La mission [PV Elix] - 1er semestre 2022

Dimma
Dökkhönd

Elix
Gente

La mission

Dimma Dökkhönd, environ 250 ans (à plus au moins dix ans près), anciennement leader suprême de l’Étoile Rouge, aujourd’hui relégué au rang de second couteau, lisait et relisait, encore et encore, la missive qu’il tenait entre ses mains.

Assis sur un rebord pierreux ignoblement inconfortable, dans le fin fond de ces satanés égouts inconfortablement ignobles, Dimma contemplait l’odieux déchet que ses mains tenaient pincé entre le bout de ses doigts nus.

Le papier en lui-même n’avait rien de méprisable, mais c’était l’écriture tracée dessus à l’encre noire qui le dérangeait. La graphie manuscrite s’infiltrait dans les fibres de la feuille, s’enracinait, se diffusait dans son derme végétal comme une peste cancéreuse se serait infiltrée dans une population.

Rien d’étonnant à cela, c’était Élodie qui lui avait adressé le message.

« Obtiens des infos sur l’Ordre de Sainte Émeline. Tocard. »

Elle n’avait pas signé de son nom mais elle avait tout de même poinçonné son forfait d’un petit smiley diablotin qui esquissait un sourire sardonique.

Dimma était du genre courtois. La politesse, il avait cela dans le sang. Jamais on ne l’aurait pris en défaut à ne pas aider une grand-mère à traverser la rue, fusse-t-elle un Razoran travesti d’un fichu sur les épaules et d’un chapeau de paille sur le sommet de sa tête dégarnie.

Obtenir des informations sur l’Ordre de Sainte Émeline. Tocard. Elle en avait des bien bonnes, celle-là. Cette mijaurée. Comment et pourquoi l’autre la conservait-il encore à son service après tout ce temps alors qu’elle n’avait fait que prouver maintes et maintes fois sa grandiose inutilité ?

Obtenir des informations sur l’Ordre de Sainte Émeline. Tocard.

Dimma se doutait que l’ordre émanait directement de l’autre, bien entendu. Depuis son petit bizutage humoristique qui avait projeté Dimma en plein milieu d’une représentation du Roi en Jaune, Élodie avait sûrement dû se faire réprimander. Un peu. Un zeste.

Ou pas du tout…

Cette péronnelle.

Dimma froissa le papier, le déchira en deux et le jeta avec désinvolture. Les morceaux de papier voletèrent un court instant avant de se poser sur le sol froid et humide. Une auréole sombre se répandit depuis leur centre et atteignit vite leurs extrémités. Bientôt il ne resta que deux formes plates irrégulières et imbibées d’eau croupie.

Obtenir des informations sur l’Ordre de Sainte Émeline. Tocard.

Dimma prit appui sur ses cuisses et se releva.

Ce n’était pas comme s’il pouvait se dérober à un ordre (quasi) direct de l’autre. Et il ne pouvait pas invoquer une tâche importante au sein de Vander Corp sans attirer une attention malvenue. Vander Corp, c’était son petit projet, enfin, la pointe émergée et visible de son petit projet. Le Projet Rooibos se terrait plus profondément dans la masse de l’iceberg, derrière de multiples rangées de portes renforcées et cadenassées. Les déverrouiller serait une tâche de longue haleine, mais il avait du temps pour cela…

Obtenir des informations sur l’Ordre de Sainte Émeline. Tocard.

Qu’attendait Élodie de lui ? Traverser la place du marché en placardant des réclames à côté des affiches pour chats perdus ? Distribuer des tracts aux passants ? « Avez-vous vu ce terroriste misanthrope et possiblement misandre ? Non ? Pas de souci, passez une bonne journée. » … demandait le terroriste certainement pas misandre mais 100% misanthrope.

Ce genre de scénario ne se déroulait que dans l’esprit malade et corrodé d’Élodie, à n’en point douter.

Les propres recherches de Dimma n’avaient pas abouti à grand-chose non plus. Tout ce qu’il avait tiré des propagandes de l’Église Blanche se limitait à Ordre = pas bien, et les interprétations les plus nuancées poussaient le vice jusqu’à Ordre = terroristes planqués dans le maquis car on lui foutrait une peignée autrement.

L’Ordre de Sainte Émeline, c’était les FARC d’Azuola, ni plus ni moins, Dimma n’en doutait pas non plus.

Toutefois il pouvait peut-être (peut-être) viser plus haut que de banals renseignements. Clouer le bec de cette intrigante une bonne fois pour toute.

Il avait ouï dire que, parmi l’Étoile Rouge, l’un des leurs avait déjà visité la forteresse cachée de l’Ordre de Sainte Émeline (tocard). Visité, sûrement pas de gré. Le jeune…

Il ne se souvenait plus de son nom. Il ne lui avait jamais réellement parlé, de toute manière, mais peut-être qu’il aurait dû…

Il s’appelait… Félix. Oui, Félix.

Félix ou Mélissa, en vérité il avait encore un doute. Il se souvenait de son visage, vaguement, pour l’avoir identifié le lendemain de sa visite à la cathédrale de l’Église Blanche. En revanche il savait comment le reconnaître : l’odeur. Ce gosse sentait le tabac. Pas grand-monde dans l’Étoile Rouge fumait.

Se fiant à son instinct, et à son odorat, Dimma remonta les boyaux des égouts sans éprouver de réelle difficulté à s’orienter. Il trouva Germain dans une pièce à laquelle il ne s’intéressa aucunement. Elle aurait pu être dortoir, chambre personnelle, mess, salle commune, à ses yeux, un égout, ça restait un égout…

Dimma croisa les bras et laissa son épaule chuter contre le mur (sale, froid, affreux, quelle abomination, bah !) pour s’appuyer.

— Salutations…

Justin.

Antoine.

Moussa.

Apolline.

Victoire.

Dimma. Mais non, c’était lui, ça !

— … mon ami.

Un véritable professionnel.

— On vient de me donner la mission d’enquêter sur l’Ordre de Sainte Émeline. Souhaites-tu te joindre à moi ?

Et livrer de façon complètement organique ton joli prénom sûrement anodin. N’est-ce pas ? N’est-ce pas ?!

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Vander Corp:

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La mission

Tu es prêt ?

Elix & Dimma

Prenant une bouffée profonde de sa tueuse, Elix observait un des documents présent dans ce qui leur servait d’archives. Ses pensées étaient tournées sur divers éléments qu’il avait pu constater au fil des mois.

La poupée : une prison utilisée par l’église blanche.

Cyriacus : ses pouvoirs qu’ils ne maîtrisaient pas encore totalement et était un danger pour lui.

XX : des avatars difformes qui se promènent en ville. Juste une blague ?

Le roi en jaune : le but de son illusion ? Il devrait lui parler.

Une petite liste se dessinait ainsi dans son esprit, jaugeant l’état de son entourage et en même temps, les risquent qu’ils encouraient. Son Cyriacus ? Il ne le dénoncerait jamais. La poupée ? Quelque part, c’était inadmissible pour lui d’aller citer ses capacités à Reika mais en même temps…

- … L’Eglise Blanche l’utilise déjà…

Marmonnement solitaire, teinté par les volutes opaques de fumée. La page de l’ouvrage imposant était tournée. Le métis avait besoin d’écrire. Mais écrire ça laissait des traces qui pourraient servir de preuves contre lui. Nouveau soupire. Son dos s’appuyait contre la chaise, la faisant ainsi basculer sur ses deux pieds arrières et maintenir en équilibre.

Que deviendrait-il s’il faisait séquestrer une enfant ? Exactement le même genre d’être vivant que ses bourreaux. Ses paupières s’abaissaient sur ses tourments internes. La solution pourrait au moins avoir la décence de se pointer face à lui et de s’excuser de son retard. Contraction de la mâchoire faisant ressortir sa mandibule. Contrariété qui plissait une ligne sur son front.

La voix le faisait revenir à la réalité. Les deux pieds en apesanteur frappaient violemment la pierre du sol. Le rideau de peau se soulevait pour que ses billes étincelantes rencontre son homologue.

Dimma.

Celui-ci, il ne le connaissait pas vraiment. Pas du tout même. Il avait vu. Entendu. Mais sa propre opinion était vierge.

Dimma : ??

Rien sur sa page mentale. Ami ? Original. L’être ne voyait pas celui qui lui faisait face en avoir, des amis. Il se trompait peut-être. Sa nuque se déverrouillait pour faire bouger sa tête de bas en haut en signe d’accord. D’un geste, il fermait l’ouvrage poussiéreux et quelque peu moite de l’environnement. Rendu particulier.

- Oui.

Retour à la maison ? Celui à la longue chevelure se relevait tout en tirant une énième bouffée qui tuait sa tueuse. Il enfonçait le mégot dans un cendrier et rangeait le grimoire.

- En quoi elle consiste ? Je connais bien les lieux, tu devras te fier à moi.

Et si lui ne connaissait pas Dimma, Dimma ne le connaissait pas non plus. Attachant rapidement ses cheveux, il allait vers la porte, mais attrapait une autre chaise pour qu’il s’installe.

- Le temps que tu m’expliques.

La chaise se posait face à lui. Dans tous les cas, même si l’explication était rapide, ils devraient parler. Au moins s’expliquer les bases des capacités de chacun pour pouvoir former un tandem correct. Le métis retournait déposer son séant sur sa chaise et appuyait son coude sur le haut de celle-ci. Attendant avec un calme certain la suite des informations.

notes

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Dimma
Dökkhönd

Elix
Gente

La mission

Le jeune homme était assis dans une chaise en équilibre sur ses pieds arrières. Il se laissa retomber en avant, opina du chef, et referma l’incunable qu’il tenait dans les mains dans un claquement sec et sonore qui fit voleter un maigre brouillard de particules grises.

Charmant.

Cela n’avançait pas Dimma sur le nom de son vis-à-vis.

— Oui.

Une réponse laconique, mais radicale dans sa certitude. Cela ne déplut pas à Dimma bien qu’encore une fois cela ne révéla rien du patronyme qui lui échappait.

Un court mégot de cigarette rougeoya entre les lèvres finement dessinées de… lui, là, qui le pinça entre deux doigts et l’écrasa dans un cendrier. La lueur orangée s’évanouit instantanément. Disparue, dissipée, anéantie sans fanfare en moins de temps qu’il n’en fallait pour cligner des yeux. Dimma décela une beauté crue dans le dénuement de ce geste.

— En quoi elle consiste ? Je connais bien les lieux, tu devras te fier à moi.

Lui, là, se dirigea alors vers la sortie. Dimma pivota de moitié pour le suivre du regard, interloqué. Pourquoi se…

Lui, là, souleva une chaise par le dossier, et la ramena près de la table. Voilà qui était fort urbain.

— Le temps que tu m’expliques.

Lui, là, reprit place sur son siège. L’invitation à l’imiter n’était qu’implicite, mais suffit. Dimma s’assit à son tour, croisa les jambes, et déposa ses mains jointes sur le genou.

— Je ne puis te transmettre que la consigne de notre vénérable Lider Maximo. Obtenir des renseignements sur l’Ordre de Sainte Émeline (tocard). J’ai moi-même tâché de mener mon enquête il y a de cela quelques mois, mais sans grand succès, je le crains.

Il s’enfonça dans la chaise, son dos poussant contre le dossier dans une succession de craquements de bois secs.

— L’omertà qui règne à Azuola, instaurée par l’Église Blanche, profite davantage à l’Ordre qu’elle ne lui nuit. Après tout, les cafards prolifèrent plus vite dans l'obscurité. Je n’ai pu déceler que de très maigres informations, et rien que le tout-venant ne soit en mesure d’apprendre par ses propres moyens.

En toute honnêteté, c’était très insultant pour l’intelligence de Dimma.

Il se pencha en avant, en prenant appui de l’avant-bras sur sa cuisse, dans une posture analogue à un homme qui souhaite faire une confidence.

— Des bruits de couloir m’ont laissé entendre que tu avais déjà eu maille à partir avec l’Ordre. Si ce que tu viens d’affirmer est avéré… si tu connais bien les lieux… je te saurai gré de partager ton savoir avec mon humble personne. J’ai dans l’idée d’effectuer une petite randonnée touristique du côté de chez Émeline, et je voudrais savoir à quoi m’attendre.

Dimma tira les épaules en arrière, comme s’il voulait débloquer un nœud nerveux basé à la naissance de la nuque qui entraverait sa mobilité, et ajouta simplement :

— Je me doute que tu n’as pas fréquenté l’Ordre de bon cœur, et il serait très mal avisé de ma part, et grossier aussi, d’attendre de toi que tu joues les guides.

Et s’il y avait bien quelque chose que Dimma ne tenait pas en haute estime, c’était la grossièreté. Seul, on va vite. À deux, on va plus loin. Quand on est courtois, on va encore plus loin, encore plus vite.

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Vander Corp:

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La mission

Tu es prêt ?

Elix & Dimma

L’attention de la créature se focalisait désormais pleinement sur son interlocuteur, laissant de côté ses réflexions. Du moins, pour l’instant, elles reviendraient tarauder son esprit tourmenté plus tard. Il n’était pas pressé.

Cette évocation de son passé avait quelque chose de bizarre pour lui. Cela lui donnait désormais presque l’impression de sonner faux au creux de ses tympans. Avait-il réellement eu cette vie à un moment donné ? Il est vrai qu’il avait été Elix Cente. Jeune homme doté de pouvoirs à la peau pâle et aux binocles sur son nez droit. Aujourd’hui, même son lui du passé aurait du mal à le reconnaître s’il le croisait. Le temps faisait bien des choses. Des miracles, parfois. Des choses immondes, souvent. Sa vie avait pris un tournant que lui-même n’avait jamais précédemment envisagé. Le voilà désormais face à une toute autre version de ce qu’il aurait pensé devenir un jour.

En tout cas, il écoutait. Encore. Et encore. Dieu ce que cette petite créature aimait entendre le son de sa voix. Mais Elix n’en montrait rien. Il ne fronçait pas particulièrement les sourcils aux mots exagérément soutenus que son homologue employait. Tout cela allait avec le personnage. A noter qu’il ne faudrait pas lui parler avec un degré d’ébriété trop élevé. En suivrait des incompréhensions formidables. Quoi que, cela pourrait avoir un aspect distrayant. Voilà une expérience à tenter un jour, parler à Dimma après une sortie en ville qui anesthésierait ses neurones en ébullitions.

- T’expliquer ne suffira très certainement pas. Cet endroit est trop vaste et complexe pour qu’une conversation t’enseigne toutes les particularités de l’endroit. Je t’accompagnerai là-bas, ne te pense pas grossier. Mais il faudrait que tu m’en dises plus sur tes capacités et moi sur les miennes si nous faisons ça ensemble. Pour avoir une meilleure harmonie, tu vois ? Ça m’embêterait de découvrir sur le tare que par exemple t’explose ou que tu sais traverser les murs.

S’appuyant contre le dossier de sa chaise à son tour, celui à la chevelure interminable réfléchissait avec ce petit sourire en coin qui lui allait si bien. Les lieux ne devraient pas avoir beaucoup changé en 18 années. Déjà qu’elles n’avançaient jamais… Ou, la mauvaise langue. Déposant une regard étincelant sur son interlocuteur, il se demandait quelles pourraient être les capacités qu’il cachait derrière l’arrogance qu’il présentait face à reika. En tout cas ce n’était pas courant qu’il s’adresse à quelqu’un, de ce qu’il avait cru voir. Mais mine de rien, un pressentiment lui annonçait que s’il l’accompagnait, les deux hommes n’allaient pas s’ennuyer.

notes

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