C'était le jour où Justice, directrice de l’hôpital d'Azuola, passe sa journée au sein du château de l'Église Blanche. Elle vérifie les aptitudes et santé de chaque soldat et inquisiteur et en profite aussi pour vérifier l'état physique et mental des nouveaux arrivant qui loge au château. Une tâche quotidienne qui lui donne l'opportunité de voir son père. Avec l'incident de ce maudit roi en jaune, l'Église Blanche n'a jamais été aussi débordé, pas autant que lorsque Émeline première a attaqué le château... Elle déteste se remémorer ce moment qui a détruit sa famille, mais c'est plus fort qu'elle. Les conséquences de son pouvoir lui laissent des souvenirs beaucoup trop vive pour que ça ne la hante pas. Chaque recoin du château lui rappelle ce moment fatidique... Ce moment où sa mère s'est fait tuer... Sous ses yeux à elle à peine née et de son père. Elle tente encore et toujours d'éviter ce lieu maudit qui ravive trop vivement cette tragédie.

Elle venait tout juste de finir l’ausculter un soldat blessé qu'une personne inhabituelle vient à elle. En temps normal, il est à l’accueil et il redirige les visiteurs en fonction de la raison de leur visite. Qu'elle n'a pas été sa surprise alors quand Justice le voit se déplacer de lui-même pour la chercher ! Un froncement de sourcils accueille sa venue, mais attend de voir ce qui l'a poussé à venir la chercher. Un homme la réclamerait ? Il a été incapable de lui dire pourquoi, mais il avait l'air en colère. Les pupilles lumineux fixent le vide cherchant à savoir qui pourrait bien vouloir la voir avec ce genre de comportement et renvoie la personne de l’accueil par ces mots.

« Je vais venir à lui dans un petit instant. Vous pouvez le lui annoncer. »

Elle le regarde s'éloigner avec un léger soupir, elle ne voyait vraiment pas qui pourrait la réclamer dans un moment pareil... Si c'était Einar, ça se serait passé autrement, ça ne peut donc pas être un membre de l’hôpital. Le soldat qu'elle venait de voir remarque sa réflexion et propose alors.

« Vous voulez que je vous y accompagne ? »

Justice sort enfin de sa petite rêverie et sourit au soldat touché par sa proposition.

« Non, merci, je pense que ça ira. Plus j'y réfléchis et plus je me dis qu'il est possible que ça soit un malentendu. Ça se réglera rapidement et sans encombre. Vous connaissez Remy, il a tendance parfois à mal interpréter les choses. »

Elle lui tend donc dossier sans détacher son sourire et lui présente la porte encore ouverte par le passage du dit Remy.

« Dans tous les cas, tout est en ordre pour nous ! Rien n'a signalé. Je vous souhaite une excellente journée Tao. »

Elle lui serre la main chaleureusement et range sa partie de dossier à son bureau avant d'aller comme convenu à l’accueil. Remy était retourné à sa place fuyant du regard un homme assis. Brun ténébreux comme elle en a plus vue depuis un moment déjà. Cependant, Justice a la certitude de voir cet homme pour la première fois. Ce qui confirme son hypothèse du malentendu. Mais que voulait-il au final ? Elle se dirige vers lui d'un air neutre, mais sans qu'elle ne puisse le contrôler, son regard est bienveillant. Elle veut l'aider comme elle veut aider tout Azuola, et elle espère sincèrement pouvoir faire quelque chose pour lui.

« Justice Screw, ravie de faire votre connaissance monsieur. Je crains que mon collègue n'ai pas compris votre demande. Mais je peux sans doute vous aider ou éclairer à ce sujet ? Qu'avez-vous réellement demandé en entrant dans ce lieu ? »

Elle ne le quitte pas du regard en attendant sa réponse ou réaction, attentive comme à son habitude espérant que ça ne soit pas un scandale qui prendrais trop la tête...

Son regard lumineux sonde celui de son interlocuteur qui est au contraire sombre. Le contraste entre ces deux personnes qui se salut était frappant. Au loin, on pourrait presque croire qu'ils forment à eux deux le ying et le yang. La jeune femme remarque la légère rougeur qui s'immisce soudainement aux joues du ténébreux, elle décide cependant de ne pas y prêter plus d'attention afin de ne mettre aucun malaise dans cette rencontre. Lui faire la remarque ne serai non seulement pas utile et en plus de ça. Elle se contente donc de lui serrer la main avec un léger sourire et répond au premier balbutiement de son interlocuteur.

« Ce n'est rien, malgré le malentendu. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider monsieur ? »

Elle espère avoir un nom après cette interrogation afin que leur conversation soit plus plaisante et enclin à bien se terminer malgré la colère que pouvait éprouver cet homme. Elle lui laisse tout le temps nécessaire de respirer et le laisse s'exprimer. Lorsqu'elle apprend donc qu'il a une enfant qui l'attend en dehors d'Azuola l'expression de Justice s'attriste. Elle n'aime pas ce genre de situation, pour ne pas dire détester. Un père arraché de son enfant est tout simplement horrible. Elle aurait tant aimé pouvoir lui dire qu'elle a un moyen de le faire sortir pour la rejoindre, mais hélas, elle sera comme souvent porteuse d'une mauvaise nouvelle... L'Église Blanche ni qui que ce soit n'a la solution pour laisser partir quelqu'un d'ici. Pas même son père à elle. Tant de soucis pourraient être réglés en laissant simplement partir, mais Shën en a décidé autrement et personne n'en connaît la raison, la magie a décidé de ne rien communiquer là-dessus. Les muscles de son interlocuteur se crispe évoquer son problème bien trop commun à l'air de le mettre de nouveau dans son état de colère. Cependant, Justice ne bouge pas, elle n'avait pas peur pour autant, car elle est en ce moment même en totale compassion pour lui.

Elle le laisse parler et s’exprime jusqu'au bout, bien qu’intérieurement, elle compte bien continuer cette discussion à l'abri des regards. Ça le poussera sans doute à parler plus librement sans que ça porte préjudice à qui que ce soit. Une fois qu'il a terminé elle hausse la tête pour bien montrer qu'elle comprend tout à fait sa démarche.

« Très bien. Dans ce cas-là, je vous propose de continuer cette conversation dans mon bureau. Ça nous donnera l'opportunité de parler de tout ça et vous dire tout ce que je sais. »

Il risque d'être déçu, mais il valait mieux qu'il sache la vérité afin qu'il puisse se préparer à la vie sur Azuola qu'il définit déjà comme étant un enfer. Cette déclaration lui fait un peu de peine, elle est née ici après tout et malgré les problèmes qui peuvent y avoir, elle aime cette île malgré tout. Elle ajoute alors :

« Nous serons plus tranquille la bas.Vu que ça risque d'être long...»

Elle l'invite alors à la suivre et longe les couloirs de la cathédrale normalement désert, peu de personne s'y aventure, surtout qu'il s'agissait de l'étage privé normalement pas accessible à tous. Elle ouvre une porte ou son nom y est inscrit et l'invite à s'asseoir avant de s’installer à son tour derrière son bureau après avoir pris soin de fermer la porte derrière eux.

«Tout d'abord, je préfère être directe. Mais malheureusement, et contrairement à plusieurs croyances, personne n'est dans la possibilité de faire sortir quiconque d'Azuola... Pas même l'Église Blanche ni le Pontife. »

Son air était grave et surtout triste. Elle était en train de lui apporter une mauvaise nouvelle. Et selon la directrice de l’hôpital de ce monde, laisser partir ceux qui ne veulent pas rester réglerai pourtant pas mal de soucis que l'île rencontre. Parfois, il lui arrive d'en vouloir à Shën en personne d'emprisonner quiconque entre dans le Triangle des Bermudes.

« Cette île a été créée par la magie en personne, et c'est elle qui a décidé de cet enfermement... Absolument, personne n'en connaît la raison ou motivation sur cette décision. »

Elle en avait très certainement, mais Shën n'a même pas partagé les raisons avec son père avec qui elle discute pourtant régulièrement depuis des siècles maintenant.

« Tout ce que nous savons, c'est qu'elle a créé Azuola en guise de refuge pour les créatures surnaturel menacé à l'extérieur, mais que des humains peuvent y venir par erreur. Ces mêmes humains héritent très souvent d'un pouvoir, sans doute pour mieux s'intégrer ici. Mais ce ne sont que des suppositions. »

Elle pince les lèvres et inspire un grand coup.
« Je suis sincèrement désolée, j'aurais préféré vous apporter de solution, mais pour le moment nous n'en avons pas trouvé. Car cela dépens d'une force supérieure qui nous dépasse tous. »

Y compris les dieux, donc c'est dire ! 

« Cependant je peux toujours vous donner toute les informations nécessaire pour bien vous intégrer ici... »

Elle doute qu'il accepte cette réponse mais on ne sait jamais.

Justice a lu une fois un bouquin très intéressant, ce bouquin expliquait comment nous pouvons deviner l'état d'esprit de son interlocuteur par le mouvement corporel de celui-ci. Et c'est grâce à ce même bouquin que la jeune femme devine l’embarra plus que compréhensif du nouveau arrivant. De toute façon, c'était beaucoup mieux de parler de ce genre de problème en privé. Justice n'était donc pas étonné de l'acceptation de monsieur... ? Il ne lui a toujours pas dit son nom malgré sa demande lorsqu'elle s'est présenté. Trop bouleversé par son problème sans doute, et elle sait qu'il le sera peut-être plus encore quand il saura qu'il n'y a pas de solution à son problème pour le moment.

Sans doute liée à sa profession de médecin, elle ne tourne pas autour de pot et dit purement et simplement les faits. Elle en a été cependant désolée pour lui. Et son langage corporel n'annonçait rien de bon, il ne la regardait plus et son corps avait l'air de se tasser sur lui-même. La tête reste basse et il cache son visage avec ses mains, mais les tressautements au niveau de ses épaules trahissent le fait qu'il est en train de pleurer. C'est une réaction naturelle, dont elle est difficilement capable. Pleurer, libère les toxines et soulage normalement le mal-être qui cause ses mêmes larmes. Ça extériorise et au final ça soulage. Mais les larmes et le mal-être de son interlocuteur ont l'air bien plus profonds. Justice ne serais pas étonné d'apprendre que de manière générale, il ne pleure pas.

La seule chose qu'elle trouve à faire pour le moment, c'est de lui tendre un mouchoir de tissu, espérant intérieurement que ses larmes auront pour office de soulagement et non pas une pointe d'iceberg de mal-être enfouie depuis des années. Beaucoup de personnes sont comme ça, elle comprit. Elle qui ne s'est jamais autorisée à verser une larme, défaut sans doute transmis de père en fille. Et de ce fait, ils ne parviennent pas à passer à autre chose, de tourner la page, sur les pertes et moment trop douloureux de leur vie.

L'homme finit enfin par prendre la parole, Justice était prête à être l'oreille attentive pour l'écouter et le réconforté au mieux. Conseillé même des alternatives pour ce faire à la vie d'Azuola. Mais ce qu'il déclare est une déclaration à laquelle elle ne s'y attendait pas du tout. On pouvait voir facilement sur son visage la surprise d'une déclaration pareille. En deuil... Sa gorge se noue et la vision de la mort de sa mère lui saute aux yeux. Elle était triste pour lui, c'est évident, mais le simple mot, le simple demande du fait qu'elle est en deuil lui fait resurgir ce souvenir douloureux, Emeline première du nom tuant Hiền  Screw, affaiblie par l'accouchement, n'arrivant plus à suivre Kairos qui la tenait dans ses bras.

C'est un peu comme si elle avait contribué à l'assassinat de sa mère.

Sa gorge se noue et comme souvent elle s'interdit de pleurer et ravale ses larmes et mal-être et fait ce qu'elle a toujours fait.

« Une boisson chaude pourra vous faire du grand bien, je compte me faire un thé, souhaitez-vous m'accompagner ? »

Puis quand elle entends le fait qu'il mérite sans doute son sort elle écarquille les yeux et affirme alors.

« Finalement, ce n'est pas une question, vous allez boire le thé avec moi. Avec un peu de chance, ça vous remettra les idées en place. Il ne faut pas dire de telles choses sur soi, je ne vous connais pas, certes, mais vous êtes loin de vous comporter comme une personne qui mérite de ne plus voir son enfant. J'ai vu beaucoup de personnes et vous n'avez absolument pas le profil du père qui maltraite son enfant, une tel personne ne s’inquiéterait même pas de l'idée de ne plus la voir. »

Elle se tourne sur le côté et tire un tiroir où se trouvent tous ses thés. En premier lieu, elle sort sa théière pour le moment vide et deux tasses. Ensuite, elle fait circuler les différents sachets de thé avec ses doigts et cherche le plus approprié qui pourrait calmer son mal et idéalement celui de son invité. Elle part sur le choix d'un thé blanc plus particulièrement l'Aiguilles d'Argent. C'est un thé qu'elle boit souvent lorsqu'elle se rappelle d'un souvenir trop douloureux, ce thé a un léger goût amandé et florale et il ne demande que sept minutes d'infusion. Elle prend alors le sachet prend le dosage nécessaire pour deux personne après avoir allumé sa bouilloire. Elle vérifie qu'il soit bien à 80 degrés pile et trempe enfin le sachet qui contient les plantes.

« Voilà, ce sera prêt dans sept minutes. C'est un thé blanc. »

Elle lui tend le sachet qu'elle n'a pas encore fermé pour l'inviter à sentir le parfum.

« Un de mes préférés, je pense sincèrement qu'en boire vous fera le plus grand bien. »

Après qu'elle l'ait laissé sentir le contenu de ces feuilles en apparence duveteuse, elle le range et se met à ouvrir un autre tiroir.

« Je peux aussi vous proposer de quoi manger quelque chose avec... J'avoue que j'ai un grand faible pour les gâteaux au sésame, mais j'en ai aussi aux noix de cajou. Ou si vous préférez, j'ai du chocolat noir... »

Sans vraiment demander son avis elle lui sors une petite assiette et y dépose plusieurs gâteaux qu'elle vient de citer et le pose devant lui. Elle désigne un carré noir qu'elle a mis un peu plus à part en cas.

« Faites attention ce chocolat est du chocolat avec 99% de cacao, c'est très amer. »

C'est son père qui en mange généralement quand ils prennent le thé ensemble, mais elle veut faire tout ce qui est en son pouvoir pour le faire aller ne serait-ce qu'un petit peu mieux. C'est en allant un peu mieux qu'il aura les idées plus clair et qu'il pourra ainsi lui poser des questions censées pour l'aider à s'intégrer à Azuola. 

Généralement, Justice possède un bon instinct lorsqu'il s'agit du fait qu'elle a affaire à une personne bonne ou mauvaise. Ce n'était pas un pouvoir, mais sans doute de l'expérience dû à son réel age, malgré son isolement. Cependant, son age ne lui a pas encore donner la faculté de consoler rapidement le moindre inconnue, ils ne ce connaissance clairement pas assez pour savoir quoi dire ou quoi faire pour remonter le morale. Elle utilise donc la méthode qui généralement marche le mieux lorsque nous avons affaire à une personne à consoler que nous ne connaissons pas : offrir une boisson chaude et de quoi grignoter. Car quitte à être enfermé à Azuola autant faire en sorte de s'y sentir bien n'est-ce pas ? Le meilleur moyen celon la directrice de l’hôpital, c'est de faire en sorte de ce sentir bien avec ce que nous avons. Il avait saisi son mouchoir sans vraiment l'utiliser, la situation était plutôt en apparence critique, être triste ou perturbé au point de ne pas savoir quoi faire d'un mouchoir... Justice espère sincèrement à parvenir à le soulager, ne serait-ce qu'un petit peu.

La demi-déesse prépare donc ce qu'elle estime être un possible réconfortant, une fois que le thé s'infuse, elle rassemble toute ses douceurs lui présentant ce qu'elle possède. Lorsqu'elle étale sa petite fierté, elle se dit intérieurement qu'elle est tout de même une sacrée gourmande pour avoir dans de bonne chose dans son tiroir. De quoi supposé aisément que penser qu'un thé et des gâteau pourrait remonter le moral temporairement est de la pure projection. Et si nous admettons que ça pourrait à lui aussi lui remonter un peu le moral, elle sait parfaitement que ça ne mettra pas fin à sa détresse. Après tout, elle est toujours en deuil et ceux malgré que le drame ce soit passé il y a plusieurs siècle maintenant. La malédiction de cette mémoire infinie qu'elle possède en tant que pouvoir...

Mise à part le sourire peu convaincant de son interlocuteur, celui-ci s'exprime enfin, et on dirait que la gêne de leur début est revenue au galop pour une raison qu'elle ignore, ne pouvant malheureusement pas lire dans les pensées. Elle espère juste de ne pas être la cause du retour de ce sentiment. Il s'excuse de ne pas s'être présenté plus tôt et pourtant la jeune femme ne lui en tiens pas rigueur, il n'était absolument pas prévu qu'ils se rencontrent, seul un malentendu en a donné l'occasion de se parler, mais elle n'est de base pas sa réelle demande et la surprise et le malaise lui a naturellement fait oublier les présentations. Cependant, elle relève un détail qui l’intéresse... Il était avocat, et ils en ont pratiquement plus à Azuola depuis que maître Swan est devenu juriste. Elle sourit alors que l'infusion allait bientôt se terminer. Elle se lève alors et serre de nouveau sa main.

« Aucun souci et je suis ravie de faire votre connaissance monsieur Adwing. »

Elle l'invite à se rasseoir en s'asseyant à son tour et écoute attentivement toutes ses craintes sous forme d'excuse. Il fallait qu'elle le rassure sur ce point et avec un peu de chance réussir à l'apaiser. Elle tilte cependant sur le fait qu'il a un don qu'il a découvert, elle avait donc affaire à un neos, un humain qui possède à présent un pouvoir par Shën.

« Il n'y aucun soucis pour ce qui concerne la question du deuil. Vu mon âge, j'en ai tristement connu plusieurs. »

Mais pas aussi douloureux que la mort de sa mère qui a détruit son père et ainsi la seule famille qu'il lui reste.

« En ce qui concerne de qualifier Azuola comme un enfer, je peux comprendre cette acclamation en vue de votre situation. Mais en vous y trouvant une place, en vous intégrant comme dans votre vie au États-Unis, avec un peu de chance, vous réussirait à mieux supporter votre vie en ces lieux. L'île manque d'avocat, votre expérience dans ce domaine peu grandement aider la population d'Azuola. Reprendre votre activité d'avocat peut-être une excellente idée, je vous y aiderai si vous le souhaitez. »

Sa bouilloire se met à sonner, elle enlève alors le sachet et sert le thé fumant dans deux tasses. Elle en tend une à monsieur Adwing. Elle piqua un gâteau au sésame dans l’assiette qu'elle a posé et s'installe un peu plus confortablement pour porter toute son attention sur, elle espère, le futur avocat. Elle croque dans ce même biscuit pour ensuite reprendre la parole.

« Est-ce que je peux me permettre de vous demander ce qui vous a mis sur la voie pour le deuil par ce pouvoir que Shën vous a donné ? »

Dans sa propre conviction ce n'était pas innocent que Shën offre des pouvoirs à des humains arrivant ici et pas à d'autres. Et sa curiosité a été piqué lorsqu'il a exprimé avoir deviné le deuil par son pouvoir. Elle voulait savoir comment ça se manifestait et si ça se contrôlait.

« C'est un simple ressenti ? Des murmures incontrôlés ou contrôlés ? »

En fonction de la possible dangerosité et conséquence de ce pouvoir elle devra fortement le conseiller de demander à un membre de l'Eglise à l'assister dans le contrôle de ce pouvoir... Elle souffle sur la surface de sa tasse et boit une gorgée de son thé. 

La directrice de l’hôpital à toujours trouver ça fascinant sur le fait qu'un humain hérite d'un pouvoir un arrivant ici. Bien sûr, il peut parfois arriver que certains n'en ont pas. Et connaître ces pouvoirs acquis l’intéresse énormément, pour elle, c'est comme si Shën leur donnait une mission un but ou alors un moyen de mieux s'intégrer parmi les créatures qui logent à Azuola. Voyant donc qu'elle ne parvenait pas vraiment à le convaincre pour le moment qu'il peut aller mieux en s'intégrant. Elle finit donc par changer de sujet le forçant à parler d'autre chose. Avec un peu de chance parler d'autre chose avec un bon thé et des biscuits pourront le calmer définitivement et réfléchir sur sa situation un peu plus posément.

Elle l'écoute alors attentivement quand il lui explique le principe de ce pouvoir. C'était encore flou pour lui, mais rien de plus normal. Il est arrivé il y a peu après tout et quelque chose d'inconnu ne peut pas être compris et maîtrisé en si peu de temps. Elle trouve même déjà très admirable qu'il a si vite accepté l'idée d'avoir quelque chose de surnaturel en lui. Ce qui lui donne espoir a Justice qu'il suivra son conseil concernant l'intégration. Concentré elle hausse la tête aux explications l'empêchant de toucher a son thé pour ne rater aucune miette de ses dires. Il voit donc des chaînes avec un halo de lumière qui varie niveau couleur. Pourquoi des chaînes elle ne le sait pas, mais les couleurs peuvent en effet représenter des humeurs voir même des états d'esprit. Il avait une excellente déduction à ce sujet et si rapidement, ce qui l'impressionne grandement.

Elle ne put cependant s'empêcher de hausser les sourcils quand il avoue avoir été surpris de voir sa chaîne à elle noire. Serait-ce à cause de ses cheveux blancs ? Ou de ses yeux lumineux ? Sa tenue majoritairement blanche ? Mais elle ne l'interrompt pas pour autant préférant écouter toutes ses explications avant d'intervenir. C'est donc qu'une fois qu'il a terminé qu'elle sourit et fait un signe négatif de la tête pour le rassurer.

« Arrêtez de vous excuser, je vous assure que ce n'est vraiment pas grave. Cette perte date d'il y a bien des années. Ce n'est que moi qui ai du mal à faire mon deuil à cause de mon propre pouvoir. »

Elle prend un autre gâteau au sésame et boit deux bonnes gorgées de son thé et gâteau en main ce permet d'analysé les explications du pouvoir de monsieur Adwing.

« Votre pouvoir en tout cas m'a l'air d'être un don complexe à comprendre, mais sans doute très adapté à vous. Du coup, je pense que pour la compréhension de ce que les couleurs représentent, il faut vous fier à vos propres déductions. »

Après pour ce qui est pourquoi des chaînes... Peut-être que c'est à cause de sa vision d'emprisonnement à ne pas pouvoir partir d'Azuola ? Et qu'il considère chaque habitant comme des prisonniers ? Elle préfère ne pas exprimer cette hypothèse à voix haute, il a l'air de commencer à peine à aller mieux.

« Par habitude des pouvoirs, j'aurais tendance à penser que les couleurs représentent l'état d'esprit de la personne. Ça pourrait vous être très pratique lorsque vous discuterez avec un inconnu, vous pourrez très vite savoir s'il est une personne de confiance ou non. »

Elle croque un morceau du gâteau et reprend la parole une fois la bouché avalé.

« Pour vous aider, vous pouvez lister ce que tel ou tel couleur vous évoque à vous pour mieux analyser l'état d'esprit de la personne quand vous reverrez ces chaînes. »

Il n'avait pas vraiment demandé d'aide à ce sujet, mais c'était plus fort qu'elle, elle espère donc qu'il ne prendra pas mal sa liberté d'avoir donné un conseil à ce sujet.

Aussi étrange que ça puisse paraître, malgré la détresse qu'avait cet homme, elle se sentait à l'aise avec lui. Sa maladresse sous cette apparence de grand brun ténébreux lui donne un côté très attachant. Ce côté attachant qui lui rappel un amour passé dont elle a décidé d'y mettre fin il y a un bon moment maintenant. Est-ce qu'elle est en train d'apprécier au fond-elle ce moment, car cette relation qu'elle avait avec Oswald lui manquait ? Non non, ce n'était sincèrement pas le moment de réfléchir à ça. Il faut se concentrer sur monsieur Adwing et faire en sorte qu'il surmonte ce traumatisme a l'idée d'être enfermé à l'île d'Azuola. La jeune femme (enfin jeune... En apparence), ce contente alors d'un haussement de tête quand il évoque son pouvoir à elle, préférant ne pas en dire plus. Même si encore, elle avait cette sensation familière de vouloir lui en dire plus, elle décide de se concentrer sur lui, de rester le plus professionnel possible. Elle doit l'aider avant tout, inutile de chercher plus loin pour l'instant. Et puis dans le fond, est-ce qu'elle ne risque pas de lui faire encore plus mal ? Mieux vaut ne rien tenter pour le moment. Elle aura qu'à prendre des nouvelles de Cyriacus et peut-être que ce sentiment passera ? Suite à son haussement de tête, elle prend donc à cœur de l'informer au sujet des pouvoirs.

« Sur Azuola, les personnes sans pouvoirs sont plutôt rares. Même quand la personne qui se retrouve ici est humaine, il hérite très souvent d'un pouvoir. »

Puis, elle lui fait part de son expérience et avis concernant son pouvoir à lui. L'aider à comprendre son fonctionnement ne pourra que l'aider à s’acclimater de l'île d'Azuola. L'aider à mieux accepter ? Le fait qu'il soit coincé ici. Malgré ses paroles, il avait l'air clairement dans ses pensées, pensées aussi sombre que son regard et situation. Le visage de son père s'impose en elle quand elle se remémore avec grande facilité les dire du jeune homme ''Et je n’ai pas apprécié puisque ma petite fille m’attend.  '' . Il est papa, et elle n'ose pas imaginer dans quel état serait son père à elle si un jour, il apprend qu'il ne pourra plus jamais la voir. Déjà que son deuil de sa femme , sa mère, est encore insurmontable pour lui et elle, alors qu'adviendra-t-il s'il doit connaître une perte de plus ? Il n'y survivra pas, elle en a la quasi-certitude. Même si Âmmout serait encore là à le soutenir ça ne suffira plus. Justice sait et sent en elle cette lourde responsabilité, elle doit vivre pour que son père vive encore. Et avoir la vie de son père sur la conscience est aussi, avoir en mains l'ordre et la paix à Azuola. Et ce fardeau elle le porte et le garde pour elle depuis 452 ans et elle s'oblige à ne pas compter les jours heure et seconde pour ne pas se donner plus de pression qu'elle a déjà. Elle doit vivre coûte que coûte au point d'oublier de vivre réellement. Qu'est-ce que vivre réellement ? Profiter du moment présent sans se préoccuper des conséquences ? Elle aimerait tant... Mais pouvait-elle vraiment se le permettre ? 

Elle continue alors ce rôle, profitant de ces petites libertés qui lui font tenir le coup : la curiosité. Elle voulait en savoir plus sur ce père, sur son pouvoir et idéalement lui faire éviter de sombrer comme son propre père sombre à ce moment précis. Le sauver ne la sauvera pas, mais ça lui permettra de ne pas trop se concentrer sur ses propres tourments sans issue. C'est alors qu'une surprise de taille l'attend, comme si cet homme lisait avec aisance dans ses pensées, voir esprit, il entreprend ce qu'elle ne sont coté n'osait pas faire : créer une sorte d'intimité. Comment ? En buvant un verre en dehors de l'Église et assouvir cette curiosité sur ce qu'est son pouvoir et ses significations. Prise au dépourvu, la demi-déesse sourit grandement avec un léger soupir de surprise. Sa réponse intérieure était plutôt immédiate, c'était un grand oui, elle qui se disait il n'y a pas quelques minutes qu'elle était à l'aise avec lui, qu'elle aurait aimé mieux le connaître... La voilà servie ! Mais elle se tempère trouvant ce désir plutôt égoïste, car avant tout, cet homme était en détresse et elle doit avant tout l'aider plutôt que de céder à ses propres caprices. Le fait donc que l'invitation vient de l'aider énormément.

« Oh et bien... »

Et fouille le côté opposé des gourmandises de son bureau pour prendre un agenda qu'elle met à jour exclusivement pour son père étant donné qu'elle n'oublie jamais rien. Elle s'est tenue de mettre ce carnet à jour pour que son père n'angoisse pas et sache ce qu'elle fait. Un moyen de l'apaiser et de le rassurer en somme. Elle ouvre méthodiquement son agenda donc et saisie un stylo pour noter sa sortie si jamais l'horaire tardif pouvait convenir à son nouveau protégé.

« Je suis de garde ici jusqu'à 20h. Ça ne vous fera pas trop tard ? »

Elle devait encore voir quelques soldats vérifier leur état de santé et lire tous les rapports de l'Église et de l’hôpital. Idéalement, elle aimerait aussi voir un peu son père pour s'assurer qu'il ne va pas plus mal que d'habitude. Ils ne se voyaient plus beaucoup depuis que le roi en jaune les a attaqués. Pour affirmer cette acceptation, elle prend même l'audace de lui proposer le lieu de retrouvailles. L'idéal serait ce salon de thé près de la bibliothèque qu'elle fréquente souvent. Mais à cette heure-là, ce sera très malheureusement fermé.

« Je n'ai jamais réellement pris le temps de boire un verre après le travail, mais j'ai cru avoir vu un lieu sympa dans le centre commercial si ça vous convient de l'essayer en ma compagnie. »

À moins qu'il eût un autre lieu en tête, mais elle a cru comprendre qu'il est arrivé il y a peu. Il y avait donc une faible probabilité qu'il connaisse déjà un bâtiment pour boire un coup tranquillement. Et si jamais elle a tort et bien, elle acceptera quand même, dans tous les cas elle se trouvera dans un lieu qui ne lui est pas trop familier. Donc ça ne lui changera pas grand-chose, mise à part l'ambiance du quartier choisie.