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 L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021

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Dimma Dökkhönd

Dimma Dökkhönd

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MessageSujet: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyLun 3 Jan - 16:29

Dimma
Dökkhönd

Versace

L'intimité de la culture
Ce n’était pas un monde étrange dans lequel Dimma avait mis les pieds, non. Un monde, tout aussi étrange qu’il fût, n’en demeurait pas moins régi par des lois physiques et métaphysiques strictes et immuables. Cet univers semblait déroger à cette règle essentielle qui transcendait pourtant l’existence.

Depuis son arrivée, Dimma avait constaté la coexistence de plusieurs temporalités et technologies pourtant incompatibles selon l’histoire telle qu’on la lui avait enseignée, et telle qu’il l’avait vécue.

À cela s’ajoutaient des fonctionnements qu’il ne saisissait pas exactement, comme la lutte de pouvoir incessante entre l’Église Blanche, l’Ordre de Sainte Émeline, et les Insoumis. Il avait compris que deux de ces factions ne possédaient qu’un statut informel et ne subsistaient que par des actes terroristes et une propagande quasi-incessante pour discréditer la troisième. Mais que lui disputaient-elles ?

En apparence, le règne de l’Église Blanche ressemblait davantage à une dictature théocratique qu’à la puissance bienfaitrice dont elle se réclamait, toutefois Dimma considérait que cela était pour le mieux. On ne gouvernait pas le peuple pour qu’il soit heureux, mais pour qu’il ne se dévore pas lui-même, après tout. Ce schéma de pensée, il le devait peut-être l’époque dont il était originaire, période à laquelle les monarchies prévalaient encore. Il avait observé à travers les âges les évolutions multiples des systèmes politiques, et il en était arrivé à la conclusion suivante : une nation opprimée valait mieux qu’une nation libertaire.

Et c’était justement là que résidait le cœur de son problème. Dimma ignorait tout de ce monde, de cet Azuola (mais où diable avaient-ils trouvé ce nom ?), et de son fonctionnement. Son mode de pensée n’était plus du tout adapté à l’environnement qui l’entourait, l’encerclait. S’il voulait reprendre son Étoile Rouge et mener à bien l’objectif qu’il s’était fixé, il devait comprendre les rouages de cette dimension absconse.

Dimma n’était pas homme à laisser la fierté entraver son efficience, et si contrairement à l’autre, il était parfaitement capable d’adapter et d’improviser des plans, il était obligé d’admettre que sans connaissances préalables, il ne réussirait qu’à se faire tuer. Le savoir, c’était le pouvoir après tout, et il en manquait cruellement. Pour paraphraser une maxime de son monde : ce qu’il savait bien, c’était qu’il ne savait pas grand-chose en fin de compte.

Il pressentait ainsi que la bibliothèque aurait tôt fait de devenir sa complice de génocide (n’était-ce pas après tout ce vers quoi il tendait en souhaitant l’extinction de la magie ?). En naviguant entre les rayons et les rangées de livres, Dimma laissa un temps le bout de ses doigts fins effleurer, non sans une certaine douceur, la tranche des volumes.

La bibliothèque. Le noyau culturel d’une civilisation. Connaître l’histoire de son ennemi, c’était connaître son ennemi. Connaître sa culture, c’était le connaître personnellement. C’était mettre un nom sur un visage, c’était toucher son corps de façon intime, c’était mettre son âme à nu et s’en imprégner. Dimma éprouvait l’envie presque irrépressible de dévorer l’entièreté de cette culture, toutefois il se devait de réfréner son impatience. Il savait par où commencer : l’Église Blanche et l’Ordre de Sainte Émeline. Les Insoumis étaient a priori apparus trop récemment pour avoir marqué l’histoire, toutefois la rocambolesque inimitié entre deux factions qui avaient tant et si peu en commun à la fois le fascinait.

Seulement voilà, s’il savait par où commencer… il ignorait comment. Depuis quarante minutes qu’il errait, désœuvré, dans cette bibliothèque qui lui paraissait toujours plus tentaculaire, un vague sentiment de lassitude commençait à l’éroder, qui se faisait plus précis et plus vivace à mesure que les minutes, que les secondes s’égrenaient. Il savait ce qu’il cherchait oui, néanmoins il ignorait ce qu’il devait trouver.

Il s’arrêta au hasard devant un rayon et s’empara d’un livre à la volée. La couverture représentait une locomotive à vapeur au sourire particulièrement sinistre, qui traînait des wagons entiers d’enfants qui hurlaient à la fois de rire et d’horreur. Dimma lut le titre de l’ouvrage à voix basse :

— Charlie le Tchou Tchou.

Il leva les yeux, et constata qu’il s’était arrêté devant la section Jeunesse. Il reposa lentement le livre à l’emplacement d’où il l’avait pris, et laissa heurter sa tête contre le rayon. Le choc de son masque contre l’étagère émit un petit bruit sec et léger, qui ne la fit même pas branler.

Dimma n’était pas pieux, cependant, même à voix basse, un juron d’ordre céleste s’imposait incontinent.

— Doux Jésus…

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Dernière édition par Dimma Dökkhönd le Dim 17 Juil - 23:19, édité 1 fois
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Versace
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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyLun 3 Jan - 20:46


Il fallait se dépêcher. Un nouvel arrivage venait d'être livré et la responsable de la bibliothèque s'activait comme une fourmi pour l'accueillir. D'abord, elle devait ranger les cartons à l'arrière boutique dans l'intention de les éventrer et d'en sortir tous ces fabuleux trésors littéraires dont elle raffolait. Mais sous sa forme humaine, sa force se limitait à celle d'une demoiselle tout à fait normale qui peinait à soulever tous ces colis « Tu veux que je te donne un coup de main ? » Dans l’entrebâillement de la porte, la frimousse de Rebecca apparaissait pour lui porter assistance « Non, ça ira. Ne t'en fais pas. Occupe toi plutôt des clients, j'ai cru en voir quelques-uns qui attendaient de commander » La petite fée fit la moue. Sa patronne bossait très dur et parfois, elle avait justement le sentiment qu'elle repoussait sans arrêt son aide « Tu sais, ça ne m'embête pas ! » Ses ailes battaient doucement derrière elle, dégageant une tendre aura multicolore fortement appréciée par les visiteurs. Sa salariée connaissait un certain succès qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes tant son énergie bienveillante et sa douceur transpiraient comme une coulée de chocolat tendre.

Versace se redressait alors pour lui faire face, lui accordant un sourire agrémenté de reconnaissance. Elle l'appréciait vraiment, cette demoiselle bien qu'elle ne pouvait s'empêcher de souligner son caractère naïf qui la dérangeait quelques fois. En effet, Rebecca entretenait un amour avec un mortel -ce qui lui déplaisait d'ailleurs au plus haut point, songeant tout à fait à le faire capturer pour l'éloigner d'elle. Mais quelque chose chez cet humain abruti l'avait retenu de passer à l'action. Une gentillesse débordante qui avait su la perturber. Pour sûr, il était certain que cet Armand était sincère avec sa congénère qui bégayait de façon ridicule dès lors qu'il passait le pas de la porte. Alors elle s'était ravisée, leur laissant la liberté de vivre cette relation qui lui donnait la nausée « Je sais bien, mais tu dois surtout assurer le service à thé. Je t'assure, je vais m'en sortir » Sa tête penchait légèrement sur le côté pour l'inviter à repartir. La fée n'insistait donc pas -à force de travailler avec, elle savait quand il ne fallait pas chercher plus loin avec sa patronne. Alors elle s'en allait docilement, pour servir les consommations. Versace revenait ensuite vers l'entrée pour ramener d'autres cartons vers la réserve, se courbant et pliant les genoux pour les attraper du mieux qu'elle pouvait. Un soupir s'échappait entre ses lèvres. En mode goule, elle aurait été au moins dix fois plus vite mais elle tenait à conserver son apparence de gentille dame -même si concrètement, la plupart des créatures étaient familières des formes quelques peu originales.

Toutefois son regard se portait ailleurs, sur la silhouette d'un homme masqué qu'elle voyait tourner entre les étagères depuis un moment déjà. Que cherchait-il, exactement ? Ses rayons n'étaient-ils pas assez bien ordonnés pour que ce monsieur ne puisse pas trouver son bonheur ? Elle esquissait une petite moue faussement contrariée. Pourtant, elle prenait grand soin à ce que tout soit organisé justement pour éviter de flâner comme une âme errante cherchant désespérément son dû. Alors elle se décidait à l'approcher, la grosse boîte lourde sur les bras, l'interpellant sur une bouche qui s'étirait aimablement à sa gouverne « Vous me semblez perdu, est-ce que je me trompe ? » Pire que cela même, il avait presque l'air... désemparé. Ce devait être bien sérieux comme recherches pour réagir d'une telle manière. Ses yeux s'allongeait vers la section dans laquelle il s'était logé. Jeunesse. Ce ne devait pas être son souhait à l'origine. Elle ne pouvait pas voir son visage mais son attitude suggérait largement qu'il semblait égaré dans son but « Je dépose ce que j'ai sur les mains et je suis à vous tout de suite » et puis cela lui permettra de faire une petite pause. Son corps frêle sous cette forme humaine le lui faisait comprendre assez pour lui imposer un temps mort. Gentiment, elle allait donc le ranger au stock, en plein milieu de la pièce plus précisément, s'accordant sur l'idée de poursuivre plus tard. Versace revenait ensuite, les mains jointes devant elle, rabattant sa natte un peu éparpillée sur le côté de sa tête dans un geste rapide.

« Dites-moi tout, que puis-je faire pour vous rendre service ? » En parfaite hôtesse, son index réajustait les lunettes sur son nez, toute attentive à la requête de son client. Un rôle qui malgré la manigance sous-jacente, était très pris au sérieux par la créature.
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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyMar 4 Jan - 17:20

Dimma
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Versace

L'intimité de la culture
— Vous me semblez perdu, est-ce que je me trompe ?

Sans décoller son front du rayon, Dimma tourna la tête en direction de la voix qui venait de s’adresser à lui. Elle était à peine plus petite que lui, mais une imposante boîte dissimulait un tiers, voire la moitié de son corps. Tout ce que Dimma pouvait voir d’elle était sa tête, petite figure de souris à lunettes, et ses jambes. Un instant il l’imagine seulement ainsi, tête de souris à lunettes reposant sur une paire d’interminables jambes fuselées.

Discrètement, Dimma baissa les yeux vers ses propres jambes. Étaient-elles aussi fuselées ?

— Je dépose ce que j’ai sur les mains et je suis à vous tout de suite.

Donc elle possédait aussi des mains. Cela fichait en l’air tout le portrait qu’il s’était dressé de cette inconnue, mais soit. Il n’était pas homme à refuser que sa conception du monde soit chamboulée par des vérités invraisemblables.

Elle s’en fut avec son carton. Ce faisant elle lui tourna le dos. Dimma se pencha sur le côté pour la regarder partir, et remarqua qu’effectivement la jeune souris à lunettes n’était pas faite que de jambes, mais bien d’un thorax et de bras également.

Il soupira.

Dommage.

Dimma reporta son attention sur le contenu de la bibliothèque. Le rayonnage lui vomissait ses livres à la figure, narquois, moqueur, outrancièrement hautain. Il s’était soudain transformé en un dragon ridiculement littéraire, qui crachait des pages de papier et de l’encre en lieu et place de flammes incandescentes, un ennemi impossible à abattre, un…

La Jambe.

Il allait la surnommer la Jambe. Ce serait autrement plus simple à retenir que la Souris à Lunettes.

— Dites-moi tout, que puis-je faire pour vous rendre service ?

Dimma pivota pour faire face à la Souris à Lunettes.

Zut.

Il croisa les mains dans le dos et inspecta son interlocutrice en silence, de bas en haut. Jambes, jambes, jambes, jambes, thorax, petite tête de souris. Elle paraissait avenante, peut-être objectivement jolie selon les standards de la société, tout du moins était-elle fort polie dans son port et son attitude.

— Je vous remercie pour votre attention. Je suis à la recherche d’ouvrages consacrés à l’Église Blanche ou à Sainte Emeline. Je veux dire, Sainte Emeline, l’ordre ou l’icône. Pas nécessairement des archives historiques, plutôt tout ce qui a trait à l’art, les mœurs… Je ne suis pas natif de ce lieu, hélas, et j’éprouve des difficultés à m’y accoutumer. Je pensais qu’en apprendre davantage ici me serait utile…

Il laissa traîner le dernier mot avec une certaine langueur mélancolique, tandis que son regard se détacha de la Jambe (succès !) pour embrasser la bibliothèque dans son ensemble.

— Bien entendu, je suis tout à fait à l’écoute d’une recommandation personnelle. Je préfèrerais mille fois me plonger dans un ouvrage qui vous tient à cœur plutôt, quel qu’il fût, plutôt que de parcourir distraitement un digest généraliste dépourvu d’âme.

Dimma se pencha subtilement en avant.

— Toutefois je ne veux pas vous faire gaspiller de temps. J’imagine qu’il vous est très précieux, et je regretterai amèrement de vous en priver, alors que je peux très bien revenir à un autre moment si cela vous arrange.

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptySam 8 Jan - 22:49


Quel étrange personnage. Qu'avait-il à la dévisager de cette façon ? Une attitude qui lui apparaissait comme bien impolie -d'autant plus pour quelqu'un qui portait un masque et qui n'avait pas la décence de le retirer pour faire connaître son visage. Mais les bizarreries de cet univers ne l'étonnaient plus tellement. Beaucoup de créatures ici avaient ses propres raisons de cacher des spécificités qui pouvaient les incommoder, même en leur état naturel. Cela arrivait parfois. La goule se sentait toujours fière quant à elle d'arborer ses extensions sanguinaires -c'était son origine, son identité propre et elle en éprouvait beaucoup de dignité. Du moins, cela dépendait tout de même des circonstances. Si sa réflexion allait plus loin, elle songeait également que cet homme pouvait tout autant s'avérer être un Néos qui s'assumait pas sa nouvelle condition. Une option qui pouvait être tout autant crédible. Mais elle se gardait de faire un commentaire -qu'il s'agisse de son regard insistant ou de son accoutrement-, se contentant d'attendre silencieusement sur un sourire aimable.

Son vœu finissait par s'animer sur sa bouche, très précis. Enfin cela ne l'étonnait pas tant. Sa demande paraissait quelque peu maladroite mais en tant que nouvel arrivant, tout un monde s'écroulait pour surgir dans un inconnu complexe et trouble « Je vous comprends. Quand je suis arrivée ici il y a quelques années déjà, j'étais totalement déboussolée » Elle compatissait. Versace se souvenait encore de sa première rencontre qui s'était plutôt mal passée. Affamée, comme à son éternelle habitude, la goule s'était gorgée de la chair de sa victime jusqu'au moment où son dernier souffle s'évacuait pour se retrouver subitement nez à nez avec une entité céleste. La surprise avait été totale. L'inconnu se penchait ensuite subitement en avant, pris tout à coup d'un élan d’humilité, ce qui l'amusa doucement « Vous ne me dérangez absolument pas. Mon rôle est aussi de vous familiariser avec le paysage » Néanmoins, s'il venait de débarquer dans cet univers, il portait déjà à sa connaissance des éléments bien notables comme le nom des deux factions rivales qui imprégnaient la politique de cet endroit. Toutefois, quelque chose la surprenait, ce qui lui fit hausser ses deux sourcils bien épilés « Toutefois, c'est étonnant. Normalement, nos nouveaux citoyens sont d'emblée pris en charge par l’Église Blanche pour justement, vous nourrir de la culture d'Azuola et ses spécificités. Ce n'est pas votre cas ? » Si elle adorait son métier, parfois, il lui arrivait de le mépriser tout autant. Cela lui rappelait à quel point elle détestait cette organisation gérée par le Pontife qui de bonne grâce, recueillait des créatures mais aussi des humains -un concept qu'elle ne comprenait guère alors qu'il s'agissait pourtant d'un refuge pour les fuir et connaître enfin la sérénité. Pourquoi tant de compassion pour des êtres qui avaient cherché à les détruire ? Cela lui donnait la nausée « Je vais tâcher cependant de vous aider au mieux » Sur un geste devenu machinal, elle remontait ses lunettes et l'invitait à la suivre d'un signe de main pour parcourir les étagères concernant la puissance primaire de cet état « Nous avons tout un rayon en ce qui concerne l'Eglise Blanche. Il s'agit de l'organisation la plus puissante ici. Ils gèrent la sécurité et l'ordre d'une main de fer, afin que chacun puisse jouir d'une sécurité exemplaire. Le Pontife est un homme de bonté et de bienveillance. Il tient vraiment à ce que tout le monde puisse se sentir bien » Elle aurait pu vomir en prononçant ces quelques mots dégoûtants mais rien sur son expression qui ne puisse trahir son aversion. Elle avait l'habitude désormais de gérer son hostilité « Vous pouvez y trouver des coupures de journaux concernant son idéologie et ses concepts de valeur. Je vous conseille d'en prendre connaissance tout de même, très justement pour comprendre nos mœurs et notre culture. Tout est lié, vous savez. Des manuscrits historiques sont également disponibles concernant la fondation de l'Eglise, sa construction, le fondement de ses principes et son organisation institutionnelle en son sein. Vous y découvrirez son passé, ses enjeux et ses souhaits » D'une main, elle attrapait deux livres bien connus qui lui brûlaient le bout des doigts à leur simple contact avant de lui tendre avec un soulagement intérieur « En ce qui concerne nos arts, prenez celui-ci » elle lui en délivrait un autre « Il s'agit de tous les artistes de notre monde ainsi que leurs œuvres les plus connues qu'ils soient architectes, peintres, chanteurs, comédiens... Et j'en passe. Il y figure aussi ceux de l'autre côté de nos barrières temporelles, qui ont également atterri ici. Peut-être cela vous ferait-il plaisir de reconnaître quelques icônes qui demeurent désormais avec nous » C'était bien un élément qui personnellement, la désintéressait au plus haut point « Suivez-moi » ses pas se détournaient pour rejoindre un petit bout de la bibliothèque beaucoup moins fourni. C'était presque triste à ce stade alors qu'un maigre étalage se présentait à eux « Pour ce qui est de l'Ordre Sainte Emeline... » elle marquait un court silence maussade mais superbement joué « Nous n'avons pas grand chose à leur sujet. Vous le savez peut-être déjà mais cette faction est un système raciste hautement extrémiste qui cherche à exterminer les humains ainsi que les Néos. Ils sont donc naturellement dans le viseur de notre dirigeant » son regard se courba vers l'homme, tentant d'y discerner une quelconque réaction derrière ce couvre visage « J'ai bien des parchemins officiels sur la leadeuse de ce groupe. Mais nous ne possédons pas vraiment d'informations les concernant, pas même superficielles, si ce n'est la certitude de leur cause brandie dans la haine. Étant donné l'envergure et la doctrine qu'ils proclament, le peu de données disponibles est entre les mains de l'Eglise Blanche puisqu'elles sont principalement politiques, donc confidentielles » elle lui donnait tout de même quelques documents qui se limitaient à une dizaine de pages, axés davantage sur les événements désastreux commis avec certitude de leur initiative il y avait des années déjà. Depuis, l'Ordre se faisait beaucoup plus prévenant et discret. Il était très difficile de les atteindre ou même de trouver leur QG principal. Versace y veillait d'ailleurs scrupuleusement.

« Je vous recommande d'être vigilant à leur propos, qu'importe votre nature. Des citoyens disparaissent parfois, sans que personne, pas même l'armée de l'Eglise ne puisse les retrouver. Ils soupçonnent donc que l'Ordre Sainte Emeline soit derrière ces enlèvements et il ne faut pas briller d'intelligence pour deviner que leur sort, là-bas où que ce soit, n'est certainement pas enviable »La goule savait encore de quoi elle parlait étant donné qu'elle s'adonnait minutieusement à des rites de torture, de manipulation et de cruauté sans pareille. C'était même l'une de ses occupations favorites « C'est plutôt sinistre... » elle affichait une mine navrée pour donner illusion d'une crainte feinte « Peut-être devriez-vous également vous rapprocher de la Faction principale si vous avez des questions à poser. Des conseillers sont à votre écoute pour vous aiguiller ou si vous avez tout simplement besoin d'un toit ou d'un enseignement particulier » maîtriser un pouvoir, par exemple. Mais la goule n'avait pas la certitude que cela lui soit utile étant donné qu'elle ne savait pas encore quelle était sa véritable origine « Si vous avez des questions cependant, je tâcherai de vous renseigner comme je le peux. Je suis à votre disposition »

Quelle femme avenante et gentille.
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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyLun 10 Jan - 21:12

Dimma
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La Jambe

L'intimité de la culture
— Vous ne me dérangez absolument pas. Mon rôle est aussi de vous familiariser avec le paysage.

Et quel paysage elle lui offrait là, sous les pans de cette robe. Il n’avait guère envie de se familiariser avec, cependant. Il ne s’agissait pas exactement de sa préférence, toutefois il ne pouvait nier son objective beauté. Mieux, il lui enviait. Pourquoi ne possédait-il pas de tels fuseaux, lui ?

— Toutefois, c’est étonnant. Normalement, nos nouveaux citoyens sont d’emblée pris en charge par l’Église Blanche pour justement vous nourrir de la culture d’Azuola et ses spécificités. Ce n’est pas votre cas ?

… qu’est-ce à dire que ceci ? Intérieurement, Dimma dézingua l’autre. S’il y avait bien des notions qu’il devait lui communiquer impérativement, celle-ci en faisait indéniablement partie. Toutefois, cela lui fut peut-être arrangeant, en fin de compte, car Dimma releva un élément du langage de la Jambe. “Vous nourrir”. Intéressante tournure.

— Je vais tâcher cependant de vous aider au mieux.

Quelle admirable Jambe c’était là. C’était après tout son rôle aussi de le familiariser avec le paysage, n’était-il pas ? D’un geste gracile, elle fit glisser ses lunettes le long de l’arête du nez, signe d’une habitude récurrente, et elle l’enjoignit à la suivre.

Dimma s’exécuta volontiers et lui enjamba. N’était-ce pas après tout aussi son rôle à lui que de la laisser le familiariser avec le paysage ? Elle le mena au travers de rayons chargés, à n’en pas douter, d’histoire, de tragédies, de complots…

— Nous avons tout un rayon en ce qui concerne l'Eglise Blanche. Il s'agit de l'organisation la plus puissante ici.

Ce qui sous-entendait donc bel et bien qu’elle n’était pas la seule, et que plusieurs autres joueurs étaient actifs sur l’échiquier politique.

— Ils gèrent la sécurité et l'ordre d'une main de fer, afin que chacun puisse jouir d'une sécurité exemplaire. Le Pontife est un homme de bonté et de bienveillance. Il tient vraiment à ce que tout le monde puisse se sentir bien.

Cette dernière partie ressemblait davantage à un succédané de harangue appris par cœur et débité à la longue aux nouveaux arrivants. Derechef, le choix des termes employés était tout particulièrement… Dimma ne serait pas allé jusqu’à le qualifier d’élogieux, mais quelque chose dans ce même ordre d’idée. On ne traitait la politique de son propre gouvernement de “main de fer” seulement quand on était en désaccord avec… c'était le premier signe que ladite main de fer était oxydée.

Il fut surpris soudain quand la Jambe lui fourra deux épais volumes sur les bras, et il flancha un instant alors qu’elle poursuivait son discours :

— Vous pouvez y trouver des coupures de journaux concernant son idéologie et ses concepts de valeur. Je vous conseille d'en prendre connaissance tout de même, très justement pour comprendre nos mœurs et notre culture. Tout est lié, vous savez. Des manuscrits historiques sont également disponibles concernant la fondation de l’Église, sa construction, le fondement de ses principes et son organisation institutionnelle en son sein. Vous y découvrirez son passé, ses enjeux et ses souhaits.

En comparaison des propos précédents, il s’agissait là d’une diatribe nettement plus neutre et chirurgicale. Sujet, verbe, complément, beaucoup de compléments même. Tout était traité de façon scientifique, froide, suite d’éléments considérés en tant que tels sans connotation ni coloration émotive.

— En ce qui concerne nos arts, prenez celui-ci.

La Jambe lui asséna un troisième traité sur les bras.

Doux. Jésus.

Ces auteurs-là avaient des choses à dire !

— Il s'agit de tous les artistes de notre monde ainsi que leurs œuvres les plus connues qu'ils soient architectes, peintres, chanteurs, comédiens... Et j'en passe. Il y figure aussi ceux de l'autre côté de nos barrières temporelles, qui ont également atterri ici. Peut-être cela vous ferait-il plaisir de reconnaître quelques icônes qui demeurent désormais avec nous.

Une fraction de seconde, cette dernière mention raviva l’intérêt de Dimma pour la culture populaire. Qui donc se trouvait ici ? Elvis Presley ? King Kong ? Joseph Staline ? Dracula ? Le demi-frère de Cthulhu ?

— Suivez-moi.

Les bras chargés de victuailles culturelles (et il avait de quoi faire ripaille pendant au moins deux mois sans discontinuer), Dimma suivit sa guide vers une section moins pansue de la bibliothèque.

— Pour ce qui est de l'Ordre Sainte Émeline...

La Jambe laissa passer un ange. Curieux, elle qui jusqu’à présent paraissait aussi intarissable qu’imperturbable.

— Nous n'avons pas grand-chose à leur sujet. Vous le savez peut-être déjà mais cette faction est un système raciste hautement extrémiste qui cherche à exterminer les humains ainsi que les Néos.

Ah. Un système raciste hautement extrémiste qui cherchait à exterminer les humains ainsi que les Néos. Pourquoi ”hautement” extrémiste ? Quand on était extrémiste, ne l’était-on pas… purement et simplement ? Existait-il une gradation, de “pas vraiment extrémiste” à ”modérément extrémiste” pour finir sur “hautement extrémiste” ? C’était une étrange qualification. D’autant que les extrémistes ne sont considéraient souvent pas comme tels… alors “hautement extrémistes”…

— Ils sont donc naturellement dans le viseur de notre dirigeant.

Naturellement. S’ils n’avaient été que modérément extrémistes, le souverain pontife aurait laissé ces trublions en paix. Mais puisqu’ils étaient hautement extrémistes, il fallait les punir. Hautement !

— J'ai bien des parchemins officiels sur la leadeuse de ce groupe. Mais nous ne possédons pas vraiment d'informations les concernant, pas même superficielles, si ce n'est la certitude de leur cause brandie dans la haine.

Hautement brandie dans la haine, voulait-elle sûrement dire.

— Étant donné l'envergure et la doctrine qu'ils proclament, le peu de données disponibles est entre les mains de l'Eglise Blanche puisqu'elles sont principalement politiques, donc confidentielles.

Hautement confidentielles à n’en point douter. C’était un comportement suspect de la part de l’Église Blanche. Y avait-il un intérêt à cette stratégie du silence ? Il y avait encore peu, Dimma provenait d’un monde où les terroristes modérément extrémistes faisaient en sorte de se rappeler au bon souvenir de ceux qui cherchaient à délibérément les ignorer, à grands renforts d’attentats, de meurtres de masse, et de déclarations théâtrales.

Peu de gens œuvraient dans l’ombre, surtout quand on se nommait ORDRE DE SAINTE ÉMELINE. Ils sanctifiaient une inconnue, et se targuaient d’être une organisation. Tous les critères étaient assemblées pour en faire des adeptes du drame et de l’hystérie publique.

La Jambe lui donna plusieurs papiers reliés, mais en comparaison du banquet intellectuel de l’Église Blanche, les informations sur l’Ordre n’étaient qu’une risible disette tout juste bonne à faire mourir une chèvre d’inanition.

— Je vous recommande d'être vigilant à leur propos, qu'importe votre nature.

Sa… nature… Oui… bien entendu… sa nature…

Sagittaire, s'il ne se méprenait pas.

— Des citoyens disparaissent parfois, sans que personne, pas même l'armée de l'Eglise ne puisse les retrouver. Ils soupçonnent donc que l'Ordre Sainte Emeline soit derrière ces enlèvements et il ne faut pas briller d'intelligence pour deviner que leur sort, là-bas où que ce soit, n'est certainement pas enviable.

Une lumière s’alluma immédiatement dans l’esprit de Dimma. Il nota mentalement l’information avec soin, et la rangea précautionneusement dans un dossier “à exploiter plus tard”.

— C'est plutôt sinistre...

Ces trois mots interpellèrent Dimma. C’était la première fois, véritablement, que la Jambe laissait filtrer une quelconque émotion.

— Peut-être devriez-vous également vous rapprocher de la Faction principale si vous avez des questions à poser.

Choix de termes intéressant, encore une fois. “La faction principale”. La Jambe admettait ainsi la légitimité de l’Ordre de Sainte Émeline en tant que faction luttant pour le pouvoir ici-bas. Contrairement à tous les préceptes de l’Église Blanche, qui prônaient l’oblitération absolue (oserait-il dire… hautement absolue) de quelque mention que ce fût de l’Ordre, la Jambe reconnaissait qu’il constituait un joueur de taille sur l’échiquier. Pas prédominant, néanmoins assez important pour qu’on le prenne en compte.

— Des conseillers sont à votre écoute pour vous aiguiller ou si vous avez tout simplement besoin d'un toit ou d'un enseignement particulier.

Le retour du succédané de discours officiel. Dimma connaissait déjà une flopée de conseillers (enfin… deux…) qui ne lui étaient pas si utiles que cela. Tout ce dont il avait besoin dans un premier temps, c’était d’assurer ses appuis.

— Si vous avez des questions cependant, je tâcherai de vous renseigner comme je le peux. Je suis à votre disposition.

Quelle Jambe avenante et gentille.

— Vous êtes…

Il bascula un peu en arrière sous le poids des volumes et recula d’un pas pour se rattraper. Il avisa une table à proximité, y déposa les livres.

— Vous êtes fort aimable, acheva-t-il dans un soupir.

Il se retourna pour faire face à la Jambe, et, croisant les mains dans le dos, il se rapprocha d’elle.

— Il y a en effet quelque chose que vous pourriez faire pour moi.

Il s’éclaircit la gorge comme un adolescent appréhendant de demander à sa jolie petite voisine de classe si elle voulait bien se rendre au cinéma avec lui ce week-end. Il souffla pour évacuer la pression, évitant soigneusement de croiser les yeux de la Jambe, fit rouler ses épaules pour les dégourdir et en chasser la tension.

Puis il lui saisit soudain les mains, les pressant doucement, et la perça du regard. Droit dans les yeux.

— Je voudrais que vous me racontiez votre histoire. Vous avez l’air si sûre de vous, si… confiante. Pour être tout à fait honnête, je suis complètement perdu, ici. Je ne connais personne, je ne parle à personne, je ne m’approche de personne. Vous êtes la première âme avec qui je passe plus de trente secondes sans craindre d’être dévoré ou lardé de coups de poignards.

Comment s’il réalisait soudain l’énormité de son geste, il la relâcha pour de nouveau croiser les bras dans le dos et fuir ses yeux.

— Je pensais simplement que… savoir comment quelqu’un a vécu son arrivée ici m’aiderait à faire le deuil de ma vie d’avant. Enfin, je dis cela, mais peut-être êtes-vous née ici… Je vous demande pardon, je suis d’une maladresse et d’une impolitesse incroyables ces temps-ci. La détresse, sûrement, toutefois mes parents en mourraient de honte s’ils l’apprenaient.

Il releva encore les yeux pour capter les siens, furtivement.

— Je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses, si je vous ai offensée. Je… désire simplement parler avec vous, d’humain à humaine. D’homme à femme. J’attendrai la fin de votre service s’il le faut, je peux le faire ! Après tout…

Il avisa la pile de livres et de parchemins sur la table.

— J’ai manifestement de quoi me familiariser avec le paysage, en attendant.

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyVen 14 Jan - 20:35


Elle attendait patiemment que son interlocuteur se formalise sur ses potentielles interrogations. Au fond, la goule ne pouvait s'empêcher de se retrouver un peu en lui. A son arrivée ici, la situation avait été très loin d'être simple. Au début, elle n'avait fait qu'errer de bout en bout sur ce territoire inconnu, de la même façon qu'elle avait traînée sa carcasse sur Terre. Mais la nette différence était qu'elle ne pouvait même pas s'extasier de la chair correctement, se contentant de morceaux arrachés lors d'un ébat ou en faisant boire un homme jusqu'à ce qu'il ne sente même plus le bout de ses doigts. Néanmoins, Versace avait conscience qu'elle ne pouvait pas satisfaire son appétit simplement en pourléchant les contours d'une proie en plus d'attirer l'attention sur elle. L'ironie voulait alors qu'elle s'intègre alors à l'Eglise Blanche pour lui apporter le nécessaire et soulager ses besoins. Oui. Notre créature haineuse des humains avait dû faire la concession de les fréquenter, du moins, le temps de se retrouver et de se faire à ces nouveaux paramètres. Cela lui avait été un apport bénéfique à bien des égards, lui permettant de s'insérer socialement, d'ouvrir sa bibliothèque et de caresser l'acide projet de rejoindre l'Ordre Sainte Emeline tout en récoltant des informations.

Bien que cela lui ait coûté des efforts et de l'énergie, elle y était toutefois finalement parvenue. La patience. Bien loin d'être un trait de caractère, c'était surtout devenu une capacité qu'elle avait cultivé froidement pour mieux frapper au moment opportun. Ses lèvres s'étiraient sur un léger sourire nuancé d'une compassion certaine. Cet homme semblait clairement nager dans un désarroi qui le submergeait -à tel point qu'il en perdrait l'équilibre. A moins que ce ne soit que le poids des livres. Versace n'avait pas mesuré ce point mais elle se promettait d'être plus vigilante par la suite. Ses reliques pesaient effectivement lourd. Son soupir s'envolait ensuite soudainement comme une traînée de poudre soufflée par une bouche qui n'avait sûrement pas pu se confier sur ses états d'âme. Finalement, il lui intimait qu'il aurait bien quelque chose à lui demander. Ah ? Ses rétines s'arrondissaient légèrement devant cette attitude quelque peu gênée, le regard fuyant. Que voulait-il bien lui dire ? Son malaise avait l'air grand jusqu'à ce qu'elle manque de sursauter à son initiative si directe. Ses sourcils se redressaient alors que son buste reculait légèrement en arrière sous l'étonnement. Sa langue s'animait soudain, vivante et furtive, alignant les mots rapidement, de tout ce qu'elle pouvait bien garder sur sa muqueuse engourdie. Une délivrance subite que de pouvoir s'exprimer librement. En réaction, un rire cristallin naissait dans sa gorge quand son client reprenait ses manières. Il était plutôt amusant « Ne soyez pas gêné. Je vous comprends » Elle comprenait vraiment « Il est normal d'être décontenancé et de chercher une oreille attentive dans un monde dont vous ne faites pas parti intégrante et qui semble indifférent à votre détresse » Il semblait la percevoir comme une femme forte et courageuse -à moins que ce ne soit qu'une ruse pour l'attendrir. Qu'importe, cela portait assez son effet pour que Versace s'épanche sur de véritables ressentis. Des émotions qu'elle ne jouait pas. Son regard s'allongeait vers lui, d'une lueur sincèrement triste, connoté d'une obscurité perceptible de ceux qui savaient, de ceux qui avaient traversé le fleuve du désespoir. Un désespoir qui les enveloppait encore d'une humidité fraîche et oppressante. La créature se replongeait dans un passé abîmé par la rage, la douleur et la trahison -à tel point qu'elle faisait abstraction de cette comparaison horripilante avec une humaine, mais pas au point d'ignorer son insinuation pour autant. Elle se mit à toussoter doucement « J'ai bien peur de casser davantage votre humeur. Mais je me dois d'être honnête avec vous... Le deuil, vous ne le ferez jamais » Ses mots tombaient bien bas, annonçant l'évidence sur un murmure. Ses rétines rencontraient le bout de ses chaussures. Son regard se redressait néanmoins vers lui au bout de quelques secondes « Venez. Allons nous asseoir pour discuter » Un peu plus loin, ils s'installaient dans le salon de thé, prenant une chaise et invitant son client à faire de même. Un instant, elle le contemplait de ses yeux quelque peu perdus dans le lointain d'une mémoire qui paraissait aussi éloignée que proche. Le silence pesait sur l'atmosphère mais sur un soupir, ses lèvres s'ouvraient « J'avais une vie, avant d'arriver là » c'était déjà un bon début « Un mari fabuleux et deux enfants. Je les aimais et je les aime toujours, par dessus tout » La goule n'était pas obligée d'étaler tous les tenants et aboutissants, il suffisait que son récit ricoche avec la réalité de ses sentiments dans le fond et ferait l'impasse sur la forme « Savez-vous ce que cela fait, que de perdre vos seuls points de repère ? Vous voyez. Ceux qui restent présents, même quand tout vous semble obscur » Est-ce qu'il savait ? « La lumière chez moi, s'est éteinte à partir du moment où je me suis retrouvée séparée d'eux. Nous étions sensés passer un bon moment. Nous fêtions nos cinq ans de mariage et nous avions décidé de nous offrir une croisière, avec les petits, sur les côtes de la Nouvelle -Zélande » Ses doigts se serraient, les marquant à blanc. Ce n'était pas tout à fait ce qu'il s'était passé mais qu'importe le discours, elle avait fini par les perdre -bien que les raisons soient plus terrifiantes encore, cela n'induisait clairement pas une réduction de peine « Le bateau sur lequel nous étions a été pris dans une tempête » La tempête, la vraie, s'avérait être en fait un humain en qui elle avait confiance et qui l'avait trahi. Suite à cela, le cauchemar avait pris forme. Elle s'était consciemment laissée capturer par ce laboratoire afin que sa famille puisse s'échapper. Ce n'étaient que des années plus tard, des années de torture et d'expériences inhumaines plus tard, qu'elle avait découvert que ces hommes étaient parvenus à les avoir -et les tuer. De là, était née sa haine terrifiante. Son cœur palpitait autant de douleur que de colère « Quand je me suis réveillé, j'étais ici. Au début, tout me paraissait être comme dans un rêve mais j'ai bien vite compris, malgré cette réalité qui n'était pas la mienne, que je ne dormais pas. J'aurai préféré, à bien y songer » Son nez se baissait sur la table « J'ai erré, des mois durant, soumise aux faiblesses du corps. Le froid. La faim. La soif. Soumise aux faiblesses de l'esprit. La peur. La tristesse. La souffrance » Versace se malaxait les mains, un peu hésitante. Pourquoi raconter t'elle tout cela, déjà ? Ce n'était pas agréable « J'ai finalement trouvé refuge à l'Eglise Blanche. Là-bas, ils m'ont permis d'avoir une situation correcte, de me loger, de m'instruire et d'avoir un visage parmi tous ces êtres qui peuplent Azuola. C'est aussi grâce à eux, que j'ai pu monter cette bibliothèque » Ce qui était vrai. « C'est étonnant d'ailleurs car dans notre monde, j'étais infirmière. Je ne sais pas pourquoi mais... J'ai trouvé un certain réconfort, entre tous ces livres remplis de pages de mon ancienne vie... C'est en quelque sorte devenu mon cocon, même si tout n'est clairement pas à sa place comme je le voudrais » Elle relevait le nez pour le gratifier d'un sourire contrit « Je suis véritablement navrée. Ce ne doit pas être les mots que vous cherchiez, chargés d'espoir et de courage. Je ne suis qu'une femme qui s'est échouée sur une plage un jour et qui a perdu ce qu'elle avait de plus précieux. Je ne vois pas comment... Je pourrais oublier, ni même me remettre » Jamais. Jamais, elle n'en guérirait. « Peut-être trouverez-vous cela égoïste ou ridicule de ma part... Je vis plutôt aisément ici après tout. Certains y voient l'occasion de démarrer une nouvelle existence, mais moi, ce que je souhaite plus que tout c'est retourner chez moi, avec mes proches. Cette bibliothèque ne reste qu'un vestige de fragments de mémoire qui ne sont plus, ou qui sont bien ailleurs, là où je voudrais être » ses doigts se détachaient, les posant à plat sur la surface lisse de la table tandis qu'elle déclarait solennellement « Je veux juste rentrer chez moi et je pense que c'est la raison pour laquelle, je me fais violence pour résister à la peine. Un maigre espoir, quitte à mourir avec »

De toute évidence, cette déclaration était fausse mais il lui fallait bien un amortissement dans son histoire. On lui avait tout arraché. Tout, absolument tout. Elle ne comptait pas partir pour la simple et bonne raison que son obsession viscérale se concentrait sur son désir enivrant d'éradiquer la race humaine en s'amusant de leur désespoir tout autant qu'elle l'éprouvait. La vengeance. Son âme hurlait la vengeance. Contre les mortels. Contre l'Eglise Blanche. Contre Azuola. Contre Shën, cette déesse traîtresse qui profanait cet endroit en permettant ces êtres pourris de résider en ces lieux.  
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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyJeu 20 Jan - 14:53

Dimma
Dökkhönd

La Jambe

L'intimité de la culture
Elle éclata d’un rire qui résonna de manière agréable aux oreilles de Dimma. On aurait dit le tintement d’un carillon fait de cristaux aussi purs que prestigieux qui s’entrechoquaient avec délicatesse.

— Ne soyez pas gêné. Je vous comprends. Il est normal d'être décontenancé et de chercher une oreille attentive dans un monde dont vous ne faites pas partie intégrante et qui semble indifférent à votre détresse.

Après avoir encaissé mur sur mur en pleine face, Dimma concédait que la seule portion d’Azuola qui daignait s’intéresser (brutalement) à lui était son architecture.

— J'ai bien peur de casser davantage votre humeur.

HA, c’était elle le dindon de la farce dans ce cas, car bâtons et pierres pouvaient bien lui casser les os, jamais les mots ne l’atteindraient. Et il en avait subi jusqu’à récemment, des bâtons et des pierres !

— Mais je me dois d'être honnête avec vous… Le deuil, vous ne le ferez jamais. Venez. Allons nous asseoir pour discuter.

La Jambe baissa les yeux un instant, un court instant, avant de le remonter graduellement le long du corps de Dimma, et celui-ci se sentit bizarrement mis à nu. Venait-elle… venait-elle vraiment de le reluquer sans vergogne ? Quelle malotrue.

Elle le mena jusqu’à un salon de thé, et Dimma la suivit, non sans avoir récupéré ses livres. Il se dit que c’était là une bibliothèque fort bien équipée si elle possédait même un service de restauration. Une fugace seconde, il se demanda si le rooibos figurait sur la carte, toutefois il balaya aussitôt cette idée. Cela faisait si longtemps que la chaleur du thé rouge, si mal nommé, n’avait enveloppé sa gorge, et il raisonna que cela se corrélait à son manque de concentration depuis son arrivée à Azuo… Azolalo… Azuzol… là. Ici, là.

Dimma déposa ses livres sur une table basse puis prit place sur le chaise que sa guide lui désigna. Il croisa les jambes et posa les mains sur le genou, paré à écouter un récit qui, il n’en doutait pas, serait plein à craquer de rebondissements, de drame, de rires, de pleurs.

Un ange passa, de nouveau. Un ange chargé à s’en faire craquer la colonne vertébrale, cette fois-ci, Dimma nota.

— J'avais une vie, avant d'arriver là.

Quelle révélation étourdissante. À ce train-là, elle lui annoncerait bientôt que durant cette vie d’avant, elle était vivante. Ciel, non, pas tant de surprises, son cœur ne les encaisserait pas…

— Un mari fabuleux et deux enfants. Je les aimais et je les aime toujours, par dessus tout.

Intéressante précision.

— Savez-vous ce que cela fait, que de perdre vos seuls points de repère ? Vous voyez. Ceux qui restent présents, même quand tout vous semble obscur. La lumière chez moi, s'est éteinte à partir du moment où je me suis retrouvée séparée d'eux. Nous étions censés passer un bon moment. Nous fêtions nos cinq ans de mariage et nous avions décidé de nous offrir une croisière, avec les petits, sur les côtes de la Nouvelle-Zélande.

Honorable pays dont le trajet ne passait absolument pas par le Triangle des Bermudes, à moins d’être originaire de Floride ou de Géorgie, et encore dans ce cas-là il était moins coûteux de prendre l’avion, car sinon cela impliquait de faire le tour entier du globe ou de passer par le canal de Panama, et même pour une croisière…

C’était curieux.

Ce point l’interpella plus que de raison et faillit bien lui faire complètement lâcher prise alors que le récit venait à peine de débuter, et il dut ainsi mobiliser toutes ses forces de concentration pour ne pas décrocher.

— Le bateau sur lequel nous étions a été pris dans une tempête.

Bien entendu. C’était le Triangle des Bermudes. Dimma lui aussi était arrivé lors d’une tempête. Précisément, une tempête qui enveloppait de toute sa noirceur tumultueuse un navire en flammes et disloqué, tandis qu’il livrait lui-même son ultime combat contre son plus personnel adversaire, un homme aux ailes de corbeau.

Point bonus pour la tempête, donc, néanmoins Dimma se réservait la médaille de l’arrivée à Azuola la plus métal qui fût.

— Quand je me suis réveillée, j'étais ici. Au début, tout me paraissait être comme dans un rêve mais j'ai bien vite compris, malgré cette réalité qui n'était pas la mienne, que je ne dormais pas. J'aurai préféré, à bien y songer.

Dimma aussi. Il s’était payé la carène d’un chalutier en pleine face pour la peine. Il se surprit à éprouver un élan de compassion pour cette femme, qui l’espace fugace d’une seconde, lui apparut moins comme “la Jambe”, puissante et confiante, et davantage comme une personne, vulnérable et oh si tristement fragile.

La Jambe baissa un peu la tête. Dimma décroisa les jambes et avança le buste, prenant appui sur les genoux à l’aide de ses coudes, et il joignit les mains devant son visage masqué. Les yeux de la Jambe lui demeurèrent cachés. Elle se mit à se triturer les mains. De la nervosité ?

— J'ai erré, des mois durant, soumise aux faiblesses du corps. Le froid. La faim. La soif. Soumise aux faiblesses de l'esprit. La peur. La tristesse. La souffrance.

Le désemparement.

L’impuissance.

— J’ai finalement trouvé refuge à l'Eglise Blanche. Là-bas, ils m'ont permis d'avoir une situation correcte, de me loger, de m'instruire et d'avoir un visage parmi tous ces êtres qui peuplent Azuola. C'est aussi grâce à eux, que j'ai pu monter cette bibliothèque.

À cette mention, Dimma leva la tête pour contempler son environnement, comme s’il la découvrait sous un nouvel éclairage, bien qu’il ignorât si cela fut flatteur ou au contraire décourageant. À présent cela tombait sous le sens que la majorité des ouvrages ici flattait le pouvoir en place.

— C'est étonnant d'ailleurs car dans notre monde, j'étais infirmière. Je ne sais pas pourquoi mais... J'ai trouvé un certain réconfort, entre tous ces livres remplis de pages de mon ancienne vie... C'est en quelque sorte devenu mon cocon, même si tout n'est clairement pas à sa place comme je le voudrais.

La Jambe lui offrit un sourire malade. Quel réconfort, oui. Troquer deux enfants et un époux fabuleux contre une pile de pages reliées…

Étrange réconfort, en effet.

Couplée à sa remarque précédente qu’elle les aimait toujours, cette triste tournure prenait un sens légèrement différent. Sa famille avait quitté le récit dès la tempête. De deux choses l’une : ou elle était restée dans le monde d’origine (ce qui sous-entendait qu’ils étaient humains et qu’elle… l’était un peu moins… mais quid des enfants dans ce cas ?) ou elle avait péri à l’arrivée.

C’était curieux, derechef.

— Je suis véritablement navrée. Ce ne doit pas être les mots que vous cherchiez, chargés d'espoir et de courage.

Ce n’était pas les mots qu’il cherchait non plus, cependant il lui accorda un hochement de tête pour cette attention.

— Je ne suis qu'une femme qui s'est échouée sur une plage un jour et qui a perdu ce qu'elle avait de plus précieux. Je ne vois pas comment... Je pourrais oublier, ni même me remettre.

Cela confirmait sa théorie de la perte tragique de sa famille… cela ne fit que créer davantage d’interrogations. Un tel récit à cœur ouvert, Dimma s’était attendu à ce que la Jambe revive les évènements dans l’ordre chronologique, ce qui impliquait revivre le décès de ses deux enfants et son époux fabuleux… qui n’avaient reçu aucune sorte d’attention pour céder la place à la sensation floue et nébuleuse d’un rêve.… Même éludé pour des raisons évidentes, cela restait un évènement traumatisant.

— Peut-être trouverez-vous cela égoïste ou ridicule de ma part... Je vis plutôt aisément ici après tout. Certains y voient l'occasion de démarrer une nouvelle existence, mais moi, ce que je souhaite plus que tout c'est retourner chez moi, avec mes proches. Cette bibliothèque ne reste qu'un vestige de fragments de mémoire qui ne sont plus, ou qui sont bien ailleurs, là où je voudrais être.

Elle posa ses longs doigts fins le long du plateau de la table. Elle avait de fort jolies mains aussi.

— Je veux juste rentrer chez moi et je pense que c'est la raison pour laquelle, je me fais violence pour résister à la peine. Un maigre espoir, quitte à mourir avec.

Dimma laissa s’écouler un moment, afin de bien intégrer ces paroles.

Un maigre espoir, quitte à mourir avec.

Un maigre espoir, quitte à mourir avec.

Un maigre espoir, quitte à… les iris bleutés de Dimma s’allumèrent d’une étincelle vive de ruse.

Bien sûr.

C’était cela, la solution qu’il recherchait. Et sa charmante nouvelle amie venait de la lui apporter sur un plateau. S’il l’avait pu, il l’aurait embrassée, mais cela aurait été fort indécent. Déjà car il aurait dû ôter son masque, ensuite car même lui n’ignorait qu’embrasser une femme sans son accord était un tabou à ne pas briser. Bien qu’il doutait qu’elle fût capable de se transformer en monstre débordant de griffes et de crocs, il craignait la gifle inéluctable qui s’ensuivrait, et Dimma avait encaissé bien trop de coups pour le tolérer.

À la place, il posa délicatement sa main sur celle, étendue et gracile, de la Jambe, et la pressa doucement.

— C'est à mon tour d'être sincèrement navré, mon amie. Je ne pensais pas une seule seconde qu’une telle tragédie, qu’une telle… je n’ai de mot… se profilait derrière votre histoire. Je regrette de vous avoir amenée à me la narrer, et de vous avoir obligée à revivre votre perte.

Dimma chercha à accrocher le regard de la Jambe.

— Il est toujours téméraire de juger le cœur des autres, néanmoins je perçois dans le timbre de votre voix une sincérité émouvante. Je souhaiterais tant revenir en arrière pour m’empêcher de vous demander cela… S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour me rattraper, je vous supplie de m’en faire part.

Il retira lentement sa main, maintenant le contact avec celle de la Jambe pendant une fraction de seconde avant de l’ôter totalement.

— Tout comme vous je me suis échoué ici-bas davantage par la force des choses que de mon plein gré, mais comme l’a dit Goethe, on peut bâtir quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin. Il oublie, hélas, que cela n’altère en rien la difficulté première de l’obstacle…

Dimma observa de nouveau les alentours de la bibliothèque.

— Et ce que vous avez bâti est très impressionnant.

Il reporta son attention sur la Jambe.

— Je me nomme Vinur. Je sais que mes propos vont vous paraître… incongrus… mais votre proximité m’apaise, mon amie. Me permettez-vous de vous offrir une tasse de thé, ou me montré-je trop… prompt et effronté à votre égard ?

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyLun 14 Fév - 20:13


Le temps se mouvait sur un silence dense, de cette profondeur solennelle que vous pouviez ressentir dans une Église lors d'une confession. Son interlocuteur écoutait attentivement, sans ne serait-ce même l'interrompre une seule fois. Un respect muet qui se forgeait simplement dans l'écoute -du moins, d'apparence. De quoi avait-elle l'air, en s'apitoyant ? Donnait-elle envie de la prendre dans les bras pour un moment de doux réconfort ? Ou cela la rendait-elle, au contraire, bien pathétique ? Ou semait-elle encore, l'indifférence ? Mais qui resterait de marbre face à une telle souffrance marquée par les tremblements d'une femme si angélique. Tout dépendait de l'écho qui se formait au creux de l'esprit de la personne en face. Versace aurait bien voulu voir ces rétines, ces traits de visage qu'elle devinait bruts sans pour autant pouvoir se donner l'explication d'une telle interprétation. La goule aurait aimé pouvoir y déceler quelque chose, bien qu'elle ne sache pas quoi exactement, derrière ce masque qui couvrait son hôte. Quelque chose, ni plus ni moins. Son sens olfactif ne lui indiquait pas d'information particulière si ce n'était, étrangement, un élan déplacé d'enthousiasme à ses dernières paroles. Un sac d'hormones qu'on secouait soudainement sous son nez, poussé par une impulsion inconnue. Ses pensées s'embrasaient brièvement, telle une griffe qui taillait la chaire, extatique à l'idée simplement de faire perler une goutte de sang. C'était étrange comme manifestation. Étrange comme cet homme. Mais le mystère avait toujours eu une facette excitante, n'est-ce pas ?

A son approche, elle lui souriait délicatement, rehaussant ses petites fossettes fraîches et rosées comme une petite pêche. Au moins, elle avait sa réponse : c'était de la compassion. Quel homme alors que celui qui cherchait à étendre sa bienveillance au dessus de sa tête comme une aile protectrice. C'était bien ironique mais pas déplaisant pour autant. Elle en profitait un peu, amenant son autre paume au dessus du dos de sa main.

« Ne vous inquiétez pas. Vous savez, je parle rarement de cette histoire. Elle me ramène à un sentiment terrible et douloureux. Mais j'imagine que garder cette tristesse au fond de soi, n'est pas tant la meilleure solution. Parfois, il faut savoir dire ce qui nous pèse. Cela est plutôt libérateur et j'ose croire que vous comprenez ma perte »
Après tout, il venait également de cet autre monde. Les deux creux du Masque continuait d'agripper ses prunelles violines. Cela se révélait quelque peu perturbant, puisqu'elle ne pouvait pas franchement en faire autant. Néanmoins, elle s'était révélée sincère. Même si son histoire laissait des zones d'ombres vacillantes, cette discussion l'apaisait un peu. Il était vrai qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de s'étendre et si ses dires restaient enrobés d'une carapace mensongère, le fond lui, ne changeait pas : elle souffrait, pour de vrai. Quelle sensation étrangère que de se livrer à un parfait inconnu « Mais si cela vous chagrine tant, vous pouvez effectivement faire quelque chose pour moi » Son doigt se redressa, l'expression maline, tandis que ses yeux roulaient en direction des cartons « Pouvez-vous me les porter jusqu'à l'inventaire ? Cela me rendrait vraiment service. Ils sont assez lourds » Elle aurait pu demander à son employée mais elle n'aimait pas l'embarrasser bien que Rebecca l'aurait fait avec plaisir. Mais si ce prince charmant se proposait alors elle avait dans l'idée d'en profiter un peu. La créature était toujours sensible à la galanterie d'un mâle. Cela lui donnait toujours une envie effrayante de croquer à pleine bouche -mais elle se retiendrait « Et dites-moi également votre histoire. Je ne veux pas tout savoir, évidemment, je ne souhaite pas me montrer trop intrusive. Mais nous serons du moins, à égalité entre rescapés » La main se retirait, citant son proverbe au passage comme dans un livre de culture. Intéressant garçon. Elle l'aimait bien celui-là « Je vous remercie. J'essaie de faire au mieux » Ses doigts s'entrelaçaient à nouveau, découvrant au moins son nom dans le même élan « Vinur donc ? Vous portez très bien votre prénom » Vinur. Du norrois. L'apostrophe signifiait « ami ». Constat amusant « Je m'appelle Versace » déclarait-elle à son tour en étirant ses lèvres. Mais alors qu'il se proposait de lui offrir à boire, elle ne put s'empêcher de laisser s'échapper un rire amusé, cristallin et pur comme une note de piano « C'est un sentiment partagé, Vinur, vous ne m'êtes pas inconvenant » L'intonation de cette prononciation sonnait délicatement sur sa langue. Cela aurait pu la faire saliver « Toutefois, vous rendez-vous compte que vous me proposez la boisson dans mon propre salon ? » Ses prunelles se plissaient, tendresse, telle une pétale qui glissait voluptueusement sur son invité. Sa nuque pivotait vers la fée du logis qui tenait le comptoir « Rebecca, s'il te plaît, prends la commande de cet homme. Ce sera pour moi »
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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyMar 3 Mai - 20:24

Dimma
Dökkhönd

La Jambe

L'intimité de la culture
— Vinur donc ?

Vinur, donc.

— Vous portez très bien votre nom.

Hum… eh bien… merci ? La façon dont Vinur devait interpréter cette remarque n’était pas tout à fait évidente. Que voulait-dire par “vous portez très bien votre nom” ? Disait-on cela à un individu masqué que l’on ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam ? En dépit de son oreille attentive et de sa courtoisie générale - un trait de caractère dont il s’enorgueillissait - Vinur ne comprenait pas vraiment pourquoi elle disait cela…

— Je m’appelle Versace.

… alors par contre, de ce dont il était sûr à 100%, c’était que ce nom-là, elle ne le portait pas bien du tout. Mais alors absolument pas. C’était un patronyme que jamais il n’aurait songé à lui attribuer. D’une part parce que la Jambe était son seul et véritable nom, bien sûr, mais aussi parce qu’il ne la voyait pas arborer ce genre de… d’appellation, à défaut d’un terme plus élégant.

— C’est un sentiment partagé, Vinur, vous ne m’êtes pas inconvenant. Toutefois, vous rendez-vous compte que vous me proposez la boisson dans mon propre salon ?

Eh bien…

Oui.

C’était exactement l’objectif. Offrir à boire à une personne qui, elle non plus, ne lui était pas inconvenante, tout du moins ne lui était pas ennuyeuse. C’était, franchement, un exploit en soi. Vinur avait l’impression parfois d’évoluer dans une tourbière de désagrément aux étendues infinies. Avec V… la Jambe, il lui était plus aisé de naviguer dans cette tourbière, tout du moins cela lui était moins… inconvenant, comme le l’avait si bien dit.

— Rebecca, s’il te plaît, prends la commande de cet homme. Ce sera pour moi.

Venait-il de… venait-il de se faire inviter à sa propre invitation ? Délicieuse Jambe, elle était si prévenante, en plus d’être forte et indépendante. Plus forte à certains endroits qu’à d’autres, indubitablement.

— Je ne veux pas abuser de votre générosité.

Il tourna à son tour la tête en direction de la personne située au comptoir. Charmante, mais pas… « charmante ».

— Le premier thé noir sur lequel vous mettrez la main me conviendra. Je ne souhaite pas trop boire si je dois porter ces cartons tout à l’heure.

Il reprit à l’attention de la Jambe, sur le ton de la plaisanterie :

— Le pu-erh ravage mon organisme. La dernière fois que j’en ai bu, j’ai disparu pendant vingt-et-un jours et je me suis retrouvé dans une chambre d’hôtel en Roumanie, accompagné d’un alpaga en tenue de soirée, sans aucun souvenir de mon périple. Il me manquait la moitié de mes organes, aussi, mais c’était beaucoup moins cocasse que l’alpaga en tenue de soirée…

Et ceci était, contre toute attente, était presque absolument vrai. Vinur se doutait que le pu-erh en lui-même n’était pas responsable de sa disparition inexpliquée, et inexplicable, de trois semaines, mais il le savait impliqué. Pas responsable, mais définitivement coupable.

— Hélas l’histoire de mon arrivée en ces lieux n’est pas aussi passionnante que mes pérégrinations aux côtés de Stirbjórn. C’était le nom de l’alpaga, s’empressa-t-il de préciser. C’est un récit constitué pour moitié d’ironie, et pour moitié de déception.

Vinur s’inclina en arrière pour s’enfoncer plus confortablement dans le siège et laissa son index droit parcourir distraitement la surface rigide de son masque, tandis que ses yeux se perdaient un temps dans le vide pour accompagner ses souvenirs qui vagabondaient.

Il finit par reprendre la parole, sans pour autant accrocher son regard sur un point d’ancrage précis. C’était comme si une vitrine sale se dressait entre sa rétine et le monde extérieur, assez claire et limpide pour lui permettre de voir au travers, mais suffisamment occultée de traces de mains graisseuses pour l’obliger à reconstruire mentalement une partie de l’environnement.

— Je suis ici parce que je l’ai désiré (en quelque sorte). Une partie de ma famille (en quelque sorte) est arrivée ici avant moi, bien avant moi, et j’ai passé quasiment les trente dernières années à essayer de découvrir l’emplacement de la porte d’entrée, et le moyen de la traverser (en plein dans le mille). Comment dire… cela peut paraître ringard, nunuche, presque pulp…

Comment dire cela de façon extrêmement simple pour une auditrice qui n’avait pas suivi avec assiduité les deux cents ans de son existence ?

— J’ai une fille. J’ai eu une fille, plutôt, ajouta-t-il en appuyant le participe passé d’un ton plus grave et réservé. L’homme qu’elle aimait, en qui elle avait accordé toute sa confiance, l’a assassinée et a emmené leurs deux enfants ici-bas. Je ne sais même pas réellement pourquoi je suis venu ici aussi, en fin de compte. Pour la vengeance ? Pour sauver ma dernière famille ?Cela fait si longtemps… j’ignore si lui est encore en vie, ou si mes… si mes deux petites-filles savent même que j’existe.

Il secoua mollement la tête, comme s’il émergeait par lui-même d’une transe hypnotique dont les effets latents perdureraient encore un peu.

— Voilà. C’est la version courte. La version longue est naturellement plus longue et aussi significativement plus… décourageante. Elle consiste pour l’essentiel en un homme qui fait tous les pires choix possibles et qui dit à la chair de sa chair « j’aurais souhaité que tu ne voies jamais le jour »… sans jamais être en mesure de s’amender.

Et exactement comme pour l’histoire de l’alpaga, absolument tout de ceci était vrai.

D’un certain point de vue.

Il haussa les épaules.

— Aucune intoxication au pu-er ne saura jamais effacer cette douleur-là, termina-t-il sur un ton maussade.

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyLun 23 Mai - 19:47


La gentille fée acquiesçait à sa requête, laissant glisser sous ses doigts le thé qui s'offrait littéralement à elle en premier. Framboise, donc. Ce choix du hasard fera l'affaire et puis, cet invité étrange l'avait décidé ainsi. Vinur s'engagea par ailleurs intimement sur une anecdote d'un goût à l'allure douteuse. La douce altesse qui trônait en face de lui l'écoutait, attentive et souriante, les iris prunes entrelacées d'amusement. Il était drôle et spontané. Ses pensées se déversaient naturellement comme d'un fleuve qui sillonnait son lit avec tranquillité et légèreté. Avait-il d'autres histoires à lui raconter ? Elle s'ennuyait de ce croustillant absent et presque innocent à l'Ordre Sainte Emeline. Tout était si macabre et glauque. Oh ! Bien-sûr, c'était un environnement qu'elle adorait puisqu'elle prenait grand soin de décorer cette forteresse de sang et de désespoir. Son cocon des enfers ne manquait jamais d'être sublimé par le vice mais parfois, même une goule avait besoin d'une histoire divertissante sans qu'elle ne termine dans une tombe. Et cet homme était très doué dans ce sens. Sur un geste plein de pudeur, ses phalanges venaient dissimuler un rire discret et aimable, ne se voulant pas impolie de ce récit fascinant « Quelle péripétie me racontez-vous là. Je serai curieuse d'en entendre d'autres. Vous ne manquez pas de ressources, j'en suis sûre »

Son souhait se réalisa soudain sur une ambiance plus sordide. Son attention fut happée comme une mouche en proie à un tragique destin. Oh, toute ouïe qu'elle était, se fascinant davantage pour le sort qui l'accablait. Une compassion naissait, au creux de son ventre où roulaient ses intestins affamés. Elle le laissait s'épancher sur une confidence pleine et entière. Les rouages de sa langue s'articulaient pour tisser le contexte et les raisons qui l'avaient poussé à venir ici, de son propre chef. Un fait guère étonnant quand la plupart des créatures présentes cherchaient leur salut ici. En faisait-il partie également, de cette catégorie ? Versace ne saurait dire, appréciant seulement son verbe éprouvé par la pudeur mêlée à la souffrance d'un homme déchu. Trente ans, ce n'était pas rien. Du moins, dans la chronologie d'un simple mortel. Mais elle n'y accordait pas tant d'importance finalement. Sa propre respiration se faisait plus courte, comme si la propriétaire des lieux craignait de le gêner dans son discours. Ses coudes se posaient ensuite sur la table, caressant son lobe du bout des doigts. Ô, ce drame et cet espoir qui se confondaient pour arborer la discipline d'un esprit qui cherchait une voie à tracer. Un objectif. Quelque chose de plus grand que le vide qui avalait les malheureux.

Ses doigts s'entrelaçaient de nouveau, compréhensive derrière les carreaux de ses lunettes « Je trouve cela très noble et courageux de votre part, Vinur. J'aurai très certainement fait de même, à votre place » Si elle avait su que ses enfants baignaient dans un autre univers, bien-sûr, qu'elle l'aurait fait. Mais Versace ne pouvait que remuer la terre où ils dormaient actuellement « Ce n'est pas ridicule. Vous cherchez à reconstituer ce qui a été, autrefois, brisé en rassemblant les morceaux ou dans un cas plus simple mais légitime, chercher des réponses » Les zones d'ombre empoisonnent plus qu'ils n'aident à se reconstruire « J'espère pour vous, que vous saurez apprendre ici ce que vous désirez » Sur ces mots emprunts de chaleur, elle se levait pour aller chercher deux tasses, dont une qu'elle posa devant lui. Peut-être que cela le réconforterait un peu « La douleur ne connaît pas de limite » Elle parlait bien. Elle parlait en connaissance de cause « Mais il nous faut apprendre à s'en servir, pour dessiner l'avenir » Bénéfique ou sordide. A vous de voir. Son buste se penchait légèrement en avant, comme d'un secret à partager « Considérez-la comme un mentor et elle vous le rendra, d'une manière ou d'une autre »

Bénéfique ou sordide.

« Vous pouvez faire regretter cet homme à l'origine de votre malheur et retrouver ce qui vous a été arraché sur un même projet » Ses lèvres s'étiraient brièvement, reprenant place droite comme une planche sur son siège, l'air d'un rien « Que pensez-vous du thé ? Vous convient-il ? »
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Dimma Dökkhönd

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyLun 20 Juin - 23:23

Dimma
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La Jambe

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— Je trouve cela très noble et courageux de votre part, Vinur. J'aurais très certainement fait de même, à votre place.

Cette phrase résonna en Dimma, mais pas tout à fait de la façon dont il s’y serait attendu. Elle aurait très certainement fait de même, à sa place… Sachant ce qu’il était lui-même, il commença à se demander si sa nouvelle amie ne possédait pas une rancœur aussi grande que ses jambes… Et quand avec la rancœur venaient les moyens… eh bien…

Une ville brûlait.

— Ce n'est pas ridicule. Vous cherchez à reconstituer ce qui a été, autrefois, brisé en rassemblant les morceaux ou dans un cas plus simple mais légitime, chercher des réponses.

Question : comment détruire la magie ?

Réponse : Incertaine. Merci de réessayer.

— J’espère pour vous que vous saurez apprendre ici ce que vous désirez.

Assurément. Dimma avait suffisamment d’expérience pour savoir qu’on tirait des leçons de chaque chose. Même ce qui paraissait le plus infime, le plus absurdement risible, pouvait enseigner des trésors de connaissances si on savait comment écouter.

La Jambe se leva et s’en alla quérir deux tasses de thé. Il s’empara de celle qu’elle déposa devant lui, une main sur l’anse, l’autre sur le rebord de la tasse.

La chaleur se connecta à la pulpe de ses doigts à travers la céramique comme un courant électrique.

Chaud.

Trop chaud.

Et cette odeur… à travers son masque il humait des effluves de… une odeur de fr… une odeur de fruit rouge ?!

SÉRIEUSEMENT ?!

Parmi tout le choix de thés noirs, tout un panel allant du chaï au fameux pu-erh, il avait fallu qu’on lui sélectionne un thé fruité… Quel genre de dégénéré mental buvait de bon gré du thé fruité ?

Ooooh ce thé, il ne le boirait pas, non… il le buvrait ! Exact : à l’instar d’un sous-homme, ce genre de thé ne méritait même pas la grâce d’une bonne grammaire.

— La douleur ne connaît pas de limite, dit l’autre, gravement.

Sans blague ? Quand on servait un thé fruit rouge à son invité, oui, on pouvait affirmer que la douleur ne connaissait effectivement aucune limite, mais toujours moins que la faute de goût.

Doux Jésus, Sainte Mère de Dieu, Seigneur tout puissant…

Si Dimma avait su qu’en mettant le pied dans cette bibliothèque, il se ferait à ce point insulter, il aurait encore préféré se traîner à vif sur une planche de fakir enrobée de fil barbelé.

— Mais il nous faut apprendre à s'en servir, pour dessiner l'avenir.

Ironique. Elle disait cela à un homme littéralement capable de réduire la souffrance au silence d’un effleurement de l’index. Talent qu’il allait mettre à profit dès maintenant.

Il sentit les papilles de sa langue s’ankyloser, s’insensibiliser, et son odorat s’éteindre. Il n’aurait plus que la sensation de boire un liquide chaud sans saveur… un liquide beuarf… mais c’était toujours mieux que… du thé aux fruits rouges…

Rien que dans son esprit, il le prononçait avec un dégoût dégoulinant de dédain…

La Jambe se pencha en avant.

— Considérez-la comme un mentor et elle vous le rendra, d'une manière ou d'une autre.

Portant la tasse à l’interstice de sa bouche masquée, Dimma bascula la tête en arrière de quelques degrés pour déverser le liquide beuarf jusque dans sa gorge. On ne vivait pas quelques deux cents ans sans apprendre un ou deux tours de passe très pratiques au quotidien… Boire avec un masque faisait partie de sa panoplie depuis bien longtemps.

Il s’était brûlé au moins cent cinquante-trois fois, et éclaboussé le double, avant d’y parvenir.

Et en parlant de longue vie…

— Vous pouvez faire regretter cet homme à l'origine de votre malheur et retrouver ce qui vous a été arraché sur un même projet.

Intéressante suggestion, qui confirmait bien ce qu’il lui semblait.

Les paroles de son interlocutrice (charmante interlocutrice, se devait-il de préciser) étaient empreintes d’un paradoxe notable : d’un côté, cette émotionnalité brute, qui bouillonnait juste sous sa peau, et de l’autre cette sagesse caractéristique de ceux qui ont vécu plus que de raison. Dimma avait croisé assez de ces êtres pour être en mesure de les identifier, et la brave Madame Versace qui portait si mal son nom était une bonne candidate.

— Que pensez-vous du thé ?

Fade.

— Excellent.
— Vous convient-il ?


Non.

— Parfaitement, oui.

Dimma termina sa tasse et la déposa sur la table.

— Je vous remercie. Vos paroles m’ont ouvert les yeux sur un certain nombre de sujets. Je ne suis pas encore convaincu d'y voir clair, mais vous m'avez offert plusieurs pistes à explorer… C'est plus que ce que j'espérais en pénétrant dans ces lieux. Plus précieux, aussi.

Le sujet qui la concernait elle, il allait de soi, mais également le sujet qui ne l’avait pas effleuré une seule seconde : Thibalt Eizen. Quelque part, par ici, ce crétin arrogant se pavanait, foulait le pavé de sa démarche prétentieuse, la main enserrant le manche de son sabre, comme si le monde lui appartenait… Et Dimma réalisait seulement maintenant, en dépit de ce qu’il avait assuré à la Jambe, qu’une confrontation serait inévitable.

Le Corbeau, c’était une chose.

Eizen en était une complètement différente. Et s’il désirait reprendre le contrôle de l’Étoile Rouge, de son Étoile Rouge, et mettre un terme définitif à cette mascarade absurde qu’était la magie, alors il trouverait le sorcier sur son chemin. C’était inéluctable. Et, Dimma était forcé de le reconnaître, il n’était pas encore prêt pour cela.

Il claqua dans ses mains.

— Bien. Je suppose que je dois me mettre au travail !

Dimma repoussa le siège en arrière, se leva, rangea le siège, et prit la direction des cartons qu’il devait transbahuter.

Lui.

Transbahuter des cartons.

Après s’être payé un navire en pleine poire, puis un mur en pleine figure, puis avoir été malmené par un sac à mains géant, comment mieux parachever la déchéance qu’en se transformant en docker de bibliothèque ?

Il s’empara d’un carton, et souffla tout en chancelant. En effet, c’était sacrément lourd ! Cela l’avait pris au dépourvu, néanmoins il réussit à se maintenir en équilibre. Qu’est-ce qu’il pouvait bien y avoir là-dedans ? Des livres, rien que des livres ? D’ici peu ses épaules se calcifieraient sans crier gare.

— Je vous trouve très intrigante, Versace. Agréablement intrigante, je veux dire. À vous écouter, on dirait que vous vivez ici depuis si longtemps… Votre sagesse se dispute à votre aura mystérieuse.

Ce carton était abominablement lourd. Pas tant que cela, en vérité, mais sur une durée longue cela commençait à peser. De nouveau, il songea à utiliser son pouvoir pour se faciliter la vie… puis il se ravisa.

S’il se posait des questions sur Versace et l’analysait depuis tout à l’heure, il y avait fort à parier qu’elle aussi se livrait à toutes sortes de conjectures. Hors de question de lui livrer ce petit secret… en tout cas dans l’immédiat.

— Où dois-je le déposer ?

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyLun 27 Juin - 19:18


D'un petit doigt levé dignement en saisissant la hanse de sa tasse, elle goûtait les saveurs de sa boisson fumante. Si la créature se plaisait à des mets plus sanguinaires, il lui était aussi aisé de capter chaque note fruitée qui détonait de ce thé. Mais à son petit étonnement, elle y décelait aussi une particularité singulière : une touche d'amertume. Était-ce réel ou simplement l'illusion de son esprit qui projetait sa rancœur permanente sur tout ce qui pouvait bien effleurer ses sens ? A vrai dire, elle n'avait pas la réponse à cette interrogation.

Toutefois, elle l'entreposait dans sa coupole tandis que l'invité du jour la remerciait plus que de raison. Soit il surjouait, soit il s'agissait seulement de ses manières. Sûrement les deux. Mais la Dame ne s'en formalisait pas davantage, acquiesçant seulement sur un sourire à l’amabilité charmante. L'homme tonna par ailleurs sa volonté de se faire la main sur ces colis et c'était bien une promesse qu'elle comptait le voir exécuter. Versace, derrière ses pulsions de violence et d'effroi, demeurait malgré tout une femme de serment, aussi petit soit-il. Cette capacité à tenir un pacte -bien qu'il soit ironiquement dessiné par le diable- mesurait selon elle, la valeur d'une personne et sa fiabilité. Beaucoup de ses sujets l'avait bien saisi -saisi à point, comme une viande sur un barbecue. Le bras droit de l'Ordre ne tolérait en rien les contrats brisés.

Ses prunelles se déposaient cependant sur ce masque étrange alors qu'il semblait l'interroger courtoisement, comme s'il cherchait à peser son âme. Ou plutôt, l'homme qui se trouvait exactement derrière, en bonne figure dissimulée. En terme d'intrigue, la goule songeait qu'il faisait davantage effet en comparaison. L'ironie. Et tout le monde savait que tout ce qui s'apparentait à un mystère, l'objectif irrésistible était toujours de le déceler pour en percer la vérité. Ses lèvres s'étiraient, amusée de cet élan « Je n'ai pas la prétention d'être aussi sage mais si vous cherchez à toquer une nouvelle fois à ma porte au besoin, je vous ouvrirai volontiers »

Petit contrat alors que de porter simplement quelques cartons, sur ces propos elle se levait à son tour en claquant ses maigres talons sur le carrelage pour lui intimer la marche à suivre. Comme un écho à ses mots, la démonstration même d'une invitation dans les sables mouvants de son existence , l'élégante ouvrait la porte au fond de la bibliothèque. Le bois grinçait alors, sur un monde sans lumières, habillé seulement d'une obscurité presque inquiétante, comme des cris étouffés de bouches cousues. Les escaliers semblaient descendre loin, toujours plus loin dans les abysses, tant nous n'y voyons pas le fond. C'était comme plonger dans sa propre noirceur. A la fin de cette escale, vous n'en reviendrez peut-être jamais plus. Pourtant, cet univers portait bien un nom des plus innocents dans cette réalité ancrée : la cave. Sinistre cave où l'écho des pas remontaient le long de votre colonne vertébrale sur un frémissement. Pourtant, il n'y avait rien à craindre de particulier, si ce n'était sûrement un peu de poussière et les toiles d'araignées. Cela ne représentait qu'une métaphore sordide.

« Vous pouvez le déposer, ici, en bas. Ce n'est pas très accueillant, je vous le concède »

Du bout de l'index, elle rehaussait à nouveau ses lunettes sur son nez, l'encourageant d'un battement de cil doux « Après vous, Vinur »
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Dimma Dökkhönd

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyDim 17 Juil - 23:17

Dimma
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La Jambe

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Sa charmante amie se leva à son tour, et derrière la pile de cartons calée, inconfortablement mais solidement, dans le creux de ses coudes, Dimma la suivit en se fiant au claquement sec du talon de ses escarpins sur le sol carrelé.

Il ne marcha pas bien longtemps, bien qu’en notion relative la durée du trajet fut insupportablement exacerbée par la pression que son fardeau exerçait sur sa colonne vertébrale. Du coin de l’œil il aperçut une porte et devina que c’était son lieu de destination. Une réserve à n’en pas douter.

Inconsciemment, Dimma imagina des rayonnages entiers de livres rangés par genre, ou du moins selon une typologie bien définie connue seulement du cercle très secret des bibliothécaires (étendu aux libraires, s’entendait).

La porte pivota sur ses gonds dans un craquement peu amène. Bon, c’était seulement un brin rouillé, oui, cela arrivait fréquemment. Cela arrivait fréquemment aux portes qu’on n’ouvrait pas souvent.

À la place d’une réservé éclairée et facile d’accès, il n’y eut rien. Que des ténèbres que Dimma était à peine en mesure de discerner.

— Vous pouvez le déposer, ici, en bas. Ce n’est pas très accueillant, je vous le concède.

La Jambe remonta ses lunettes sur le bout de son adorable petit nez retroussé.

— Après vous, Vinur.

Dimma fit deux pas pour se poster dans l’encadrement, et se mit de côté pour mieux voir à quoi il avait affaire. Ce n’était qu’un escalier, qui descendait à perte de vue dans l’obscurité.



Pardon ? Espérait-elle qu’il se rompe le cou ?

Déjà quel était l’architecte stupide qui avait émis l’idée d’établir la réserve d’une bibliothèque dans une cave, là où l’humidité devait proliférer plus vite encore que les asticots et les cloportes qu’elle amenait invariablement dans son sillage ? Ensuite, qui s’était dit que c’était une bonne idée d’effectuer, au quotidien ou presque, l’aller-retour cave/rez-de-chaussée, dans le noir, alourdi de plusieurs cartons qui obstruaient la visibilité et empêchaient de se rattraper à quoi que ce fût (encore que rien ne fût, bien sûr) si l’on venait à manquer une marche ?

Dimma avait eu affaire à de sacrés morceaux durant son existence. Les architectes d’intérieur étaient une race qu’il n’avait jamais su complètement dompter.

Il se recula pour éviter de choir à cause d’un faux pas et considéra la Jambe d’un regard curieux.

La dernière ligne à ajouter à son illustre carrière serait de finir tétraplégique, confiné dans un fauteuil, après un dérapage malencontreux dans l’escalier vermoulu d’une bibliothèque mitée au sein d’un quartier sous-développé où régnaient le stupre et la dysenterie.

Non, Dimma ne descendrait pas sans lumière. Du moins ne descendrait-il pas le premier. Si elle l’invitait à cela, c’était qu’elle savait qu’aucune lumière n’était accessible de ce côté des marches. Quelle raison aurait-elle à le lui dissimuler, sinon ?

Ah oui, une : elle était comme lui. Supputait-il, certes, mais supputait-il avec de plus en plus de raisons. On ne suspectait un individu de ne pas avoir la conscience tranquille que si l’on n’avait pas soi-même la conscience tranquille, après tout.

Non, c’était plus vraisemblablement un malentendu. Le rasoir d’Ockham était formel à ce sujet : de toutes les solutions possibles à un problème, la meilleure était souvent la plus simple. La Jambe avait l’habitude d’user des siennes avec agilité et souplesse à n’en pas douter, notamment si elle devait transbahuter de telles charges au quotidien. Par simple mémoire musculaire devait-elle savoir, deviner, anticiper où se trouvaient les failles dans les marches, les reliefs, les renfoncements…

Et si c’était une réserve, il lui fallait bien une source de lumière. La Jambe ne semblait pas plus pourvue de nyctalopie (encore que) que d’une lampe-torche fonctionnelle, par conséquent il devait y avoir un interrupteur ou au moins une lampe à huile quelque part au bas de ces quinze, non, vingt marches.

— Après vous, plutôt. Je préfèrerais y voir un peu plus clair, si cela ne vous incommode pas outre mesure. Je crains de glisser et de finir au terme de cette descente la face la première, la nuque à l’envers, le masque en miettes et, pire que tout, vos cartons éventrés et déversés sur trois mètres carrés.

Tout ça…



… pour ça…

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptyDim 31 Juil - 15:53


La lune étirait son halo blanchâtre autour de l'espace, s'engouffrant à travers cette fenêtre de chambre d'enfants pour faire danser les ombres. Les cauchemars s'animaient, se mouvaient et circulaient dans cet esprit tétanisé, qui ne souhaitait que crier à l'aide.

Mais il ne faut pas faire de bruit. Le plancher grince. Le monstre veille, quelque part. Il te cherche.

Sa bouche tordue n'émettait pas le moindre cri, les deux mains plaquées dessus, s'efforçant de lutter pour calmer les battements de son cœur. La noirceur enveloppait ce corps tremblant, la respiration suffocante et pesante. Il se sentait écrasé. Il se sentait pris au piège. L'odeur âcre et rance emplissait la pièce tout autant que la lumière rasait les murs pour inviter l'obscurité. La morsure de la peur l'envahissait. Les larmes coulaient le long de sa joue juvénile. Il ne pouvait qu'attendre.

Si tu ne fais aucun bruit, elle partira.

Cette pensé tournait en boucle dans sa tête, pour tenter de canaliser cette frayeur qui lui grignotait les tripes. Dans cette armoire, il se persuadait qu'elle ne pourrait pas le trouver. Du haut de ses cinq ans, c'était tout ce que son petit instinct lui dictait. La meilleure cachette, barricadée de coussins et de ses peluches qui, il le savait, allaient le protéger.

Mattew ?

Son cœur manquait de s'échapper de sa cage thoracique. Cette voix. Cette voix, là. Ses yeux se fermaient fort. Si fort.

Le parquet crie. Il l'entend arriver. Les pas se rapprochent.

Pourtant, il ne pouvait pas bouger. Il n'y arrivait pas. Ses jambes ne parvenaient pas à le porter. Et là. Là, il la vit. Ou plutôt, il devinait sa présence juste devant la porte. Seulement trois malheureux centimètres en bois le préservait de cette vision horrifique. De cette femme. Une porte, pour seule rempart.

Contre ce monstre.

Il se mit à gémir, à couiner de détresse, se renfonçant au maximum au fond du meuble comme s'il cherchait à se ranger dans un tiroir à chaussettes. La porte commençait à s'ouvrir et ses yeux effarés, ne pouvaient que contempler la fin de son histoire.

Ah, tu es là.

La créature le fixait, de ce visage défiguré et sordide, les prunelles injectées d'une lueur sanguinaire. Quelques traces de ce liquide poissard et rouge suintaient encore de sa bouche. C'était frais. Tout frais. Ses lèvres s'étiraient sur un rictus terrifiant.

Tes parents ont été très vilains, Mattew.

La peur s'injectait dans ses veines pour pétrifier son hôte et l'assujettir lui-même à une interrogation lourde et obsessionnelle.

Est-ce que tu vas mourir, ici, dans cette armoire ?



***

Versace le regardait faire, de ce pas un peu maladroit et hésitant. Il n'avait pas l'air d'avoir envie de descendre et elle le comprenait suffisamment. La goule étouffait un ricanement. A défaut de pouvoir manger de la chair fraîche, sans qu'elle ne puisse s'en délecter pleinement, elle s'était trouvée l'amusement judicieux d'asseoir un malaise sur les autres. Un malaise pervers et dérangé. Oh, cet homme ne le méritait clairement pas. Après tout, il acceptait de lui donner un coup de main. Mais l'idée même de deviner une forme de gêne comme un frisson sur la nuque, aussi imperceptible soit-il, la séduisait énormément. Et puis, elle se plaisait tout autant à tester les limites de ceux sur qui elle jetait son dévolu. Ce masque là, était intéressant. Elle le sentait bien qu'elle ne sache pas exactement pourquoi, il lui procurait ce sentiment.

Alors à sa déclaration, ses grands yeux s'ouvraient trempée de stupeur à cette étourderie « Oh » faisait-elle en amenant la main devant sa bouche avant de baisser les yeux en biais, l'air bien penaud « Veuillez m'excuser. Je m'en occupe tout de suite » murmurait-elle, à bout de lèvres. Ses petits talons raisonnaient ensuite sur deux marches, seulement deux marches, pour faire germer la lumière du bout de son doigt sur l'interrupteur. Rien d'étrange à déclarer. Ce n'était qu'une réserve banale, savamment rangée toutefois pour le notifier. Et propre. Il y avait même une machine à café, en bas. Un enfer bien accueillant donc. Son visage se tournait vers son invité, l'expression souriante, passablement gênée par cette déconvenue.

« Les ailes de ma salariée brillent dans le noir, alors j'ai pris cette habitude quand elle m'aide à les descendre. Je passe devant. Je vais vous aider à le porter, cela est préférable. Il ne faudrait pas vous rompre le cou »

Oui, ce serait dommage. Elle l'aimait bien, tout de même. Enfin, à sa manière.
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Dimma Dökkhönd

Dimma Dökkhönd

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MessageSujet: Re: L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021   L'intimité de la culture [PV Versace] - 02/11/2021 EmptySam 18 Fév - 18:09

Dimma
Dökkhönd

Signi… ?

L'intimité de la culture
— Oh.

Oh.

Oui, oh.

Bien entendu, oh.

Cela aurait pu être « ah », ou « mince », ou encore « zut », ou bien « tire-bouchon » ce qui, à défaut de faire sens, aurait eu le mérite d’être sacrément original dans pareil contexte.

— Veuillez m’excuser.

Tire-bouchon.

Non, cela ne sonnait pas aussi bien dans sa tête que ce qu’il l’avait imaginé de prime abord. C’était peut-être, en définitive, juste idiot.

— Je m’en occupe tout de suite.

Tire-bouch… quoique ? Tire-bouchon. Cela avait du panache, dans le genre inattendu. Tire-bouchon, c’était le mot idéal pour mettre un terme à tout type de conversation embarrassante, ou pour résoudre toute situation inextricable.

Tire-bouchon.

Tire-bounon c’était complètement absurde.

La Jambe ouvrit la marche, descendit les marches, et mit l’interrupteur en marche, ce qui constituait un nombre excessif d’étapes pour une action d’apparence si simple.

— Les ailes de ma salariée brillent dans le noir, alors j'ai pris cette habitude quand elle m'aide à les descendre. Je passe devant. Je vais vous aider à le porter, cela est préférable. Il ne faudrait pas vous rompre le cou.

Charmante déclaration de tire-bouchon.

Non, décidément, non. Cela ne se substituait à nul autre mot, en vérité.

— J’apprécie votre sollicitude, néanmoins je vais tâcher d’accomplir ce labeur par moi-même. La goujaterie ne sera pas mon pire défaut.

N’était-il pas un homme fort et indépendant, après tout ?

Il s’inséra, avec une adresse toute relative, dans l’espace entre le mur et la Jambe, et descendit les marches. Quand il posa le pied sur le sol de la réserve, si dur et froid au travers de la semelle de ses chaussures, un étrange sentiment de déjà-vu s’empara de lui.

Étrange, car contrairement à un sentiment de déjà-vu classique, celui-ci lui sembla subitement à la fois moins réel et beaucoup plus, atrocement plus, vrai.

Un filet de sueur froide coula le long de son échine. Glacé.

Durant cet instant, il se crut un Sisyphe inversé. En lieu et place d’un rocher à pousser en haut d’une montagne, il descendait une pile de cartons en bas d’un escalier.

Encore.

Et encore.

Et encore.

Pour l’éternité.

Il se tourna en arrière de moitié, et son regard détailla Signi, des pieds à la tête.

En un battement de paupières, toutefois, tout fut terminé. Ce malaise bizarre s’était éclipsé aussi vite que ce qu’il s’était manifesté.

Dimma déposa les cartons à côté d’un rayon d’étagères, et pivota en direction de la machine à café. Cela l’amusa tout particulièrement de constater que pareille pièce de technologie humaine se trouvait en ces lieux. Ce monde, cet Azuola, ne ressemblait en rien à ce qu’il avait connu tout au long de sa vie, et se retrouver nez-à-nez (du moins masque à percolateur) avec quelque chose d’aussi trivial, à ses yeux, qu’une machine à café.

Pour un peu il se demanderait si l’Église Blanche avait mis en place un système d’économie circulaire qui visait à réduire la consommation de produits en plastique à usage unique en faveur d’une alternative cartonnée.

Il se retourna vers Signi, et…

De nouveau, il battit des paupières. Deux images se superposaient l’une à l’autre. La femme, la jeune femme qui l’accompagnait, qui lui avait si gracieusement offert un thé, et… et une autre. Une autre qu’il ne connaissait pas. Une inconnue, qui…

Sa vision s’ajusta, et il ne resta plus que la Jambe. L’inconnue s’était dissipée à la manière d’un spectre, dont il avait déjà oublié jusqu’à l’apparence.

— Je… Je vais vous laisser, à présent. Je vous remercie pour le thé, mais je crains d’avoir déjà trop abusé de votre temps. Mais je reviendrai. Votre compagnie m’est…

Agréable.

— … plaisante.

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