Une pêche miraculeuse

Avec Noss et Morgan

Marik s’adosse contre le bord du bateau alors que ce dernier prend finalement la direction du port. Levant la tête vers le soleil, le blond se surprit à profiter du soleil déjà haut dans le ciel malgré la petite brise fraîche qui l’atteint. L’océan, la mer, tout ça lui a manqué, plus qu’il ne peut l’avouer et il se demande comment il ne l’a pas remarqué plus tôt. Il est vrai qu’il allait régulièrement au port profitant des sons des vagues souvent tôt le matin ou tard le soir en fonction des points de vues. Pourtant, depuis qu’il a quitté son équipage, il n’est jamais remonté sur un bateau, il n’a jamais profité d’une petite balade en mer ne serait-ce qu’une seule fois et il se traite silencieusement d’idiot car il a toujours adoré ça. Même enfant maintenant qu’il y pense, il avait toujours adoré les simulations de combat en mer, il pouvait passer des heures à regarder l’océan, ignorant totalement l’instructeur ou les autres chasseurs à côté qui s’entraînent.  Son père lui avait même acheté un objet qui produit les sons de l’océan, l’un des rares cadeaux ne concernant pas leur héritage qu’il a pu lui faire d’ailleurs. Il se demande parfois si c’était juste une manière de lui montrer son amour pour lui ? Sa famille n’était pas vraiment connue pour leur démonstration affective après tout. A moins que ce soit parce qu’il était plus calme en écoutant ça ? Il imagine qu’il ne le sera jamais.

Il a réellement pris conscience de cette passion pendant les trois ans où il a été marin. Ca l’a pris totalement au dépourvu, une chose qu’il a découverte alors qu’il cherchait juste un moyen de s’éloigner de sa famille et de toutes les atrocités qu’ils commettent sans vergogne. Il peut le dire clairement, il est tombé éperdument amoureux de l’océan malgré tous les inconvénients que cela peut apporter d’être marin. Il a toujours été plus résistant que le reste de l’équipage, ne tombant pas pour le manque de sommeil ou autre faiblesse de ce genre. Ce n’est pas quelque chose qu’il leur reproche, c’est un événement particulièrement récurrent surtout quand on reste pendant plusieurs jours, voire semaines en pleine mer, lui a été entraîné depuis l’enfance pour devenir un chasseur d’élite, il avait juste une plus grande résistance morale qu’eux. Enfin, sur ce genre de chose, il faut être honnête, il n'est resté que trois ans sur ce navire, trois ans où il a presque pu mettre son passé de côté pour profiter des bienfaits de la mer…jusqu’à l'apparition de cette créature, qu’il a tuée pour protéger ses camarades. Il n’était pas quelqu’un d’aussi résistant mentalement qu’il a voulu laisser croire, il a juste fui à ce moment-là, il a quitté l’équipage à cause de la panique qui se déchaînait sans vergogne dans ses tripes, parce qu’il avait peur d’être redevenu le tueur qu’il a été étant adolescent, celui qu’on a formé pour devenir une arme sans scrupule, celui qui aurait dû reprendre la tête de leur famille et faire répéter le cycle à ses propres enfants et petits-enfants.

Il lâche un soupire alors qu’il se retourne pour s’accouder au bord du bateau, laissant son regard se perdre dans la vaste étendue d’eau. Il se demande si sa famille a survécu. La plupart ont été tués ce jour-là, il le sait mais il n’a jamais pu cesser de se demander si certain avait réussi à fuir et surtout qui car qu’importe les batailles qui peuvent être mortelle, il y a toujours au moins un survivant. Il en faut bien, pour pouvoir rapporter au reste de la famille ce qui s’est produit. Ca a toujours été sa hantise, il avait toujours peur que l’un d’entre eux le retrouve, une peur qui a vite changé aujourd’hui puisqu’à la place des membres de sa famille, c’est la famille de leurs victimes dont il doit se méfier. Quelle ironie.

Se relevant finalement, il s’étire à en faire craquer son dos, ce n’est pas le moment de retomber dans une spirale dépressive. Il a encore du travail à faire. Le reste de son travail se passe tranquillement, le déchargement de leur pêche qui a été étonnamment bonne, et le rangement du matériel fut plus rapide que d’habitude, peut-être parce qu’il avait faim et qu’il avait hâte de pouvoir se mettre quelque chose sous la dent. Il fait un rapide au revoir à ses collègues avant de se diriger vers son appart,lunettes de soleil sur le nez, se demandant ce qu’il va manger.

Son attention fut attirée par une phrase des plus simples. Poisson aux frites ? Pourquoi pas ? Ça fait longtemps qu’il n’a pas mangé de frites. Il regarde vers la personne pour se rendre compte qu’il s’agit d’un rat…Un rat géant. Il hausse les épaules, pourquoi pas, ce n’est pas la chose la plus étrange qu’il ait pu rencontrer dans sa vie. Il y a bien eu cette femme là avec des tentacules…c’était assez étrange. Bref, l’ancien chasseur s’approche inconsciemment de l’être, il semble quelque peu perdu.

“Hey mon ami! La pêche est bonne pour toi ?” fit-il amicalement avec un de ses grands sourires dont il a le secret.

Il jette un regard furtif à ce que l’autre tenait pour voir un petit seau rose vide. Peut-être pas si bonne que ça sa pêche finalement.

“La femme de mon patron tient un restaurant pas loin, ils font du très bons poissons avec des frites et le poisson est tout frais de ce matin.”

Il pourrait peut-être y aller aussi pour manger un morceau, il est sûr que la gérante sera heureuse qu’il ramène un client en passant.

Une pêche miraculeuse

Avec Noss et Morgan

Même si Marik déteste sa vie en tant que chasseur, il a toujours été attiré par ce côté du monde. C’est un univers complètement différent des humains où les légendes et les mythes existent réellement, où la magie est omniprésente et où les choses les plus improbables peuvent se produire. Lui et son clan ont toujours vécu à la frontière de ces deux mondes, ils sont nés humains mais possèdent des capacités capables de rivaliser d’égal à égal avec les créatures magiques. A leurs yeux, les êtres magiques sont des monstres mais ils sont eux-même considérés comme ainsi par les humains.

L’ancien chasseur a compris, qu'outre le manque d’ouverture d’esprit propre à ses pairs, son clan manquait d’informations sur cet autre monde. Pour être plus précis, ils n’ont pas cherché à analyser ce qu’ils avaient amassé. Ils ont créé un bestiaire complet avec toutes les informations relatives au combat mais rien en ce qui concerne leur culture ou leur intention. Ce qui est une grave erreur en tant que chasseur, car ça pourrait être très utile pour établir une stratégie mais pour lui, ça l’a surtout aidé pour devenir ami avec la plupart d’entre eux.

Saviez-vous que la cannelle avait un effet aphrodisiaque sur les phénix ? Et c'est pour cette raison qu' ils aiment en avoir dans le nid qu’ils construisent avant de mourir. Ou que les loup-garous détestent l’odeur du thym et que ça leur donne de terribles aigreurs d’estomac si ils en mangent ?

Marik a plein d’autres détails qui semblent sans importance comme ceux-là. Il a toujours été fasciné par ces faits étranges et aléatoires qu’il pouvait trouver même s' il ne voulait plus être chasseur. Tout ça, est une preuve que tout comme les humains, les créatures magiques n’étaient pas que des monstres assoiffés de sang, ils étaient aussi civilisés et ils avaient leur propre culture. Ce sentiment s’est renforcé depuis son arrivée à Azuola. Il y avait un sur cette île toute une civilisation cachée au monde entier. C’était magnifique mais effrayant également car pour la première fois de sa vie, il a l’impression d’être une proie au milieu de multiples prédateurs. Il n’a pas sa place ici, pas avec tout ce sang sur les mains.

Pourtant alors qu’il se trouve devant ce rat, il ne peut s’empêcher d’être curieux. Peut-être est-ce son côté chasseur ou une partie plus innocente de lui mais il aimerait en apprendre plus sur cette créature. Il a vu et rencontré de nombreux monstres tout au long de sa vie, il s’est battu contre bon nombre d’entre eux, tout comme il s’est lié d’amitié avec tant d’autres. Cependant, c’est la première fois qu’il rencontre un rat géant.

Il a déjà rencontré des créatures anthropomorphes , il se souvient tout particulièrement de cet homme-lézard qu’il a rencontré lors d’une mission de reconnaissance. L’autre a cherché à le tuer, comme à chaque fois qu’ils se voyaient mais le blond arrivait toujours à le soudoyer généralement avec une pizza. Ce n’était pas un mauvais bougre, il était juste seul et Marik était plus qu’heureux d’être son ami même si ça voulait dire se faire poignarder une ou deux fois pour ça.

(Bon. Il l’a peut-être mérité aussi. Mais est-ce sa faute si son cerveau a fait une comparaison avec les tortues ninjas ?)

Peut-être y a-t-il une raison pour laquelle il n’a jamais vu de rat géant, ne serait-ce que leur habitat par exemple. En règle générale, les créatures anthropomorphes partagent de nombreux points communs avec leur cousin animal. De ce fait, il semble logique qu’il n'ait pas eu à en rencontrer, et puis faut être sincère, un rat géant ne passe pas vraiment inaperçu. Sans parler qu’on ne l’a jamais appelé pour en tuer, ce qui est généralement une bonne nouvelle. Bien qu’il ne doit pas baisser sa garde pour autant, surtout ici, à Azuola.

Néanmoins, il restait malgré tout curieux face à cet être particulier qui, à première vue, semble adorable. Le blond lui fait un grand sourire, il est certain qu’il s’entendra bien avec lui.

“En effet, il s'agit d'une sage décision, mon ami.”

Un sourire amusé prend place sur son visage. Il n’ose pas rire, par peur de le blesser involontairement, il serait dommage de gâcher une future amitié. Marik prit la patte sans hésitation, écoutant les divagations du rat et alors qu’il allait lui aussi se présenter, il se fait devancer par une charmante demoiselle.

Il lui fallut chaque once de son corps pour ne pas sursauter et sortir ses armes. Il devait avouer être toujours sur le qui-vive depuis son arrivée sur cette île. Il sait que plus d’un chercherait sans hésitation à le tuer juste pour être un chasseur ou parce qu’il est le descendant d’une grande lignée de chasseurs.

(Il refuse de penser à cette dragonne qui est journaliste ici, il ne l’évite pas du tout non plus… Certainement pas…)

C’est pourquoi, l’arrivée de la demoiselle l’a surpris. Il lui fait malgré tout un sourire charmeur, cherchant à se rappeler où il avait pu la rencontrer. De ce qu’il peut en déduire de ses paroles, c’est sûrement dans un bar. Il est vrai qu’elle lui semble familière mais c’est un peu flou dans sa tête.

“Bien le bonjour, mademoiselle.” commence-t-il en souriant “Comme elle a dit, je suis Marik. Je comptais emmener ce cher Noss chez une amie qui tient un restaurant. Si notre ami est d’accord, pour ne pas nous joindre pour le déjeuner ?”

Il fait un autre grand sourire et se tourne légèrement prêt à leur montrer le chemin quand soudain une pensée lui vient…

Si son ami était une tortue ninja, est-ce que ce rat est maître Splinter ?