre un énorme coup sur la tête car...

Ce crétin prononce son prénom.

Ce prénom qu'elle déteste tant.

Il sait quel est sa réaction en général quand on l'appelle Elodie plutôt que Renard.

Cependant, elle était encore un peu trop sonnée pour riposter de suite. Sa tête, à cogner contre le mur et elle se contente pour le moment de pester ce qui laisse le temps à Dimma de continuer à délirer et surtout à dire celons elle des âneries. Une fois remise, le sang bouillonnant de rage alors qu'il venait à peine de se lever, elle lui donne un premier coup-de-poing au visage.

« Ça, c'est pour m'avoir appelé Elodie une fois. »

Elle lui offre un second coup-de-poing sur l'autre côté du visage.

« Et lui, c'est pour avoir eu l'audace de m'appeler une seconde fois ainsi... »

Elle termine ensuite sa punition en le plaçant contre le mur en appuyant bien fermement sur sa plaie de sorte à lui faire le plus mal possible.

« Et enfin ça, c'est pour ce prouvé que pour l'instant t'es encore miraculeusement en vie. Mais que si jamais un jour tu es mort, ce sera moi ta punition infernale et PAS l'inverse ! »

Elle le pousse pour qu'il tombe au sol et se met à califourchon sur lui continuant à maintenir sa main sur la plaie en cas de récidive coup d’adrénaline in-controler.

« Il est bien changer le Dimma beau parleur, on ne peut pas dire que tu es sur la bonne voie pour que je te laisse la vie sauve. Au contraire, tu m'encourages même à t'achever là de suite ! »

Elle ne pouvait cependant pas se le permettre. Ils ne sont pas encore sur la terre ferme, mais ils sont à Azuola, s'il meurt, il deviendra une gardienne. Et elle ne veut pas savoir ce que cette même gardienne pourrait lui faire si elle se retrouve enfermée ici avec elle. Soit elle pourrait peut-être lui faire du mal, soit elle va détruire le lieu pour sortir ce qui fera parler d'elle et ça Reika ne l'acceptera pas. Il a été formel là-dessus : le groupe doit rester secret et dans l'ombre. Et Renard craint plus Reika malgré l'admiration qu'elle a pour lui et sa cause malgré qu'il ne soit pas humain. Mais tout ça cette histoire de gardienne, son interlocuteur ne le sais pas encore... Elle va jouer de ça pour le soumettre le plus possible et qui sait... Le tuer dans une ruelle au grand air quand ils seront sur la terre ferme.

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Dimma
Dökkhönd

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L'homme masqué
et la mer

Le Dimma Dökkhönd de cinq minutes plus tard sut avec le recul que le Dimma Dökkhönd de cinq minutes plus tôt avait commis une titanesque erreur en appelant Élodie par son prénom. Toutefois le Dimma Dökkhönd de cinq minutes plus tôt était encore trop abasourdi par la douleur et sa noyade pour le réaliser pleinement.

Il encaissa ainsi le coup de poing d’Élodie en plein dans la joue sans le voir venir.

— Ça, c’est pour m’avoir appelée Élodie une fois.

Sa tête tourna à quatre-vingt-dix degrés sous l’impact. Il cligna des yeux comme pour bien s’assurer qu’il n’avait pas halluciné, et se massa la joue.

Elle le cogna une seconde fois, et son visage partit dans la direction exactement opposée. Comme s’il n’avait pas déjà suffisamment mal à la nuque !

— Et lui, c’est pour avoir eu l’audace de m’appeler une seconde fois ainsi…

Combien, ô combien regrettait-il qu’on lui ait ôté son masque. Élodie le plaqua contre le mur et pressa follement sur sa plaie à l’épaule. Dimma serra les dents, des larmes de souffrance surgirent immédiatement aux coins de ses yeux.

— Et enfin ça, c’est pour te prouver que pour l’instant, t’es encore miraculeusement en vie. Mais que si jamais un jour tu es mort, ce sera moi ta punition infernale et PAS l’inverse !

Elle le fit tomber par terre, et il glissa mollement sur le mur. Elle s’assit alors à califourchon sur lui, sans cesser d’écraser sa blessure. Dimma ne pouvait rien articuler d’autre que des grognements sourds et grinçants entre ses mâchoires crispées au point de s’en briser les dents.

— Il a bien changé le Dimma beau parleur, on ne peut pas dire que tu es sur la bonne voie pour que je te laisse la vie sauve. Au contraire, tu m’encourages même à t’achever là de suite !

Dimma se savait plus fort qu’Élodie. Elle n’était après tout qu’une humaine classique dans un corps d’humain classique. Fragile. Facile à déchirer. Une feuille de papier d’un grammage ridiculement fin. Pourtant elle conservait l’avantage sur lui. Dans cette position de force, elle était en mesure de tout faire, surtout dans l’état dans lequel il se trouvait actuellement.

Il devait se concentrer. Réfléchir. Penser. Trouver un moyen de… de…

Dimma éclata soudain de rire. Un rire franc et sincère ce qui, à bien y réfléchir, ne lui était pas arrivé depuis… depuis… lui était-ce jamais arrivé un jour, en vérité ? Il s’étouffa néanmoins quelque peu sur la fin, car la douleur se rappelait à lui de la plus désagréable des manières, et pour s’aérer il défit donc une partie de son uniforme, exposant le haut de son torse.

— En réalité je n’ai jamais compris pourquoi on t’appelait Renard. Tu n’es pas rousse, pas rusée… Tu ressembles davantage à un ours. Tu… tu permets… ?

Il souleva le bassin pour se redresser et s’asseoir complètement dos au mur, sans pour autant chercher à déloger Élodie de son perchoir. C’était une meilleure manière de lui faire comprendre qu’elle était insignifiante à ses yeux. Et cela le mettait dans une posture plus avantageuse pour reprendre le contrôle de la situation.

— Tu me demandes beaucoup de justifier pourquoi ne pas me tuer, Ours. Tu as très envie d’en finir… mais quelque chose t’en empêche. Sinon tu l’aurais fait avant que je reprenne pleinement conscience. Une haine pareille se moque bien qu’on la surprenne en plein acte. Donc il y a autre chose…

Il toussa sans se couvrir la bouche, expectorant quelques gouttes saliveuses de sang sur le visage d’Élodie.

— Testons ma théorie, veux-tu ?

Il apposa sa main encore valide sur son cœur, et il envoya une décharge à ses nerfs pour l’obliger à cesser de battre immédiatement. La douleur fut intense mais brève. Son corps se souleva dans un soubresaut et retomba avec lourdeur, inerte.

Son esprit était encore intact, même s’il savait que la perte de connaissance allait arriver sous peu, à cause de la rupture d’oxygène qui ne le sang ne transmettrait plus. C’était une affaire de secondes, au mieux de minutes.

Si Élodie craignait à ce point de le voir décéder sur-le-champ, elle ferait de son mieux pour le secourir.

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❝ La fin de la magie est la solution. ❞

L'homme masqué et la merCe Dimma ne lui a clairement pas manqué. Non, elle n'a jamais pu supporter ce type, plus que les autres enfants de Reika, qui intérieurement et secrètement, la répugne par le fait qu'ils soient transformés en monstre. En tout cas, c'est certain, il n'est clairement pas comme d'habitude. Sa blessure et ce qu'il a vécu doivent y être pour beaucoup, c'est même déjà un miracle qu'il ait survécu jusqu'ici en se prenant une balle, se noyant presque et percutant le bateau et plusieurs de ses coups de poings. Le cafard était décidément le surnom qu'elle trouve le mieux approprié, un vrai parasite très dur à tuer. Sauf que tout ce qu'il a subi ne le rend clairement pas comme d'habitude. Du moins, lorsqu'il faisait partie de l'Etoile Rouge, elle ne le connaissait pas comme ça : fou et totalement irrationnel. C'est son rire soudain qui lui fait dire ça, et cette capacité de continuer à dire n'importe quoi alors qu'il sait déjà ce que ça peu lui coûter.

Elodie se fichait bien qu'il décide de l'appeler ours, tant que ce n'est pas son prénom ça lui va et elle met totalement de côté ses commentaires sur le fait qu'elle n'est pas rusé. Qu'il continue à la prendre pour une débile et il aura une belle surprise. Surtout lorsqu'ils sortiront du bateau, lieu où elle pourra se permettre de le tuer sur-le-champ. Reika l'en remerciera, sinon pourquoi est-ce qu'il aurait poussé un des amis de ce type de trahir pour le tuer ? Elle soupir d'agacement et frotte négligemment sa joue de son sang qu'il a, elle en est sûre, volontairement crachée sur elle. Elle le déteste tellement... Pourquoi est-ce qu'ici les morts se transforment en créature in-tuable ? Une version de zombie qu'elle ne se serait jamais imaginé surtout. Elle se lève pour éponger son visage ce disant naïvement qu'il ne pourra de toute façon pas faire grand-chose vu son état. Et ce lever, pour s'essuyer l'air de rien donne cette impression qu'elle n'en a absolument rien à faire de ce qu'il lui dit.

Grosse erreur.

À peine, elle finit de se laver le visage et qu'elle jette un coup d'œil qu'elle le voit utiliser son maudit pouvoir et... Il tombe.

Bon sang, mais quel ABRUTI !

Pendant un quart de seconde, elle était très tentée de le laisser mourir. Après tout, ce ne sera pas de sa faute, il s'est tué lui-même elle n'a clairement rien pu faire ! Puis elle imagine ce corps se transformer en Gardienne et détruire ce lieu pour s'envoler au loin, ou voire même l'attaquer. Et inévitablement tomber sur le regard furieux de Reika la punissant pour son manque de discrétion. Elle peste enfile son gant d'électro-choc, balance le corps de Dimma au sol sur le dos et électrocute son cœur jusqu'à ce qu'il se réveille.

Et une fois réveillé elle l’assomme en le frappant avec un plateau sur sa tête. Il l'a énervé, il l'a cherché. Et comme ça, elle pourra soigner sa plaie en la cousant de manière biiiiien dégueulasse sans qu'il gigote et sans qu'il ne parle de tout le voyage. Un marin a remarqué ce petit remue ménage et entre à l'infirmerie alors qu'elle était en train de coudre grossière la plaie dans le seul but que sa cicatrice soit bien laide après.

« Est-ce que tout va bien ? On a entendu plusieurs hurlements... »

Renard secoue la main et fait un très léger rire gêner.

« Tout est sous contrôle, il a eu une crise de folie, j'ai dû l'endormir pour pouvoir enfin le soigner. Mais merci de t'être inquiété, je l'emmènerai vers son père qui vit à Azuola, je le connais bien. Il sera heureux de revoir son fils... »

« Ah, je vois, je te laisse alors. »

« Merci. »

Elle termine dont son soin et le laisse endormi jusqu'à ce qu'ils arrivent enfin au port. Elle le porte pour le poser sur un siège à roulant, l'attaque au niveau des mains et des pieds. Une fois bien installée, elle lui donne une énorme gifle pour le réveil. Elle ne lui parle que lorsqu'elle voit qu'il ouvre les yeux.

« Nous voilà arrivé cafard. Tu es officiellement déclaré comme fou donc je te conseille de te tenir tranquille. Je vais t'emmener auprès de ton père pour savoir ce qu'on fait de toi. »

Elle saisit le siège roulant et le pousse jusqu'au-dehors du bateau, ignorant Dimma tout le long se sachant couvert par son diagnostique de crise de folie et qu'elle compte le mener à l’hôpital. Personne n'a voulu l'accompagner, et elle y comptait bien, les fous sont toujours fuis et mal vus... Et ça arrange bien tout le monde qu'elle se soit porté volontaire pour s'en occuper elle.

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Dimma
Dökkhönd

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L'homme masqué
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Ce fut une douleur pareille à aucune autre qui sortit Dimma de sa léthargie auto-infligée. Il sentit un choc électrique foudroyer sa chair, ses muscles, ses nerfs, jusqu’à ses globes oculaires, ses tympans, et ses globules.

C’était exactement ce qu’il attendait.

Il fit traverser l’énergie électrique dans tout son corps pour la répartir équitablement, s’abreuver de sa puissance pour redémarrer sa physiologie plutôt que d’en souffrir. Cela avait quelque chose d’exaltant.

Son enthousiasme ne fut que de très courte durée, cependant, car un violent choc à la tête le fit définitivement sombrer dans l’inconscience.

Une inconscience noire, totale, absolue. Un gouffre dénué des visions d’horreur qui l’accablaient ces derniers temps, dépourvu de ces images ailées démoniaques, vide de cauchemars, d’atrocités… toutefois aussi dépouillé et exempt de tout calme, de toute sérénité, de toute tranquillité…

Dedans, à l’intérieur de son esprit, c’était… noir.

Il ignorait ce qui était pire. Le tourment, ou le silence.

Une brûlure sur la joue le tira de son voyage introspectif. Son esprit s’éveilla avant son corps. D’horribles sensations de souffrances le piquetèrent progressivement. D’abord le bout des doigts, qui remontaient le long de ses bras, grimpaient dans ses épaules, sinuaient jusque dans sa moelle épinière, s’accrochaient à son cerveau.

Il était… assis… attaché… à un siège. Sa blessure l’élançait toujours, bien qu’atténuée.

Il ouvrit les yeux graduellement. Élodie l’avait ligoté à un fauteuil roulant. Elle était là, devant lui, et dans les brumes de son esprit, quatre mots se formèrent : je hais cette femme.

— Nous voilà arrivés, cafard. Tu es officiellement déclaré comme fou, donc je te conseille de te tenir tranquille. Je vais t'emmener auprès de ton père pour savoir ce qu'on fait de toi.

… père ?

Quel père ?

Dimma n’avait pas de père, il était juste… né. Apparu. Une seconde il n’existait, la suivante il existait.

Élodie devait sûrement faire allusion à… l’autre.

L’autre était donc… ici… où que ce fût, quoi que ce fût d’ailleurs.

Élodie le traîna hors du bateau sur le quai d’un port qui paraissait sorti tout droit de l’ère industrielle. Il se souvenait assez bien de cette période, horrible époque pleine de gens déplaisants.

Mais où était-il, quoi que ce fût ?

Il la laissa le tirer comme un vulgaire chariot à légumes. Il n’allait pas se débattre maintenant, il lui fallait avant tout récupérer des forces et réfléchir.

Petit à petit les morceaux fragmentés de son esprit se rassemblaient, conglomérat encore informe de pensée et de réflexion.Si l’autre était ici, où que ce fût et quoi que ce fût, tout comme Élodie d’ailleurs, cela ne signifiait qu’une chose : l’Étoile Rouge était déjà implantée.

Son Étoile Rouge.

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