Let me in

Les débuts sur Azuola n’avaient pas été faciles pour Mélusine. D’abord enlevée, puis sdf, malade, recherchée, elle s’était retrouvée ballottée par les évènements sans rien pouvoir faire d’autre que fuir.

Mais maintenant ça allait mieux. Elle était guérie, avait pu se nourrir, dormir convenablement et s’informer sur ce nouvel environnement. Il était temps de mettre un plan d’action en place.

Le but était toujours le même : sortir d’ici. L’avis de recherche et les raisons pour lesquelles on lui en voulait lui donnaient une motivation supplémentaire pour atteindre cet objectif.

D’ailleurs, elle avait une piste ! Et cette piste s’appelait « les Insoumis ». Elle aimait ce nom, rebelle dans l’âme.

Bien sûr, intégrer un groupe dans cet environnement rempli de complots en tout genre n’était pas chose aisée et Mélusine devait identifier les membres principaux, mais avec une détective dans ses connaissances, il était plus facile de savoir qui faisait quoi. Le plus dur était de rentrer dans l’organisation !

Les compétences sociales de Mélusine n’étaient pas vraiment au top, elle avait plus l’habitude d’être seule, mais là, il fallait faire bonne impression, sans doute... sympathiser ? Et qui sait si les gens n’étaient pas aussi hostiles aux humains. Elle n’avait pas de pouvoir en plus ! Rien !

Enfin, elle avait mis un nom sur sa « cible ». Elle devait rencontrer Candice Eizen.

Où ? Quand ? Quoi ? Comment ?

De préférence en évitant d’être attrapée de nouveau par ces cinglés de Sainte Emeline… Il fallait donc limiter ses déplacements et éviter d’aborder n’importe qui pour poser des questions. Compter sur la chance n’était pas vraiment une chose à faire. Les statistiques et la logique c’était mieux.

Mélusine avait rassemblé les informations fournies par Helga et, au lieu de se rendre partout en croisant les doigts, avait calculé les probabilités de trouver sa cible dans certains endroits pour optimiser ses déplacements. L’endroit où elle avait le plus de « chances » de la trouver était le parc. Une rapide estimation des plages horaires possibles et c’était parti !

Un jour.

Pas de Candice. Mélusine s’était postée près de l’entrée pour être sûre de ne pas la manquer.

Deux jours.

Non plus. La rousse ne désespérait pas. Elle était déterminée à l’approcher.

Trois jours.

Bingo !

Elle la vit entrer et la suivit sur quelques mètres avant de venir à sa hauteur.

Bien… elle s’était entraînée à dire plusieurs phrases d’introduction. C’était le moment ! Remontant ses lunettes sur son nez, elle ouvrit la bouche et…

– B’jour, je… heu...hum… aem… Ah zut !

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Let me in

Mélusine eut un petit rire nerveux. Elle espérait ne pas passer pour une fille louche… c’était mal parti.

Elle hocha la tête à sa proposition et commença à marcher avec elle.

– Désolée

Cherchant ses mots, elle se demanda comment elle pouvait avoir les idées aussi claires quelques minutes auparavant et là, de suite, tout mélanger dans son esprit. C’était vraiment important cette rencontre ! Elle devait sortir de cet île !

– Hum … on … m’a dit que si on voulait de l’aide pour trouver un moyen de sortir d’ici, il fallait s’adresser à un groupe spécial.

De mieux en mieux. Elle avait l’impression d’être dans une parodie de film d’espionnage. Non, décidément, la rousse était bien plus à l’aise derrière des équations et des casse-têtes que devant une personne. Quel cliché elle faisait…

– Je… suis humaine… juste humaine… mais je peux aider… et je cherche à partir d’ici…

Elle soupira en pinçant l’arrête de son nez.

– Désolée, je dois vraiment avoir l’air ultra louche comme ça…

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Let me in

Mélusine fut un peu soulagée de constater que son interlocutrice comprenait sa nervosité. Elle se demandait toujours comment prouver sa fiabilité… puis se souvint qu’elle avait des avis de recherche avec sa tête et son nom. L’ordre de sainte Emeline lui courrait après. Vu leur réputation ce n’était pas difficile de savoir ce qui dérangeait chez la rousse.

Évidemment, elle se mit à lui poser plusieurs questions. Plein d’affilées. C’était à croire qu’elle était aussi nerveuse. Mélusine se détendit un peu. Au moins, elle avait une chance de prouver qu’elle était sincère en répondant à ces questions.

D’ailleurs, Candice confirma son état. Oui, elle aussi était nerveuse. Au moins elles étaient à égalité. Ça la rendait même plus sympathique, abordable même.

– C’est une… euh… connaissance… une personne qui m’aide beaucoup. Elle est détective… du coup c’est son domaine de trouver des gens…

Elle espérait que cette information n’inquiète pas son interlocutrice. Dans le doute…

– Mais c’est quelqu’un de fiable, hein. Pas de quoi s’inquiéter. Elle a un côté justicière d’ailleurs…

Mélusine aimait ce côté là chez elle. Ça leur faisait un point commun, en plus de leur volonté de faire tomber ce groupe de cinglés qui s’en prenait aux humains.

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Let me in

Visiblement la prudence régnait sur ce groupe. Mélusine se doutait qu’on n’y rentrait pas comme ça mais se demandait si elle pourrait réellement lui montrer qu’elle était digne de confiance. Chez elle, ses actes parlaient d’eux-mêmes. Ici… c’était une parfaite étrangère. Enfin, une parfaite étrangère avec sa tête placardée sur les avis de recherche. Donc une parfaite étrangère louche.
Dans un sens, elle espérait que son apparence des plus inoffensive jouerait en sa faveur.

« Et du coup... Pourquoi cette fameuse détective que vous estimez tant a décidé de vous faire prendre contact avec moi et pas un autre membre des Insoumis ? »

Surprise, Mélusine ne su quoi répondre de suite.

– Euh… je sais pas vraiment, je suppose qu’elle n’a pas encore trouvé qui était au dessus de vous.

La rousse était tellement préoccupée en cherchant comment la trouver qu’elle n’avait pas songé à ce genre de chose.

C’était une erreur stupide. Voilà ce qui arrivait quand on se précipitait.

« Oh et ça me rassurerai peut-être un peu si je pourrais mettre une identité sur cette... Détective. »

Mélusine acquiesça, bien qu’elle ne soit pas sûre que tout le monde connaisse tout le monde. Si Helga ne connaissait pas cette fille, pourquoi l’inverse serait vrai ? Enfin, si ça pouvait lui rassurer…

– Elle s’appelle Helga… hum… mince… son nom de famille c’est Ad.. quelque chose… euh… Adven… Non.. Ad… Ah.. mince.. désolée…

Plus Mélusine s’emmêlait les pinceaux, plus elle rougissait.

– Elle vit à l’orphelinat… grande, brune, avec un air assez sérieux… hum… je crois pas qu’elle soit très connue…

Soupir. C’était une catastrophe. Autant être franche jusqu’au bout.

– Vous avez sans doute vu mon visage sur des affiches… je suis recherchée par l’Ordre de Sainte Emeline.

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Let me in

Par … chance ? Il y avait une affiche dans le coin avec la tête de Mélusine en gros plan dessus. La rousse n’aimait pas trop ça. Il y avait des risques qu’on l’ait repérée si quelqu’un d’autre avait vu l’affiche en question. Non, ce n’était pas une chance… même si ça l’aidait sur le coup.

Heureusement, Candice, visiblement consciente des conséquences qu’aurait ce bout de papier laissé intact dans un lieu public, le déchira en morceaux avant de donner enfin sa décision :

« Bon... D'accord... Je vais te faire rencontrer Isamu. C'est notre leader en quelque sorte, il saura prendre une décision. Et je suis sûr qu'il a lui aussi déjà vu ces affiches. On surveille le plus discrètement possible l'Ordre Sainte Émeline, car notre groupe est majoritairement humain. »

Mélusine poussa un grand soupir de soulagement.

– Merci.

« Moi en revanche, je ne suis pas humaine, on va aller le rencontrer par voie aérienne pour que ce soit plus rapide par rapport à ta recherche. À pied, c'est trop risqué pour toi. »


Surprise, la rousse la vit retirer sa veste et commencer à se transformer. C’était très impressionnant, vraiment. Mélusine se demandait quel type de créature elle était et si c’était poli de demander comme ça.

« Quoi que... Je vais mettre plus de sécurité pour toi. Je vais créer un portail de téléportation qui te mènera au théâtre entre à l’intérieur et attend moi d'accord ? »

Elle eut un petit sourire et se permit un truc qui ressemblait à une blague.

– Et puis à moins d’être Musclor, ça risque d’être difficile de me soulever aussi longtemps.

Non. C’était pas drôle. Tant pis.

Au moins ça avait un peu fait retomber la pression pour elle alors qu’elle se retrouvait devant un portail. C’était plutôt effrayant. Il y avait tellement, tellement de risques qu’un coup de malchance l’envoie là où il ne fallait pas au moment où il ne fallait pas… enfin, si ça devait arriver, ça arrivera… Mélusine avait très vite appris qu’essayer d’éviter qu’il lui arrive malheur était une perte d’énergie considérable. Il valait mieux foncer tête baissée et aviser sur le coup. Les choses finissaient toujours par arriver de toute façon.

C’est avec cette mentalité qu’elle passa le portail, espérant que tout irait bien.

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